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moins ils exigent réellement. Nous en avons donné
pour exemples les truffes & les plantes de la
clafle des crucifères. Si les émanations de ces végétaux
font réellement alcalines, ce que beaucoup
de chimiltes nient absolument, l ’effet de ce genre
.d*alcalefcence feroit de ftimuler ., d’échauffer ,
d’augmenter l ’aétivité de l’eftomac; & fi quelques-
uns de ces végétaux n’avoient pas l’inconvénient de
laiffer dégager dans l’eftomac une grande quantité de
fas , comme les choux, les choux-fleurs, &c., ou
offrir une grande réfiftance à l'kétion des fucs digef-
tifs , comme les truffes, cette forte d’alimens pour-
roit être regardée comme un affaifonnement capable
d’accélérer la digeftion.
. III. Les alimens , dont Y alcalefcence dépend
d’une décompofition commençante , ou , fi l ’on
veut, d’un commencement de fermentation alcaline,
font, par. cela même, des l'ubftances fepti-
ques, & par conféquent favorifent la putridité,
communiquent aux excrémens une fétidité remarquable.
Mais il faut diftinguer deux temps dan»
cette décompofition, qu’on a appelée , un peu trop
vaguement, du mot de putréfaction. L ’une pourvoit
être nommée fermentation alcaline ou ammoniacale
; le produit en eft un alcali vif, piquant,
quoique fouvenc fétide ; l ’aiitre feroit la fermentation
putride qui fuceède à cette première , & dont
le produit eft une odeur nauféabonde , rebutante *
qui femble éteindre peu à peu l ’alcali, finit par'
dominer feule; & , fans être vive, eft fort pénétrante,
affeCte fingulièrement les nerfs , & porte !
à la lipothymie.
La première' de ces fermentations a quelquefois
un avantage , celui de divifer les parties albumi-
neufes ou glutineufes, de les rendre plus folubles,
moins tenaces, moins réfiftantes , & de former utr
affaifonnement qui fouvent n’eft pas indifférent
pour la digeftion. Il eft quelquefois utile de mêler
à l’ufage des alimens grofliers vifqueux, celui du
fromage un peu alcalefcent. Il femble atténuer
& divifer les fucs qui proviennent des premiers ali-
-méns. Il eft des animaux dont la chair a befoin
d’être mortifiée pour être mangée & digérée; &
ces premiers ' élémens de Y alcalefcence ne font
pas exempts d’un genre d’aromate agréable , &
qui appartient à ce premier ‘moment où les fucs
alimentaires commencent à s’atténuer. On fait que
.la fibre du faifàn a.befoin, pour être mangeable,
d’être ainfi altérée ; & beaucoup d’autres viandes ,
fans être portées a ce point, ont befoin d’être attendues
pour que leurs fibres foient moins coriaces.
Quoique cet attendriffement ne foit point accompagné
èè alcalefcence fenfible, il y eft un acheminement.
Mais il faut prendre garde que, paffé
ce premier moment, les alimens trop alcalefcens
deviennent mauvais, occafionnent des rapports dé-
fagréables , des dévoiemens , des levains qui deviennent
le germe de maladies putrides. Et fi les
alimens ont paffé ce point, & font parvenus à la
-véritable fermentation putride, ils occafionnent
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des vertiges, des maux de coeur, des vomiffemens
violens, des diarrhées coiliquatives, & des fièvres
malignes putrides.
D ailleurs, s’il eft des alimens dont la fibre a
befoin d’éprouver une légère altération fpontanée,
il en eft qui ne la fupportent pas , & qui prennent
dans ce mouvement un degré d’acreté detef-
table. Tels font les poiflons, dont la chair eft naturellement
tendre, & fur-tout ceux dont les fibres
font imprégnées d’une huile particulière.
L ’alofe très-peu avancée eft mauvaife , & quoiqu’elle
ne donne à l’odorat aucun ligne d'alcalef
cence, elle enflafrime les lèvres & pique le palais.
La raie ne doit être attendue qu’affez pour que
fa fibre ceffe d’être coriace. Le faumon eft plus
mauvais encore, à caufe de l ’huile graffe qui pénètre
fes fibres, &c. En général , le mouvement
de Y alcalefcence doit toujours être arrêté au moment
où il cefferoit d’étre utile, c’eft-à-dire, au
moment où la glutinofîté de l ’aliment eft affez
rompue pour pouvoir être divifée dans la mafti-
cation , & devenir foluble dans l’eftomac.
Quoi qu’il en foit, les alimens, dans l’état véritable
d'alcalefcence , font toujours mauvais pour
ceux dont les humeurs font difpofées à la putridité
, & chez lefq'uels la bile , la plus alcalef-
cente de nos humeurs excrémentitielles, a un certain
degré d’ acreté , ou paroît dans une abondance
contre nature. ( M. H A L L É )
A l c a l e s c e n c e , ( Matière médic, )
L ’alcalefcence eft une alteration qui a lieu
dans des matières animales , & par laquelle il s’y
forme & i l s’y développe de l ’alcali volatil 0«
de l’ammoniaque. Cet alcali ne peut pas fe former
fans que la nature des fubftances animales n’éprouve
de grands changemens , fans.qu’elles perdent leurs
propriétés, & lans qu’elles paffent a la putréfaction.
