
pratiquer; & fi c’eft par hafard fur les jambes qu’on
le propol'e de porter le feu , il faut que l ’opéré
tienne les pieds dans un bain d’eau chaude.
Nous invitons d voir dans Kæmpfer & dans
Ten-Rhyne, ou même dans Y hifoire de là Chirurgie
, par M. Dujardin , les figures dans lef-
quéiles tous ces détails font repréfentés , & qui
fe trouvent gravées fur les boutiques des experts
qui exercent ces opérations. Kæmpfer nous apprend
que les copies en font d’ailleurs fi multipliées
au Japon & à la Chine, que les libraires
& les empiriques de ces contrées en font une
forte de commerce.
De s maladies dans le traitement defquelle s les di-
verfes nations indiquées ci-dejfus fo n t encore de
nos jours un ufage familier de Z’aduftion, & des
parties fu r lefquelles ces peuples appliquent
le fe u .
Les maladies pour laguérifon defquelles les peuples
de l ’Afrique & de l’Afie font encore de nos
jours un ufage familier de Y adufiion, font généralement
les mêmes que celles contre lefquelles
Hippocrate & tous les autres médecins, foit grecs,
latins ou- arabes -, qui font venus après lu i, ont recommandé
ce moyen de guérir , 8c , dans un grand
nombre de cas, on retrouve la plus- grande conformité
entre les endroits que le père de la Mé-
decice a recommandés de brûler , & ceux que ces
différêns peuples n’ont ceffé de cautérifer depuis
une longue fuite de fiècles-
Che\ les égyptiens & les arabes (r)..
L e cautère actuel eft une forte de panacée entre
les mains des égyptiens , & fur-tout des arabes (z).
Ce moyen de guérir eft tellement employé , & fi
univerfellemenf répandu parmi eux , qu’il y a-peu
de perfonnes, dans ces- deux nations, qui n’en portent
des marques. Ils ont recours à Yaduflion contre
un grand nombre de maladies, mais particulièrement
pour guérir lés douleurs invétérées foit
rhumatifmales , foit goutteofes , qui attaquent
les articulations , ou dans quelque autre partie
qu’elles aient leur fiége. I l n’y a point, fuivant
ces peuples, de remède comparable à celui-là, pour
( 1 ) Extrait de Profper-Alpin.. ( D e Medicinâ Æg-yptcriitm,
loco citato..) .
(2) Les arabes, particulièrement ceux du défert , dans
la vie errante qu’ils mènent-, doivent être comparés â ces
hordes de fcythes qu’Hippocratc appelle Nomades, & qui ,
fuivant lui , plus fujets aux affe&ions rhumatifantes fur
les articulations, que les autres nations plus fiables, fai-
foi ent un plus fréquent ufage du feu pour s’en délivrer.
C’eft au (fi à caufe de l’emploi très- familier, qu’en, font les -
arabes , que quelques-uns. lui ont donné le nom de brûlure
arabique , uflio arabica%
diflïper toute forte de fluxions, même celles qui
font fouvent le réfultat accidentel d’une intempérie
froide. Dans la goutte fciatique , ils ne fe
contentent pas de faire plufieurs brûlures fur l’arti-
. culation ; ils les multiplient encore fur la cuiffe.
Ils font auffi le plus grand cas de ce remède ,
pour écarrer les accès de la goutte, tant des mains
que des pieds; maïs alors ils veulent qu’on n’attende
point qu’ elle ait formé des tophus dans
ces parties. Dans cette maladie , iis recommandent
de porter le feu fur les jointures mêmes,
& de brûler les veines qui s’y rencontrent.
