
b la n c s ou b la f a r d s , auxquels on a donné diffère ns
noms dans différens pays, & qui font remarquables par
la blancheur de leur peau, que quelques-uns di-
fent être d’un blanc de lait , ou fembiable au
linge. Ils ont auflï , dit-on , les cheveux blancs &
laineux , ce qui les caraâérife fingulièrement,
l ’iris des yeux rougeâtre ou d’un bleu fombre,
8c la vue fort baffe 8c fort tendre. C’eft ce qu’on
a dit de plus général fur cette efpèce de varia-
-tion dans l’efpece humaine. Du refte , i l parott
.que les defcriptions qu’on en a faites, excepté
«elles dans lefquelles les auteurs fe font copies
mutuellement, font peu d’accord entre elles , 8c
en général peu fidèles. Il ne feroit pas^ meme
«tonnant que des obfervateurs exacts ne s accor—
daffent pas entièrement fur un fait qui , n’ayant
rapport qu’à une variation individuelle, peut avoir
«te très-différent , félon les-lieux 8c les circonf-
tances. Mais il paraît que certainement on a eu
tort de faire de ces hommes blancs une race d’hom-
rnes particulière au milieu des negres ; -3c encore
plus de les accabler de toutes les privations les
■ .plus hurriilrantes , tant 'du côté des fens que du
côté de l ’éfpfit. Feu M. le F e b v r t d e s B a y e s ,
homme favant & éclairé, correfpondant du cabinet
du Roi , 8c habitant à la nouvelle Plymouth ,
démontre, ou au moins paroît démontrer par des
■ faits inconteftables. dont il s’eft affuré par lui-
même , que les hommes blancs ou blafards ne font
qu’une -variété de nègres ; qu’un a lb in o s naît
djiune négreffe qui aura egalement eu des enfans
du plus beau noir, Sc qui n’aura eonnu d’hommes
que ceux de fa couleur; que cette variété ne forme
nulle part un peuple , n a , du côte des fèns,
qu'une délicateffe'que l ’exercice difEpe , n’a point
nne ftature inférieure à- celle des autres nègres ,
8c n’eft inférieur à aucun d eux par 1 intelligence
, la capacité , les qualités du coeur, l’apti-
-tiuide au travail : il en a vu de fort qgés. Il pa-
ioït attribuer leur couleur, non à une partie colorante
blanche, qui doaneroit àlapeau, au lieu de
la teinte noire ou cuivrée, une teinte blanchâtre, ou
hlanc de la it, ou blanc de (uif, mais à l’abfence
de la partie colorante vnoir.e. Les obfervations de
M. de Buffon fur une négreffe blanche, dans le
huitième volume in -n de fon fupplément, femblent
appuyer une partie des faits avancés par M. d es
B a y e s , qui n eft pas le premier qui ait ainfi penfé à
cet egard, mais qui eft le premier qui ait travaillé fé-
rièumment à vérifier les faits . étant à même de le
faire. Son mémoire n’eft point encore imprimé.
L a première partie feule eft tombée entre mes
mains ; la fociété royale dé Médecine a cru devoir
lui décerner un de fes prix ^ au mois de
février -1785. Je me borne a le citer, 8c n’en—
itérai pas à ce fujet dans de plus grands details.
' je -finirai par une feule réflexion, c^ft que ,
nuifqu’i l naît de ces hommes blancs parmi les indiens
Couleur de cuivre en Amérique, parmi nos nègres
âux Antilles, parmi les nègres S Afrique & les
noirs de Madagafcarau milieu des indiens orientaux
de Java, dans les îles Philippines , & jufques
dans celles de la mer du Aid, cette dégénérefcence
en blanc appartient donc à toutes les races effen-
tiellement colorées ( 1 ) . Quelle que foit la teinte
de la partie colorante qui fe fépare naturellement
fous la peau , cette variation eft .par-tout la même j
i l en faut couclure que la partie -colorante cutanée
, quelle que foit la nuance qu’elle prend, eft
par-tout une -feule & même lubftance , féparëe dans
un même organe & par un même mécanifme. JEile
eft fufceptible de changer par les maladies même,
& change réellement, chez les nègres les plus
noirs , en prenant alors une teinte cuivrée & de
couleur de biftre ; peut-être fe changeroit - elle
totalement en blanc , comme on a vu , dans- certaines
affections de l ’épiderme , & même a la luite
de violentes pallions de l ’âme , les cheveux les
plus noirs devenir abfolument blancs- Car la partie
colorante des cheveux eft tres-analogue a celle
qui fe fépare fous la peau. Parmi nous meme,
la partie colorante , qui quelquefois fort abondamment
des cheveux des perfonnes rolufes, donne
à leur peau un ton de couleur tres-different de celui
des perfonnes vraiment blanches. Ce ton de.couleur
fait à l’oeil l ’ effetd’une traofparence particulière, effet
qui n’auroit pas lieu , fi l’on n’apercevoit pas réellement
, au travers de l ’épiderme, une vraie partie
colorante , qui même bien Couvent donne au linge
une véritable teinture. 11 ne feroit peut-être pas
I impoflible de voir parmi les xoux de véritables
1 blafards ; mais on n’en., verra jamais parmi les
I hommes vraiment blancs , c’eft-à-dire , fans couleur
, ni parmi ceux qui ne Reçoivent leur couleur
que de l ’impreffton des rayons du foleil.
