
qui revient au meme , leur réfiftance (• âqcuçiiy.mt
•rô iVxvpo'»T?i.xp«5-£j té ). Il ajoute enfuite que
ces malades, prenant la même quantité à3aliment
fous forme folicie & sèche le trouvent léfés dix
fois plus que s’ils les avoient pris fous forme l i quide
j par la feule raifon, d it - il, que la force
de cet aliment ne convient pas à leur état ( <T/à
■ xflv iryyi tov 7rpo';T«v lî'icthicnv ). Dans toiis ces
endroits, il eft clair que. fort fignifie rélifrant. Revenant
maintenant au livre' fécond du régime,
nous trouverons d’abord qu’Hippocrate dit du froment
que c’eft un aliment plus fort ou plus ré fil-
tan t que l ’orge , & plus nourriflant, orvpoi Urxüp°*
T£po< xpi5»S» ig rpoqji/iKTîpo/. Il remarque enfuite que le
pain rendu plus léger ou moins réfiftant par 1 action
du levain, a perdu une partie nutritive, tandis
que le pain fans levain , moins léger à la vérité ,
nourrit davantage. Voilà déjà un endroit où la
proportion de la propriété nourriffante elt dans
un rapport exaét avec la. réfiftance de Y aliment,
& diminue avec elle. On a vu, note 34, comment
le pain , en - devenant plus léger & moins
réfîftant, pouvoit perdre de fa partie nutritive. Il
eft encore d’autres alimens dans lefquels Hippocrate
réunit ces deux qualités de réjîjlant ou fo r t , 8c
de très-nourriffant. Ce font les ceufs & le fromage.
Les oeufs , d it - il, foni~rm aliment f o r t , parce
qu ils font le germe même de Vanimal (irxvpov
f i i "77 70 vos iri tov Çuov) j ils font pleins de nourriture
, parce q u ils fon t le lait dont le petit doit
f e nourrir (rpo'qjmov J\ , oti jclAo. en tout» t-Z véot% ).
Pour le fromage , il d it, le fromage eft un aliment
fo r t , parce qu'il efl un produit qui fu it de
près la génération (w-xvf*Y /“£v clnïyy iTa. yiwrits) - il
eft plein de nourriture, parce qu’il eft comme la
partie charnue féparée du lait ( rpocpV/m «Te, oti .tov
yuA.ax.1o; to aa.pxcoJ'is lrlt' JoroAsiorov). Il femble encore
plus dans ces deux paffages qu’Hippocrate fafîè
confifter la force d’un aliment dans la concentration
de fa partie nutritive. C ’eft dans ce fens
qu’Hippocrate dit de la femence , au commencement
du livre, -srepe yovZ; , que cette fubftance eft
la réunion de tout ce qu’il y a de plus fort dans nos
humeurs,aTi-o' 'ita.no; tov vypov... to lo-yypOTaloi aoroxp/9»gv.
Enfin Foës, dans fon (Kconomia Hippocratis ,
remarque qu’Hippocrate définit encore un aliment
fort , en drfant qu’il donne de la force & de l ’ac-
croiflement, <Vxup“v Æp“ /4* , dicitur cibus qui iV^ùv
& a.v%nni, hoc efl , robur & nutrimentum coh-
ferty & valentes, ac robuflos f a c i t , &c. (~V. écon.,
au mot fV^vpov). C’eft ainfi qu’Hippocrate dit des
chairs du porc qu’elles donnent de là force (i<rxvv
tu aùpa.Ti spiroiu. Quoiqu’il en fo it , il eft aifé
de concevoir qu’un aliment très-concentré , qui
par conféquènt nourrit beaucoup & fortifie à proportion
, eft en même temps d’une grande réfiftance
en raifon de la quantité de matière qu’il fournit
à la digeftion , & du développement que prend cette
matière au dedans de nous.
rpoQipo;, nourijfant ; oAiyôyopo;, de peu de fubftance.
11 ne nous, fera pas bien difficile de donner mai«-
teftant l ’idée de ce qu’Hippocrate . entend par
Tpotçipo; y nourriflant j tout aliment l ’eft. Cependant
quand Hippocrate fe fert de ce mot tout
feul pour défigner la qualité d’un aliment , il entend
que cet aliment contient beaucoup de nourriture.
Mais il le dit fouvent par comparaifon avec
d’autres fubftances. C ’eft ainfi qu’il dit des vins nouveaux
(vêoi), odorans (o^vtïs) , épais (taxas) y qu’ils
font nourriflans j ce qu’on ne doit entendre que
par comparaifon avec lès vins anciens & très-
fermentés , avec les vins fans parfum (aiorpoi) , &
avec les vins légers, tenus,& acidulés (Aeorlol, o’Çnciïot).
