
P^Cç au polis d’une dragme , détruit l’excès d*hu-
xnidité, remédie à la foiblefle & à la chaleur,de
leftomac; prife dans l ’eau, elle appaife les tranchées
, les douleurs de côté & du foie , & arrête
les dyffenteries.
La faveur de YagalLochum , dit M. Vogel ,
eft amère & un peu âcre ; i l eft enivrant, an-
thelmintique , & vénéneux , fuivant quelques-
uns. t.
Ç. Bauhin diftingue trois fortes de bois d’aloes ,
l0* u.gallochumprejlantijjimum. C. B. ; i ° . agal-
lochum oflicin. C. B. P. ; 30. agallochum fy l-
veflre , C. B. P. G ’eft des deux premières efpè-
ces dont on fë ferc en Médecine. La troifîème
neft guère ufttée que dans les arts.
Extrait du dict. raifonni univ. de mat méd. ,
par M. de Garfault. ( V . D . )
A G A L L O C H U M . Voye^ Bois d’a lo è s .
( M. d e F o u r c r o y . ) •
A G A R I C B L A N C , ou A G A R IC D U
M E L E Z E , mat. méd.
L agaric blanc ou purgatif eft une efpèce
de champignon qui croît for le melèze. G. Bauhin
l ’appelle agaricus , Jive fungus laricis ,*
Linneus le défigne fous le nom de Boletus làri-
c i s , parce que fa forface " inférieure eft percée de
trous & non garnie de feuillets, comme cela a lien
dans les agaricsproprement dits. Il paroît cependant
que le nom d’agaric , connu & adopté depuis fi
long- temps en Médecine, auroit pu être confervé
pour les champignons percés, & que celui de Bolet
auroit été tout auffi convenable pour ceux dont la
furface inférieure eft chargée de feuillets, ©iof-
coride dit que le nom a’agaric vient de celui
d Agarie , pays de la Sarmatie où il croiffoit
abondamment,
U agaric, quon emploie en Médecine, croît
fur le tronc & les branches des melèzes; & Paul
Herman a remarqué que ces arbres, n’en fournif-
fent beaucoup que lorfqu’ils ne donnent plus de
réfîne. C ’eft d’après cela que Cartheufer penfe que
le foc réfîneux , plus épais & retenu dans l ’arbre ,
contribue à la formation du champignon ; mais l ’on
croit aujourd’hui que Y agaric a une graine particulière
, quoiqu’on n’ait pas- pu encore la démontrer
, & que cette plante parafite ne croît for
les vieux melèzes que parce que l ’écorce de cet
arbre lui convient plus particulièrement que les'
autres bafes. C’eft ainfi qu’on a obfèrvé que la
plupart des champignons affecfcoient tel ou tel
arbre for lequel chacun d’eux croît pour ainfi dire
de préférence.
\Jagaric ou le bolet du melèze eft foflïle & fans
pédicule, arrondi, plus convexe en deffus , applati
en deffous ; fos pores font d’un jaune d’ocre; il
eft de la groffeur du poing , & quelquefois même
de la tête d’un enfant ; fon écorce , affez épaiffe ,
1 eft variée de bandes où d’anneaux blancs , jaunâtres
, & bruns. Son tiffu intérieur eft blanc &
fpongieux : ce champignon croît particulièrement
en Suiffe , en Savoie, en Dauphiné ; & on le recueille
en général dans toutes les grandes forêts
abondantes en arbres réfineux. On préfère celui
qui'vient du Levant. Pomet n’eftimpit que celui-
c i, & il faifoit peu de- cas de Y agaric de Savoie
& du Dauphiné. Il rejetoit également celui
de Hollande , qu’il difbit être râpé & blanchi avec
de la craie. XJ agaric n’eft communément mûr
c^u’au bout d’un an, fuivant Bernard Valentin; on
1 enlève des melèzes lorfqu’il commence à- fe fendre
; on détache _ fa peau extérieure ou fora
écorce, qui eft très - amère & émétique ; on ex-
1 pofe l’intërieur au foleil pour le deuecher & le
blanchir , ce qui dure quelques femaines 5, enfuite
on le frappe avec des maillets, pour faire difpa-
roître les fentes, en ferrer le tiffu, & le rendre
uniforme. Gardé, dans un lieu fec , il fe conforve
long-temps fans altération ; il eft, fojet à êti-e
mangé par les larves des vrillètes , "des de'rmeftes ,
&c. Mais en enlevant les peaux & les débris de
ces infe&es, il peut encore être employé* \
O n d o i t l e e h o i f i r b l a n c , u n i f o rm e , l é g
e r , f r i a b l e , & r e je t e r c e l u i q u i e f t v e rm o u lu ,
r em p l i d e fib re s l i g n e u f e s , d’ u n e c o u l e u r fo n c é e *
L a d i f t in é t io n é t a b l i e a u t r e fo i s d ans l e s b o u t iq u e s , àJagaric f e m e l l e & d3agaric m â le , n’ e f t p lu »
a d m i f e a u jo u rd ’h u i ; o n fa i t q u e l e d e r n i e r e f t uni.
