
ALEGRE , A l e r t e . ( Ar t Vétêr. Equîtat. )
On emploie ces cxpreflions pour défigner un cheval
v if & difpos , & dont les allures font preftes
& légères , qui a conftamment l ’air attentif &
l ’oreille au guet, au moindre bruit qu’il entend, qui
piétine continuellement dans l ’écurie, 8c fe tient à
peine quelques inflans tranquille fur fes pieds.' Ce
font principalement les chevaux de ; (elle , & parmi
eux, ceux qui font minces de corps & élevés fur
jambes ? que l’on défîgne ainfî : on dit plus ordinairement
de ceux de carroffe & des autres , qu’ils
font allans , vigoureux , légers ^ &c. ( M. Jfi7 -
Z A R D - )
ALEMBROTH. (SeLj (Mat,, méd. ) L e s al-
çhimifles ont donné le nom de feî alenikroth Ou
fel de la fageffe , à l ’union chimique du muriate
ammoniacal ou fel ammoniac, aVê'ç le muriate
mercuriel cofroftf^ou fublinié corrofif. Cette com-
binaifon forme un fel triple , coinpofé'd’acide muriatique
| d’ammoniaque ou alcali volatil, & d’oxide
"de mercure 3 il a de grandes propriétés médicinales.
Nous le nommons muriate ammoniaco-
mereurïel. Voyez ce mot pour l ’expofé de fes
propriétés chimiques 8ç médicinales. ( M. DE
E o w r ç r o y . )
ALENE. ( A r t. Vétérinaire, Chirurgie. ) Tout
le monde connoît cet inflrument aigu , & on s’en
fert fréquemment dans plusieurs arfs & métiers 3
i l peut fou vent fuppléer les aiguilles dans la Chirurgie
vétérinaire. C ’eft fur-tout dans les cantons
où l ’on boucle les jumens , que Yalêne eft d’un
grand ufage ; on en perce les bords de la vulve
pour y introduire épfuite , & fans efforts , les fils
de laiton qu’on emploie à cette opération" (i).
Je m’en fuis àuflî’ quel que fois fervi faute d’aiguille,
en campagne , pour faire une pareille opération
aux vaches, dans le cas de la çhûte du vagin
ou de la matrice.
On fe fért encore beaucoup de X^dêne pour
pratiquer des cautères dans l’épaifleur de la peau
ou des parties charnues ; on fait un trou avec
l ’in dru ment, & on y fybftitue un brin de garou,
fV ellebore ,- ou 4e foute- autre plante inflammatoire
qu’on a taillé, pour cet effet. Mais cette
manière d’appliquer des cautères n’eft pas fans in-
convéniens entre les mains de ceux qui ne con-
noiflent pas l ’organifation dç ranimai. ( Voyçz
C a u t è r e s . )
Du refle , la plupart des liens qui fervent 1
aflujettir les animaux pendant les opérations ou
dans les écuries , étant de çuir,' comme les entravons
y les bridons , lçs licols , les longes ,
& é ., & leur longueur ou leur largeur pouvant
continuellement varier en rai fon de la grandeur
différente de çes mêmes animaux, i l eft bon que 1
le vétérinaire foit toujours pourvu de plufieurs
alênes de différentes grofleurs, pour pouvoir pratiquer
fur le champ, 8c fans avoir recours au
bourrelier ou au fe llie r , les trous propres à recevoir
les ardillons des boucles, qui fixent tous ces
liens. Elles doivent <iufli faire partie de la pacotille
d’inftrumens dont la ferrïere du^ cocher eft
garnie pour remédier aux accidens imprévus. Voye\
F e r r ïe r e . ( M , H x jZ A R O ' )
ALEN ÇO N . ( Jurif. de la Mêd.) Alenco-
nium y ville de France dans la Baffe Normandie,
bailliage royal , .avçc préfidial, généralité , &c.
Ce n’étoit autrefois qu’un Ample château appartenant
aux comtes de Bellefme ; mais cette mai■
fon s’ eft dm fée .dans la fuite en deux branches j
les comtes du Perche & ceux f Alençon.