Nous remarquerons encore que jamais Hippocrate
ne fe fert de ce mot ( rpoep^os ) , en parlant des qualités
des herbes ( Aa^ava , olera )-, ni de celles des
fruits ( oWp*/ ). Les graines farineufes céréales
& légumineufes, les graines émulfives , les alimens
animaux, & certains vins font feuls défignés
par cette qualitè-là. Il eft cependant vrai que cela,
feul que les vins font regardés par Hippocrate
comme nourriflans , prouve que la fubftance fucrée
& mucilagineufe des fruits eft mife par lui au
nombre des fubftances eflentiellement nutritives;
mais, comme nous l ’avons déjà dit, ce îi’eft que
par comparaifon , & l ’on ne peut pas dire qu’Hippocrate
regarde ni les fruits , ni les herbages ,. ni
les vins , comme méritant le titre de Tpôytpa. par
excellence, c’eft-à-dire ,: èi alimens.pleins de fubftance
nutritive. Dans ce dernier fans,. Tfojp^ov fe
trouve . l ’oppofé de ce mot oAiyôyipoiqui contient
peu de fubjlance, mot dont fe fer£ Hippocrate en
plufieurs endroits.
7rA»pMT/>çsf, qui remplit i (pvraJe; , qui gonfle i
toAvxoo; , qui s'étend beaucoup.
L ’examen du mot Tpotp«/*.« nous mène immédiatement
à l ’expofition d’une autre expreffion qui
eft celle de 6M.«pwT/xo_s, qui remplit y & de qvaZJ'i; ,
qui gonfle. Je réunis ces deux expreffions, parce
que fouvent, dans Hippocrate , elles n’expriment
qu’une même chofe ; car qvo-oJi; ne fignifie pas
toujours l’effet d’un gonflement purement venteux.
En voici la preuve. En parlant des oeufs , Hippocrate
dit qu’ils gonflent ( «« # p <’«rXup5'y ■ rl
e'xovai kj Tpoqvpov ig cpwSJtlj les oeufs des oifeàux
ont quelque chofe de f o r t , de nourriffant, & qui
gonfle... I ls gonflent \ d it- il, parce que d'an petit
volume qu'ils occupent, ils en acquièrent un grand,
[toVTtùi'i; foTi ixtov pixpov oyxov t; orovAv Ji&xeirai )•
I l donne exactement la même explication du mot
trMptùnxo'i, en parlant des alimens doux & huileux
(tcc yAvxla. ig tu. orloia ig tu Anupa. jtAwptùTixu tri ,
S'ioti eÇ oAiye ’oyxov •noAv'xpu Irl ). Les alimens doux,
huileux y & gras y remplirent, parce que , d’un
petit volume qu ils occupent, ils s ’étendent & en
acquièrent un grand ; d’où il réfulte encore que
îtoAvxooï, qui s’étend beaucoup y eft auffi un fyno-
nyme de vAvpÔTixo; 5c de (pvuuJ't; ÿ 8c que ces trois
qualités conviennent aux alimens qui, contenant
beaucoup de fubftance, fe gonflent par la diflo-
lution , & acquièrent un volume plus grand que
dans leur état naturel. Mais il eft une autre manière do
gonfler , c’eft celle de donner des vents, c’eft-à-dire,
de laifler dégager un gaz qui diftend l ’eftomac , &
occafionne un ientiinentde plénitude. Cet effet paroît
devoir être exprimé plus particulièrement par le
terme de (Çva-wtf'ti. On peut imaginer que c’eft là vraiment
l ’effet des fèves (Kuapti), des pois^jW»«), qui
cependant gonflent moins que les fèves , 8cc. Cependant
Hippocrate explique autrement cet effet ;
& en parlant des fèves, il dit qu’elles gonflent,
parce que tes vaijj’eaux n abforbent point Les ali-
mens qui faccèdent Ç cri ov èïixoïxui oî nopol tyii Tpoqyi
aAAM tvivrui). Ce qui fuppofe une efpèce d’empâtement,
■ d’arrêt, de ftagnation. Mais ce fur quoi
il ne faut pas douter que l ’obfervation d’Hippocrate
n ait pour bafe un gonflement venteux , c’eft
lorfqu il donne cette qualification au vin doux &
au moût. Mais il eft vrai qu’alors 11 fe fert, non
pas du fubftantif cpveuft; , mais du verbe spva-ùui,
ou du terme de <püaui t/xTroilm, donner des vents,
comme il le dit encore de l ’ail cuit, cpvVetv
hu tov vnvpuTo/ tjJv tirItu<ru , i l donne des vents
à cauje de l'expanjion de l’air qui s’en dégage.
■ cpvVa , vent ; tuv/jou , air.
