
dans le choix des pôles pour leur application ?
I l feroit également important de connoître cornaient
le fluide magnétique, appliqué fur la peau
par le conta& des pièces aimantées ; pénètre & fe
répand dans le corps humain. Se forme-t-il une
irradiation en tous fens autour des pièces, & pour-
roit-on , en les multipliant fuffifamment , former
une atmofphère de magnétifme continue fur toute
la furface du corps ? Dans ce cas, le fimple déplacement
de quelques pièces de l ’armure ne de-
vroit-il pas troubler leur action, la chaîne de communication
étant' comme interrompue 2
Mais Taétion de Yaimant pénétrant à l ’intérieur
, eft-ee fur les nerfs feuls que le fluide magnétique
a g i t , & ces organes s’en chargent-ils , 1 ab-
forbent-ils comme s’il étoit le fluide nerveux? Le
fer dont nos humeurs font pourvues , n’a-t-il pas
plutôt cet ufage dans leur mixtion ?• Ces molécules
font-elles autant de petits aimans qui fervent à
pomper le fluide magnétique atmofphérique, pour
en faturer le fang? Il elt an moyen facile de découvrir
fuE ce point la vérité. Mais, quoi qu’il en
foit à cet égard , quelques faits au moins fembleni
annoncer qu’il exifte dans le corps humain une
forte de magnétifme. M. Lorry a fait part d’une
obfervation ïïngulièré en ce genre ( i) . N”eft-ce
pas à ce magnétifme interne qu’on peut rapporter
l ’efficacité attribuée dès les temps les plus reculés,
& de nos jours encore , à l’application du fer ordinaire
fur le corps humain dans certaines affections
? On peut confiilter Pline parmi un grand
nombre d’anciens , & de nos •jours plufieurs obfer-
vations inférées dans les papiers publics Les anciens
recommandoient l ’application de la limaille
de fer dans la goutte ; on vante de nos jours l ’application
du fer dans les crampes. Le fer agk-il
alors: en abforbant le fluide magnétique furabon-
dant • ou trop développé dans nos humeurs l Si ces
conjectures .fe vérifioient,, on découvriroit donc
dans l ’ économie animale un nouvel ordre de rapports
qui lieroienf notre exiftence à l’état de l ’atmofphère
, & le corps humain auroit donc ainfi fon
magnétifme propre & particulier , comme on lui
reconnoît fon état cr éleékifation d’après les expériences
qu’offrent le frottement du poil dans les
chats \ les étincelles qu’on excite fur l’homme par
de douces frictions; mais ce magnétifme, qu’on
pourroit appeler animal, ne différeroit cependant
en rien du magnétifme minéral ou ordinaire
?.
Relativement à ces objets , on ne peut fe dif-
perifer de rappeler les détails fi curieur des animaux
connus pour électriques. Exifte-t-il également
des animaux magnétiques ? Les expériences
de MM. Bancroft , Valsh ; Schilling, Ingen-Houze,
(i) Voye\ volume fécond des mémoires, de la fociété,
p a g , 160,.
ne permettent plus de douter que l ’anguille de
Surinam , & la torpille ne doivent être rangées
dans la première claffe. Mais fi l ’on ne peut rae-
connoître la préfenee du fluide éleCtrique dans
ces animaux, doit - on l ’y admettre- feule ? Le
fluide magnétique n’v e ft-il pas aufli préfent,
ou plutôt le principe de leur aCtion n’eft-il pas
une combination des deux fluides? Cette conjecture
mérite quelque attention.
Déjà des expériences ont démontré dans ces animaux
, quant aux propriétés phyfiques , des rapports
fenfibles avec Y aimant» Les recherches de
-quelques-uns des phyfîcrens que nous venons de citer
, ont appris que l ’aimant s’attache a la torpille
, comme on l’obferve en approchant deux
aimans entre eux ; que le contact de Y aimant la.