Quand la douleur occupe l ’articulation du gros
orteil avec le pied , ils pratiquent Yadufion
entre cet orteil & l ’index. Les égyptiens & les
arabes ne fe contentent' pas de brûler les parties
tourmentées de douleurs ou de fluxions humorales
y ils cautérifent encore celles qui ont une liai—
fon particulière avec elles, ou dans lefquelles ils
croient apercevoir la fource des humeurs qui cau-
fent ces maladies : ainfi, dans, toutes les aneétions
chroniques ou flux ionna ires des organes deftinés à
la refpiration , dans un grand nombre de celles
qui attaquent certaines parties du vifage ou de la
bouche ; on applique le feu fur la tête , & cette
application y eft répétée en cinq endroits diffé-
rens, dans la région fyncrpitale , fur le vertex,
à l ’occiput , & derrière chaque oreille : on fuit
cette pratique pour guérir les différentes affections
comateufes., telles que i’épilepfie, la parai
y fie , l ’apoplexie , le vertige , la rolie , la pe-
fanteur de tête, la ftupeur, l’imbécillité , & dans
tous les cas où le fommeil devient trop prolongé ;
on la fuit encore dans les fluxions (lippitudines)
invétérées des- yeux , & généralement dans toutes
les maladies chroniques de cet organe. Dans les
douleurs vives des yeux , des oreilles , & des
dents , Yadufion eft faite fur les tempes ; on
la pratique au contraire immédiatement fur les
parties fouffrantes , dans les douleurs périodiques
des dents , lorfqu’elles font atteintes d’ébranlement,
de carie , & pour remédier à la pourriture des gencives.
Dans la fîmpl:e oppfeffion caufée par cks
engorgemens pituiteux de la trachée artère ou du
poumon , on fe contente (Rappliquer le feu fur la
poitrine ; mais fi le malade crache le fang, on l ’applique
de plus fur la tête. Les phthyfiques, & ceux
qui crachent le pus, ne font brûlés qu’à la poitrine
8c au dos (i) : on fait dans c-es régions trois
ou cinq efearres, dont, on entretient enfuite long-
( i ) Profper - Alpin a vu au Caire une perfonne
attaquée d’ aiihme depuis un grand nombre^ d’années ,
& prefque déjà réduite à l’état de pbthyfie , _ malgré
un grand nombre de remèdes qu’on lui avoir adminiftrés >
guériu de eette maladie par la- feule application, du feu,
qu’elle fe fit faire en trois endroits de la poitrine , fuivant
le procédé des égyptiens, ayant, eu foin de tenir..enfuite.
long-temps les .plaies ouvertes«
tetîips la fuppuratiom Ceux qui ont l ’eftomac froid,
humide , fatigué par des affections venteufes, fe
o-uériffent encore par le moyen de Yadujlion. Dans
les cas d’induration ou d’engorgement, foit au foie ,
ou à la rate , les malades, éprouvent un grand
foulage ment en fe -fai faut brûler dans ces., régions.
Les Egyptiens, continue Profper-Alpin # ne 'retirent
pas moins d’avantage de l ’application du'
feu pour fe guérir de l ’hydropifie afeite. ( i ) :
çette application, ajoute-t-il, peut, fe faire alors
dans diverfes parties de l ’abdomen , & même des
extrémités inférieures. Les uns, par exemple, la
font en trois endroits au-déflous'du nombril; d’autres
la. pratiquent fur la région .de l ’eftoma cfu r
celle du foie , fur celle de la rate & fous le nombril
en même temps ; quelquefois c’eft fous les
malléoles (fub malleolis vel claviculis pedum ) ,
ou aux deux côtés des genoux , ou fur les jambes
mêmes qu’on fait l ’opération : mais dans
tous ces cas on conferve foigneufement les ulcères
ouverts., pour donner aux eaux la facilité de s’écouler.
Ce n’eft pas feulement pour tarir les épan-
chemens d’eau formés dans le bas ventre, que les
égyptiens & les arabes ont recours à 1’adpfion ;
ce procédé ne leur réuflit pas moins dans l ’hydrocèle
& dans les engorgemens oedémateux- Ils la
regardent comme fpécifique pour le traitement des
tumeurs froides ou indolentes , lors même qu’elles
font skirrheufes. A l ’égard des cancers, les égyptiens,
dit Profper - Alpin , en guériflent très-peu par le
moyen de leurs pyramides, ou fuivant leur méthode
de pratiquer Yadujlion : ils ne réuflifîent à difliper
cette maladie,-qu’autant que la tumeur eft nouvelle
, peu volumineufe , & qu’elle n’a pas encore
atteint l ’état de cancer occulte.
Les hernies doivent, félon Profper-Alpin , être
Comptées au nombre des affrétions que ces peuples
guériflent par l ’application du feu (2) : cet
auteur aflure en avoir vu plufieurs exemples.