Cepéndant cpv<ru & mivpu, le vent & Yair ne font
pas toujours confondus par Hippocrate , comme
on le voit dans l ’analyfe des effets produits dans
les premières voies par le pain d’orge raflïs, humecté
, & non pétri (■ xpoqvfrïïtîou , fuiTn.uTpivIo;). Après,
avoir dit que l ’air dont cet aliment eft pénétré s’échappe
, en emportant avec lui beaucoup de nourriture,
iuivant le fyffême qu’il adopte fur 1 humidité de
ces fubft ànees ; il ajoute , pour s’expliquer , que
c'ela fe fait parce que les vaiffeaux ne recevant pas
aile z pro'mptement la fubftance de Y aliment, elle
féjourne, & alors, dit-il, partie de V aliment,fort
atténué, s échappé avec Z’air, f 70 /Atv ?vi t S tuv^uti
Ainlvio(xtioi uTToxpiitTut’t\(ù ) partie, féjournant,produit
des vents ( t0 J'è uvtov i/x/xhoi (p Js-ay t[x-noiiu J , &
de cette portion lune s’échappe avec les vents
par en haut ( to /.<.£■/ av» IpvyïÛutui ) , Vautre par en
bas ( to J'è xâra virox^ptu). On voit très-aifément ici la
diftinéfion qu’Hippocrate met entre <pv<ra, ven-t &
•xnv/Miy air : les vents font l’effet de,la décompofi-
tion produite par le féjour ; l ’air fe dégage plutôt, &
étoit mêlé à Y aliment plus ou moins intimement.
oruxvnn y épaifftr ; Uyiulnn , amaigrirAtorlvvuv ,
atténuer.
A ces confidérations fuccède naturellement celle dès
expreffions ofuxymi ou oruxyoui, épaifftr\ r.rxiulvtti,
& Aforlvit/i y amaigrir, atténuer. On feni que tous
les alimens qui fourni (Te nt beaucoup de matière
nutritive , comme les céréales & les légumineufes ,
épaiffiflent ; que les plus nourriflantes d’entré les
emulfives peuvent épaiflir en engraiffan: , 5c qu’au
c mtràire tout ce qui contient peu de fubftance
nourriffante 8c fufceptible d’ être affimiiée, & qui
ouvre les voies aux differentes excrétions, atténué
& Amaigrit ; le vinaigre , les vins te-nus & acidulés,
les falaifons (Tclpixoi) f ont mis par Hippocrate au
rang des alimens amaigràiflans (isrxvanovo-«). Les fubftances
acides, âcres, acerbes , & c ., dit ailleurs
Hippocrate , ne remplirent pas, elles ouvrent les
orifices des vaiffeaux excrétoires , & vident par
Cette voie («f/oVi t u t Ô/a u t u tcov tpAlCuv T£ ig J i i—
xctâ'npî), & de plus elles refferrent, contractent, &
diminuent le volume des chairs & des humeurs
qui y font contenues , & par-là forment une-
grande déplétion dans le corps.
Voilà à peu près les différences qu’on peut recueillir
des obfervations qu’Hippocrate fait fur les,
alimens , d’après leurs qualités & leurs propriétés ;
& par conféquènt voilà l ’explication de ce qu’il
dit à la tête du livre de \’aliment, 2u fujet des.
efpèces multipliées $ alimens. Comme c’eft fans,
ordre , & feulement dans le cours de l’énlrmérâ-
tion des fubftances alimentaires qu’i l en expofe,
les différentes facultés , j’ai été obligé de former
cet enfemble par le rapprochement d’un grand
îtombre de paffages. J’ai cru ce travail utile , parce
que c’eft le moyen de donner l ’intelligence de
beaucoup de chofes fur le régime , très-importante»
& quelquefois fort obfcures dans la leéture de
cet excellent auteur. Aucun interprète que je con-
no îlïe ne s’eft donné cette peine , qui véritablement
en eft une. Hippocrate n’a point claffé les
alimens félon ces différentes diftiérions, parce
que, comme il le -dit lui-même, toutes ces qualités
fe trouvent différemment mêlées dans diverfss
efpèces d’alimens , & ne font pas une fuke confo
tante de leurs qualités fenfibles, ni même de leurs
faveurs. I l n’a pas même cru devoir fe forvir des
faveurs pour ’diftinguer ces alimens les uns des
autres , quoique plufieurs , ainfi qu’il le dit ,
euffent avant lui fuivi cette diftributîon& euflenc
diftingué les alimens en alimens doux, gras ,
falés , âcres , amers, acerbes , auftères , & il a
négligé cette méthode, parce que , comme il le
dit ., les fubfiances douces n’ont p as toutes les
mêmes propriétés y non p lus que les amères,
ni aucune autre, qualité de cette efpèce y &c.
Aufiï fe b orn e -1 -il à faire l ’énumération des
alimens felori la claffification naturelle des fubftances
qui les fourniffenf. Je ne donnerai pas ici
cette énumération , parce que cela regarde ce
qu’on appelle matière alimentaire y & que cela>
ne doit point entrer dans un traité général de la
nature des alimens ,* d’ailleurs on trouvera tous
Ces détails aux articles deftinés à foire connoître
chaque fubftance en particulier. Cependant je donnerai
ici une idéefommaire des principales divifions.
Claffification naturelle des alimens fuivant ■
Hippocrate & Galien,
i 0. D e s graines céréales y & d’abord de l'orpe &
du froment, & de leurs préparations.
Hippocrate commence l ’hiftoire des alimens
par celle des graines farineufes , & d’abord par
celles de la clalfe des céréales, à la’ tête defquelies
il met l’orge & le froment ; 8c comme il détaille
les préparations de ces grains ufilés de fon temps,