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1-a preiSon atinofphériqùe & laréfiftance de leurs canaux.
Enfin, outre ces canaux, le corps contient de
grandes cavités, dont plufieurs font remplies de fluides
'diadiques de différente nature , & dans l'état de gaz ;
telles font au moins les cavités inteftinales. Ainfi ,
les fluides élaftiques fe trouvent .en grande quantité '
dans le corps humain, foît combinés par l’union
de leur baie aux principes de'ce çorps , foit dif-
fous & privés en apparence de leur état élafîique,
mais fulceptibles de reprendre cet état fi les pref-
fions^iminuent à un certain p o in tfo it enfin dans
l ’état élaftique parfait & contrebalançant complètement
la preffi’on atmofphérique.
( 30. Effets pkyjiques qui JemMent devoir ré-
julser née e (fairament de cette conjiitiction du corps
& des propriétés pfryfiques de Vair. ) D’après cès
connoiflàîteçs gréiimiaaires , on conçoit que ' te
changement des denfités- de Vair qui nous environne
ne doit pas occafionner en nous un effet -
confidérable lorfqu’i l fe fait .fucceffîvemeat &
d’une manière lente. & infenfible. La, communication
Immédiate entre IWr extérieur & les grandes
cavités inteftinales, qui paroiffent les feules, qui
contiennent les fluides élaftiques dans leur état de
gaz , doit occafionner une compenfàtion- focceffive
entre Yair extérieur & ces fluides ; quant à ceux
qui font combinés, au dedans de nous , jamais les
variations que nous éprouvons ne font capables de
les dégager 3 & la dilatation que pourvoit occa-
fïo-nner -une diminution confidérable , mais lente ,
dans la premon atmofphérique , feroit contrebalancée
fuffifàmment par le reffort & l ’effort proportionnel
des fibres organiques qui contiennent
ces. fluides. Mais s’i l arrive un changement fubit,
ou que l ’homme s’élève rapidement à des hauteurs
conudérables 3. alors il femble que non feulement
la dilatation: fobite des fluides élaftiques libres,
proportionnéUe à la diminution rapide de la pref-
■ fïon atmofphérique , mais encore la tendance à-la
'dilatation qui exifte dans les liquides eux-mêmes,
ai ri il que dans les fluides élaftiques qu’ils tiennent
diffous , doivent produire des effets remarquables.
La compreflion atmofphérique augmentée femble
devoir produire des effets moins fenfîBles 3 &
la condenfàtion de toutes nos parties femble moins-
préjudiciable à notre organifalron que leur expansion
exceflïve. C’eft ce que démontrent évidemment
les effets comparés, de la machine* pneumatique
& de la machine de compreflion, fur les animaux
qui y,font renfermés. Mais l’homme n’eft point
expofé a cet excès de condenfàtion , & les effets
de la cloche du plongeur fur l’homme qui y eft
renfermé, étant néceffairemerrt compliqués des
effets de l’altération de Y air par la refpirâtion ,
ne nous apprennent rien à cet égard. Au refte ,
nous ne nous étendrons pas'davantage fur ces con-
. fidérations théoriques qu’on peut multiplier a l ’infini
3 mais nous chercherons plutôt les effets de ces
changemens dans l’obfervation même.
4°. Effets obfervés fu r l ’homme tranfporté à
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différentes élévations, &c. ) L ’exemple le plus remarquable
que nous ayons d’obfervations faites fur
l ’homme tranfporté à des élévations'cônfidérables
eft cel-ui de jVL de Sauffure, dans fon voyage au
Mont-Blanc. ( Voje\ journal de Paris , 31 août,
1 , 4 , & 5 feptembre 17 87'. ) Il s’eft' élevé fans-
peine , c’ eft-à-dke , fans gêne bien fenfible, jufqu’i
i^oo toifes au deffus de la mer. A ce point, le
baromètre doit marquer environ 18 pouces V lignes.
