
( KSLvo’totPîa. Xj vyp à) ils le font parce qu ilsfont gras ;
( AiTrapà ) altérés parle feu ( nvpm J' « a ), chauds ( 9*f p/«-« )
& compofés de fubflances ayant des propriétés
dïffemblables , <S* cependant réunies ( «*U|Hj
rd s J'wdfAta.s ecA A iiA cm y s ^ o y T a , sv t « « v t s » ) •
Voilà toutes les raifons qu’Hippocrate donne de
la propriété de certains alimens qu’il défigne par
le mot xa.v<reiésa, aejluofti , atdens.
Maintenant., en confidéranc la nature de- cette
expreffion Sc la fubftance des alimens défîgné.s par
cette qualification , il eft impoifible de douter
qu’Hippoerate ne veuille défigner plutôt une altération
à laquelle ces alimens, prefque tous doux,
parviennent au dedans de nous-mêmes, qu’une qualité
véritablement inhérente ,à leur, nature. Et je
ne vois rien qui réponde mieux à ce mot xavawsa,
que l ’expérience que nous avons de cette Tentation
qu’on défigne par l ’expreffion de fe r chaud,
qwe les latins nommoient foda , & qui affecte
fouvent fi péniblement tout le trajet de 1 oefophage
depuis l ’orifice de l ’eftomac jufqu’à la gorge, par
le fentiment d’une ardeur brûlante. Cet effet a lieu
très-fouvent après l’ufage des alimens doux, gras,
& fucrés , lorfqu’ils font mal digérés , & qu’ils
fe ranci lient & s’aigriffent dans leftomac. Mais
.aticun aliment n’eft plus fujet à produire cet effet
que les ragoûts extrêmement mélangés, imprégnés
d’huiles ou de graifles rouffies , telles qu’Hippocrate
les défigne parfaitement dans le paffage que j’ai cite.
Voilà donc, je crois, le vrai feus du mot xaimàJVa,
allez bien rendu par le mot d'oeftuofa, rendu imparfaitement
par le mot tardent, mais qu’on pourroit
défigner plus exactement en difant que les alimens
auxquels cette dénomination convient font fuje ts a
caufer des ardeurs brûlantes, ou plutôt- des rapports
bràlans.
'Srep/ur,. chaud.
A l ’égard de l’expreffion de %ep/sJv, chaud, o-n
conçoit qu’elle eft appliquée aux fubftances q u i,
donnant une impulfion plus grande aux' forces vitales
, augmentent la chaleur qui en eft le produit,
ou qui, mettant de l ’âcreté dans les humeurs ,
portent cette âcreté dans les organes fécrétoires ,
& y occafionnent unfentimertt d’ardeur. Cette dernière
manière d’échauffer n’appartient pas en propre
à Y aliment ; la première peut auflî être l’effet
des fubftances ftimulanles & toniques , étrangères
à la matière nutritive ; mais il eft poffible auffi
que certains alimens, tels que ceux qui font déjà
fort animalifés , étant fufceptibles de recevoir rapidement
les cômbinaifons defquelles réfulte l ’af-
fimilation , & dont nous avons expoié l ’enfemble
dans les troifième 8c quatrième queftions du §. III
de l ’article premier, foient par cela même l ’oc-
cafîon d’une production de chaleur plus grande.
Et dans le fait, tous les alimens animaux, & fur-
tout ceux qui, parmi les animaux, font les plus
atténués, pour me fervjr de l ’expreffion d’ufage, quoi-
qu’impropre , font effentiellement plus échauffans
que les végétaux , ou que ceux même d’entre les
animaux qui portent les caractères d’une affiniilation
moins avancée & qu’ on regarde communément
comme rafraichiffans. La qualité de chaud, %ipy.Uy
peut donc convenir réellement à des- fubftances’
vraiment alimenteufes -, indépendamment des principes
accelfoires Ôc étrangers à la matière nutritive,
qui font doués de la propriété échauffante ,
comme les ftimûlans aromatiques’, âcres,.ou folins.-
Néanmoins Hippocrate met un très-petit nombre
de fubftances alimenteufes au rang des alimens
chauds. Il y met les légumineufes dëfignées
fous le nom de ^sp^oi.qu’on a traduit par celui
de lupins. Les chairs de quelques animaux dont
nous n’ufon-s pas , le vin , & en particulier les vins-
nqirs & doux ( y\uxits ^tAeevw-,) blancs aufteïes
( Aîvxoixj av5"«pol^, le v.in doux ou moût ( ytevxcs )
le vin doux évaporé ou le fapa^(«4'«/ua ^j- dont il
dit, i l échauffe parce qu’il vient du vin (, 5>«pAalv“ -.
j«sy orr omoJ\s). i l joint .à toutes cçs fubftances le
miel fans mélange ( A h iaxpviTov ) , qu’il oppofe a-
l ’hydromel (/«-a/fyv. vlccn). Après ces fubftances, il
ne met au rang des chofes chaudes, que des herbes
des fruits, ' des aromates non aliment eux, Sc desherbes
confites' dans la faumure.