prive de fa propriété d’engourdir , comme un aimant
plus fort en dépo-uiile un plus fôible de fa
vertu ; qu’il la paiaiyfe, comme fi elle avoit
pour principe de. fon aârion une certaine quantité
de fluide magnétique que Y aimant lui enleveroity
qu’enfin on reftitue à la torpille fes propriétés ,,
en jetant du fer dans l’eau où on la conferve. A
ces détails,. on peut ajouter les réfùltats obfervés
par M. Schilling „ & qu’il a publiés- dans un petit
ouvrage où il traite de l ’aCiion .de Y aimant fur
les poiffons. Suivant cet habile naturalifte , l ’anguille
de Surinam fait varier ou. décliner la bou£
foie*
Cette analogie apparente des poîflons dont nous
parlons , avec Y aimant , quant aux propriétés*
phyfiques,, analogie déjà faifie anciennement par
Mathiole & le père Kircher, pourroit être confirmée
par les propriétés médicales qu’on leur
reconnoît. On a fait très-anciennement ufage de
la. torpille en médecine,. La manière de s’en fervitf
coiififtoit à -l’appliquer vivante fur les parties affectées.
Aetius en parle comme djun remède fa^
milier & connu pour foulager les maux, de têtes.
Galien compare £à vertu dans ce cas à celle de
l ’opium pour calmer les douleurs. Les auteurs y
perfuadés qu’après la mort la chair de ce poiffon
confervoit encore fes propriétés, la complotent a a
nombre des fubftance calmantes & propres à pro-?
curer le fommeil. C’étoit dans les douleurs de
tête & les attaques de goutte qu’ils avoient recours
à fan application. Dans les accouchemens ,• ils
metcoient fous ce rapport fon aCtion en concurrence
avec celle de Yaimant. L ’hiftoire des éthiopiens
nous, apprend qu’on, s’en fervoit aufli pour les
fièvres tierces & quartes. On ne doit pas oublier
que , fuivant Rattray, on a vanté l ’ufage de Yaimant
dans ces efpèces de fièvres où la méthode
. des caïmans a des fuccès avérés. C’eft donc contre
les mêmes affeCtions dans le traitement defq.uelles
les anciens employorent Yaimant, qu’ils îecom-
mandoient aufli l ’ufage de la torpille ; & l’on doit
remarquer que ces affe&ions font effentiellement
differentes de celles que 1’éleâricité peut guérit.
Ajoutons au contraire que l ’effet de la torpille paroif-
fant être une aétion engourdiffante, puifque les parties
foumifes à fon aCtion font frappées d’engour-
diffement, & que l ’application doit en être continuée
jufqu’à ce qu’il en réfulte un fentiment de
ftupeur profond, elle offre ainfi dans fa manière
d’agir la plus grande analogie avec Yaimant,
dont les principaux effets paroiffent fe rapporter -
à une pareille aCtion, & dont nous avons vu
l ’application fuivie d’un véritable engourdiffe-
nient. approchant de l ’état de paralyfie, dans deux
de nos obfervations particulières. Ajoutons enfin à
ce que nous venons de dire de la torpille , que
l ’on reconnoît à l ’anguille de Surinam les mêmes
propriétés, & qu’on peut l ’employer aux mêmes
ufages. M. Bajon , chirurgien d un mérite diftingué
en Guîanne, a communiqué en ce genre un fait
intéreffant à la fociété.
Ces détails ne femblent-ils pas prouver que dans
les animaux de l ’efpèce de ceux dont nous parlons,
on doit reconnoître potir principe de leur
aCtion une combinaifon du principe du magnétifme
avec celui de l ’éleCtricité. Cet objet eft très-inté-
reffànt à approfondir, relativement aux vues pratiques
que nous avons propofées , en parlant de
réunir dans le traitement ces deux principes. N’a-
t-oh pas lieu, d’après ce que nous avons d it , de
regarder cette réunion comme poffible , comme
existante, comme avantageufe, comme un exem^
®le enfin qui nous,/ apprend que par ce moyen
î ’éleCtricité peut devenir applicable, ainfi que nous
l ’avons indiqué, à des maladies auxquelles on
çroyoit qu’elle ne pouvoit convenir, telles que
les différentes affeCtions véritablement nerveufes ,
foit douloureufes, foit fpafmodiques, ou convul-
fives, contre léfquelles on a fait ufage de la torpille.
