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fp retrouvoient dans les eaux croupiffantes, les
marres & les égouts. On verra encore quelques
détails fur ces objets dans le chapitre 3 & dans
d'autres articles.
( 30. Eudiométrie, ou Vart de mefiirer la pureté
& les altérations de U air, ou plutôt fort degré
de vitalité. ) Mais en même temps que les modernes
ont fait ces différentes obfervations fur les
caufes qui décompofoient ou abforboient Y air vital,
ils en ont tiré des moyens de mefurer avec exactitude
le degré de pureté de Yair , c’eft-à-dire,
de connoître au moins la quantité Yair vital qu’il
contient, en obfervant la diminution qu’éprouve
l ’atmofphère par le mélange des fubftances auxquelles
fe combine cet air vital. Ainfi, i ° . le ga\
nitreux qui abforbe la bafe de Yair vital , ou
l ’oxigène , Sc forme avec lui l ’acide nitreux, ne
laiffe dans i ’atmofphère que la mofette à laquelle
il ne fe combine pas, & la diminution indique
exa&ement la quantité d’air vital détruite, pourvu
cependant qu’on ait entièrement féparé de l ’air
l ’acide carbonique qu’il contient dans quelques cir-
conftances : car s'unifiant avec l ’acide nitreux formé,
ou s’abforbant dans le liquide au deflus duquel fe
fait l ’opération, cet acide formeroit une diminution
qui ne feroit point due à la décompofition de Yair
viral. Auflî M. Jurine a-t-il toujours fait précéder
fés e(Tais fur Yair refpiré, d’un premier enai avec
l ’eau de chaux , pour connoître , d’un côté, la
quantité d’acide crayeux contenu dans cet a ir , &
donner de l’autre plus de fidélité aux expériences qu’il
tenfoit avec le gaz nitreux. i° . Le ga\ inflammable
ou hydrogène, qui détonne & brûle avec
Yair vital , fans toucher à la mofette ou gaz azotique
, & qui difparoît avec lui , en laiflant pour
tout réfidu, de l’eau , eft un autre moyen de faire
un femblable départ. Mais ce procédé doit auflî
faire difparoître l ’acide carbonique, qui fe combine
À l ’eau formée & dépofée : il paroît encore qu’il
entraîne dans fa nouvelle combinaifon une petite
quantité de bafe de la mofette ou d’azote , puifque
cette combinaifon donne quelquefois une infiniment
petite quantité d’acide nitreux, dans la compofition
auquel entre, comme on fait , la bafe de la mofette.
On fent que Téflai préliminaire par l ’ eau
de chaux eft encore néceflaire ici pour faire difparoître
en grande partie l ’infidélité de ce procédé.
30. L a combuftion eft un troisième moyen demeurer
le degré de vitalité de Yair. Comme elle
ne fe fait qu’aux dépens de Yair vital feu l, &
qu’elle fe fait d’aatant plus rapidement qu’il eft
en plus grande quantité dans l ’atmofphère, toutes
les combuftions peuvent faire connoître, finon la
quantité abfolue , au moins la quantité proportionnelle
dé air vital contenue dans Yair que nous
refpirons; & M. Jurine a pratiqué , avec l ’efprit
de ùin , un des plus ingénieux & des plus délicats
eudiomètres dont on puifle fe fervir. Il prétend
même, & paroît prouver par des expériences-, que
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la chaleur externe n’influe point fur la rapidité de
cette corhbuftion, ce qui eût donné beaucoup
d’incertitude à ce moyen (14). 40. Enfin l ’abforption
de Yair vital en contaét avec les dijfoluttons hé
patiques ou de fulphùres , eft un moyen eudio-
raétrique indiqué par Schéele , & qui dépouille entièrement
l ’atmofphère de fon air vital. On fent
aifëment que ce procédé a befoin, ainfi que ceux
par l’acide nitreux & Yair inflammable ,. d’un
effai préliminaire par l ’eau de^chaux. Telles font
les bafes fur lefquelles repofe l’art des e fiais eu-
diométriques , art dont l ’utilité pourra devenir très-
grande quelque jour , mais qui n’eft encore qu’au
berceau. Voye\ ( eudiométrie. )
( 4°. Imperfection de l ’eudiométrie , relativement
à différentes caufes d’ infalubrité répandues
dans l ’air ). En effet , c’eft encore en vain que
les médecins demandent aux chimiftes pourquoi
une multitude de fubftances , dont les effets démontrent
l ’exiftence , n’altèrent point les figues appa-
rens de la vitalité de Yair dans lequel elles pa-
roiffent répandues &-diffoutes; pourquoi un air
éminemment refpirable peut cependant être très-
infalubre ; pourquoi les émanations odorantes, &
des fubftances encore plus fubtiles, puifqu’elles
n’affeétent aucun de nos Cens, telles que différens
miafmes contagieux , femblent unies à Yair refpirable
, & le rendent délétère & funefte dans une
multitude de circonftances/fans qu’il en foit moins
propre à la refpiration & à la combuffion, &
fans qu’aucun des eudiomètres connus jufqu’à cette
heure en puiffe déçéler l ’exiftence. Sur cet objet & fur
le moyen de rémédier à ce genre d’altération, trop
commun dans Yair atmofphérique , nous ne fournies
pas plus avancés que l'es anciens ; & l ’eau , le feu ,
les fumigations, les détonations font des moyens
que nous employons aveuglément , ainfi qu’eux ,
pour purifier l ’atmofphère de ces miafmes dont
nous ignorons la nature. Mais .j’aurai encore occa-
fion de parler de ces émanations dans le troiüème
chapitre de cet article , & dans d’autres articles
de ce dictionnaire.
