
fallut , revenir une troifième fois à Implication du
feu , & alors la vue fut parfaitement rétablie.
Cette pratique a eu un égal fuccès, & contre la
goutte fereine, & contre i ’épilepfie.
De Sursois y célébré profèffeur de Vienne en
Autriche, prétend que plus le cautère eft ardent,
moins i l fait de douleur ; i l le recommande contre
la phthifîe , en rappliquant fur le fommêt de
la tête, à la diftanee de la longueur du doigt étendu
depuis la racine du nez.
Hoffman l ’approuve contre la goutte fereine,
s’il eft placé à la nuque ou fur le fommet de la
tête.
Purmann, très-célèbre chirurgien de Breflau,
affure avoir opéré par - là la guérifon d’une
fille épileptique , à qui on avoit fait une infinité
d’antres remèdes fans fuccès ; & il paroît avoir eu
fouvent recours à cette brûlure.
Houlie r , au chap. I er. des maladies internes
, écrit qu’pn -applique le cautère aéluel fur
le fommet de la tê te , près des futures ; & D u -
r e t, en rapportant cette opinion $ Houlier, recommande
le fer rouge.
Fallope reconnoît qu’on peut fans danger appliquer
le feu fur la tête, pourvu que ce ne foit
pas fur les futures mêmes.
Rivière fait mention des éloges que Gordon
a donnés à cette pratique , & il y joint l ’hiftoire
d un maniaque qui , ayant reçu à la tête un coup
qui fit fradture , fe trouva guéri, tant que la plaie
refta ouverte : i l la conleille en conféquence
dans les douleurs de tête opiniâtres , ajoutant,
d’après Platanus , que le feu , appliqué aux
tempes, eft beaucoup plus efficace. I l parle en-
fuite d’un enfant épileptique qui avoit inutilement
été purgé plufieurs fois , & qui avoit abondamment
ulé de toutes les plantes céphaliques. Le
cautère fur la future fagittale fut le feul remède
efficace.
Lamb-Werde, cité par Scultet , a guéri, par
le feu appliqué fur la future fagittale, des douleurs
de tête vénériennes. Et Scultet parle d’un
j’eune homme épileptique à qui i l rendit la fanté
par ce moyen, qui fut précédé d’une incifîon tranf
verfale, entre les lèvres de laquelle il porta le
feu affez avant, au point de reunion des futures
fagittale & coronale.
Voilà donc , continue M. de Haën , plus de
quarante auteurs qui ont confeillé & pratiqué cette
opération , fans quUiucun ait rien dit fur les fuites
fâcheufes qu’elle peut avoir. Quelques-uns même
ont affuré qu’il n’y avoit rien du tout à appréhender
, quand même on brûleroit jufqu’à 1 os ,
foit au travers des tégumens , foit après avoir
mis à nu les futures mêmes , ou leur voifi-
nage.
En’ conféquence, ne voyant rien, en Médecine,
qui fût étayé fur plus de fuffrages & plus d’autorités
, j'e regardai , ajoute le même auteur,
comme un crime , la négligence d’y avoir recours,
contre les maladies rebelles ou réputées incurables
: dans cette claffe de maladies, on trouve d’abord
les douleurs de tête obftinées avec migraine ,
l ’épilepfie , & la goutte fereine. Or il y avoit
dans l ’hôpital de Vienne deux perfonnes attaquées
de cette dernière maladie , & pour lefquelles on
avoit inutilement employé, & le mercure , & le
quinquina , & l’éleéhicité, & les évacuans de toute
efpèce , & les topiques fur la tête, & les véfica-
toires , & les fêtons.
On fit donc choix , le 3 juin , de l ’un des
deux malades 5 c’étoit un payfan âgé de douze
ans , fort & robufte : fa goutte fereine avoit eu ,
fuivant les apparences , pour caufe une contufion
à la tête. Il y avoit fix mois qu’il étoit fujet à
des vomilTemens périodiques, toujours précédés de
douleurs violentes en cette partie ( 1 ).
Pour procéder à cette opération , on préféra la
méthode qui met l ’os à découvert ( 2 ) , avant
d’y appliquer le bouton de fêu. M. Liber , qui
l ’exécuta , la tenoit de feu M. Lauâès , tres-
habile chirurgien, qui avoit touj’ours recommandé
à fes difciples d’abandonner celle dans laquelle on
applique le feu à travers de la peau entière , leur
difant que la première avoit toujours été heureufe, au
lieu que la fécondé pouvoit être fuivie de moüve-
mens convulfifs.
