
que les pafilons de l ’ame. ( Rivière ,
cent. 4 j obf. 57 ; Schelamer, jv. 180; Pechlin,
/. 3 , obf. 23 £• 24 ; & Gottlieb Ephrdim Bernerus
, de ejficaçiâ & ufu ne ris , verfus finem ,
Z72 tracîatu de fungo mammarum cancrofo ,
404 , 407 , édition d’Amfterdam , 1723 ,
V i f e etinm 3p . 4 15 .) On peut aufiî cpn-
lulter fur cet objet le tome 9 des épheme'rides
d Allemagne, on y trouvera plufîeurs exemples
de perfonnes dont les cheveux font devenus blancs
furie champ, à la fuite de frayeur, ou qui font
devenues muettes , apoplectiques 3. d’autres qui ont
perdu la mémoire, qui ont eu des hernies, des
paralyfîes de l ’inteftin .cæcum , du colon , &c.
( ce que j’ai vu , & dont 011 trouvera une obfer-
vation dans le t. 4 des tranlàélions philofophiques ) 3..
des femmes qui ont fait des fouffes couches ,
éprouvé des pertes , à la fuite de grandes peurs.
V oy e i au fil le traité de l ’expérience du favant
Zimaiermam , t. 3 , tradu ctio n de M. le Febvre
de Viliebrune , p . 249 & fuiv. T e ls Æ n t les
effets des paflîons v iolen tes 3 mais les modérées
peuvent quelquefois guérit certaines infirmités ,
ce qui a fait dire au célèbre G u n tz , mon ami-,
premier médecin du roi de Pologne , dans fon
commentaire ., fur le livre • d’Hippocrace de hu-
moribus. (Jbipjzce 174^ , in^8°. p. 217 à 219-) ,
que les pafiipns inopinées , que les terreurs qui
ne font pas tro p fortes, peuvent contribuer à guérir
la paralyfie càufée par d’anciens rhumatifmes, la fciu tiq ue , l ’hydrophobie , le. flux de £mg,. les
fièvres quartes , les fanglots , & les hernies.
( V'Qyt\ aufiî- Bemerus déjà cité.) U n homme fut
guéri de la goutte par la peur 3 un autre fut tiré
d n u accès1 d’épilepfîe par le bruit d’un piftolet
tiré à fes côtés. - * : ..
Mais une chofe remarquable , c’eft que la même
paffion produit différens effets dans différens tem-
péramens. Marc Aurele Se vérin, de abfcejfuum
reconditâ naturel p. 15)7 , d’après Schenchius,
rapporte qu’une religieufe ; fe voyant entourée de
foldats ennemis qui av cien t l ’épée nue,. fut tellement
effrayée, que fon fang fortit par toutes
les ouvertures du corps 3 & qu’elle perdit la vie
en préfence des ennemis. Au contraire , nous
voyons chaque jour que chez ceux qui font a fiez
tranquilles & penfîfs , avant de fe faire fâigner,
le fang fort- avec peine, & quelquefois goutte à
goutte.
Les pallions delà* crainte, de la terreur, ont
été quelquefois falutaires, ainfi’ que le prouvent
les obferva-tions fuivantes.
Vanhelmont, dans fon traité , Demens idea ,
n°* 4 7 , rapporte que plufîeurs hydtophobes. ont
été guéris dans l ’eau froide, en les y plongeant fans
les en''prévenir j que l ’effroi 'fubit & la crainte
de la mort changea le fenforium commune , &
ils furent guéris de l ’idée fauffe qui les tenoit auparavant.
Les maniaques, & ceux qui font atta-
que's d’un délire amoureux , peuvent être guéris
par cette méthode r quoiqu’il fort nécefTairÊ efli-
fuite de guérir le corps. Le même auteur rap»
porte plufieurs guér-ifons d’hy.drophobes & de ma**
niaqnes guéris en les plongeant dans l ’eau froide y
d’où l ’on peut conclure qu’il eft faux que ce foit
l ’eau de mer qui guériffe l’hydrophobie ,, en y
plongeant ©es fortes de malades.