-50. £ Ar t de rétablir dans l ’air les proportions
néeeffaires à fa vitalité ). De ces connoiflances
acquifes par les modernes fur la nature de Yair &
(2+) La principale pièce de verre recourbé en U. Ddees cdeet uexu dbiroamncèhteres eft un tube montantes-,
lc’oumnme,e buienn fcoaulirbnreéaeu &d e dp’uipne p; luesl leg rfaenrdt dà ialma èttorme, beufft tfiaointe. tLin’auuattrieo ,n pdluus tuébtreo, irteec,o fuarnbsé ,ê t6rce ecfatp gilrlaadirueé,e n ’peoftu rq ule’o lbaf ecrovna
tion -, On y voit le niveau que prend l’efprit - de via.
tài omn.e fLuer er eqftue’ idl ed li’mapinpuaere idl aenfst ld’iafuptorfeé cpuobuer praern dlare clao mcobmuf
bfuurf tlieo nd eéggréa lae uq6cu eul nfief otrromuev,e 8<i’ epfporuirr- dfeix-vezr n le point vifuel ment de fa combuftion. On verra dans le càh acphitarieq u3e qmueolques
déçajls fur le* expériences faites avec cet infiniment»
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fur l ’art d’en mefiirer les proportions, dévoient
naturellement naître des moyens de reparer (es
pertes ou de rétablir fes proportions dérangées ;
& après ce qui a été d it, il doit y avoir, indépendamment
du renouvellement mécanique de i a ir t
employé par les anciens , trois moyens de corriger
les mauvaifes qualités de l’atmofphère , altérée par
la refpiration ou la combuftion , c êft-a-dire, d augmenter
la proportion d’ a ir vital qui y eft contenu,j
l ’un en procurant une addition réelle d a ir vital ;
l ’autre en faifant difparoître l ’ acide crayeux fepandu
dans Y a ir refpiré ; un troifieme en diminuant la
quantité abfolue de mofette qu i l coutienc. De ces
trois moyens les deux premiers font praticables ,
& fur-tout le fécond. On a trouvé le_ moyen de
tirer de diverfes fubftances de l ’air vital pur, &
par conféquent d’en augmenter la quantité dans \ c iir
refpiré. La nature le retire des végétaux par f action
-combinée de la lumière & de là ch a leu r J o -
la ir e . L ’adion du feu le dégage du nitre, de quel
ques oxides métalliques , & lur—tout de la chaux
ou oxide de manganèfe , fubftance- très - répandue
dans la nature , & qui en fournit facilement une
quantité confidérable. Ainfi, dans Tes lieux échauffés
par des feux, & où fe raffemblent beaucoup a hommes,
ces feux mêmes , qui contribuent à détruire
une portion confidérable de Y a ir vital , pourroient
fervir'à le reproduire , en le dégageant de l’oxide de
manganèfe. Il fuffiroit de renferm er cette fubftance
dans des vaifieaux expofés à i ’aéUon- du feu , &
difpofés, de manière à reverfer dans Y a ir altéré
le nouvel a ir vital qu’ils laiffent échapper. A
l’ égard de ladde carbonique, tout le monde con-
noft le moyen de l ’abforber 5 l ’eau fraîche feule
l ’abforbe très-rapidement, & l ’eau de chaux opère
cette abforption avec une rapidité encore plus
grande. Ainfi, en prëfentant à l ’air de grandes fur-
faces d’eau de chaux-dans les lieux où il eft fort
altéré par la refpiration ou la combuftion, on .di-
minueroit une des caufes qui le rendent nuifibie.
