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fêchec à l ’ombre. Lémery préfère le fel ammoniac
pour corriger l’agaric, La dofe de ces trochifques
eft depuis quelques grains jufqu’à un demi-
gros , & même un gros.
Il faut obleryer que, l ’agaric , quelque fec qu’il
foit , ne peut pas fe réduire en poudré comme
beaucoup d’autres fubftances ; on le- frotte -pour
cela fur un tamis de crin dur , & on reçoit Tefpèce
de râpure fine que forme le crin, fur une feuille
de papier. ;
U agaric entre dans la thériaque, le mitrhri-
date , la confection hamech , 1 niera picra , les
firops purgatifs , l’extrait pancliymagogue , les
pilules de Rudius , &c. ; les trochifques entrent
dans les pilules angéliques. Des trois préparations
qu’on fait avec Y agaric, lavoir les trochifques,
la refîne par l ’efprit- de- vin, & l ’extrait par. l’eau ,
nous avons vu qu’il n’y avoit que les 'premiers ,
qu’on employoit encore allez rarement ; la réfine
très -âcre , eft peu en-ufage, l’ extrait n’a que
très-peu de. vertu. Les médecins n’ont pas employé
l ’extrait préparé par l’alkali à la méthode
de Boulduc. [M , DE F o u r cr o y . )
A g a r ic de chêne. {Mat, médic, Chirurg. )
U agaric de chêne, nommé par Ray agaricus
pedis equini f'açie ; par G . Bauhin , fiingus in
caudicibus - nafeens unguis equini figurâ ; par
3-iinneus , boletùs igniarius, & què l ’on appelle
.‘en François amadouvier , croît fur les vieux chênes,
& fur les troncs des charmes * des ormes r des noyers,
& de beaucoup d’autres arbres. Il eft épais, couvert
d’une écorce dure , calleufe , ou plutôt ligneufe ,
d'\me couleur brune noirâtre lorfqu’il eft nuit;
fa furfaCe inférieure eft percée d’un grand nombre
de pores , & devient facilement caftante par la
deffîccation. La partie moyenne ou la chair proprement
dite de cette efpèce de bolet eft fon-
gueulè , molle , douce au toucher , d’une couleur
jaune plus ou moins brune ;- elle ne fe
defleche jamais comme l’écorce & la partie po-
reufe.
Ç’eft avec cette plante que l’on prépare l ’amadou
: on enlève l ’écorce, on bat la partie charnue
avec des maillets : on la fait bouillir dans
une diflolution de nitre, on la fait lécher ,, on la
:bat une fécondé fois , on l ’imprègne de nouveau
d’eau nitrée ; lorfqu’èlle eft bien sèche, on la
frotte avec de la poudre â tirer , & on la con-
ferve pour l’ufage.
/ M. Broftard, chirurgien de la Châtre en Berry,
propofà, en 1750 , îufage de.ee champignon ,.
pour arrêter les hémorragies des artères, & pour
tenir lieu de la ligature. On répéta fes expériences
à la Charité, aux Invalidés, & dans plu-
fieurs maifons particulières;. elles eurent beaucoup
de fuccès. M. Grandclas 8c M. Poulletier de la
Salle en firent fur les animaux , & lé convainquirent
de l’utilité dé ce moyen. Suivant la r$-
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marque de M. Poulletier de la S a lle , ce topique
fait contracter l'artére fur laquelle on l’applique
, rétrécit fon diamètre, & forme le caillot
nécelTaire pour boucher le vaifléau. MM. Faget ,
Morand , & Andouillé, conftatèrent ces heureux
eflais à Paris, ainfi que MM. S, Sharp , Warner,
& P-arfons en Angleterre. M Andouillé s’en eft
même fervi avec avantage pour arrêter le fang
dans les amputations de la euifle , ayant eu foin
de faire tenir le tourniquet ferré en appliquant
l ’agaric, M. Plenck a obfervé , qu’à l ’aide .de
l ’agaric on n’avoit pas befoin d’une fi- forte
preflîon. Cependant MM. Parker .& Sharp l’ont
employé fans fuccès dans-la même opération. D il-
lenius n’avoir pu parvenir autrefois à' arrêter l ’écoulement
du fan g produit par les fangfues appliquées
à l ’anus , au moyen de ce remède. G. Néale,
chirurgien anglois || crut auflî reconnoître l-’infuffi*-«
fahee de ce moyen, dans beaucoup d’opérations*
Bergius affure qu’il eft inférieur à l’ufage de l ’éponge
cirée ; aujourd’hui on y a fubftitué le pain
de fourmis {voye\ ce. mot ) ;• mais il eft cependant
reconnu que l’ufage de l’agaric de chêne-
peut être fort utile dans un grand nombre de
cas.
