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poffible, l ’intenfité des fymptômes qui caraôéri-
fent ce temps, ou modérer les efforts démefurés
que la nature ( vis vit a , vis medi.catrix natu-
roe ) paroît faire quelquefois à cette époque ; tel
.eft le but important qu’on doit alors fe proposer.
Voye\ Maladie & A ccès. ( V. D.)
A ccroissement. Le temps de l ’'accroiffement
ou de la crQiJfan.ce dans les animaux, eft marqué ,
comme dans l’homme, par des maladies qui leur
font particulières. Il dure ordinairement dans le che-
Valjufqu’à fix ans. Dans cet intervalle la gourme paroît
les attaquer généralement tous. Les chiens font
alors Souvent affeétés d’une maladie convulfive, d’un
véritable chorea fancti vieil , qui les tue .fi on
n’y remédie point, & dont nous parlerons çn fon
lieu ; Thydropifie de poitrine eft alors plus, commune
dans les chevaux, 8c les maladies aiguës ou
inflammatoires y font aufli plus fréquentes. C’eft aufli
pendant ce temps que les vices héréditaires fe montrent
& fe développent. En général , les maladies
qui Surviennent à cette première époque de
la vie des animaux , Tont plus difficiles à guérir,
plus opiniâtres , & plus longues ; mais aufli les
récidives en font beaucoup moins â craindre, fur-
tout lorfqu’il s’agit de maladies chroniques, parce
que l’animal étant fa it, les parties acquièrent plus
de Solidité , plus* de réfiftance, & font moins
fufoeptibles de l ’impreflipn des choies non naturelles.
I l faut , tant que dure 1’accroiffement, être
circonfpeéf fur l’emploi (tes Saignées , même dans
une circonftance de maladie ; elles peuvent relâcher
les fibres , les jeter dans l ’inertie , & en
empêcher le développement. On font dès - lors
1? danger qui peut rémlter des faigoées fréquentes ,
preforites pour les jeunes chevaux par quelques
auteurs. I l ”ne faut pas être moins réforvé fur l ’emploi
des remèdes échauffons , ainfî que fur les
opérations longues & douloureufos. Il n’eft pas
rare, dans les jeunes animaux , de voir Vaccablement
fuccéder aux focouffes violentes excitées par
les uns *& par les autres.
Si dans le poulain le temps de Yaçcroiffenient
p'étoit pas troublé par des migrations fréquentes,
par le changement de nourriture, par un travail
pénible 8c prématuré , non feulement on eonfer-
ÿeroit & cm augraenteroit l ’efpèce , mais on pour-
roit encore compter fur plus de force & de 'durée
de la part dè chaque individu. Loin de fuivre cette
méthode confervafrice , la rareté des chevaux , ou
plutôt la confommation immenfe qui s’&n fait ,
multipliant les demandes , on fe hâte de mettre
le poulain au travail, on lui arraché même quelques
dents de lait polir le faire paroître plus vjeux
qu’il ne l ’eft réellement : l ’accroiffement e.ft interrompu
j les parties extérieures , les vifeères ,
& les facultés ne fe développent pas comme fi
pn eût laiffé plus long-temps la nature en liberté ,
Bc fouvent l ’animal eft ruiné quand il devroit commencer
là carrière j aufli l ’auteur du projet pour ré-
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tablir les différentes efpèces de chevaux & en
augmenter le nombre dans le royaume ( 1771 »
in-11. ), place-t-il avec r'aifon cet abus au rang des
caufes du dépériiTement de l ’efpèce & de la diminution
du nombre des chevaux. ( V . D . de H. )
A ccroissement du palais , Excroissance
du palais.