§. V I I I .
Habitans naturels de /’Afrique, confidérès ,
i ° . dans l’ ordre fo c ia l,c ’e ft-à -dir e ,dan sfa
liaifon avec l’ordre phyfique.
Si la liaifon qui exiiie entre les différences
apparentes .des hommes 8c celles' des climats
qu’ils habitent,mérite notre attention, même lorf-
que nous n’entrevoyons pas les rapports qui en
étabiiffent la dépendance ; nous ne devons pas étudier
avec' moins de foin le rapport, plus facile
à faifir , qui nous fait voir les différentes
conftitutions répondre aux différons genres d’affectations
, à la manière de vivre, aux moeurs tf
aux coutumes. Dans ce que j’appelle affocia-
(j) C’ eft dans ces différens lieux que ces hommes blafards
ont reçu différens noms, Dondos en Afrique, Albinos
dans l’ifthme d'Amérique, Beias à Ctjdan, Chacrelas i
Java, &£.
t io n s , je comprends les liens politiques des gou-
vernemens & les fociétés civiles produites par la
réunion des habitations-. Dans la manière de vivre ,
j;e comprends les occupations plus ou moins générales
auxquelles fe livre de préférence un peuple
quel qu’il foit les ali-mens dont il fe nourrit
, & en général toutes les chofes dont i l fait
ufage dans le cours ordinaire de la; vie, & qui
font mifes au nombre de ce qu’il a plu aux. médecins
anciens d’appeler chofes- non naturelles.- Enfin-
par moeu r s & cou tume s-, j’entends tous lesufages
civils ou religieux obfervés chez les différentes
nations, & dont l ’étude n’eft pas étrangère à la
Médecine, puifqu’il eft impoflible fouvent de révoquer
en-doute, leur influence fur les-conftitutions
des hommes.-
Je commencerai par les nations feptentrionales
qui habitent l ’Egypte & la Barbarie, & dont la
maniéré d’être nous eft plus connue-f & je parlerai
enfuite des peuples qui habitent le refte de
V A f r iq u e . Je n’ëxpoferai que les faits les plus .
capables d’intéréffer le médecin. Il en eft que
je me contenterai d’èxpofer Amplement, foit parce
que leur influence n’eft pas démontrée par des
«ffets bien évidens , foit parce qu’elle eft trop
claire pour n’être pas fentie arfédient , foit parce
que j aurai d’autres occa fions* de parler- des mêmes
pbjets, Ou. dans■ cet article, ou dans d’autres de ce
Dictionnaire , ou enfin parce que ces matières
ont déjà été touchées:.précédeiiiment, fur-tout dans
tes §. VI & VIL
{§§§ i°* Profper-Alpfn remarque déjà qu’il faut
diftinguer en E g y p t e ' trois clalfes d’habitans ,ceux
q uil appelle iirbanï., ou leS> habitans des villes j
a ra b e s ', les arabes qui vivent fous dès tentes ;
Tufiicï, les habitans des'campagnes1 ou leslabou*
reurs.
