
£48 A L C
non miniis intra paucos annos. ( Edit. B rotier y
1779 , in-iz. tom. 5 , pag. 1,98 , poft méd.)
Ce qui fignifie, fuivant Daniel le Clerc , ( hiß.
de la Me'dec., part. i i j . , liv. 1 , chap. 3 , P ag>
58 1 , edic. Amfterd. 1713 > in-4°. ) « Un chirurgien nommé A Le on. . . . avoit fait
» un fi grand gain dans fa pratique , qu’ayant payé
» à l ’empereur Claude une amende de dix millions
» de petits fefterces , qui font un million de livres,
» & ayant été exilé & enfuite rappelé, il regagna
» dans peu d’années une pareille fomme ».
En qualifiant ALçon de chirurgien , ce n’eft pas
rendre l’expreflion de Pline, medicus vulnerum;
c’eft-à-dire, un médecin qui traite les plaies &
les ulcères. En effet, dans ce fiècle les médecins
grecs ( il paroît c^xAlcon étoit grec ) exerçoient
la totalité de l ’art; aucune lo i , aucun referit, aucune
convention ne leur interdifoit la pratique de
la Médecine 6c de la Chirurgie, en même temps :
celui qui ne fe livroit qu’à la Chirurgie n’en étoit
pas moins médecin. Le partage qui exifte depuis
quelques fiècies n’étoit point alors connu ; on fait
ce qui y a donné lieu ; mais les defeendans des
anciens médecins , en recevant d’eux comme par
héritage & par fucceflîon , les principes de la Chirurgie
, en les confervant, en les tranfmettant de
vive voix & par écrit, de filiation en filiation,
n’ont pu perdre , & n’ont pas en effet perdu le droit
de l ’exercer. Depuis le tréizième fiède , on a vu
de temps en temps des médecins faire lès opérations
chirurgicales , & s’acquérir dans cette partie
de la Médecine une réputation diftinguée.
La première phrafe de Pline préfente des diffi-.
çultés. i° . On voit bien que Claude ôta, enleva,
mais quoi ? les fefterces, dira-t-on ; la phrafe alors
tj’eft pas régulière. Il me femble qu’il y à. quelque
altération dans le texte , & je foupçonne que
Pline veut faire entendre que Claude exempta
Alcon de la peine de mort, qu’il commua en une
amende & à l’exiL
z°. L ’amende 4 laquelle eft condamné A lc o n ,
a paru trop forte pour être payée par un médecin ; H S. C C ., ç’eft-à-dire, deux millions; lçs uns la
réduifent à un million , & d’autres .à vingt mille
livres. M. l ’abbé Broder, dans fon édition, écrit H -S . C ., qu’i l dit équivaloir a ï ,945>502- livres
4e notre monnoie.
Pline parle de cette amende comme d’une fomme
très-confidérable, même énorme ; elle ne feroit pas
te l le , s’il ne s’agiffoit que de vingt mille livres ;
& quand l ’hiftorien n’exprimeroit qu’un million ,
on fe fentiroit difpofé a douter ; mais quand il
ajoute qu’en peu d’années il regagna cette fomme ,
eft-on plus difpofé à croire ce fait?
Nous nous retranchons ainfi, parce que nous jugeons
de la fortune que pouvoient faire les médecins
de Rome, i l y 2 dix-fept fiècies, par celle
que peuvent faire les médecins de notre fiècle.
Pline , avant de parler $ A lc o n , avoit nommé
plufieurs médecins romains dont les honoraires
a l c
étoient très-confidérables. Les CafTms, les Calpe*
tanus , les Arruntius, les Albutius , les Rubrius ,
recevoient des princes, ou des emperuurs, pour
leurs foins d’une année 48,632. livres , fuivant l’évaluation
de M. l ’abbé Broder. Q. Stertinius vou-
loit bien fe contenter de 5*7,105 livres de la part
des princes , pour les foins annuels , tandis qu’il
redroit des maifons de Rome 116,718 livres.
Si l ’on réunit ces deux fommes énoncées par
Pline , on voit que Stertinius recévoit par an
z 13,5*83 livres ; ainfi, dans l’efpàce de dix années,
fa pratique lui valoit 1,139,830 livrés 5- & dans
l ’efpace de zo ans, il avoit par conféquent reçu
4,179,660' livres.