Mais fi ces détails ne prouvent pas l ’exif-
tence du fluide magnétique dans les animaux de
ce genre , on ne peut difconvenir qu’ils n’indiquent
une analogie très-marquée entre ce principe & celui
de l ’éle&ricité j objet de difcuffion qu’i l n’eft pas
moins important d’approfondir dans la matière que
Bous traitons. On en pourra conclure encore que
Yaimant a fur plufieurs autres efpèces d’animaux,
comme fur l ’homme , une aCtion marquée, & qu’il
agit ainfi comme fubftance magnétique fur l ’économie
animale , d’une manière qu’on ne peut révoquer
en doute. L ’ouvrage dans lequel M. Schilling
traite de TaCtion de Yaimant fur les poiffons , en
eft une preuve , à laquelle on peut ajouter l ’exemple
de i’cngourdiffement de la torpille par YaU-
mant. M. Tiffot eft parti de ce dernier fait d’ob-
fervation, pour mettre Yaimant au nombre des
caufes poflibles des maux de nerfs , comme il y
a placé l ’éleCkricité par une raifon oppofée, & il
Vg. regardé comme une forte préfomption qui 4é-
pofojt en faveur de fon efficacité dans les maux
de dents. Enfin on peut en induire ,• par une con-
féauence ultérieure , qu’il eft poffible d’étendre
ju{qu'aux animaux l ’ufage que l'on fait de Yaimant»
O n ne doit pas négliger cette nouvelle fourcc d’eflais. Tels font les différens points qu’il eft importa
n t d’approfondir, pour former de leur reunion
un corps de doctrine fur le' magn'étifme. Ces objets
exigent de nombreufes recherches, & ce feroit en
vain qu’on.fe promettroit de les fuivre.dans des
efiais particuliers. C ’eft un traitement fait en grand,
& dans lequel on réuniroit d’ailleurs toutes les facilités.
convenables, qui peut feul favorifet 1 exécution
d’un plan aufli étendu. p lo y a n t C’eft fur-tout en em des
aimans portés au plus haut degré de
force, & préparés de manière à former une machine
femblable à celle de l’éleétricité, qu’on doit attendre
de nouveaux avantages du magnétifme. M . 1 abbe le-
Noble pofsède, pour ce genre de préparation des procédés
très-fupérieurs à tous ceux qui ont été connus
& employés jufqu’ici par les phynciens. On en voit
la preuve dans un certificat de l ’académie royale
des fciences, à laquelle M. l’abbé le Noble a pre-
fenté des aimans capable de foutenir des poids de
plus de deux cents livres, & qui lui. ont mérite les
éloges & l’approbation de cette compagnie. C eft
avec des aimans de ce genre qu’on a lieu de fe
flatter d’obtenir du magnétifme des effets e x tra o tr
dinaires & inconnus , & que nous aurions defîre fur-
tout dé pouvoir continuer nos expériences.
Magnétifme animal, magnétifme univerfeU
Les anciens n’avoient point regardé le magne-' tifm e comme une propriété particulière & propre '
à la pierre d’aimant. Plufieurs phénomènes leur
paroiffoient analogues à ceux que préfentoit cette
fubftance m e rv e ille u fe , & ils les attribuoient au.
magnétifme , comme à une caufe commune. Ils ad-.
mettoient ainfi, non comme nous le faifons maintenant
, une feule efpèce d'aimant, mais plufieurs
efpèces ou genres de cette fubftance, dont le nombre
leur paroiffoit plus ou moins multiplié. Ou
trouve dans les^emps les plus reculés, des traces
de cette opinion. Ils reconnoiffoient une efpèce
Yaimant qui attiroit l’o r , & qu’ils appeloient
pantarbe , une autre efpèce qui attiroit l ’argent,
d’autres qui agifioient fur différens corps de la nature
, comme la pierre précieufe appelée fiigda ,
fuivant eux, agi flbit fur le bois. Le fuccin fur-tout,
qui attiroit les pailles & les fils , leur paroiffoit
plus particulièrement une fubftance magnétique. On
fait que dans ces temps où l’électricité n’étoit pas
encore connue, ce fut cette propriété du fuccin o ir
de l ’ambre jaune, eleSram, qui porta Gilbert 1 An-
glois, après avoir examiné Yaimant, à s’occuper
de l ’éleÇtricité, regardant l’ambre comme une forte
Yaimant. Mais jufques-là an moins fi l’on avoit donné trop d’extenfion au magnétifme, on ne l ’a-
voit confiaéré que comme une propriété particur-
lière. Des temps poftérieurs lui acquirent plus de
crédit. Les premiers obferyateurs s’étoient élevés, par