Pour la mofette , on ne connoît pas encore allez
les moyens d’agir fur e l le , pour en dépouiller Y a ir
d’une manière fenfible, & îe moyen propofé par
M. Achard, pour purifier l’air, qui eft de le faire
paffer au travers du nitre en fufion , ne tire fes
avantages que de l ’air vital qui fe dégage du nitre,
& n’eft pas praticable fur une grande maffe d’air.
Sfr donc l’oto découvre des moyens propres à rendre
ces trois manières de donner à l ’air plus- dé vitalité
praticables dans de vaftes enceintes, & à peu de
frais , ce qui eft poftîble, au moins pour les deux
premières , on aura la faculté de donner a l ’air toute
la falubrité néceflaire dans les cas où le renouvellement
deviendroit difficile, ou bien dans ceux où
on ne pourvoit l’opérer qu’à de grands intervalles."
( 6°. U fa g e de l ’a ir v i ta l p u r p o u r ranime r
le s f o r c e s v i ta le s , & p ru d en ce q u ’ e x ig e l ’em plo i
d e ce m o y en . ) Mais une des principales utilités
des expériences modernes , c’eft la connoifiance
qu’elles nous ont donnée de la véritable caufe de
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la chaleur animale. Cet objet, fi fort & fi inutilement
difçuté par les anciens , fe préfente aujourd’hui
à nous dans toute fon étendue. Les combinai-
fons de l ’air vital dans les poumons en font la véritable
fôurçe. L ’homme connoît donc aujourd’hui
umne ndte s plus puiflans foutiens de fa., v ie ; non fe u leil
le connoît, mais il poffède l ’art de développer
cet aliment, & de le faire fortir, dans
toute la pureté , des corps qui le recèlent. I l a
donc auflî l ’art d’augmenter l’aétivité defes organes,
.& de la modérer ,à fon gré , art dont il n a pas
atteint toute la perfection. Mais qu’il prenne garde
d’en abufér ; s’il eft fage, il *fentira que cette faculté,
qui lui eft enfin accordée, il faut qu’il en
ufe avec fobriété ; il fentira que. l’augmentation
de la chaleur & de i’aétivité animale deviendroit
deftruétive fi elle excêdoit les bornes du befoin ;
il fentira que les proportions de la nature font
refpeétables , & qu’on n’en fort point fans témérité
, lorfqu’elle-même ne nous lèrt pas de guide.
L ’homme né au milieu d’une atmofphère dont les
proportions font confiantes & uniformes, fe forme
fur ces proportions , defquellés dépendent les lîennes p ro pres^ c’eft-à -d ire , fon tempérament : un autre
degré de chaleur, d’autres rapports entre une nouvelle
atmofphère & lui en feroient un autre homme ,
lui doiineroient une nouvelle exiftence, pour laquelle
lès organes ne font pas difpofés. L’expérience
journalière même lui en offre des exemples; car
quelque uniformes.que foient les proportions ordinaires
des chofes qui l ’environnent & fur-touf'dè l ’air,
les climats feuls y apportent des différences affez fen»
fibles pour que fa conftitution foit quelquefois bleflee
des changemens qu’il éprouve en paffant d’une
contrée dans une autre , tandis que dans le pays
le plus infalubre on voit les naturels jouir d’une
fanté confiante au milieu de la réunion des caufes
qui frappent l ’étranger d’une atteinte dangereufe.
Il n’eft. donc qu’un cas où l ’homme puiffe ufer
utilement de la faculté d’augmenter les proportions
ordinaires d’air vital contenues dans l ’atmofphère
qu’il refpire ; c’eft: celui où les proportions de
les propres organes , altérées par la maladie,, en
diminueroient l ’aétivité, & rendroient fa vie trop
foible & fa conftitution trop impuiffante, où les
dépurations néeeffaires au rétabliffement de fa fanté
anroient befoin d’uti mouvement nouveau, & d’une
véritable fièvre que la foibleffe de la nature ne
fauroit exciter par elle - même. Mais cet objet appartient
à la - cure des maladies , & le champ que
j’ai' à parcourir eft affez vafte pour que je me
faffe un devoir de n’en pas excéder les limites.
A r t . I I . Effets dépendans des combinaifons
de l’air à la 'fu r face de la peau, & dans le
■ canal alimentaire.
h ’air qui baigne la furface de tout notre corps,
' & celui qui pénètre dans le canal alimentaire,
paroiffent devoir offiir à l ’obfervateur des confidé