Le comté d’Alençon a été érige en duché, qui
a été donné plufieurs fois en apanage aux etilans
de France 3 il fait actuellement partie de celui de
Moniteur. Cette ville , du diocèfe de Séez, eft regardée
comme la troifième de Normand e : elle
h’a , il eft vrai, aucune paroifle avec des fuccur-
fales 3 mais elle a un collège^ & bien d’autres
avantages relatifs à la nature , a la foçiete_, ôc a-
l’églife, fupèrieurs même à ceu'r’ d’un grand nombre
de Villes épifcopales. Elle eft fituée fur la
S’arte , au milieu d’une vafte campagne , qui fait
partie de la Normandiedu Maine , 8c du Perche ,
& qui eft bien fertile en grains, en fruits , 8c en
foins. Tout y concourt à y rendre les habitans
heureux.
La population XAlençon peut y entretenir un
nombre fuffifant de médecins pour y former un
collège. Je dis la .population , car il n’y~ a encore
guère que le motif d’intérêt qui attire les
médecins dans les différons lieux. Le gouvernement
françois n’a pas encore fongé à établir partout
des médecins , comme i l a établi des curés
& des magiftrats, quoique leurs -fondions ne tendent
pas moins à l ’exercice de la charité univer-
felle. Cependant ces médecins n ont point obteru
de lettres patentes qui les réunît en collège. L’édit
de février r tW I qui a établi Jés médecins jurés
royaux , permettait aux médecins des villes de lever
ces offices en commun, & de former communauté
pour l’exercice des fondions & des droits qui y
étoient attachés? Il ne paroît pas que les médecins
d’^/enpon aient profité de cette permiffîon.
Il n’en a pas été de même des chirurgiens
dV^/enpoù ; ils ont toujours mieux entendu leurs
intérêts , & fe font mieux foutenus en offrant leurs
talens au public. Dès qu’ils ont été en aflez grand
nombre, ils ont formé une communauté qui a
été fucceffivement founiïfe à la jurididion du premier
barbier & du premier chirurgien du roi. L ’édit
de février 1691 n’eut pas été plutôt rendu, que
leur communauté, détruite p^r cet edit, fut rétablie
par un arrêt du confeil'du 16 décembre de
1$ même année. Pat cet arrêt,(1) Vpyez Boucler. le 10I ordonna «que,
» moyennant le payement de la finance, les chi-
1» rurgiens des communautés des villes & faubourgs
» & Alençon ( & autres y dénommées ) jouiront
» en commun des fondions & droits attribués aux-
» dits jurés royaux ». Voye\ leur article. La Communauté
de ces chirurgiens rentra, comme les âu--
tres, dans la juridiction du premier chirurgien du
roi , par l ’édit de feptembre 1713., qui la rétablit.
Mais la police qu’elle exerce & qu’elle réclame
fous les ftatuts généraux de 1730/ eft in-
fuflifante 3 i l eft un des exemples les plus frap-
pans des maux que ces ftatuts entretiennent par
leur trop grande généralité.
Ils règlent, ces ftatuts généraux de i 73°? ffue
chaque, communauté de chirurgiens pourra être
établie dans les villes où il y à juridiction ref-
fcrùflante nûment à un parlement , & quelle aura
le reifort de cette jurididion pour ton propre
diftrid ; mais il arrive d’un côté que de^ petits
lieux n’ont qu’un ou deux chirurgiens ; de l ’autre ,
qu’une communauté s’étend fur des lieux éloignés.,
& ne s’étend point fur d’autres très-voifins 3^ de
l ’autre enfin, que des portions de diftrid d une
communauté font enclavées dans d’autres ^communautés
j & ces trois inconvéniens entraînent de
grands, abus. . . .
La communauté des chirurgiens d’Alençon eft dans
ces deux derniers cas, Cette ville eft fituée lur les bords
de la Sarte, qui fépare la Normandie du Mainë 3
de manière que le plus eonfidérabie de fes faubourgs
eft: dans le Maine, Monfort , c’eft fon no^m ,
n’eft pas fournis à la juridiétion du bailliage d’yi-
lençon, dont il n’eft féparé. que par la riviere 3
mais.au bailliage de Mamers, fitué à cinq lieues
de là. Une autre c-ircoiiftance encore plus extraordinaire
fe joint à celle-ci. Le bailliage royal de
Mamers , fitué à l ’extrémité du Maine, lur les confins
de la Normandie & du Perche , ne- reffortit
point miment du parlement de Paris- j il ne reffortit
même pas du tout du Mans , la capitale;
mais de la Flèche., fituée dans l ’Anjou , au delà
de l’autre extrémité du Maine, à plus de .10 lieues
de Mamers. ( V. L a F lèche. )
Cette .fingulière diftribution de la juftiee entre
ces provinces établit une police aufli fingulière
pour la Chirurgie à Alençon. Ses chirurgiens ont
pour diftriit de leur communauté, fon bailliage,
qui s’étend au loin en Normandie , dans le territoire
du parlement de Rouen 3 mais au delà de
leur pont, ils n’ont plus de juiidiétion; elle ap-
artient à la communauté des chirurgiens de la
lèche , r efforti flan te du parlement de Paris.
