
au défaut d’aétion des nerfs, folt dépendantes ou compliquées
d’un principe humoral 8c matériel, que
ces exemples fe font manifestés. Ainfi, la furdité
dont une malade étoit affeétée , '& qui, n’éprouvant
aucune variation, aucune diminution ni augmentation
, paroiffoit être abfolument étrangère à
l ’affedtion des nerfs, n’a cédé en-aucune manière
à l ’ufage long-temps continué de l ’aimant» Ainfi ,
dans un autre cas, où la constitution forte 8c ro-
bufte du malade ne permettoit de foupçonner aucune
altération dans- le -genre nerveux , Tufage de
Taimant pendant plufieurs mois n’a rien opéré
fur le tremblement. Nous avons vu Y aimant employé
de même fans aucun fuccès dans plulîeurs
cas de tremblement pareils , & dans une dame
attaquée de palpitations, que l ’intermittence très-
marquée .du pouls ne permettoit pas de rapporter
à d’autre caufe qu’à la préfence de quelque vice dans
les gros vaiffeaux ou dans le coeur. Dans les vives
douleurs de la face, réputées humorales par F o-
thergiii, les malades n’ont éprouvé d’autre Avantage
de l’application de Y aimant , que celui de
cal mer les douleurs dans les accès, & ^’ont trouvé
dans fon action qu’un palliatif du moment. C ’eft
encore ainfi qu’un autre malade n’en a obtenu
qu’une palliation momentanée , fes douleurs ayant
évidemment pour caufe un principe rhumatifmal.
Enfin c’eft ainfi que dans l ’épilepfie, fi rarement dépendante
de l ’affedtion feule des nerfs, nous avons
vu un grand nombre de fois, malgré les précautions
les plus grandes, l ’ ufage de 1* aimant abfolument
infructueux : nous difons abfolument, parce
que nous négligeons ici quelques apparences de
foulagement , qu’il paroît que dans ces efiais
les malades ont toujours éprouvé , fi non dans la
fréquence & dans la force des accès , au moins
relativement aux fuites que les attaques laiffoient
après elles, .
On doit , relativement à ces exemples de l ’in-
fuffifance de Y aimant pour diflîper certains accidens
, remarquer que dans tous les Cas d’affedtions
nerveufes, compliquées ou produites par un principe
humoral ou matériel, les accidens de ce dernier
genre n’ont éprouvé aucun changement, aucune
diminution. Àinfi , après l ’entière difparition
des fymptômes nerveux , le lait répandu ou rhu-
matifme laiteux, fo faifoit encore fentir dans les
obfervations que nous avons rapportées ; & de même
la phthifie, le cancer , Taffoibliffement, la rétraction
de la jambe, & la furdité. Enfin on pourroit
ajouter qu’il n’eft pas arrivé feulement que les
fymptômes ont en quelques cas perfîfté dans leur
état ordinaire ; il femble qu’ils aient été quelquefois
augmentés, Sans rappeler ici les exemples que
nous avons déjà rapportés, nous en avons en quelque
forte la preuve dans les exemples de métaf-
tàfes, que deux de nos obfervations fembleroient
préfenter , fi l ’on doit caradtérifer ainfi les accidens
de la veffie dans la première, & dans la fécondé,
la paralyfie des membres, & les nouvelles douleurs
du bras (Urvenues comme nous l ’avons indiqué.
Indépendamment des affedlions bien caradtérifees
qui ont été diflipées pendant l’ufage de Y aimant,
on a remarqué que certains accidens ou fymptômes
qu’on ne peut prendre pour des maladies réelles ,
ont aufli difparu. Ainfi, outre les effets qui fem-
bloient annoncer que la conftitution phyfique des
nerfs s’étoit affermie, on en a vu furvenir d’autres
qui paroiffoient apprendre que le même changement
s’etoit opéré dans le moral. Les tremble-
mens qu’éprouvoient les malades à un bruit inopiné »
avoient ceffé dans quelques obfervations, ainfi que
le faififfement fubit dont nous avons vu un exemple
frappant. Quelques malades ont cru éprouver
que depuis l ’ufage des aimans leur tête s’étoit
fortifiée. L ’efpèce de mélancolie qu’éprouvoit une
autre malade dans un cas particulier, fut bientôt
diflipée. Enfin d’autres obfervations ont paru nous
offrir des réfultats du même genre.*
On a vu furvenir auffi quelques changemens
dans le jeu des caufes qui iemblent préfîder au
développement & à l ’égale diftribution de la chaleur
dans les différentes parties du corps humain,
Ainfi, une malade vit ceffer non feulement les
friffonç irréguliers qu’elle éprouvoit, elle fut encore
délivrée du frpid habituel des pieds dont elle étoit
affedtée. Un autre éprouvoit un fentlment pareil
à l ’épaule, dont i l fut bientôt foulagé, Une troi-
fième avoir la jambe & le pied du côté droit
affedtés d’un froid confiant. Dans un autre cas , les
maux de tête & des nerfs étoient accompagnés
tantôt d’une impreffion de froid très-vif, tantôt
d’une chaleur brûlante.