Dans prefque tous les jeunes chevaux, juqu’â
l ’âge de fix à fept ans, la partie du palais qui
tient aux gencives des dents incifîves de la mâchoire
antérieure , eft épaifle , charnué, & le plus
fouvent de niveau avec ces dents, qu’elle déborde
même quelquefois, fur-tout immédiatement après
la chute de celles de la i t , parce que les autres ,
qui leur fuccèdent , font alors très- courtes, &
comme noyées dans lés gencives. Ce débordement
ou cet accroiffement ne gêne point la maftication ;
la conformation des mâchoires dans le cheval 8c
la manière dont cette action s’exécute, s’y oppo-
font. Le jeu de ces parties n’ étant, dans cet animal
que de côté & d’autre, & non de haut en
bas, ou de devant en arrière , comme dans l ’homme,
i l eft impoflible que cette exçroiffance ( qui n’a
peut-être lieu , comme le penfe M. Boiirgelat,
qu’en çonféquence du relâchement du tiflu muqueux,
continuellement abreuvé par l ’humeur filtrée
& fépârée dans la membrane pituitaire, &
qui fe répand fur celle du palais par les ouvertures
qui lui prçfentent lés fontes incifives ) fe
trouve jamais pincée entre les çfonts, comme le
prétendent beaucoup de perfonnes. Il peut arri-\
ver feulement, qu’après la chute des dents de
la i t , cette partie débordant celles qui leur fuccè-
dent , fe trouvant par conféquent expofçe â, la
preflîon des fourrages plus ou moins folldes dont
l ’animal fe nourrit , devienne douloureufe , 8c l ’empêche
de manger jufqu’à ce que les dents la débordent
à leur tour , ou qu’elle ait acquis aflez
de force pour réfifter 8c être infenfible aux impre£*
fions des corps durs.
Quoi qu’il eij fo it, dès qu’un animal eft dégoûté
, on lui examine la bouche : fi on trouve
le palais dans l ’ état dont nous venons de parler,
quoiqu’il y foit déjà peqt-être depuis long-temps,
8t que cette circonftance fortuite ait feule déterminé
l’examen j quelle que foit la caufe du dégoût,
on n’héfite pas à déclarer que cet état eft J a
véritable , & que le cheval a la fève ou le lapi—
p as , maladie ré elle, dont nous parlerons à fon
article , qu’un grand nombre d’auteurs, même parmi
fos moderqes, ont confondue avec Y açcroiffemeiiç
dont il s’a g j t , & pour lequel ils ont preferit im
traitement aufli barbare qu’inutile. On porte , félon
eux, un fer rouge ou un inftrument tranchant dans
la bouche ; on çautérife ou on emporte toute la
partie des gencives qui paroît trop volumineufe ;
on lave la plaie avec l ’eau-dervié , le vinaigre ,
le f o l , l’a i l , &c. : trop heureux fi , en fuivant
cette pratique abfujde, l ’os n’efo pas çautéfifé »
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carié, 8c s’il n’en réfulte pas un ulcère fiftuleux,
quelquefois très-difficile a guérir ! Mais le plus ordinairement
au bout d’une huitaine de jours tout
fe cicatrife , le dégoût fe pafle , parce que la
diète indiquée par la nature , prolongée encore
par la douleur de la cautérifation ou de l’amputation,
a réparé les défordres qui l’avoit occâ-
fionnée. Le faux connoifleur vante fon difeerne-
ment ; l’on refte intimement perfuadé que le traitement
a été bien indiqué ; qu’il a produit l'effet
qu’on avoit lieu d’en attendre , & c , &c. : & c’eft
ainfî que toujours les abus & les erreurs fe perpétuent
par le charlalanifme , la mauvaife foi ,
l ’ignorance, & le défaut de réflexion.
Il réfulte de ce que nous venons de dire ,
que Y accroiffement du palais n’eft point une
maladie ; qu’il eft commun à tous les jeunes chevaux
5 qu’il ne faut pas le confondre avec la fève ou
le lampas j qu’il n’exige aucun traitement particulier
; que celui qu’on met fi fréquemment en
ufage dans cette circonftance , eft dangereux &
abufif ; qu’enfin , s’il eft la caufe du dégoût dont
l ’animal eft affeété , ce qui peut arriver, comme
nous l ’avons dit, lors de la chiite des dents de lait,
& ce dont il eft facile de s’appercevoir par l ’engorgement
, l ’effacement des filions, le lifte , le
poli, la rougeur de cette partie,& fur-tout par la douleur
que l ’animal y témoigne lorfqu’on la comprime
avec les doigts : beaucoup de patience , le temps,
une nourriture plus tendre , quelques billots de
miel fuffiront pour détruire cette légère indifbo-
fition , dont nous n’aurions pas fait un article
particulier , fi nous n’avions cru néceflaire de
jeter quelques lumières fur les abus auxquels elle
<ionne journellement lieu. Voye£ D é g o û t ,
F è v e . ( M. H u z a r d . ]
ACEMEL LA ou A CM E L tA . Mat. médic. ,
eft le nom d’une plante appelée, par M. Linné ,
Verbefina Acme lla, & par Rumphius, Abece-
daria.
