
gnétiqucs une grande efficacité dans le traitement
des plaies, pour extraire le fer qui pouvoit s'y
être engagé. P l a t e a r i u s , dans i édition de tes
oeuvres, en 14.97, & l’éditeur de M a r b o d , en
avoient déjà fait mention. Mais cette propriété de
Y a im a n t prit alors une grande faveur. K i/ c h e r
rapporte que de' fan temps les médecins étoient
perfuadés qu’on né pouvoit rien attirer avec les
emplâtres, fi l ’on n’y faifoit entrer Y a im a n t . Les
alchlmiftes donnèrent fur-tout beaucoup de crédit
à cette manière de l ’employer ; ils fe vantoient
de pouvoir augmenter confidérablement fon aétion
par certains, procédés. P a r a c e lf e âvoit annoncé
une préparation particulière , propre à donner à 1 * a im a n t affez de force pour attirer , étant mis
en emplâtre , un fer de ,flèche engagé dans une
bleflure. \ J a im a n t devint ainfi la bafe d’un grand
nombre d’emplâtres. Le plus fameux de tous, l ’emplâtre'
Opodeldocht, dont on trouve la conipofi-
tion dans la pharmacopée de Z w e l f e r , étoit fur-
tout recommandé pour fon efficacité en- pareil
cas.
I l eft difficile derconcevoir comment la confiance
en ces emplâtres put fubfifter auffi long-temps, 8c
pourquoi on ne s’aperçut pas que P aimant ne
devoit avoir aucune, aâion pour attirer, l’agréga-
tiornde fes parties étant détruite, les pôles de fes-
molécules étant dans la- plus' grande confuiïon ,
les molécules elles-mêmes étant enveloppées par.
des corps gras : ajoutons, que le fer engagé dans
une plaie aurcit dû plutôt attirer la poudre d’aimant,
que d’être extrait par elle dés bleflures,
e t qui les auroit irritées j, ajoutons encore , que les
partifans des emplâtres magnétiques leur attribuoient
la propriété d’extraire des plaies toutes les matières
étrangères qui y étoient contenues * de quelque nature
qu’elles puffent être, telles que des fragmens de bois,
des efquilles offeufes* des lambeaux d’habits, des
pailles. Cette vertu attra&ive des emplâtres étoit
donc plutôt une propriété imaginaire, qu’un effet de
la vertu magnétique de Y aimant. On. doit remarquer
auffi- que le fer engagé dans les bleflures eft
pour l ’ordinaire hors de la fplière d’aéfivité de
Y a im a n t , qu’il eft: trop' adhérent, trop embarraffé
dans les chairs, pour que cette fiibftancc, en fup-
pofant qu’elle conferve encore dans les emplâtres
la force d’attirer, puiffe produire fon effet
parce qu’au moins eetter force eft bien affoibiie.
I l eft: vrai cependant que P a r a c e l f e convaincu
que Y a im a n t pulvérifé perd fa vertu, avoir annoncé
une préparation qui. devoit lui conforver cette pro,*
prié té après la puivérifation. Mais ce procédé,. qui.
confifté à calciner cette fubftance eft inutile &
même nuifible , puifque l ’ignition fait perdre à
Y a itn à n t fes vertus.. On doit en dire autant du. fer
& de- plufieurs de fes préparations r. que quelques-
uns ont fait entrer dans les procédés propres à
augmenter la. veriu.de. Y a im a n t , comme s’il n’eut
pas dû, détruire fon aétion au .dehors.,, bien loin
4 e lervir à. l'augmenter». Ces raifons ont réuni les
fuffrages du plus grand nombre des auterrs. Tïs
ont regardé Y a im a n t comme ne pouvant agir dans
les emplâtres que par fa nature aftiingente ; 8c
dès-lofs comme devant être plutôt nuifible qu’utile
dans le traitement des bleflures ,.en fermant & ci—
catrifant les plaies , & s’oppofant ainfi à l ’extraction
ou d la fortie du. fer qu’elles pourroient contenir..
Ces- vérités bien appréciées fur-tout depuis le?
règne de la phyfique , ont fait retirer des avantages
réels de l ’a 6f ion de Y a im a n t fur le fer, en.?
reéfifiant la manière de l ’employer. On s’eft fervi*
de Y a im a n t en mafle , foit de la pierre d a im a n t*
naturelle , foit des barreaux de fer aimanté ; 8c-
l’on a pu , par fon fecours,. retirer en certains cas;
des parcelles de fer qui nuifoient par leur prefenee-;
dans des parties très - fenfibles ou fort délicates**
M o r g a g n i s’en eft fervi- avec fuccès pour extraire?
d e i’oeii d’un malade une parcelle de fer qui s’étoit
engagée dans la cornée. Avant lui * F a b r ic e de?