b o l e t d e n a tu r e t r è s - d i f f é r e n t e , q u i c r o î t f o r l e
c h ê n e , & c . , & q u ’ o n e m p l o i e p o u r fa i r e d e l ’ a mado
u -. N o u s en p a r le r o n s * d ans l ’a r t i c l e fu iv a n t*
L i e u t a u d f a i t © b fe rv e r q u ’ o n p e u t d o n n e r â l a ra c
in e d e B r y o n e l ’a f p e é t d e Y'agàrïc , êc q u e
c e t t e fr a u d e n’ e f t p a s r a r e d an s l e c om m e r c e *
Uagaric bien choifi a une faveur d’abord’ fade*
& "comme farineufe, enfuite amère , âcre, & dé-
fagréable. Haller remarque qu’il eft affez âcre ,
quoique bien fec, pour exciter l ’éternuement. Plu-
fieurs auteurs ont prétendu que l ’agaric:, dont
les anciens faifoient tant de cas, n’eft pas celuii
dont nous nous fervons. Le favant Saumaife a particulièrement
adopté cette opinion. Mais G e o ffroy
, dont l ’autorité paroît devoir l ’emporter fur
ce point, croit qu’il le trompe ; & il fe fonde
fpécialement for ce que Pline dit que Y agaric
eft produit en- France par des arbres dont les
fruits ont la figure des pommes de pin*
Neumann , Boulduc, Geoffroy , & Cartheufer
ont traité Y agaric par le feu, l ’eau , les alkalis,
l ’efprit - de-vin, & le vinaigre. Une livre d’agaric
a donné a Neumann fix onces d’extrait réfi-
neux ; fa teinture fe fige par le " froid; elle eft
très-émétique , puifqu’une feule goutte fuffit pour
produire cet effet. Boulduc remarque que ç’eft à
l ’écorce qu’eft due fpécialement cette réfine. Il ne
contient que très-peu d’extrait foluble dans l ’eau,
mais une grande quantité de fécule qui fe préçjrpite
de l ’eau froide, & qui fe diffout en formant
une efpèce de gelée dans l’eau bouillante.
Boulduc regardoit, avec raifon , cette partie amylacée
comme une efpèce de farine. Une livre
d’agaric n’a donné à Neumann que deux gros quarante
huit grains d’extrait aqueux. De trois livres c
onze onces d'agaric très-blanc, diftillé , Geoffroy
a obtenu feize onces quatre gros trente-quatre grains
d’un phlègme roux & acide, & brûlant comme le
poivre ; deux onces fix gros trente-fix grains d’un
autre phlègme brun, rempli, fuivant lu i , de fel
urineux ; & feize onces fix gros vingt-cinq grains
d’huile fluide. I l reftoit douze onces de charbon
dur & compacte , qui , calciné pendant dix-neuf
heures dans un creufet , a laiffé une once trois
gros de cendre rouffe, d’où on a retiré deux gros
d’alkali fixe par la leffive. De deux onces <Yagaric
, il a obtenu, par l ’efprit-de-vin , fix gros &
demi d’extrait réfineux & émétique ; l ’eau n’en
a prefque rien tiré : il remarque cependant que
l ’infufion donne une couleur pourpre au papier
bleu. Cartheufer dit que cette infufion donne un
extrait brun, marqué de quelques taches blanches,
d’une faveur amère & défagréable. Gmelin avoit
obfervé , en 1733 > ^u*en diftillantla teinture fpi-
ritueufe $ agaric , il s’élevoit une quantité notable
de ïéfine volatile , femblable â celle du jalap ,
qu’i l attribuoit à la térébenthine. Boulduc, ayant
employé de l ’eau aiguifée de fol de tartre pour
traiter Y agaric , en avoit obtenu, au deffus d’un
mucilage épais , une liqueur tranfparente très-
colorée , gélatineufè , qui 'lui a fourni, par l’évaporation
, une forte d’extrait favonneux qui purgeoit
très-bien, & fans occafionner de naufées. Deux
onces agaric , traitées avec une demi-once de
fel détartré, lui ont donné une once trente-fix
grains de cet extrait. Le vinaigre en a retiré,
foivant le même chimifte, un extrait femblable
au précédent, mais en moindre quantité.
