
en verd. lien eft comme de Toi- ge , elle eft très-
fü jette à s'échauffer ; auffi rie la range-t-011 & ne
la diftiibue-t-on qu’en très—petits paquets. C’eft ,
au furplus ,• le tremêne des Normands, qui èn font
manger la première poufle en herbe & qui,réfervent
le fécond produit pour l ’hiver : ce foin exige
les mêmes précautions que la luzerne.; & la ration
peut en être portée au même poids, toujours d’après
les diverfes confiïrerations que nous avons indiquées
ci-devant & fur lefquelies on doit le régler.
! Ce trèfle eft moins- fucculent que le grand
trèfle d’Hollande. Un arpent de terre ordinaire,
femé de ce même grand trèfle, produit en fourrage
fec autant que la luzerne, & dans un terrain
fupérieur la produdtion en eft double. On le donne
en vert avec fuccès à des chevaux qu’on a intention
de rétablir, & on l'adminiftre de la même
manière que nous adminifirons le vert-d’orge (Voy.
v e r t - d’or g e) ; il eft beaucoup plus nourriffant
& moins purgatif.
Il y a encore une foule de plantes qui peuvent
être employées à compofer des"prairies artificielles
, nous en parlerons à leurs articles ; nous
renvoyons également pour les différens mélanges
récoltés dans les pays & dans les cantons qui manquent
de fourrages ordinaires , tels que le b i f a ï l ,
la drapée ou dravie, Yhouara, l ’hivernage, &c.
&c. Il eft inconteftable, au furpTus, que ces efpè-
ces de fourrages iie font réellement propres qu’aux
chevaux qui y ont été habitués dès le bas âge,
&; que l’eftôraac des chevaux faits s’y accoutume
plus ou moins difficilement, & dans un efpace de
temps plus ou moins long , félon la qualité' des
'alimens dont l*ufage, dans le cours de leur vie,
a précédé ceux-ci.
On trouvera de plus grands détails fur les prai-
fies artificielles \ dans un traité de M. Gilbert,
prpfefTeur à l ’Ecole royale Vétérinaire de Paris,
imprimé dans lés Me'moires de la Société royale
d’Agriculture de Paris , trimeftre d’hiver & de
printemps 1788 & publié depuis féparément chez
la' veuve', d’Houry & Debùre | en 1785», in -8°. ,
qui a remporté le prix propofé par la Société fur
cet objet ; on pourra confulter auffi le Diclion-
‘11 aire encyclopédique d’agriculture, par M . l ’abbé
Te (fier. ■
‘ " Quant aux herbages ordinaires ou prés naturels,
dans tefquels on jette quelquefois les chevaux faits,
foit pour les rétablir à la fuite de quelques maladies
internes ou externes , foit par économie , iis
ne font nullement convenables à ceux en qui les
liqueurs font épaiffes , abondantes , dont l’habitude
du corps eft mollafle & fpongieufe ; en général ils
relâchent les fibres & les affoiblifTent ; on en a la
preuve dans les poulains, qui, ayant été trop longtemps
dans les pâturages & mis au fec trop tara ,
forment des chevaux ordinairement mous , débiles,
& pareffeux, ainfi que dans les boeufs & autres
animaux tenus conftammeot à cette nourriture
njolle ; fi elle- les engr'aiffe, les fucs qu’elle engendre
les difpofent a toutes les maladies qui
lont la fuite de la cachexie, de la laite ophlegmatie,
& fur tout aux engorgemçns des poumons, du foie,
&c &c. (Voyez Engrais.) '
On peut cependant mettre à Vherbe, des chevaux
dans la même intention que l’on a quand 011 cioit
devoir leur donner le verd, c’eft-à-dire, pour les
rafraîchir, pour les purger, pour les rétablir, pour
-les remettre en chair, &c. Les y laiffer toute l ’année
3 c’eft en affyrer le dépériflement, les maintenir
dans un état de folblefl-e qui ne leur permet
pas de réfifter au plus léger travail, & donner lieu
au développement des maladies dont nous venons
de parler. Du refte, l’herbe nouvelle convient parfaitement
aux animaux qui font fujets à des embarras.