Ainfi, le feu fut appliqué au travers d’une canule
fur l ’os mis à nu : la douleur, d’abord affez
vive pendant les premières heures , fe modéra
enfuite ; l ’appétit furvint, & le vomiffement auquel
le malade étoit fujet, ne parut qu’une feule
fois. On eut tout à elpérer jufqu’au quatrième
jour, & ce jour-là même le pouls étoit régulier
, l ’appétit bon , point de douleur à la tê te ,
à moins que le malade ne la remuât de côté 8c
d’autre; & dans l ’après-dîner, i l affura qu’i l fe
trouvoit fort bien : en effet , il n’avoit pas dans
le pouls le moindre mouvement contre nature ;
mais il fe plaignoit [de n’avoir rien encore gagné
du côté de la vue. Au milieu de la nuit
luivante , i l vomit , on s’aperçut d’un embarras
dans la refpiration ; les gardes malades
entendirent un râlement qui les alarma. Ils coururent
, mais ce fut pour lé voir expirer : il
étoit fur la fin du quatième jour.
On avoit à coeur de connoître la caufe d’une
mort fi inopinée ; on trouva que l ’impreffion du
feu fur l’os étoit affez légère ; elle ne pénétroit
pas jufqu’au diploé ; cependant la dure-mère com-
mençôit à entrer en fuppuration dans l ’endroit qui
répondoit à cette impreffion extérieure du feu :
( i ) Cette maladie, fans avoir recours au feu, n’auroit-
elle pas pu être guérie par des incitons faites fur la partie
même de la tête qui avoit été contufe? ( jNote de M,
POUTEAU. )
(2) C’eft celle qui eft la moins utile & la feule dangereuse.
( F ope de M. POUTEAU.)
le cerveau étoit très-fain, mais les méninges étoient
pan-tout très-enflammées.
Quelque légère que fût cette, impreffion, elle
s’étoit pourtant étendue jufqu’à la dure & à la pie-
mère. L a face interne de l ’os en avoit été fêlée à deux
lignes de diftanee du contaét par le fer rouge, &
le crâne fe trouva en cet endroit très-mince, &
d’une tranfparence qui n’eft pas ordinaire.
Du refte , on ne découvrit ni dans le cerveau ,
<n général, ni dans les nerfs optiques en particulier
, rien qui pût indiquer les caufes de la goûte
fereine ( 1 ). La même opération faite le lendemain
de celle qu’on vient de décrire, à une fille
de vingt ans, pour la même maladie , n’eut d’abord
rien de plus orageux ; & la même cataftro-
phe arriva le cinquième jour , après quelques mou-
veipens convulfifs dans le vifage. Cette fille avoit,
ainfi que le garçon, des vomiffemens, quoiqu’elle
n’eût point reçu de coup à la tête ; l ’ouverture du
crâne fit voir à peu près les mêmes-particularités,
relativement à l’effet du feu , quoique l ’os
touché par le fer rouge fût beaucoup plus épais.
Mais on crut trouver les caufes de la cécité dans
une matière reffemblante en partie à de la chaux,
en partie à de la bouillie qui rempliffoit l ’entonnoir
, lequel avoit jufqu’à neuf lignes de diamètre.
Cet entonnoir étoit de plus adhérent avec la
pie-mère qui enveloppe les nerfs optiques , & il
preffoit fur la jonétion de ces nerfs fuffifamment
pour paroître devoir en altérer les fondions ; il
y a toute apparence que , quand cette fille ne
feroit pas morte, elle feroit reftée aveugle.
J’omets, dit M. Pouteau , plufieurs circonftances
qu’il faut lire dans l ’ouvrage même de M. de Ha’èn ;
mais je ferai obferver que la fille ne fe plaignoit
point de douleur à la tête avant l ’opération ; que dans
la poitrine de l’un & de l ’autre cadavre , on trouva
la plus forte & la plus exade adhérence de tous
les poumons, foit de lobe à lobe, foit avec toute
l ’étendue de la plèvre ; adhérence qu’aucun fymp-
tôme n’auroit pu faire foupçonner , ni avant ni
après l’opération.