MM. Vicat & Bergîus ont remarqué que ce n’èfE
point par une propriété vraiment aftringente que
l ’agaric arrête les hémorragies; & il eftr aifé
de concevoir, par la néceflîté de l ’appliquer fur
l ’ouverture même fie l’artère, d’en mettre plu-
fieurs morceaux les uns fur -les autres, & de l ’af-
fujettir par. un bandage un peu. ferré , que c*eft à
fon tiffu fpongreux , & à la propriété- de fe
gonfler & cfoppofer une forte réfiftance au fang
qu’eft /dae fa prétendue propriété aftringente*
Auflr eft-il très-fîngulier que quelques per-
fonnes de l ’art aient eflayé de le donner à l ’in?—
térierçr dans les pertes & les hémorragies. M. Bergius
obferve, à cette occafion, que l ’infufîbn cfe
l’agaric amadouvier eft rougeâtre r défagréable , 2c
ne précipite point le vitriol. Cependant M.. Mon—
tet afture qu’on s’en fert dans la teinture ;- mai»
il eft vraifemblable que ce n’eft pas la. même
efpèce, ou que dans quelques pays cette plante
cryptogame acquiert des propriétés qu’elle n’at
point dans d’autres.
M. Broftard préparoît Yagaric par la Ample-
contufîon de fa partie fongueufe ; on. doit le battre
jufqu’à ce qu’il devienne très -mou-& très-facile
à déchirer. L’amadou, qu’on, trouve par-tout,
peut fervir au même nfage.
Quelques médecins l ’ont recommandé dans les
ulcères ; ils l’ont auflî co’nfeillé dans la dyffènte4-
rie : mais, on ne l ’emploie point dans ces cas ,
& fon ufàge doit même être regardé comme fijfpeg
-
En 17 f z , Herment propofa , dans une thèfe
fou tenue à la faculté de Médecine de Paris, l’ap-
plicatiôn de l’efpèce de champignon connu fou$
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le nom de vefle-loup , fiingus\ rotundus orbicu-
laris de G. Bauhin ; Lycoperdon bovijld de
Linneus, pour arrêter les hémorragies extérieures ; -
Jean Bauhin l ’avoit recommandé d’après les allemands
; Nuck l ’avoit confeillé dans Tânévrifme ,
& Craton dans le flux hémorrhoklal ; les françois
en avoient fait beaucoup d’ufage dans le dix-fep-
tième fièclë , & il avoit été peu à peu oublié.
Lafôfle arrêta l ’héuiorragie produite par la coupure
d une grofte artère a’uri cheval par l ’application
de ce remède ; & il publia fes expériences
en 17*4-
Voilà donc deux fubftances fongueufes fnccefli-
vèment vantées & rejetées. Aujourd’hui c’eft le
pain de fourmis qui eft le plus employé : ne peut-
on pas prédire qu’il fera remplacé par un autre,
quoiqu’une réflexion fimpiè fuffife pour faire concevoir
que toute fubftance végétale rongùeufe , d’un
tiffu fpongieux, dilatable, & fufceptible de rete-,
nir le fang coagulé , remplira également le même
tifage ? Auflî l’expérience a-t-elle appris que tous
les champignons ou les bolets, d’un tiffu égal
& mou , produifoient abfolument le même effet.
( M . d e F o u r c r o y *)
A g a r i c m i n é r a l . Mat. médic.