dans les reins , â des ardeurs d’urine, à la
dyfurie, à . la firangurie , aux tranchées qui les
fuivent, &c. Elle a dès les premiers in orne ns de
fon jet ou de fa croiffance , un caractère favonneux
qui ia rend très-fôiutaire en pareilles circonfiances,
& même efficace contre le calcul. On obferve fou-
vent, que les boeufs nourris dans l’étable & que l’on
tue l’hiver ont des pierres dans le foie, dans la
véfîcule du fiel, dans les conduits biliaires, & même
dans la veffie & quelquefois'.dans l ’urètre; o'ri n’en
trouve que très-rarement dans ceux qui ont d’abord
été jetés dans lès pâturages. (Voyez'les mots
B é so ard , C a l c u l , C o n c r é t io n , Pie r r e , &
ceux P â t u r e , Pr a ir ie , P r é . )
De la quantité' des alimens folides. -
L’unique but que l’on doive fe propofer dans la
difpenfation des alimens , eft de maintenir les animaux
en chair & en état de travail ; ils ne doivent
être ni trop gras ni trop maigres ;.le premier état
ne peut avoir lieu que .pour ceux deftinés à la
nourriture de l ’homme , & ce n’eft pas ce qui
nous occupe ici (voyez -En g r a is ) ; le fécond,
eft un état maladif qui ne permet pas de tirer de
l’animal tout le fervice auquel il eft deftiné par
la domefticité. (Voyez A t r o ph ie , M a rasm e.) La
difficulté d’apprécier la quantité convenable de ces
différens alimens, naît de ce qu’elle ne peut être
envifagée comme dangereufe & nuifible en elle-
même & abfolument ; elle n’eft telle que relativement
aux diverfes forces motrices des individus &
des organes de la digeftion. Ce qui excède dans
quelques- uns , eft modéré dans d’autres : or ce n’eft
que par une exaéte attention aux effets de la nourriture
, même la plus appropriée, qu’on peut juger
de la proportion qui en rend la quantité innocente
, fuffifante ou préjudiciable. Tel animal
mange beaucoup, & fe nourrit moins que celui
qui mange peu, parce que, félon la force des organes
digeftifs , il peut fe former plus ou moins
de chyle d’une plus ou moins grande quantité d’<z-
limens, & que quoiqu’ils renferment eu eux-mêmes
un fuc louable , là nutrition en dépend moins que
de leur parfaite diffolution dans le ventricule.. Nous
voyons des chevaux voraces toujours maigres ; ils
mâchent peu ; & une des conditions de la bonne
digeftion eft la maftication , & un mélange abondant
de la falive avec, les alimens, dont elle eft lé
premier & le vrai diffolvant, l’aélivité de cette
liqueur, lorsqu’ils en font pénétrés, mettant l’efto-
mac en état d’en achever &. d’en confommer la di-
vifion. Les premières voies dans ces fortes de chevaux,
ainfi que dans ceux en:qui% l ’eftomac eft débile
, foit à raifon de leur conftitution naturelle, foit
â raifon de quelque dérangement, foit à raifon enfin
d’un âge avancé, font toujours remplies dt crudités
qui s’annoncent ou par des borborigmes, ou par des
gonflemens, ou par des dé je étions fréquentes, fétides,
l'emées de fourrage, & fur-tout degrains peu ou point
digérés, & qui, comme nous l’avons dit en parlant
de i’avoine , ont confervé toute leur vertu germina-
trice, ou enfin par des maladies plus ou moins
fériedfes , & dont l ’iffue eft toujours plus ou moins
funefte.
Outre ces confédérations, il faut aviâr égard à
l ’âge , au tempérament, & à la taille de l’animal ;
on ne nourrira point les poulains comme les chevaux
faits, non feulement parce qu’on n’exige d’eux
aucun travail, mais parce que leur eftomacn’a pas
encore acquis toute fa force ; ie_cheval formé &
qui travaille, doit être plus fortement nourri que
celui qui eft vieux ou avancé en âge ; mais dans
celui ci les alimens doivent être de plus facile digeftion.&
plus, fubftanciels. Le cheval ardent , vif
& fanguin, doit être nourri modérément, il faut
lui ménager fur-tout l’avoine & le foin ; on préférera
pour celui qui eft phlegmatique & mou,
les alimens fecs' & peu nutritifs. Quant à la taille,
fi, par exemple, l ’on accorde chaque jour â an ch e vaille
carroffe de cinq pieds, & qui eft affujetti à un
exercice continu, ni trop ni trop peu violent, une
botte de foin du poids de neuf à dix livres, deux
bottes de paille du même poids, & trois quarts de
bôiffeau d’avoine , mefure de Paris , on doit èn donner
davantage au fort cheval de charrette, & diminuer
en proportion au bidet ou au cheval-de feile ; &
fi les uns & les autres joui fient d’un long repos,
ou font tenus à une fatigue plus forte, dans le premier
cas on diminue la ration, & dans le fécond on
l ’augmente, en n’oubliant pas néanmoins ce qüe
nous avons dit précédemment, que la furaboridance
des alimens les plus convenables eft plus perni-
eieufe que la mauvaife qualité, quand ceux-ci font
donnés, avec prudence & en proportionnant cette
même ration, toujours d’après l’étude & i’obferva-
tion du tempérament, fur la fomme du travail au
quel on foumet les animaux, ou fur la fomme des
pertes à compenfer.