Il eft cependant une occafron où Hippocrate fe
fert du terme 5>sppAm-} Sc qui mérite d’êcre notée*
En parlant de la chair du jeune cochon , il dit
qu’elle eft pluspefante que celle du cochon fa i t 9
( Ta yjalpua. rwv o-ycim ^apwrtpa ) > parce que çet animal
, déjà fo r t charnu , & ayant peu de fa n g , a
Ué chair encore plus humide lorfqu i l eft jeune.
Alors la fubftance nourricière trop gluante
( j ’ajoute ce mot, qui eft vraiment dans le fens
d’Hippocrate ) pour pénétrer dans les vaijfeaux
rejîant dans les inteftins , y porte de la chaleur
& du trouble. [Ipplm T«p«We< t«v xo/ài'mv.)
Ici la qualité échauffante eft évidemment, dans le
fens d’Hippocrate, l’effet de l ’altération fpontanée
d’une matière vifqueufe indigefte , & qui ne peut
pénétrer, 'comme.il le dit très-bien dans les vaif-
feaux abforbans qu’il appelle nipo/» Dans les autres
endroits, ce n’eft pas dans ce fens qu’il prend le
mot d’échauffânt, comme nous venons de le voir^
<j/VXpoy , froid.
L a propriété froide ou rafraîchiffante , 4 uxpl’y 9
n’eft, de même que la précédente, donnée qu’à un
petit nombre de vrais alimens , du nombre desquels
eft l ’orge, lés farines qu’on en prépare, &
les gâteaux qu’on en fait lo-rfqù’on les pétrit avec
l ’eau , non pas avec le vin comme l ’expliquent les
interprètes ( y«.a£a p'avTîi, arpin%Sy Vno rev vj'aros ha-
£pox»v ctAyiTov}. A l’orge, Hippocrate joint la fe-
mence de 1-in j il affure que , même avec les fe-
mences chaudes , on peut , par la préparation
( éi epycurlw ) , faire des alimens rafraichilfans ,
comme il le dit de la graine appelée ^fp^oij &
cette préparation a toujours pour bafe l ’eau, comme
il le dit au fujet du matyi ou gâteau d’orge , & au fujet
de l’hydromel, dans lequel le miel perd,félon lui,
la qualité échauffante; eh parlant de l ’eau même,
il dit v<f«p, Veau efi rafraichijfame. Hippocrate
reconnaît atiffi la propriété ra fraîchi (Tante
des boiflons.acides , & des vins acidulés ( oïva oÇtmîoif.
Ces vins font les vins que les italiens appellent encore
aujourd’hui vinq afciutto, vin fec, parbppofi-
tion avec prelque tous les vins des pays chauds, qui
font doux & fucrés ; & qui réellement ne défajté-
rent pas & conviennent peu pour boiffon ordinaire
aux repas. Ces vins, dits acidulés, font analogues
aux vins que nous buvons communément avec
l’çau dans nos rep'as , quoique beaucoup moins
agréables. Hippocrate dit au fil du vintaigre qu il
eft rafraîchiiTant ; il le dit auffi des fruits acides;,
comme des grenades acides. I l le dit de plus des
concombres ( a-lxvii ) , fur-tout lorfqu’ils font crus;
il le dit aufîi de la laitue ).
Ainfi, voilà plufieurs ordres de rafraîçhiffans dont
un feul paroît appartenir à la fubftance nutritive ;
celui-là comprend, fuivant Hippocrate, l ’orge & le
lin , fubftances extrêmement, douces ; dans le fécond
ordre eft l ’eau ; dans le troifième les acides ; dans
le quatrième , des végétaux qùi, à une grande<abon-
datice d’eau , joignent une propriété particulière,
dont l ’effet e ft, comme je le penfe, un genre de
fpafme particulier, fuiyi de produ&ion de froid ;
mais cet objet n’a pas trait à la matière que je
traite en ce moment.
La propriété rafraîchiffante de l’orge , fi l ’on peut
fe fervir de cette expreflion impropre,/eft, parmi
celles dont i l vient d’être parlé, la feule qui foit
intimement liée à la fubftance nutritive , & ne pourroit
être attribuée qu’à la combinaifon de cette fubf-
■ tancé dans la fïrine d’orge. Nous avons déjà remarqué
que plus la combinaifon de nos alimens
s-’approchoit de la nôtre , que moins elle oppo-
foit de réfiftance aux combinai (bas qui conftituent
l ’aftimilation , plus auffi il. en réfultoit de chaleur
dans le travail de l ’aflimilation , par la rapidité
avec laquelle fe faifoient les c'ombinaifons animales
; d’où il réfulte qu’au contraire, plus les
çorps nutritifs font éloignés des cômbinaifons qui
nous font propres & y offrent de réfiftance , moins
la chaleur que leur aflimilation produit doit être
fenfible. C’eft donc en produifant peu de chaleur
plutôt qu’en produifant du froid que s’exerce la
propriété rafraîchiffante des alimens. L ’examen de
l ’état de la bafe oxalique , & dé fes cômbinaifons
dans les différentes efpèces Üalimens dont nous
ufons , eft capable de jeter un grand jour fur l’objet
dont il eft ici queftion. Il faut efpérer qu’on s’occupera
de perfectionner celte- étude.