H i ld e n 8c K e r c k r in g iu s • avoient employé Y a r m
a n t dans des cas à peu près pareils & d’une manière?
auffi avantageufe. On ne connoîi pas la. véritable?
origine de cette méthode. Le premier de c-es deux
auteurs avoue -qu’il tenait d’un charlatan la con—
noiflance de ce moyen. L ’autre dit qu’il fut porté-
à l ’employer par l ’avis de fa femme", qublui fug-
géra cette idée.- Quoi qu’il en foit , dette méthode?
a été employée & accueillie. C am e ra r iu s & S t o c k
e rus en ont fait mention. On trouve dans la méd
ec in e moderne ( chap. i$t ) un nouvel exemple de?
fon utilité.-
Propriétés attribuées â Vaimant confédéré comme
fubftance magnétique agijfant fur les nerfs I
ou uf âge d é V a im a n t f o u s f o rm é de to p iq u e?
& d’:amidette .
Cette méthode d’employer Yaimant n’eft point;
une découverte moderne ; on en trouve de-s traces:
diftinéles dans la plus haute antiquité.-On ne peut;
douter qu’elle n’ait pris naHTance chez lès premières
nations de j.a terre, 8c que l’ancienne magie?
n’ait été fon berceau. Nous ne rappellerons pas»
ici , pour le prouver, les ufages fabuleux que:
les anciens ont faits de cette fubftance pour exciter?
dans l’homme différentes àffeétions de l’ame ; ufages»
fur lefcjuels nous avons rapporté ci-deflus les idées;
fuperftitieufes de l ’antiquité. Ou*çe„ la- propriété?
qu’on accordoit à Y aimant appliqué extérieurement^
d’agir fur le moral, on lui attribuoir auflfi
celle de changer l ’état du corps , & d’influer fur?
fes affeétrons phyfique?, par une aétion vraiment
médicinale. Nous en avons la preuve dans l ’ufage'
que les égyptiens ont, fait delà pierre ddimant,,
dans la préparation de leurs- amulettes prophylactiques.
K-irelier rapporte à ce fujet un, témoignagehiftorique
dont on ne peut fufpeéter 1 authen—•
• ticité. Ainfi f cette méthode d’employer Y a im a n t
<qde tant d’auteurs femblent regarder comme nouv
e l l e , remonté à l’antiquité ' la plus reculée , &
l ’on ne peut douter qu’elle n’ait été en faveur dans
les anciennes coutumes des égyptiens.
Quoique les grecs euflent puifé chez ce peuple
les premiers élémens de leurs, connoiflances , cependant
leurs plus anciens auteurs ne font aucune
mention de l ’ufage de Y a im a n t employé en topique.
Les auteurs latins , tels que Gelfe<8c P l i n e ,
tie paroiflent pas l’avoir connu ; G a li e n même
.»ne l ’a pas indiqué.
Le premier auteur grec qui paroît en faire une
mention exprefle , eft A e t i u s d 3A m id a , qui vécut
vers le cinquième flècle. C ’étoit une tradition reçue
de fon temps , fuivant lu i, que les goutteux tourmentés
de douleurs, foit aux mains , foit aux pieds,
s’en trouvoient délivrés en tenant à la main une
pierre d a im a n t , & que. cette fubftance étoit également
utile dans les convulfîons.
Après A e t iu s , plufîeurs auteurs font mention
â e cette manière d’employer Y a im a n t extérieurement.
A le x a n d r e de T r a i le s aflure qu’elle
guérit les douleurs des articulations* en la portant
fur foi. Parmi les arabes , H a l i A b b a s prétend
qu’ elle remédie aux douleurs des pieds & aux
fpafmes* ,• étant fufpendue au cou , ou tenue à la
main. Suivant M a r c e l l ’em p ir iq u e , elle calme les
douleurs de tête , étant attachée au cou, ou à
quelque partie qui en foit vôifîne.
Les auteurs qui ont écrit depuis la renaiflance
•les lettres, ont adopté en grand nombre les aflêr-
lions des anciens fur cet objet. Ainfi , G ilb e r t &
le père Cu bé e qui citent H. a li -A b b a s , S to c k e rus ,
qui rapportent le paflage d A e t i u s , & plufîeurs
autres auteurs, font mention des propriétés qu’on
„avoit attribuées à la pierre d a im a n t pour diffiper
les maux de tête, remédier aux fpafmes, & calmer
les do'uleurs de goutte. R a t t r a y la vante
.comme ayant la vertu de diffiper la céphalalgie,
jH o u llie r rapporte , d’après le témoignage des anciens
, qu’en ,1’appliquant contre la tête , elle en
calme les douleurs. B o e t iu s , M y lins , & beaucoup
d autres font auffi mention de cette propriété.