Quelques changëmens ont paru s’opérer aum
dans le cours des humeurs. L’application des aimans
, dans un malade, fût fuivie d’une abondante
tranfpiration du côté affedté. Une moiteur douce
fur vint à la peau chez un fécond , & la tranfpiration
s’établit aux pieds chez un troifième. On
trouve aufli plufieurs exemples de l ’exerétion des
humeurs propres aux inteftins , augmentée pendant
l’ufage des aimans. Ainfi , plufieurs malades
ont cru éprouver plus de liberté du ventre depuis
leur application. I l fe fît une prompte évacuation
par les Telles peu de momens après l’application
des aimans, dans une de nos obfervations. Enfin
le malade , dans une autre, éprouva conftamment
que Tufage de l ’eau aimantée fervoit à lui lâcher
le ventre. Nous ne parlons point ici de l ’éruption
des règles qui furent rappelées avant le temps
ordinaire , ni du cours des urines, rétabli dans deux
autres exemples.
Maintenant à quelle caufe doit-on attribuer ces
différens effets que nous venons d’expofer ? Quoique
confidérés féparément, relativement au genre
ou à l’efpèce d affedtion particulière à laquelle ils
fe rapportent, ces divers exemples de guérifon ou
dç foulagement ne foient pas tous aflez multipliés
pour démontrer qu’ils ont été produits par Y aimant,
& qu’on ne puiffe pas ainfi partir de chaque ordre
particulier de ces effets, pour prononcer fur fon efficacité
dans chacune des maladies dont iis offrent
l ’exemple y cependant, comme ils préfentênt un ca-
radtèré uniforme & général qui les rapproche,
celui d’une adtion marquée fur le fyftême nerveux ,
nous penfons que, fous ce rapport, ils doivent pa-
roître allez nombreux pour qu’on puiffe regarder
leur production comme un effet de 1 application
des aimans , après laquelle ils font furvenus d une
manière fi confiante. Mais à laquelle 'des diffé-
rentes manières d’agir que l’on peut reconnoitre
dans l’ufage des aimans, doit - on les attribuer?
C ’eft ce qu’il s’agit ici de déterminer.
Le caraCtère particulier qui nous a fervi à distinguer
ces effets, celui-de leur apparition tardive ,
de leur accroiffement lent , infenfible , & gradué
pendant un long ufage de la méthode magnétique ,
ne permet pas de leur aflïgner pour caufe aucunes
de celles qui, dans l ’emploi des aimans , ne
peuvent avoir d’aétion qu’au moment même de
l ’application. T elle eft Timpreftïon de froid que
peut occafionner le contadt des plaques aimantées ,
placées & fixées à nu fur la peau. Ce n’eft donc
nullement à cette caufe que l ’on peut attribuer la
difparition de tant de fymptômes, foit douloureux,
foit fpafmodiques, foit convulfifs, que l ’on a vu
fe dilfiper plus ou moins lentement après l ’application
des aimans employés en armures j exemple
que l’on doit regarder comme le réfultat le
.plus général & le plus confiant de tous ceux que
préfentent nos obfervations.
L ’adlion que Yaimant peut avoir à raifon de
la preffron & du frottement des plaques aimantées
fur la peau, pourroit paroître une caufe plus
probable de fon efficacité dans les maladies nerveufes.