L ’agaric minéral eft une terre calcaire blanche
, très fine , très-légère , fpongieufe , qui fe
broyé très- facilement, qui fe délaye dans l ’eau ,
& qu’on trouve plus ou moins abondamment dans
tous les pays ou la craie eft abondante ; c’eft particulièrement
dans des cavités fouterraines & dans
des fentes qu’on le ramafte ; il y eft dépofé par
l ’eau , qui, quand elle en eft encore chargée , eft
blanche & porte le nom de lait de lune ; cette
matière, confîdérée comme médicament ^ eft un
fimble abforbant; la propriété d’augmenter le lait
des nourrices, qu?on lui avoit attribuée autrefois,
ne pourroit être fondée , comme le remarque Car-
theufer, que fur celle d’abforber & de détruire l ’acide
des premières voies , qui peut nuire à la formation
du lait. On ne fait plus d’ufage aujourd’hui
de l ’agaric fojjile ; la magné fie remplit mieux
l ’indication d’abforbant. ( M . d e F o u r c r o y . )
A g a r i c b l a n c . L ’agaric blanc , donné en
poudre dans, le miel, a produit de bons effets dans
les animaux attaqués d’une toux grafîe & cf’alïec-
tions catarrhales, en facilitant l ’expeftoration &
le dégorgement des poumons.
Il a rétabli la fécrétion de l ’urine interceptée
par l’épailfîflement du fang & la foîblefte des
vifeères uropoiétiques : dans ces cas, on en don-
noit tous les matins à jeun l’infufion faite pendant
la nuit dans l’eau chaude.
I l a paru auflî agir avec fuccès dans les animaux
attaqués de cette efpèce de ftupidité, ou
de coma , que les maréchaux appellent immobilité*
A g A
Enfin ort peut encore fe fervir de cette fubfr
tance en poudre , au défaut de l’agaric de.chêne t
pour arrêter les hémorragies. C ’eft un bon ftiptique* .
( M. Hu z a r d .)
A g a r i c df c hê s e .^ T o ÿ q A m a d o u .
( M. H u z a r d .)
A G A T E . Mat. médic. Uagate eft une
pierre filiceufe ou fcintillante, qui a une demi-
tranfparence & une caffure légèrement écailleufe.
On fait que cette pierre eft: formée, comme le
c a i l l oude couches arrondies , appliquées les
unes fur les autres, & concentriques ; qu’elle eft fufceptible
d’un très-beau poli , qu’on en trouve de
beaucoup de nuances, &c. Autrefois on regardoifc
des pierres fort voifines de Y agate comme de vraies
pierres précieufes. Telles font en particulier la
fardoine , la cornaline, & l ’onix , qui fàifoîenfe
enfemble un des cinq fragmens précieux.
On attribuoit à ces pierres de très-grandes vertus
cordiale , alexitère , carmrnative corroborante
, aftringente , anüfpafmqdique. On trouve
encore dans Schroder, dont la pharmacopée a fervi de
guide pendant long-temps, l’expofé de ces prétendues
propriétés. Lemery , en lui en refufant la plupart ,
lui accorde celle d’arrêter les Gours dé ventre &
les dyflénteries. Geoffroy a prétendu que, malgré
l ’avis de beaucoup de médecins , ces pierres
n’étoient pas deftituées de vertus -r que leurs parties
colorantes & métalliques pouvoient agir fur
l ’eftomac; que leur indiflolubilité n’étoit pas une
preuve de leur inertie. Ces raifonnemens font une
tache dans l’ouvrage de Geoffroy ; mais il Ta en
grande, partie effacée , en obfervantà la fin de fora
chapitre fur les cinq fragmens précieux , que la1
plupart des vertus qu’on vante dans ces remèdes ,
font incertaines & imaginaires.
Nous ajouterons à cela que, quoique bien por-
phyrifées , ces pierres font capables de produire
beaucoup de mal par- leur extrême dureté & le
tranchant de leurs angles ; qu’on doit les bannir
de la pratique de la Médecine , & qu’i l n’y a
qu’une ignorance abfolue ou une fùperftition ridicule
, qui puiflent encore les faire regarder comme
médicamenteufes. ( M. d e F o u r c r o y . ) ‘
A G A TH A R C 1DES. Sous Ptolémée Philo-
metor ( dit le Clerc ) , qui commença à, régner
en Egypte ( l’an 180 avant notre ère ) , on trouve
\yo Agathaicides , hiftorien & philofophe. Ce
qui nous oblige de le mettre au rang des médecins
de ce temps-là, quoiqu’il ne fut pas de cette
profeflîon , c’eft qu’il avoit écrit une hiftoire dans
laquelle il parloit d’une maladie dont Hippocrate
ni les autres médecins qui avoient précédé cet
Agatharcides j n’avoient rien dit. 11 s’exprime
ainfi ;
« Les peuples qui habitent autour de la mer
» Rouge, font fujets â une maladie particulière.