Pline ajoute que le frère de Stertinius avoit un
traitement femblable de la part de l ’empereur Claude ;
que ces deux frères, médecins, après avoir forte-*
ment épuifé leurs capitaux pour embellir la villa
de Naples, avoient laiffé à leur héritier commun
5,836,507 livres : le même hiftoriën obferve qu’Ar-
runtius , qui étoit du même temps , en laifiu
feul autant a fa mort.
Si l ’on fait.attention que tout l’or de l ’Afie avoiC
paffé dans l ’empire, & s’étoit comme concentré
dans la capitale de l ’Univers, on ne regardera plus
comme un fait incroyable que certains médecins
aient mis leurs fervices à un fi haut prix. Les riches
faifoient parade de leurs richcffes ; ils en
étoient prodigues ; ils récompenfoient avec libéralité
les fervices rendus ; ils ne marchandoient point
pour le rétabliffement ou l ’entretien de leur fanté,
afin de fatisfaire plus aifément quelques fantaifies.
Leur magnificence fe montroit par-tout.
Ce temps où les médecins étoient fi bien récom-
penfés n’exifte plus ; leur état conduifoit alors à
la fortune7 il continua encore d’y mener jufqu’aux
douzième & treizième fiècies ; ce qui eft prouvé
par ce vers
Pat Galenus opes , dê* Jujïinlanus honorés.
Dans notre fiècle même, on eonnoît quelque!
profefiions qui enrichiffent rapidement ; ce n’eft
pas a la vérité par des fervices de loyauté. L ’homme
avide & inté'reffé n’en rend pas de te ls .. ( M*,
Gqulin. )
A L C O V E . Hygiène.
Partie II. Matière de Vhygiène, ou chofes ap*
pelées improprement non naturelles.
Clafle I. Cirçumfufa.y ou chofes environnantes.
Ordre U. Lieux. Difpofitions artificielles des
lieuxi Habitations.
U alcôve eft , dans une chambre , un lieu formé
de cloifons & de rideaux, difpofé pour renfermer
un lit & les meubles utiles pendant le fommeil*
Ainfi Valcôve renferme un volume d’air moins
étendu
A L c
étendu que la chambre ; & comme l ’objet d’une
alcôve eft de conferver la chaleur & d’éviter les
vents, il fuit que l ’effet d’une alcôve bien difpd-
fée eft de diminuer le volume de l ’air dans lequel
on dort , & d’en empêcher le renouvellement.
Cependant , dan,s le fommeil, la refpiration
eft profonde ; en même temps la peau donne iffue à
d’abondantes émanations : au réveil fe fait la véritable
tranfpiration , ou l'évacuation excrémentitielle
de la dernière cpétion des alimens ; 6c tout cela fe
fait dans l’enceinte de Y alcôve ; ainfideux genres de
caufes, les plus puiflantes pour vicier l ’air, fe rencontrent
à la fois : ces caùfes font les émanations de
la peau, & celles de la refpiration. On fait quelle
odeur rebutante frappe les lens quand on entre-dans
un endroit étroit & bien fermé , où une ou plufieurs
perfonnes ont paffé la nuit, fur-tout quand ces per-
fonnes n’ont pas une propreté très-recherchée, ou
que naturellement leur tranfpiration a quelque
odeur. Il eft donc aifé de juger à quoi fe réduit l ’utilité
des alcôves, & quels font, les défauts de leur
conftruétion.
On peut dire que, généralement, il vaut mieux
dormir au milieu d’une chambre que dans une
aicove t en ayant foin que les vents coulis ou
les petits courans d’air qui pénètrent de dehors ,
& qui font néceffaires au renouvellement de-l’air,
ne le portent point directement fur le vifage ou
fur le corps*de-l’homme endormi; il vaut mieux
dormir dans un lit non fermé , ou au moins fermé
de rideaux légers, que dans un lit entouré de rideaux
épais , lourds , & esa&ement croifés, ce
qui équivaut à une alcôve.
Mais fi la difpofitiori des lieux rend Y alcôve
commode, ou même néceffaire, alors i l faut
qu’elle foit fort ouverte ; il faut qu’elle ne foit
pas difpofée de manière que le lit y entre le
cfievet au fonds , & les . pieds à l’ouverture de
Y alcôve , mais que l’ouverture foie dans la longueur
du l i t , en forte qu’un de fes bords foit à
portée de recevoir l ’air de la chambre. De cette
manière on évite les vents coulis , & on ménage
un renouvellement d’air plus facile. Il fera préfé-
fable de n’en pas fermer les rideaux la nuit, ou
de ne les fermer qu’en partie , & de ne les faire
que d’une étoffe légère.