\J acemella eft originaire de l ’Ifle de Ceylan.
Son infufion dans de l ’eau pure a quelque chofe
d’aftringent & d’amer, qui paroît en conftituer la
partie médicamenteufe. Les éloges qu’on avoit faits
de cette plante à la fociété. royale de Londres,
comme étant très-propre à difloudre le calcul de
la veffie urinaire ou des reins , & les obfervations
multipliées qu’on rapportait de différens malades
qui avoient rendu des morceaux de calcul ou des
amas de gravier par les urines , après l ’ufage de
cette plante , déterminèrent M. Fantini (1) à éprouver
quels en feroient les effets fur les perfonnes
tourmentées par la préfence d’un calcul confidéra-
ble dans la cavité de la veffie.
(1) Voyez le tome xe. des mémoires de l’Inftùut de
Pologne.
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Ayant trouvé un malade qui éloit dans ce cas ,
i l filtra fon urine, à différentes reprifes, à travers
un filtre de papier j il fit fécher ce filtre , & ap-
perçut, à la furface fupérieure, un fédiment confi-
aérable, amoncelé en partie par pelotons, 8c en
partie en lames difpofées par couches, & mêlées
d’une matière vifqueufe & prefque defféchée. Le
deflous du filtre ne lui préfenta rien de pareil,
même à l ’aide du microfcope. Ayant mis cet homme
à l ’ufage de l’acemella , il examina de nouveau
fon urine trois ou quatre jours après : il remarqua
alors fur le filtre , au moyen du microfcope,
un fédiment grenu , beaucoup plus fin, dépourvu
prefque de matière vifqueufe, & le deflous du même
filtre lui fit apperçevoir de petits grains friables,
très-blancs , & fingulièrement difpofés.
Ayant donné cette plante à différentes reprifes à
ce malade , il obferva que , pendant l ’ufage de ce
remède , les douleurs augmentoient conlidérable-
ment : mais il fe portoit mieux , 8c fouffroit beau-
çoup moins après l ’avoir interrompu, qu’avant d’en
ufer. Ce malade vécut long-temps dans ces alternatives,
fans fouffrir beaucoup de fon calcul , 8c
il ne périt dans la fuite que par une fièvre ma-
■> lign e , alors épidémique dans Bologne. Le même
auteur répéta la même obfervation fur un pareil
malade , & les réfultats furent abfolument les
mêmes.
Extrait du mot acemella, ancienne encyclopédie.
M. de la Foffe. ( V . JD. )
Uacmelle, dit l ’auteur du dictionnaire raifonne
univerfel de matière médicale ( Verbefina fo liis
oppofitis, lanceolato-ovatis petiolatis, ferratis ,
pedunculis unifions , dichotomoe caulis , Linn.
F l. Zeyl. 309 ) , eft amère & balfamique. Elle fut
apportée, en 1690, à la fociété royale de Londres ,
& vantée pour les graviers des reins & de la veffie,
& pour la néphrétique ; on en boit l ’infufîon.
( E. N. C. Dec. iij , ann. 7 & 8 , obf. z i 8c
Seba. Thefaur. 1 , pag. 19 , zo ) Ant. Felv. Fan-
tinus , ayant éprouvé fes effets, a obfervé cependant
qu’elle ne diflolvoit point les pierres formées
& endurcies, mais qu’elle pouvoit empêcher leur
concrétion , en diffolvant les glaires fablonneufes
qui y donnent lieu. Il remarque encore que les
difficultés d’uriner augmentèrent dans un homme
pendant tout le temps qu’il fit ufage de cette
plante , au point qu’il fut obligé de le fufpendre
durant quelques jours , ’ 8c de preferire les émoi-
liens. ( Comment. Bonon. 1 , p. 167.) Mais Schend.
Vanderbeck aflure qu’il en a toujours obtenu de
bons effets ; il ajoute ( A. N. C. app. p. 119 ) ,
qu’il a guéri une hydropifîe commençante , en
faifant continuer long-temps l’ufage de cette plante.
Linné a écrit dans fa matière médicale , que
la figesbeckia , qu’on trouve abondamment dans
les jardins des environs de Gottingue & dans les
étuves, peut remplacer Yacmelle j & Nebelius