Ce que nous venons de dire & ce que nous avons
déjà dit, donne auffi l ’explication de la propriété
rafraîchiffante des acides végétaux , q u i, non feulement
font fort loin de l ’ordre de cômbinaifons qui
nous eft propre , mais encore offrent à ces com-
binaifons une réfiftance très-forte.
I l eft inutile d’expofer comment l ’eau & les dé-
layans en général deviennent rafraîçhiffans en délayant
les âcres, & facilitant toutes les excrétions;
ôc l ’examen de la propriété rafraîchiffante médi-
camenteufe de certains fruits & de certaines herbes
n’eft pas de nature à être examinée en ce moment.
Nous finirons par une réflexion, c’eft que le froid
& le chaud , le fec & l ’humide font la bafe d’une
des théories fyftématiques qui ait régné le plus
long-temps en Médecine. Hippocrate en combat
viétorieufement l ’application in d i f t iu c t e à tous les
phénomènes de l ’économie animale & à la pratique
de la Médecine. Néanmoins Galien a recommencé
à jeter les fpndemens de cette fameufe
doctrine des arabes, établie, fur la combinaifon des
quatre qualités des alimens Sc des médicamens
froids & chauds , humides & fecs ; il a auffi d i -
vifé, pour les médicamens, chacune de ces qualités
en quatre degrés , dont le premier étoit le plus
doux , & le dernier étoit délétère. C ’ eft fur la
combinaifon de ces quatre qualités Sc de leurs
quatre degrés que les arabes ont fi fort renchéri
par. üne métaphyfique qui n’a été que trop-longtemps
la loi des écoles , Sc qui n’a cédé que bien
tard à l ’obfervation Sc aux principes de la faine
phyfique.
4°. D e ce qu Hippocrate entend dans les fubftances
alimentaires par les termes fuivans :
x&uGpo«; léger i Æapih, pefant,* tenVi, tenu; dpcuo; ,
rare ; rlptos, ferré; i<rxvp°s > f ort > T-pocp/^-os, nour-
• riffaht ; o \iyiqopos, qui contient peu de fubjîance ;
nAnpartxos, qui emplit i tçvcroS'fs, qui gonfle ; no-
Avisos , qui s'étend, beaucoup ; ©yVa, vent ; nnvya,s
air dégagé des alimens ; & enfin noyéw, épaif-
f i r , \A\xnuv, atténuer y \<rx'udnn, amaigrir ).
Les qualités dëfignées par Hippocrate fous les
expreffions de xov<po; & fictpvf, léger Sc pefant, ne
font pas tant relatives à une pëfanteur réelle &
fufceplible* d’être examinée à la balance , qu’à l ’effet
que ces alimens produifent dans l ’operation de la
digeftion. La qualité défignée par <V>cup5'f , fort ,
réjifîant, qui à quelques égards, comme on le
verra, eft vraiment l ’oppofé de‘'~'xo£<pof, léger ou
de peu de réfiftance, mérite d’être examinée ici.
dpaios, qu’on traduit quelquefois par léger, mais
qui fe rend mieux par l’expreffion latine rarus ,
Sc le mot WpÉOî, compati y denfe, font plus relatifs
à-des qualités fenfibles & à. la denfité phyfique
des corps ; cependant, dans le rapport meme de la
dfoeftion , il eft ordinaire que les alimens com-
pâéls foient auffi pefans Ù réfiftans., que les alimens
peu compaéts foient au -contraire légers &
de peu de réfiftance.
xovfoiy léger.
L ’examen feul des fubftances qu Hippocrate de-
figne par le titre de léger, xot/<pos, fuffit pour nous
faire connoître l ’idée qu’il avoit de la legerete» &
de la pefanteur des alimens. Premièrement, il
donne le titre de légers aux alimens qui ont reçu
une préparation qui en divifo les parties. Le ma^a.
ou gâteau d’orge bien préparé , qui eft fa i t depuis
quelque temps , c’eft - à - dire , raffis , ( npoqyp*-
>sîo-a), qui eft bien humecté ( p'avr« ) , qui n a.
p as été fort pétri (arpwr'los) , eft léger ( xovtpjl).
I l eft léger, dit - il , parce qu'une partie <U