L ’ammoniaque eft en effet un des produits
de cette décompofition fpontanée.
On confidère Y alcalefcence dans différentes parties
de la médecine, & fur-tout dans la pathologie
ou l’hiftoire des maladies , & dans la pref-
criptibn des alimens & des médicameris ; ce n’eft
que fous ce dernier point de vue qu’elle fera examinée
ici. Lorfque , dans les maladies qui affe&ent
les humeurs, celles-ci, plus échauffées que dans
l’état naturel, & féjournant dans quelques cavités1,
menacent d’éprouver une décompofition inteftine,
ou en ont déjà éprouvé une partie , qui a développé
de l’ammoniaque , on évite les alimens 8c
les médicamens qui pourroient augmenter cette
difpofition par Celle dont ils font eux - mêmes
fufeeptibles. C ’eft ainfi que, dans quelques efpèces
d’afteCtions fébriles, qui ont pour caufe des humeurs
altérées dans les premières voies, on défend l ’ufage
de toutes les fubftances animales, & fur-tout au
bouillon ; on preferit au contraire toiltes les fubftances
oppofées ; on y fubftitue particulièrement
les décodions de végétaux farineux, qu’on affaifonne
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fonne avec des acides. Ceux-ci font fouvent employés
feuls pour abforber & détruire l’alcali ,
qu-’on croit être tout formé dans ces maladies.
Cependant beaucoup de médecins ont douté, avec
raifon , de la préfence de l’ammoniaque dans les
fluides des animaux vivans ; ils pènfent que les
acides n’ont un bon effet dans les cas indiqués ,
que parce qu’ils font tempérans & rafràîchiffans ;
mais il faut obferver que les acides portent toujours
leur aCtion fur la bile qu’ils trouvent-dans
les premières voies, & font dénaturés par l’alcali
de la foude , un des principes de ce favorf animal ;
ainfi, confidérés fous ce point dé vue, les acides
fi’oppofènt réellement à Y alcalefcence, lorfque.
c’eft dans la bile que’ cette altération exifte , ce
qui a lieu en effet le plus fouvent. ( M . DE F o u r -
cR o r )*
A L C A L E S C E N T . ( Mat. med. )
On domine alcalefcent, en matière médicale,
tout médicament fiifceptîble de paffer à la putréfaction1,
& de donner naiffance -à l ’alcali volatil
ou a 1 ammoniaque qui s«n dégage , à cette époque.
Toutes les fubftances animales, & fur-tout
les oeufs, les bouillons faits avec la chair des animaux
adultes , font dans ce .cas,, C ’eft pour apprendre
à éviter l ’ufage de ces matières, qu’on
traite fpéciaiement de Y alcalefcence & des corps
alcalefcens dans l ’ hiftoire des médicamens; car il
eft peu de circonftances où les fubftances de cette
nature font indiquées comme alimens, & il eft au
contraire un très-grand nombre de cas dans lef-
quels on doit fe faire une loi de les proferire ab-
folument. Telles font fpéciaiement, i° . toutes les affections
fébriles , & fur-tout celles qui font accompagnées
de putréfaCtion ou de difpofition à ce
fiiouvement ; z°. toutes les maladies inflammatoires
dans lèfquelles la chaleur favorife la décompofition
des matières animales ;. 30. les maladies
éruptives , qui font, fouvent compliquées de
cette décompofition ; 40. la clafle des maladies
lentes, dont le caraCtère conffftè dans une altération
des humeurs tournées plus ou moins à la putridité
, comme le feorbut , la diathèfe purulente.
Dans toutes ces circonftances , le régime doit
être végétal, & plutôt formé de celles des fubfo
tances de ce règne qui ont de la difpofition à
s aigrir. I l eft même reconnu que plulîeurs de ces
maladies, & fpéciaiement celles de la quatrième
divifion, cèdent entièrement à la diète végétale,
a l ’ufage des végétaux frais. Si dans les autres
les circonftances ne permettent pas toujours d’employer
des matières végétales comme aliment,
au moins faut-il choifir, parmi les fubftances aui»
males , celles qui font le moins difpofées à la putréfaction
, comme la chair blanche des jeunes
animaux, qui doit faire la bafe des bouillons,
M éd e c in e . Tom, I ,
A L C 63 3
& l e s m ê l e r a v e c d e s a c i d e s , p o u r e n c o r r i g e r l e
c a r aC tè r e p u t r id e .
L e s fu b f ta n c e s a l c a l e f c e n t e s fo n t q u e l q u e f o i s ,
q u o iq u e r a r e m e n t , a p p r o p r ié e s d an s l e s c a s o ù l e
fu c g a f t r iq u e e f t f o r t em e n t a c i d e , d ans l e s c o n f t i -
tu t io n s o ù to u te s l e s h um e u r s p a r o i f f e n t a c q u é r i r
c e c a r a C tè r e . E n c o r e , d an s c e s c i r c o n f t a n c e s , em p
l o i e - t - o n d e p r é f é r e n c e , & a v e c p lu s d’ a v a n t a g e ,
l e s a b fo rb a i is , l e s é v a c u a n s , & l e s fo r t i f ia n s .