L’on fient bien que l’indifférence de ceux-ci attire
bien des abus dans l ’exercicede la Chirurgie au
faubourg de Monfort 3 les charlatans vont y prendre
leur domicile. Comme l ’exercice de la Médecine
n’eft point attaché au domicile , ils vont
impunément exercer leurs brigandages dans la ville
même , & dans les autres lieux où iis font appelés
j & les chirurgiens & médecins de cette
ville ne peuvent être que les fpeélateurs des mear-
tres qui en font les fuites néceflaires.
Alençon pofsède une communauté d’apothicaires
& drogui fies pour fa ville , les faubourgs , & fa
banlieue. Elle y a été érigée par lettres patentes
de Louis XIII du 7 décembre 1618. Outre fes
ftatuts particuliers qu’elle i reçus par ces lettres,
elle a été dé plus aflùjettie aux ftatuts généraux
deTàpothicairerie , donnés en 1661 par M. V â llo t,
premier médecin du ro i. & confirmés par plufieurs
ordonnances, comme i l fera, dit à l’article des jurandes
fou mi fes à. la juridiction du ’preriiitr médecin.
Cetfe communauté eft munie d’une lettre
de Me. garde-juré , créée par l’édit de mars 169 t.
Les apothicaires ‘épiciers , & drogtiiftes de
cette ville payent les; droits d’entrée de leurs
drogues & ’épiceries, la Normandie étant une des
provinces des cinq fermes générales 3 & ils doivent
les tirer du Havre ou de Rouen.
Ce que j’ai obfervé à l’égard du diftriCt de la
communauté des chirurgiens d * Alençon , doit l ’être
à l ’ égard de celui de fa jurande d’apothicaire.
Quoique fes lettres d’éreétion lui donnent fes faubourgs
& fa banlieue pour diftriél , les apothicaires
de la Flèche prétendent avoir droit de réception
fur ceux du faubourg Monfort. ( M.M*
V e r d i e r . )
A L E P ( bouton 4’ ) C’eft une maladie générale
à Aiep , & familière aufli à Damas, & dans quelques
adirés villes de la Syrie. Suivant un mémoire
de M. Bo, médecin, d’où Ces détailsfont extraits ( i)?
on peut le regarder comme une maladie dépura-
tôire. On le diftingue en mâle & en femelle. L e
mâle eft toujours feûl, 8c la femelle eft au nombre
dè quatre , fix, & plus, d’une plus ou moins grande
étendue. L ’enfance paroît la plus expofée à cette
maladie , ainfi qu’à la petite vérole. C’eft ordinairement
au vifage que paroît ce bouton , & plus
foüvent au côté gauche. Sa durée eft d’environ un
an 3 il eft fix mois à fuppurer , & autant à fe de flécher.
C ’eft une croûte tenace qui revient auffi-tôt
qu’on l ’a fait tomber de force, & cette irritation
ne fert .qu’à la rendre plus rebelle , & à la faire
creufer- davantage. La cicatrice eft ordinairement
de la grandeur d’une piece de 1 z fous.
_ Le bouton femelle fe montre aufli au vifage ,
& le plus fouvent aux extrémités. Il forme quelquefois
des croûtes qui ont cinq à fix pouces de
long, qui tiennent les articulations, & font beaucoup
fouffrir, comme M. Bo dit l ’avoir obfervé
fur un négociant François. Cette efpèce eft plus
familière aux Européens qui réfident à Alep
pour le commerce. Ils en font rarement exempts
lorfqu’ils y ont relié quelque temps. On en a vu
( t ) Observations fur la Syrie, & notamment fur Alep,
adre(fiées, a la fociété royale de Médecine, par M, E o ,
médecin à'Mur-de-Barrés, en Rouergue.