Il fuffit fouvent, pour appaifer certaines
douleurs des dents, d’exercer quelques points de
comprelîion fur les joues, fur les gencives j & dans
quelques efpèces d’épilepfie , on connoît les avantages
que l ’on retire des ligatures pour arrêter ou
prévenir les accès. L ’adtion que peut produire un
lqng ufage des aimans dans le point de contadt,
ne fe borne pas d’ailleurs .à la fîmple eompref-
fion • les effets en font portés fouvent au point
qu’en irritant le tiffu de la peau , elle détermine
dans le lieu de l’application une éruption plus
ou moins abondante de boutons ou pullules, avec
ou fans fuppuration. Une adtion pareille de la
part de Yaimant ne peut-elle pas être le principe
de fon efficacité dans les maladies nerveufes ?
& cette conjecture ne paroîtroit-elle pas bien
fondée^ en réfléchiflant que les afFeétions que
Ton regarde comme dépendant purement de l’état
fies nerfs, peuvent avoir leur fource dans un principe
humoral, que fa ténuité , fon peu d’abondance
, & fon exiftence peut - être dans un genre
«Thumeurè particulières & non connues, quoique
pour cela non moins réelles ni moins importantes
dans l ’économie animale, ne permettent pas de
reconnoître ?
Ces réflexions patoifient mériter quelque attention.
Mais outre qu’alors ce feroient fur-tout les
affeélions nerveufes humorales qui paroîtroient cé-
-der à l ’adtion des aimans , ce qui fe trouve contredit
par le plus grand nombre d’obfervations,
ne doit-on pas... renjarquer que Yaimant n’a pu
produire fes effets par une aClion qui TafTimile
aux véficatoires , dont on reconnoît i ’infuffifance ,
dont on avoit même en vain employé lefecours,
j au moins en plufieurs cas, dans les affections nerveufes
que nous avons rapportées, tendis que l ’application
de Yaimant a été fuivie de fuccès ? D’ail-
, leurs, fi tel avoit été'le principe de la vertu de Y aimant
, n’auroit-on pas dû, non feulement obferver
■ cette aCfcioil dans tous les cas où le foulagement s’eft
manifèfté, ce qui ne s’accorde pas avec les obfervations,
mais encore apercevoir un rapport évident entre
l ’intenfité de cette aClion & celle des degrés
de foulagement obtenus ou procurés ? O l fur ce
point l ’expérience paroît offrir un réfultat contraire ,
plufieurs malades ayant été guéris par les aimans
dont ils n’avoient reçu aucune empreinte, aucune
léfion , aucune altération à la peau 5 quelques
autres, au contraire, en qui ces effets avoient eu
lie u , n’ayant éprouvé aucun foulagement, comme
npus ea avons eu la preuve dans plufieurs perfonnes
attaquées d’épilepfie. Ajoutons à ces raifons , que
dans plufieurs obfervations* Yaimant n’a été employé
que fous la forme d’une plaque fufpendue
au cou 8c portée fur la poitrine \ circonftance dans
laquelle ni les effets du frottement, ni Faction
véficatoire, ni la compreffion, n’ont eu lieu d’unè
maniéré marquée.
Cette dernière réflexion fuffit pour faire voir
que ce n’eft pas à la vertu ferrugineufe de Yaimant
qu’on peut attribuer ceux de fes effets que
nous confidérons i c i , outre qu’il ne peut y avoir
de liaifon & de rapport entre la production d’effets
auffi marqués , & la foible quantité de rouille dont
quelques plaques , 8c quelquefois une feule qui eft
employée , peut imbiber la peau. Enfin , quant à
l ’action que Yaimant pourroit avoir fur les molécules
de fer difféminées dans nos humeurs , on
peut, aux raifons déjà connues, & que nous avons
indiquées , telles que l’abfence de ces particules
dans le fang, au moins fous la forme qui les
rend fufceptibles de l ’adtion de Yaimant , &
le peu de rapport qu’on découvriroit d’ailleurs
entre l’exiftence de ces mêmes parties 8c la
production des affedlions nerveufes ; on peut ,
d is - je , ajouter que- Tufage intérieur du. fer eft
compté au nombre des moyens les plus efficaces ,
. pour lès combattre , & que fa préfence ne nous
étant connue que dans les humeurs , ce devront
être encore fpécialement fur les maladies
humorales que l ’aéfion de Yaimant fe mani-
| fefteroit j circonftance abfolument oppofée aux