Cette analyfe apprend que Y agaric contient, fur-
tout dans la partie extérieure & voifine de fon
écorce, une affez grande quantité d’une réfine très-
âcre & très-émétique ; elle explique pourquoi ce
médicament, donné en fubftance , produit des naufées
, des vomiffemens, &Hin dégoût qui dure longtemps
, comme l ’ont remarqué les praticiens, &
pourquoi fon infufion n’a que très - peu de
vertu.
Les anciens fe forvoient beaucoup de Y agaric,
mais pas feulement comme purgatif. Diofcoride &
Galien l’ont recommandé dans les maladies de la
tête , l ’afthme , la pituite , l ’i&ère , la goutte ;
on le regardait auffï comme vermifuge & alexi-
tère : c’étoit en raifon de cette dernière propriété
qu’on l’avoit fait entrer dans la thériaqùe. 11 paroît
que ce font les arabes qui l’ont for-tout employé
& confeillé comme évacuant. Boulduc dit que les
habitans des . Alpes s’en fervent pour les maladies
4e$ vaches.
On a beaucoup varié fur les propriétés & l ’ ufoge
de Y agaric, Ludovic & Neumann penfoient q u il
falloit le rejeter de la Médecine. Maflaria ne
l ’eftimoit guère davantage. Cependant Geoffroy
n eft point de .cet avis; & malgré les reproches
fondés qn’on a faits â ce remède , de charger l ’efo
tomac , de le diftendre,. & d’avoir un effet très-,
lent , il croit qu’on peut foüvent l’employer avec
avantage. I l le recommande fpécialement dans les
catarrhes, le coryta, l ’afthme, la toux, la cachexie ,
les fleurs-blanches , la fuppreflion des règles , les
fièvres lentes. Il annonce qu’il faut l ’employer
avec précaution , & qu’il convient particulièrement
aux fojets robuftes : on d oit, foivant lui , s’en
abftenir dans, l^s cas où i l y a de la fièvre forte ,
où le fang eft épaifli, & les vifeères brûlans ,
comme cela a lieu chez les mélancoliques , les
phthifîques, &c. Il demande la même précaution
dans les maladies bilieufes& toutes les fois que la
bile eft âcre & épaiffe. Cependant il paroît,
d’après l ’autorité de Rufus, que les anciens i ’em-
ployoient comme évacuant de la bile.
On en a fait un ufage très-fréquent en France*
On s’en eft fpécialement fervi pour évacuer la pituite
& les humeurs lentes, dans les fleurs-blanches,
les catarrhes, l ’hydropifie , &c. Il y avoit même
autrefois peu de potions purgatives où l ’on ne fît
entrer Y agaric en infufion ou en décoêlion , à la
dofo d’uh demi-gros jufqu’â celle de deux gros ;
mais fon ufage eft beaucoup diminué aujourd’hui
, & on ne s’en fert plus que très - rarement.
Nous avons vu que fon infufion n’a que très-
peu de vertu ; i l eft donc au moins inutile comme
auxiliaire. Pris en fubftance , fon aélion eft quelquefois
nuifible , & toujours lente, même en le
délayant dans un firop , comme le preforit G e o ffroy.
Sa réfine , retirée par l ’efprit - de - vin &
donnée à la dofe de trois ou quatre grains ,
n’eft pas plus sûre. Peut-être cependant ne doit-
on pas méprifer tout â fait fa propriété anthel-
mentique , puifqu’au rapport de Haller on le
donne avec fuccès en Piémont, pour remédier aux-
terribles effets qu’occafionne la fangfue des Alpes
à ceux qui l’avalent ; on l ’adminiftre fec , mêlé
avec du poivre. Peut-être Ce dernier a - 1 - il plus
d’attion que Y agaric lui - même.
On a cherché , dans tous les temps , à maff-
quer les mauvais effets de ce médicament , & à
modérer l’aétion qu’il produit en fubftance : les
anciens avoient confeillé pour cela les aromatiques
& les ftomachiques , comme le ‘ gingembre.
On fe fert encore aujourd’hui de ce moyen. L a
Faculté de Paris fait préparer des trochifques d’a-
garic de la manière fuivante. On lai fie macérer
un demi-gros de gingembre dans foffifante quantité
d’eau de cannelle ; on y délaye deux onces
8 agaric en poudre très - fine ; on forme , avec
cette pâte liquide , des trochifques que l ’on fait