D’autres', confîdërant l’Egypte fous un point de
Vue plus politique , diftinguent fos habitans en
co p te s ou originaires defcendans des anciens éo-yp-
tiens ;. en- a ra be s , & en mamelus- ou étrangers
eleves dans l ’efclavage , amenés de Georvie, de
Çircaflie,. &c. Ceux-ci ,. élevés avec foin&dans la
maifon des grands, font feuls en pofleflion des
grands emplois , iuccèdenf à leurs maîtres,,-& dominent
dans la baffe Egypte. Ceux d’entre les cop te s
qui font répandus dans le Delta & dans la province
du Caire , y. font dans les; emplois fécondai
res, .ont la: confiance, des grands ,. & réo-iffent-
leurs biens. Les a ra be s y, font méprifés. Ceci regarde
feulement l ’Egypte inférieure. La haute
.Egypte eft prefque ) uniquement- occupée par les
coptes- chr étien? raflemblés dans des villes-, ou
par les a ra b e s r éu n is f o u s d e s • s h e i c k s , foit
libres foit tributaires. (, Vqye-y. R a y n a l -, H iß .
p h ilo f . & p o l i t . , l. X I . ) Enfin M. Savary nous
donne une idée encore plus préçife des différens
ordres d’habitans qui rempliffent la haute & la
Egypte. Ilr diftingue de- mêine le? hAbitans
de l ’Egypte en c o p te s , a r a b e s , & . é tra n g e r sV
Relativement aux c o p te s , il dit ce qu’on en vient
de lire ; mais il ajoute que les co p te s de la haute
Egypte font doux ,. humains „• hofpitaliers. Leun
langue eft regardée comme un refte de l ’ancienne
langue du pays. A l ’égard . des a ra be s , il les*
partage en trois claffes •; les uns, f o u s la d om in
a t io n des- T u r c s , travaillent à la terre , 8c avilis-
par l-’efclavage , font fourbes, vindicatifs , cruels.-
Les autres , réunisxdans la Thébaïde f o u s la d om in
a tion - d e s s h e ic k s ou vieillards, forment un-
peuple agriculteur , chez lequel on retrouve les
vertus & les moeurs des patriarches. Ils n’ont jamais
fubi le joug de l ’efclavage, & le portrait qu’en'
fait M." Savary eft fuperbe s’il eft exaét. F.nfinr
une troifième clafle d’arabes eft celle des b éd o u in s
ou a ra b e s d u d é f e r t , nation-fobre , errante, vagabonde
, divifée par tribus $ la même dans les-
déferts de Y A f r iq u e que dans ceux de l ’Afie ; la>
meme aujourd’hui que du temps d’Hérodote Si
d’Alexandre j, fans habitations fixes, promenant çà>
& là leurs-tentes & leurs troupeauxdont le lait r
&- plus-- rarement-la. chair, leur fort de nourriture
j ne cultivant rien , pillant les caravanes-
qpi refüfent de. payer le tribut qu’ils exigent , &•
cependant fidèles à-leurs paroles, & même- hofpitaliers
y préférant leur liberté & leurs déferts à.
tout j zélés défenfeurs de ceux de leur tribu , ainfi
que de- leurs hôtes. Pour le refte desfc habitans de.
l ’Egypte, compris fous le nom commun-$ étra ng
e r s M. Savary lés divife en quatre ordres , les
m o g ra b ïn s ou mahométans occidentaux-, qui fe livrent
au commerce ou q u i, fuivant le parti des»
armes , fe vendent aux Bey^ , & font la plupart
des gens qui- ont fui de leur patrie. ; les T u r c s 7-
qui- forment la milice ordinaire , & qui font en
petit nombre ; l e s chrétiens- de S y r i e , le s g r e c s -7
& le s j u i f s - , livrés au commerce, au change , &
aux arts;., enfin les m am lu c s qui occupent-les
placés & font maîtres-de l ’adminiftration. Cetix-cii
font au nombre de huit mille feulement gouvernent
defpotiquement le refte des habitans , dont le-
norabre fe monte environ à quatre millions. -, ( S a vary,,.
le ttr e s f u r V E g y p t e , t, III,,. p. i?,, première
édition. ) 1
Mais quelles que foient les* différences qui par-*"
tagenc les habitans de l ’Ègypte dans l ’ordre politique
, les - différences phyfiques qui en réfuitent
fe réduifent toujours à un petit nombre de divi--
fions principales. On doit d’abord remarquer la.
différence qui exifte entre les .habitans de la haute'.
Egypte & ceux de l ’Egypte, inférieure, dans laquelle
je comprends1 la baffe Egypte ou le Delta , la^
province du- Caire & celle de Eaïum. Les ha--
bitans de la haute Egypte font en-, général- plus1»
robuftes & d’un tempérament plus fec que ceux?
delà partie qui eft fous-le gouvernement immédiat'
des beys. L ’ardeurdu fo le il, les travaux de l’agricuL-
ture, une vie a&ive bien éloignée de la ’molieflfc des?
habitons du Caire , en font évidemment les caufes»*