( M. d e F o u r c r o y . )
A L C A L I , L E S A L C A L I S Méd. e n g é n é r a l . ( Mat. ) L e m o t alcali, o u alkali, y i e n t d e c e l u i d e
k a l i , d o n n é à u n e p l a n t e m a r in e , q u i , p a r l a
c o m b u f t i o n , fo u r n i t u n d e s Tels d e c e t t e n a tu r e .
L e s alcalis fo rm e n t u n o rd r e d e m a t iè r e s fa i in e s ;
q u e l ’ o n r é c o n n o î t à d e s c a r a c t è r e s e o n f t a n s , à d e s
p r o p r ié t é s d if t in C t iv e s . L o r f q u ’i l s f o n t d i f f o u s & é t e n ’
d u s d an s u n e g r a n d e q u a n t i t é d ’e a u , o n les , d i f t in g u e
p a r l e u r f a v e u r a c r e , d é f a g r é a b l e , a n a l o g u e à c e l l e
d e l ’ u r in e p o u r r i e , & q u ’ o n c o n n o î t fo u s l e n om d e
fa v e u r a l c a l i n e , & p a r l a p r o p r i é t é q u ’ i l s o n t d e
c h a n g e r e n v e r t b e a u c o u p d e c o u l e u r s b l e u e s v é g é t
a l e s . S ’ i l s fo n t p r iv é s d’ e a u j l e u r fa v e u r e f t b e a u c o u p
p lu s f o r t e ; i l s a g i f f e n t b e a u c o u p p l i i s v iv em e n t
fu r l e s fu b f ta n c e s a n im a l e s ; l e u r a p p l i c a t i o n ,
q u e lq u e t em p s c o n t in u é e , p e u t m êm e d é f o r g a h i f e r
e n t iè r em e n t c e s fu b f ta n c e s ; l e u r aC t io n fu r l e s c o u l
e u r s b le u e s v é g é t a l e s c om m e n c e to u jo u r s p a r l e u r
c h a n g em e n t e n v.ert , m a is v a b i e n t ô t ju fq u ’ à l a
d e ft ru C t io n c o m p l è t e .
O n c o n ç o i t q u e d e s m a t iè r e s a u f l i a C t iv e s q u e
l e s alcalis m é r i t e n t , d e l a p a r t d e s m é d e c in s , u n e
é tu d e a p p r o f o n d i e , p u i fq u ?i l s p e u v e n t ê t r e d e l a
p r em iè r e u t i l i t é d ans u n g r a n d n om b r e d e c i r c
o n f t a n c e s . I l s m é r i t e n t d o n c , d e n o t r e p a r t , u n e
c o n f id é r a t io n p a r t i c u l i è r e , & i l s e x i g e n t d e s d é t a i l s
a f f e z l o n g s p o u r e n b ie n fa i r e c o n c e v o i r l a n a tu r e
&. l e s p r o p r ié t é s .
alcDa’alipsr è s l a d é f in i t io n q u e n o u s a v o n s d o n n é e des , & l ’ é n o n c é d e l e u r s d e u x c a r a c t è r e s
d i f t i n é t i f s f a v o i r , l a fa v e u r a c r e u r io e u f e & l a
p r o p r ié t é d e v e r d i r l e s c o u l e u r s b l e u e s , l e n om b r e
d e c e s fo l s p o u r r ô i t ê t r e t r o p m u l t i p l i é , fi n o u s
n e f a i fio n s o b f e r v e r q u ’ i l y a q u e lq u e s fu b f ta n c e s
t e r r e ü f e s o u t e r r e s fa l in e s q u i jo u i f l e n t d e c e s p r o p
r i é t é s d an s u n d e g r é a f f e z m a r q u é . T e l l e e f t fu r -
t o u t l a c h a u x v i v e , d o n t l e s c a r a c t è r e s a l c a l in s f o n t
a f f e z é n e r g iq u e s . C o m m e c e t t e t e r r e , a in fi . q u e l a m a g n é f î e , & l a B a r y t e o u t e r r e p e f a n t e , d ans leC-
q u e l l e s o n r em a r q u e d e s p r o p r ié t é s a l c a l in e s , n e
fo n t c e p e n d a n t p a s l e s v r a i s fo l s 1 'alcalis , f u r -
t o u t r e l a t i v em e n t a u x u fa g e s ’ m é d i c in a u x , i l e f t
im p o r t a n t d e r a p p e l e r i c i l a d ift in C t io n q u e l e s
c h im i f t e s o n t f a i t e d e p u i s l o n g t em p s , d e s alcalis
f a l i n s , d e s alcalis p r o p r em e n t d i t s , d ’ a v e c l e s
t e r r e s a l c a l in e s o u alcalis t e r r e u x ; c e l l e s - c i fo n t
e n g é n é r a l m o in s f a p id e s , m o in s a c r e s , m o in s
é n e r g i q u e s , m o in s d i f f o l u b l e s , & e l l e s n e r em -