Nous avons vu plus haut que la terfeuF ■ & la
peur caufent la paralyfie 3 mais il y a- des obfer-
vations qui prouvent que cette paffion guérit la-
même maladie. Les effets de cette paffion fuivent
toujours la difpofilion dü corps. Un homme eft’
attaqué d’hémorragie ou de paralyfie. à la fuite-'
de la peur j toutes les parties folides fe relâchent
& le' corps refte dans cet état. La même paffion,-.
mais' dans un- degré moindre^ fait con'tradler les
nerfs des parties affligées d’hémorragies ou de paralyfies
3- en forte que la circulation' s?arrête,
ainfi que l’hémorragie , & la paralyfie des mufcles '
cè^^e.•
Salmuth , cent. 1 ', obf. 48 , rapporte qu’un
goutteux , ayant le pied’ couvert d’un cataplafme
de navets , pour adoucir fes-douleurs ,.■ vit entrér un
cochon dans l ’endroit-où il étoit, lequel fe mit à
manger le cataplafme 5 ce qui lui caufa une telle
frayeur, qu’il fe mit â- fauter & à courir,..& fes
douleurs s’évanouirent. Au fiége de Sienne, en/
1555, un boulet, qui-paffa très près-du marquis
de Marignac, "lui donna tant d’effroi , qu’il fut
guéri de la goutte dont il étoit tourmenté.
Mille obtervations atteftent que les fièvres intermittentes
fé guériflent quelquefois par ces pafo
fions violentes. Dans le fécond voyage que Yafco
du Gama fit dans l’inde , fon.vaiffeau toucha la-
terre 3 il? y avoit fur fon bord plufieurs fébricitanç, ■
qui eurent une telle frayeur, & furent dans une'
fi grande confternation, qu’ils furent tous* guéris-'
de la fièvre.; •
Une femme fut guérie d’un.e defeente dé ma»-
trice qu’elle avoit depuis dix-hüit mois , & dont'
on défefpéroit , par l ’effroi' que lui caufa une'
foiiris qu’on gliffa fous fes jupons,- fans qu’elle
s’y attendît.
Je poun ois copier ee qui fe trouve à ce fujet
dans le tome 9 des Ephémérides d’Allemagne ,
p. 1 ’ 4 & 1 -i y 3 mais je penfe qu’il fuffit de fa-
voir que la même paffion , dans différens degrés:
de force, dans différentes-conftitutions-, peut produire
ou guérir ces mêmes infirmités.
On demandera- fi les médecins peuvent , avec’
fureté, exciter ces paflîons , & les employer pour
la guéri fon' de certaines maladies , telles que le-
flux de fang la paralyfie,. les hernies, l ?hydro-
phobie, la manie, & les fièvres intermittentes : je
penfe qu’ils ne doivent pas employer ces moyens
violens .dans la pratique , lorfqu’ils peuvent employer
des moyens plus doux : mais s’ils n’en
avoient pas d’autres ils pourroient s’èn fervir 5
il eft néceffaire de le faire dans l ’hydrophobie &
la manie : mais alors on doit exciter ? dans les
îüalades , les pa-fiions les moins dangereufes, telles' ■
que la colère & l’efpérance , dont nous parlerons
plus bas.-
Nous avons- déjà- dit q\ie la crainte que nous
avons de commettre des aérions contre notre réputation
f ou contre notre confervation ,-s’appelle
ycfecundia, honte 3 & que la crainte que nous
avons d’être diffamés , po-ur avoir commis- des
crimes-, s’appelle, pudeur.
Nous-traiterons de cette paffion comme fymp-
tôme d'e l 'affection hypocondriaque r & nous examinerons
fes effets. Il y a peu d?auteurs qui aient
parlé de cette paffion.
Dans la langue grecque , dette paffion s’ap-
pelle S'vcra'ttlct , ou difficulté de lever les yeux
vers l’objet que l ’on devroit regarder : c-eux qui
font affeétés- de honte reffentent une anxiété vers'
le fcrobicule 3. ils ont comme un noeud dans- la
gorge 3 ils ne refpirent pàs pendant quelques inf-
tans 3 l’ak demeure dans les poumons , &- y acquiert
une plus grande raréfaction y il fo dilate
& comprime les veines pulmonaires , qui portent
le fang au ventricüle gauche 3 & ne fe vi- .
dant point dans le ventricule droit, le fang delà
veine cave fupérieure , qui apporte lé fang’ de la
tête , d’où, il fe répand fur le vifage , ne peut
entrer dans l ’oreillette droite 3 de plus , les nerfs
fe crifpent , & la portion de la feptième paire,
qui fe répand par toute la face ,- comprime les
veines des tempesy ce qui entretient plus de
temps la rougeur de la- peau : le jugement fe
trouble.,- la mémoire fe perd , le pouls varie &
eft irrégulier 3- en même temps l ’on fent dans le
vifage des moùvemens défagréables & douloureux 3
fobs les mufcles fe retirent & fe changent de mille
manières 3 les yeux font hagards,- & l ’efprit-& le
corps font dans l ’abattement.