Alors-le poids de l ’atmofphère fur la' furface-
du corps eft*réduit à: environ 2’ 15 ê j livres ro'otïces
o-gros 13 77^5 grains, 8c diminué par conféquent1
d’environ 1 r&pf livres 14 onces o gros &o'grains
> ce qui donné dans la preffion atmofphé-
riqué la rnefure de variation - que la conftitution
ordinaire de l ’homme peut fupporter fans être fen-
fiblément altérée. Cette mefure peut, être fort différente
pour les diffère ns individus y rèiativement
a leur conftitution, leur tempérament, leur âge ,
leur difpofîtion. Cependant les compagnons de M.
de Sauilure paroiffent avoir éprouvé à peu près les
mêmes effets que lui*
De cette hauteur de 15100 toifes à la cîme du’
mont qui eft à 1450 toifes , la.diminution dans la
pefauteur atmofphérique ne va pas a plus de 2483
livres 3 onces 7 gros 16 grains, quantité'
bien foible en Comparaifon de la diminution déjà'
éprouvée pour parvenir à la première hauteur y &
cependant dans cet efpace il s’eft produit des changemens
confidérables, dont on ne s’apercevoit pas'
auparavant; alors on n’éprouvoit, à la vérité, dans
l’état de tranquillité & de repos, que três-peu de'
rual-aife & une légère difpofîtion au mal de coeur 3'
‘mais au moindre mouvement, on fentoit une fatigue
extrême, en forte qu’on' ne pouvoit faire
la moindre opération fans être obligé prefque;
aeflî-tôt de l ’interrompre. La refpffation devenoir
preffée & haletante-, 8s généralement le pools'
étoit ffngulièrement accéléré,. même dans le repos
: en forte que le nombre des pulfations s’étoit
élevé chez M. de Sauffure de 72 à . 100 , chez un
autre de 60 à m , chez un troifîème'de 49 æ
518 : progreffion dans laquelle il paroit que l ’augmentation
dans l ’accélération eft proportionnément
d’autant plusi grande, que la fréquence eft moindre
dans i ’état naturel 3 car dans le troifieme homme
la fréquence a été abfolument doublée.
Si l ’on cherche la raifon de ces effets , qu’on'
fe fouvienne qu’il a déjà été dit que la diminution
dans la denfité de Y air fait que fous un
même volume i l y en a une moindre quantité y
que par conféquent cet air doit moins fuffire
aux ufirges de la retiration & aux combinaifons
qu’il y éprouve pour la dépuration du fang &
la production de la chaleur vitale. En confé-
quence -, pour que dans une atmofphère très-
raréfiée le fang toit fuffifàmment dépuré, dans le
poumon, & qu’il reçoive une fuffifante quantité
de chaleur v ïtîle , fl faut refpirer proportionnément
plus vite 3 & l ’on conçoit alors la caiife dé
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g et te te fpl ration haletante & preffée , & pi.r èott-
féquent de l’accélération du pouls qui en eft la fuite. -
I l eft uii autre genre d’obfervations qui préfen-
térdit de#vdciftîtucies encore plus rapides, & dans'
lefquelles i l feroit encore plus aifé d’efti, :r ce
que peut feule la ’ diminution des denfités 8c des
pe'fanteurs atmofphéiiques, fans avoir à en retrancher
l ’effet combiné de la fatigue & de l’impref-
fion d’un terrain gelé , couvert de neige , hérifle
de pics , entt"ouvert â chaque pas par des préci- -
pices. effrayans. Telles font les obfervations qu’on
pourroit faire dans les aéroftats ; genre d’expérience
proftitué jufqu’à cette heure à une oifive & inutile
curiofité, qui n’a encore été qu’un monument
dé l ’intrépidité ou de la témérité de l ’homme , 8c
qui a plus fervi à l’étonner qu’à l’inftruire. Les '
remarques qui ont été faites dans ce 'genre d’ob-
férvatoire, un des plus intéreffans peut-être qu’on
puiffe avoir , pourvu qu’il ne foit confié qu’à la
fageffe & à la prudence , ont jufqu’ici été bien
ftériles., bien exagérées peut-être , au moins trop
éloignées du calme dans lequel la philofophie
doit faire fes recherches. Un jour peut-être les
favans ne rougiront-ils pas de s’enfervir d’une manière
plus utile. Mais nous n’avons encore rien à
dire à Cê fujet.
Dans les mines profondes il eft impoflîble de
déterminer les effets qui dépendent de la compref-
fîon de Y air. Ils feroient fans doute plus falutaires
que nuîfibles , à raifon de l ’augmentation de la
quantité d’air fous un même volume. Ils rendroient
la refpiration moins fréquente, parce que chaque
infpiration produiroit un effet plus grand 3 mais cet
effet fe confond & s’altère avec beaucoup d’autres
qui dépendent des émanations multipliées de ces
fouterrains 3 émanations qui exigent une ventilation
très - foutenue, & qui , malgré cela, ne pré-
ferve pas de tous les maux auxquels font expofés
les mineurs. D’ailleurs la plus grande profondeur
des mines Connues n’eft pas a fiez grande pour être
Comparée aux efpaces que l ’homme a. fu franchir
en s’élevant fur les montagnes ou dans les airs.