Suivant K ir c h e r , la pierre d a im a n t portée au
cou pafloit pour avoir la vertu de guérir les
fpafmes, de calmer les douleurs de nerfs , & de
favorifer l ’accouchement , étant tenue â la main.
On trouve cette dernière vertu confignée dans plu-
fieurs auteurs, notamment dans B o e t iu s . Ettmidler,
qui en a fait mention , ajoute , d'après P ie r r e
B o r e l, que la pierre d a im a n t portée au cou
exempte les femmes de la fuffocation de matrice ;
8c fuivant Z v s in g e r , qu’elle remédie aux fpafmes
©ccafionnés par les vents, fp a fm o f la tu le n t o . Le
même B o r e l rapporte qu’on s’en fervoit auffi contre
les douleurs des dents , des yeux, & des oreilles,
mais que l’on cachoit la manière de l’employer.
Cette manière confiftoit à frotter ayec Y a im a n t
les parties affe&ées.
Toits les auteurs , parmi ceux du moyen âge
que no,us paflons ici en revue, ne fe font pas contentés
de recueillir de la forte de Amples paflages
épars & ifolés dans les anciens. Quelques-uns
fe font occupés du foin de faire fructifier & d’étendre
cette doétrine. On n’avoit jufqu alors reconnu
d’autre aétion à Y a im a n t que fur les nerfs ,
ni d’autre efficacité que celle de remédier aux
fpafmes, de calmer les vives douleurs & les convulfîons.
Paracelfe crut devoir l’ étendre aux vif-
cères & aux différentes humeurs fur-lefquelles Y a i -
m a n t lui parut avoir une action non moins réelle ,
mais d’un tout autre genre.
Il attribuoit à Y a im a n t une propriété d’attirer,
qu’il regardoit comme très-importante & très-utile
dans le traitement d’un grand nombre de maladies,
du genre principalement de celles qu’il nommoit
matérielles» Telles étoient, fuivant lu i , les affections
qui avoient pour caufe un principe, qui ;
d’abord concentré dans un foyer particulier, fe ré-
pandoit enfuite dans les différentes parties du corps,
d’ cil il étoit fufceptible d’être rappelé vers le lieu
de fon origine. Paracelfe rangeoit dans cette claffe
les affeClions nerveufes, q u i, comme on l'obferve
en général dans l ’épilepue , naiflent fouvent d un
point détermihé, & fe propagent enfuite par une
forte d’expanfîon plus ou moins rapide , dans toute
l ’habitude du corps. I l comptoit également dans
ce nombre les maladies qu’occafîonnent dans leur
cours les humeurs qui , lortant de leurs limites,
dérivent & fe répandent en donnant lieu à ce que
les anciens ont nommé f l u x ou f lu x i o n s . Dans
ces différentes circonftances , Paracelfe reconnoif-
foit dans Y a im a n t la propriété d’attirer le principe
morbifique , & de le rappeler vers fa fource
naturelle. I l attachoit la plus grande importance
à une. pareille reflburce, la véritable güérifon de
ces maladies confiftant, félon lui , à travailler &
mûrir les humeurs contre nature qui les produifént,
à les préparer à être évacuées : élaboration & préparation
qui ne pouvoient être mieux opérées qu’en
rappelant 8c contenant ces humeurs dans leurs foyers
propres & particulier?»
Fondé fur ces principes, Paracelfe vantoit l ’efficacité
de Y airpatit àzns les. divers écoule mens, foit
lymphatiques , foit fanguins, qui font particuliers
aux femmes , dans les différentes efpèces de diarrhée
& dans les hémorragies. Il le recomman-
Hoit également pour épuifer ou tarir la fource des
humeurs , q u i, dans l’hydropifie , s’épanchent dans
le tiflu cellulaire, ou qu’on voit dans la jauniffe
fe porter à la furface du corps. Dans les fluxions
fur les yeux , les oreilles, le nez , la bouche, ou
fur les membres, Y aimant, fuivant lui , eft un
moyen unique d’opérer la revuifîon. Quand ces
humeurs fe font jour à l ’extérieur , & produifeut
dés plaies , des fiftules, des ulcères cancéreux ou
fiftuleux, on doit, dans le traitement, avoir recours
a l ’aéüon révulfîve de Yaimant.
Dans les affeétions nerveufes , Y a im a n t , fuivant
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