Je peins cette paffion plus fidèlement qu’une
âutre , parce que je l’éprouve depuis quatorze
ans 3 elle a été la càufe de toutes mes affligions- :
j’ai abandonné la fociété , même' celles des hommes
avec qui j’a’imois à. converfer ,> parce que je ne
me fentois pas capable de fupporter aucun dif—
cours, même ceux de mes dome-ftiques 3 i l ne me
fa llo it , en certains1 temps ,• que la vue d’un
enfant , pour me procurer cette trille fituationv
Ainfi, ceux qui font atteints de cette maladie'
• évitent la foci'été , les affemblées publiques 3 ils-
craignent toujours , ils s’éloignent de la préfence
.des autres hommes, 8c font incapables de remplir
les charges publiques & les devoirs d’un état
. honnête.-
J’éprouvois cette fenfation défagréable toutes les
fois que j écoutois attentivement la relation de
quelque hiftoire , ou le Rapport que l'on me fai-,
foit d’une maladie. C’eft pour cette raifon que
|ff| abandonné la pratique de la Médecine : auffî-
tôt qu’un malade commençoit à qie raconter
.l’état, de fes fouffrances , tous les fymptômes que
j ’ai rapportés m’affîégeoient , 8c i l me toit impoffîble
de porter un jugement fur ce qu’on me
difoit.
La caufe de cette terrible & mortifiante in-
difpofition confifte dans la foibleffe des nerfs & de
l ’elpri-t 3 les hommes- forts & intrépides ne con-
noiffent point tette maladie : on ne l’aperçoit
pas chez les aveugles , ni chez ceux qui ont la
vue courtequoiqu’ils en foient affeâés. G’eft la-
r-aifon' pour laquelle on l’obferv'e' feulement dans
les perfonnes attaqués de mélancolie fans matière,-
ou claez lefquelles i ’homine interne de Sydenham y
qui eft l ’homme nerveux , eft foible & débile.
( Voye\ la belle defe-ription des effets de 1#
triftefle dans le poème de M. Geoffroy.
A t fjnjfîs marbre liquoribùs, &e.
Feu d’auteurs ont écrit ex profejfo de cette maladie
& de fa guérifon. Ce que Plutarque en a:
dit dans fon traité de vitiofo pudore, te réduit
au gouvernement de la vie civile. Celui qui a le-'
plus approché de notre fu je t, eft un portugais,
Antonius - Ludovicus 3 & il en a écrit très-favam-
m ei.it ',- fi on fait attention au fié cl e où il vivoit.«
Son ouvrage , intitulé de occulùs proprietati-
bus , a' été imprimé à Lifbonne en .1540. Ort
trouve à la fin uti traité de viùofo pudore. Cet
auteur étoit très-favant dans la littérature médicinale
grecque & latine 3 & il y avoit alors , en1
Portugal, plufîeurs hommes aufiî inftruks qu’An-
tonïus-Ludôvicus : mais les Sciences y ont dégénéré
, quoique depuis ce temps on ait fondé l ’uni-'
verfité dè Coimbre ,. & quantité d’autres collèges»
dans ce royaume.
J’ai déjà dit que çfe fymptôme de honte , de1
pudeur, de modêftie , eft particulier à l ’hypocon -
driacifme. Un- auteur. ariglois , médecin , M. F le ming
, attaqué de cette maladie , a compofé im>
poème à l ’imitation', de Lucrèce , intitulé nevfo-
pathia., avec toute l ’élégance & la fcience pof-
fible. Il commence fon fécond livre par déplorer
l ’état malheureux des hypocondriaques , qui font?
tourmentés de ce fymptôme , & s’exprime par le s
vers fuiv ans: .
O foHunatos niniium fua fi bond, norint
Queis cérebrum & nervi nativo robore pollent!
Non illïvitoe detrectant munera hontfia ,
Nec loetos hominüm coetus turbafque célébréS*
Sufyscti fibi devitant 0 fugiuntve pavetites ,•
Quippe pudor morbum fequitur. . . .-
« O trop heureux , s’ils favoient eônnoître
». leur bonheur , ceux dbnt le cerveau & les nerfs
»' jouiflent de leur vigueur priraiîive ! ils rie dé-
» daignent pas les doux préfens de la vie j iis ne
» fuient pas les affemblées .brillantes; & Ils ne
» répugnent pas à voir les hommes ; car cette re—
» pugnance , cette boute eft .une maladie ».
L a paffion de la pudeur produit sHez tous Uss