Enfin, quant auxyiciflitudes naturelles & prefque
journalières de la pefanteur atmofphériqîie , elles
font combinées avec tant d’autres variations météo-
tiques de l ’humidité, des pluies , des orages , dés
vents, de Téleétricité, quon ne peut les confidérer
ifolées, & nous en parlerons beaucoup plus à propos
dans l ’article A tm o sph èr e .
Pour les variations de la force élaftique, elles
font trop peu appréciées pour être mifes au rang
des obfervations utiles à la Médecine , & dont les
réfultats ont une évidence fuffifante. Je me hâte de
palier aux qualités accidentelles de Y air.
A r t . I I . Des propriétés accidentelles ou des
qualités de l ’air , principalement de la chaleur
& dû fro id , de l’humidité & de la féchereffe.
L a fluidité de Yair, fa pefanteur fpécifique pro-
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portinôneUé aux preflions qu’ il éprouve, fon éiaf-
ticité parfaite font des propriétés qui le conftiluent
tel qu’i l eft , & qu’il eonlerve entières tant qu’il
n’a pas changé de nature & qu’il n’eft point entre-
dans de nouvelles combinaifons. Mais la chaleur
libre dont il eft fufjepîible de fe pénétrer, & l ’hu--
midité à laquelle il fe mêle font des qualités qui ,
peuvent exifter avec lui dans des degrés très-diffère
ns , fans qu’il change de nature, lans qu’il ceffe
d’être air 8c d’être propre à nos ufages. Il peut
auffi fe pénétrer de fluide électrique, de lumière /
&c. Mais l ’éleCtriçité effuie des viciflîtudes dont
nous parlerons à Iarticle atmofphère j & la lumière
, abfolument étrangère à Y a ir , n’y adhère
point, 8c a fur nous & tous les corps une aétion
à part, diilinCte de celle de Yair, 8c que Jiousn’exa-
minerons ici qu’autant qu’elle complique les effets
de la chaleur.
Nous ne parlerons donc ici principalement que
de la chaleur 8c de l’huæidité.
§ Ier. D e la chaleur & du fr o id , confidérés dans
l’air. ~
( i° . Ce qu’ i l fa u t entendre ici par chaleur
& froid.) Tout le monde fait ce qu’on entend
par chaleur -, & prefque tous les phyficiens regardent
le froid comme la diminution de la chaleur,
dont on ne peut juger que relativement 3 car on
ne connoît point l ’abfence totale de la chaleur on
le froid abiolu.
Les chimiftes maintenant regardent la chaleur
ou lé' principe de la chaleur comme un des clé—
mens des corps, & particulièrement des gaz , par
conféquent de Yair. Mais la chaleur ainfi combinée
ne frappe pas nos fenay elle ne les affe&e que
quand , fortant de. fa combinaifon , elle devient
libre. C’eft ici feulement de la chaleur libre, on
de la^ chaleur proprement dite que nous devons
nous occuper.
(2°. Principes généraux de la communication
de la chaleur dans les cotps. ) On Tait que
la chaleur ainfi confidérée eft fufaeptible de pénétrer
les corps , d’y adhérer , d’y être accumulée 3
mais que cpand elle n’eft retenue pat aucuns efforts,
elle tend a fe communiquer des uns aux autres &
à fe répandre uniformément dans tous, fuivant les
lois d’un équilibre particulier. Les lois de fon
adhérence & la rapidité de cètte communication
paroiffent dépendre en grande partie de la denfité
des corps , & répondent aufli à quelques égards
à la nature des principes qui les composent*
1 En général les corps les plus denfes , c’eft - à-
dire , ceux qui renferment en eux plus de matière
fous un moindre volume , font les plus longs
à s’échauffer & les plus lents à perdre leur chaleur
, parce que d’abord il leur en faut une quantité
proportionnelle au nombre de parties qu’ils
contiennent, & qu’enfuite leur furface , par la quelle
leur chaleur s’échappe au moyen du contaéfc