Nous avons déjà dit qu’ils emploient communément
ce moyen dans toutes les affrétions douleur
eufes rhumatifantes bu invétérées ; il faut
ajouter que, lorfque le mal occupe le coù , le
dos , les lombes , ou quelque articulation , c’eft
dans la région même du cou , fur l ’épine du dos,
aux reins , en un mot fur les parties fouffrantes
qu’on doit appliquer immédiatement le feu.
( 1 ) Dans certaines circonftances, ils emploient encore,
côntre cette maladie, de même que contre l’hycîrocèle ,
& en général pour difliper toutes forces d’enftures oedé-
mateufes , l’ufage des cauftiques proprement dits, à l’aide
defquels ils ouvrent des égouts qui fuppléent à ï’aduj•
tion,
( 2 ) Quelquefois, ajoute cet auteur, les égyptiens fe
fervent du cautère potentiel , ou des cauftiques proprement
dits, dans la même intention , & avec autant de
fuccès.
Obfervations extraites des oeuvres pofhumes de
M. Pouteau ( 1 ) fu r les avantages du fe u
égyptien appliqué, immédiatement fur les parties
attaquées de douleurs rhumatifmales, Jtxes
& invétérées.
Ier*. O b s e r v a t i o n .
« Jean Dionde t, âgé de quarante-fix ans , de
Vienne en Dauphiné# reflentit fnhitement, le premier
juin 1752, une douleur au haut d e là cuiffe
gauche# v e r s .le,grand trochanter. Gette douleur ,
fuivant la manière de s’exprimer du malade, étoifc
dans l’os même # en-s’étendant fur le dehors de
la cuiffe julqu’au talon. On n’avoat négligé aucun
des moyens ufités .contre celte maladie , & re-,
commandés par les meilleurs praticiens; mais ils
ne produifirent aucun effet falutaire ; ils. déplacèrent
feulement un peu la douleur , qui fixa fa
plus grande force entre le, grand trochanter Scia
crète^ de l ’os des îles , en s’étendant néanmoins
fur toute la partie externe de la cuiffe
& fur la jambe jufqu’à la malléole externe.
On avoit fait appliquer pendant plufieurs jours
des cataplafmes anodins , ce. qui avoit paru déter-
minerun engorgement affez étendu & oedémateux,
dans lequel le doigt lalffoit une dépreffron lente
à fe relever ( 2 ). T e l étoit l ’état du malade ,
lorfqu’on l’apporta dans le grand hôtel-dieu de
Lyon le dernier jour de juillet 1752. Tourmente ,
depuis le commencement de fa maladie par des
douleurs continuelles , il ne dormoit point , fl
fe plaignoit de reffentir fréquemment des friffons
dans les extrémités inférieures. Le médecin ^ordinaire
de cet hôpital preferivit quelques remèdes
intérieurs , & je fis (3) appliquer fur la cuiffe oedé-*
mateufe des cataplafmes de rofes & de mie de pain
cuites dans du gros- vin. Ce topique étant fans
effet, jè propofai au'malade un remède auquel la
violence feule des douleurs qu’il reflentoit pouvoit
le déterminer, & que je ne connoiffois alors que'
par les éloges pompeux que lui a prodigués l ’antiquité.
Ce remède confiftôit à placer fur la cuiffe
un cylindre de coton enflammé au fommet, & à le
laiffer brûler jufqu’à fa bafe. La facilité avec la-
quellé cette propofition fut acceptée m’étonna
& tout de-fuite , en préfence de M. Pottot., d’un
adminiftrateur de l ’hôtel-dieu , & de M. Parra ,
prêtre-économe de cette maifon (3 ) , je plaçai
(x) Tom. x , pâg. 202 & fuiv.
(2) Un pareil engorgement n'annonçoic-il point-, conjointement
avec les douleurs, la fièvre, &c l’infomnie,
un commencement de ces fuppurations ichoreufes qu’on
a vu fi fouvent d évader les membres attaqués de rhuma-
tifmes , & fpécialement la cuifle affeâée de fciatique.
(3) M. Pouteau, tom. x-, page 202 & fuiv.
(j) Ce digne eecléfiaftique , qui depuis plus de trente