Dans la fille , ainÇ que dans le garçon , le bas
de l ’cefophage & l ’orifice fupérieur de l ’eftomac I
avoient une ampleur double de celle qui leur j
eft naturelle. Le pylore de la fille étoit au contraire
fi refferré, qu’il auroit à peine reçu une plume
à écrire. Ce fymptôme étoit un effet fpafmodique
du feu fur la tête 5 car le lendemain ce refferre-
ment ne fubfiftoit plus , & il étoit le produit ,
ainfi que l ’obferve M. de Haën , de ces mouve-
vemens fpafmodiques qui furvivent à la mort même.
Un jeune homme de trente ans avoit reçu un
coup fur le fommet de la tête : la plaie ne put
( x ) Ceci donne un nouveau poids à ce qui a été dit
dans la note précédente fur la caufe toute extérieure de
cette goutte fereine, furvenue après une violente contufion
à'la tête, {Rote de M.POUTEAU.}-
être cïcatrîfée qu’au bout d’un an. Auffi-tôt que
la cicatrice fut clofe , le malade fut attaqué
d’accès épileptiques qui devenoient toujours plus
fréquens. Il pafla dans cet état une année , a la
fin ae laquelle il vint à l ’hôpital de Lyon. Je rouvris
la cicatrice, continue M. Pouteau, parle moyen delà
pierre à cautère.Depuis ce jour, les accès épileptiques
ne reparurent plus ; il y eut une légère exfoliation ,
& je recommandai au malade d’entretenir cette
plaie par le moyen d’un pois ; le chirurgien
auquel j’en avois confié le panfement, ayant effayé
de iaiffer de nouveau fe former la cicatrice , l ’épi—
lepfîe reparut , pour difparoître 'par une fécondé
application du cauftique.
Cette obfervation me fit elpérer le même avantage
pour un épileptique auquel on avoit déjà
adminiftré un grand nombre de prétendus fpéci-
fiques. L a pierre à cautère ayant mis l ’os à découvert
, & les retours épileptiques n’étant pas moins
fréquens, je crus , dit M. Pouteau , devoir fuivre les
confeils de CeLfe, dont les écrits étoient pour lors fous
ma main. En conféquence , je touchai l ’os avec un
bouton de fer rouge , & le malade ne fe plaignit
pas que cette brûlure lui eût laiffé une fen-
lation fâcheufe ; il mourut néanmoins le troi-
fième jour , après un affoupiffement de vingt-
quatre heures.
L ’ouverture du crâne montra une fiippuration
commencée entre la dure-mère & l ’os , 8c une inflammation
qui occupoit au large cette naem-
brane , ainfi que la pie-mère. Je ne pouffai pas plus
loin mes recherches, dit M. Pouteau, & j’en eus le
plus fenfible regret, vu l ’adhérence auffi univerfelie
qu’intime des poumons avec toutes les parties environnantes
, trouvée dans les deux malades de M.
i de Haën ; adhérence qui fe feroit peut-être , àjoute-
t-il, également montrée dans celui-ci, fi , comme on
eft en droit de le foupçonner, elle a été l ’ouvrage de
l ’aétion réelle du feu fur la tête ,■ & de l ’aétionSympathique
de ce ftimulant fur la poitrine. J’ai cherché
à réparer cette omiffion, continue M. Pouteau -, en
priant M. Carrel, qui remplit dignement la
place de chirurgien principal du grand hôtel-dieu
de L y o n , de faire fur deux chiens ces expériences.
Mais quoiqu’on ait réitéré à plufieurs re—
prifes l ’application du fer rouge fur la réunion
des futures fagittales, & coronales mifes à nu ;
quoique le rouge de ce fer ait chaque fois été
des plus vifs- & appliqué avec force , on n’a pu
parvenir à faire périr aucun de ces chiens , pas
même à les rendre malades ; un d’eux feulement
parut un peu étourdi pendant quelques heures,
& refufa la viande ; mais bientôt il revint à fon
état naturel.
Ces animaux auroient-ils le crâne beaucoup plus
épais fur le fommet de la tête que les hommes ï
C’eft ce que je n’ai pas vérifié (1 ). Quoi-qu’il en fo it,
( 1) Cette réflexion eft de M, Pouteau, J’ajoute k it