Il eft encore une attention fort importante,
c’eft de ne point enfermer dans la même alcôve
e lit & ’les lumières dont beaucoup de perfonnes
fe fervent la nuit. L’air fe vicie confidérablement
par le conc-odrs de ces caufes.
On v o it , dans quelques hôpitaux , des cloifons
affez élevées , deftinées à féparer les malades, &
à les dérober à la vue l ’un de l’autre. Si ces
cloifons furpaffent de beaucoup la hauteur des
chevets , elles ont une partie des effets des alcôves ;
6c dans un hôpital , toute ftagnation de l ’air eft
infiniment nuifible ; on fait beaucoup mieux de
faire ces féparations avec des rideaux de to ile ,
qu on pourroit même fixer haut & bas à une double
Mé d e c in e . Tom e l.
A L C
tringle, de manière à pouvoir les ouvrir à volonté
le jour, & rétablir la liberté des courans. La méthode
de placer au deffus des lits-, des évents qui
s’échappent par le» toitures , & qui fervent de fou-
pirail, répondant à deux ou trois lits , eft encore
excellente , & a été propofée dans- les deflîns de
M. Leroi, 6c de l’académie des fciences, pour la
conftruétion des nouveaux hôpitaux projetés pour
la capitale.
En général, plus vous corrigerez les défauts ordinaires
des alcôves , c’eft-à-dire , moins vous iio-
lérez le volume d’air deftiné^ à la refpiration de
l ’homme endormi, & plus vous en favoriferez le
renouvellement, plus auffi vous contribuerez a la
confervation de la fanté. (M . H A L L É .)
A L C YO N , ( nids d’ ) (M a t. méd.) Les nids
d’alcyon font des efpèces de paniers hémifphe-
riques , ou plutôt demi - elliptiques , longs de
deux à trois pouces & demi, pointus a leurs extrémités,
dont la cavité a depuis un demi - pouce
jufqu’à un pouce de profondeur, qui font fecs &
caftans, d’une fubftance femblable à la colle de
poiffon. L ’extérieur, ou la partie convexe de ces
nids, eft formée comme de fibres plates 6c Allées»
courbées en arcs de cercle concentriques , qui vont
en s’élargiffant depuis le petit bord jufqu’au grand
bord arrondi. Ces fibres font réunies & ferrées aux
deux bouts pointus. La furface interne eft réticulaire
& formée d’une grande quantité de petits
filets fecs & caffans, qui imitent le tiffu réticulaire
des os. On trouve conftamment de petites
plumes grifes engagées dans ce réfeau. Ces nids,
qui font très-abondaus f_r les rochers du bord de
la mer, aux Philippines, 6c qui font communément
attachés dans les trous de* ces rochers, & à
l ’abri des vagues, font conftruits par une efpècc
d’hirondelles , appelée , par M. Briffon , hirondelle
de rivage de la Cochinchine , 6c nommée
falangane aux Philippines. Des voyageurs ont dit
que ces nids étoient formés du fuc de l ’arbre appelé
calambouc; d’autres ont cru que fa fubftance
provenoit d’une humeur vifqueufe coulant du bec
des falanganes dans le temps de leurs amours ; i l
en eft qui les ont attribués aux débris de polypes
marins, d'holoturies. Kempfer affure que ces nids
font artificiels, 6c fabriqués par des matelots Chinois
, avec la fubftance des polypes ; enfin quelques
naturaliftes les ont regardés comme formés
par du frai de poiffon ; 6c l ’opinion de ceux-ci a
été confirmée par M . Poivre. Cet adminiftrateur,
à qui l ’on doit la conquête des arbres à épicerie
dans nos colonies d’Afrique , & qui reuniffoit^ a la
fcience de l ’adminiftration, desconnoiffances étendues
d’hiftoire naturelle, & le talent précieux
d’un bon obfervateur , a trouvé , près de^ Java, les
parois d’une caverne tapiffées de nids d'alcyon en
forme de bénitiers. Tous les peuples qui' bordent
les côtes des mers, depuis Java jufqu en Cochinchine,
au nord, & de la pointe de Sumatra à
N n n o