Toute règle générale qu’on voudroit établir pour
la fixation du poids & de la quantité de la nourriture
, fouffriroit encore une infinité d’autres exceptions,
telles que celles qui. réfultent des différentes .
efpèces de climats, du' fo l, des faifons , de la nature
& de la qualité plus Ou moins nutritive du fourrage
employé, Sic. &c. Non feulement, par exemple
, le foin amollit les chevaux & les rend lourds
Sc pareffeux ; mais il avale le -ventre à ceux qui
ont quelques difpofitions à ce défaut, il en altère
le flanc; & fi les poumons, qui font le preihicr
& le principal inftrument' de la fangüification, ont
effuyé des dérangemens à raifon d’une càufe quelconque
, la circulation pulmonaire deviendra toujours
plus difficile à proportion que le cheval mangera
plus ou moins de cet aliment ; les fucs abondant
qu’il fournit, ne feront jamais allez élaborés,
dans ce vifeère ; il agit, à là vérité, vivement
fur eux pour' leur donner la Qualité d’un fluide
animal, mais auffi ils réagiflent fortement fur lui ;
s’ils offrent plus de réfîftance qu’il n’a de' force ,
ils le furchargent, & c’eft ce que nous voyons dans
les chevaux en qui ce fourrage hâte les progrès
de la pouffe , &• qui fouvent'- éprouvent des crifes
qui tiennent de la fuffocation , lorfque cette nourriture
ou même toute autre leur a été prodiguée.
Comme elle eft très-alimenteufe , on en donne en
plus ou moins grande abondance â ceux qui font
étroits de boyaux , & à peine en àccorde-t-on quelques
poignées à ceux dont on fufpeéte le flanc; par la
même raifon, on doit être plus fob.re fur fon ufage
en été qu’en hiver, dans les pays chauds que dans
ceux qui (ont tempérés ou froids, &c. En Efpagne
on n’en donne point aux chevaux, & l ’on prétend
que c’eft ce qui fait qu’ils y ont généralemment
les jambes sèches & la chair ferme, qu’ils y font
rarement fujets à la gourme, Sn qu’on n’y connoît
prefque point la pouffe.
D e s alimens liquides.
L e s alimens l iq u id e s ne fo n t p a s m o in s n é c e f -
fa i r e s q u e l e s alimens fo l id e s à l ’ e n t r e t i e n d e l a v i e
d e s a n im a u x , & l a b o i f f o n e f t u n e d e s c o n d i t io n s
a b fo lu e s de l e u r e x i f t e n c e ; m a is a u t a n t l e s alimens.
f o l id e s fo n t d iv e r f î f ié s ,. a u t a n t l e s p r em ie r s
fo n t u n i f o rm e s . L ’eau eft l a b o i f f o n g é n é r a l e &
l a p lu s o r d in a i r e .
D e l ’eau.
. I l feroit affez difficile^ de concilier les, idées
d’Arifioie & celles que l ’on doit fe former des
effets que ce fluide produit dans les corps animés.
Selon ce philofophe , les chevaux & les chameaux
boivent l ’eau trouble'& épaifTe avec plus de plaifir
& d’avidité que l ’eau claire ; la preuve fiir laquelle
fon opinion^paroîf appuyée, eft i’a&ion de ces animaux
, q u i, dit-il, la battent & la troublent eux-
mêmes avant de boire (1).
N o u s d e v o n s o p p o f e r i c i l ’ e x p é r ie n c e à l ’ au to »
' r i t e . P r é f e n t e z a u c h e v a l d e l ’eau trouble, in o d o r e
& fa n s m a u v a i s g o û t , & ,d e l ’ e a u p a r f a i t em e n t
l im p id e , i l .'s’ a b r e u v e r a in d i f f é r em m e n t d e l ’ u n e &
d,e l ’ a u t r e ; c o n d u i f e z - l e d ans u n e r iv iè r e , s’ i l e ft
(1) Hijloire des animaux, tome 1 , livre 8, .chapitre 83
page 430 i & chapitre 24, page 51? , édition de M. Camus,