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de ; panacée , Se elle a été î-ecoramandéè pourpres-
mie tous les maux. Hippocrate la cônfeiiloit pour
iiitè re : Galien l ’a vantée pour l ’hypochondria-
cifrne. Beaucoup de médecins lui attribuent la
propriété de diffoudre le fang. Schwencke dit
s’être alluré de cette vertu par l’expérience. Eu-
galenus guériffoit le Scorbut avec l’infufion de
cette plante dans le vin.' Ætius aflure qu’elle-prévient
la formation de la pierre chez les hommes
qui en font menacés. Linrrcus l ’a employée avec
Succès, d’après cette autorité, pour deux calculeux,
que fon ulage a guéris en fix mois. Sa vertu an-
tifeptique eft très-forte : appliquée à l ’extérienr ,
elle arrête la gangrène. On l ’a aufli recommandée
pour les obftru&ions, les maladies cachéitiques ,
la chlorofe , les fleurs blanches , les diarrhées ,
les maladies des reins & des voies urinaires , le
tænia , les foppreffions des règles.
Comme la faveur amère de Y ab fin the eft très-
forte , & que fa propriété échauffante eft très-
marquée, on doit en faire ufage avec beaucoup
de réferve & de prudence. Elle eft- dangereuse
pour les fujets maigres , focs , dont la fibre eft
jtendue, 8c dont les nerfs font très-mobiles. Elle nuit
également dans toutes les maladies accompagnées
d’inflammation, de fièvre ,- de douleur, &c.
Dans quelques pays on en fait un ufage trè$r-
fréquent pour donner des forces à l ’eftomac 8è
faciliter les digeftions. En général, c’eft un très-
grand abus que Tufage journalier des ftomachiques,
# fuivtout de celui-ci. Le vin üabfintbe , connu
en Allemagne fous le nom de Wermuth , & qui
commence à s’introduire en France , peut convenir
dans quelques cas ; mais lorfqu’i l eft pris aufti
îndiftinârement qu’on le fait dans le monde , il
eft capable de produire beaucoup plus de mal
que de bien. Quand on en boit avant le repas ,
i l excite l ’appétit, mais c’ eft le plus fouvent au
détriment de ceux qui en font ufage. 11 n’a véritablement
d’utilité que lorfque'la bile coule m a l,
& ne jouit pas de l ’énergiê & de l ’aélivitc qu’elle
doit avoir.
On adminiftre Yubfinthe de différentes manières :
i l eft rare qu’on la préferive verte 5 on a éprouvé
que fon odeur porte à la tête , qu’elle enivre ,
qu’elle -denne des vertiges, & qu’elle trouble la
vue. Boyle & Boerhaave lui ont' vu produire ces
mauvais effets ; cependant Diofcoride la recom-
mandoit pour s’oppofer à l ’ivreffe. On en fait
une infufion théiforrae , en jetant une ou deux rincées de fes feuilles & de fes fommités dans
eau chaude. On la preferit en poudre depuis un
(crupule jufqu’à un gros.
On prépare avec cette plante des extraits à
f ’eau, au vin , 8c à l’efprit de vin. On donnç
fouvent le premier comme ftomachique , depuis
la dote 4e quelques grains jufqu’à un fcrupule ,
<§c même un demi-gros j on doit alors l’affocier
au foefe. Qn en fait une çonferve > un firop, &
À
une teinture qufon adminiftre dans les mêmes cas..
Son fel eflentiel n’a pas , à beaucoup , près les
mêmes vertus que la plante.
Le vin- d’abfinthe , qui fe prépare par la fermentation
ne çonferve point la faveur-de cette
plante, & ne jouit point de Tes vertus ; mais celui
que l ’on fait en laiflarit infufer une once
d'abjinthe fèche dans deux livres de vin blanc
pendant vingt-quatre heures , eft plus utile &
plus aétif. On le preferit à la dote d’une once
jufqu’à trois ou quatre par jour, dans la foibleffe
de l ’eftomac , la chlorofe , les obftru&ions accompagnées
de pâleur & d’inertie, la fuppreflion des
règles , les vers, &c.
Les feuilles d’abfinthe entrent dans l’eau vulnéraire
, l ’eau générale, la poudre contre la rage,
la confeftion Hamech , l’orviétan , le baume vulnéraire
, l ’onguent mondincatif d’ache j fes fommités
font employées dans le baume tranquille , le vinaigre
des quatre voleurs } fes femences font partie
de la poudre vermifuge*
On fe fert aufti de l’eau diftillée & de l ’huile
effentielie de cette plante. (Af. z>£ F o u r c r o y .)
A B S O R B A N S . Vaifleaiax abforbants confi-
fidérés relativement aux maladies. A b-
SORBTION. ( y » D . )
A B S O R B A N S , f. m. Matière médicale.
On donne le nom 8 abforbans à tous les médicamens
capables de dénaturer & de neutralifer
1er matières âcres qui croupiffent dans les premières
voies. Cette définition, qui ne fpécifie ni
la nature des humeurs à détruire , ni celle des
remèdes qu’on employé pour remplir cette indication
, a engagé quelques auteurs modernes à
reconnoître deux genres d’ab forbans ,* ceux des
focs putrides ou alkalefoens contenus dans l’efto-
mac , & ceux de matières aigres ou açides, qui
féjournent dans ce vifeère. Il eft même plufieurs
médecins qui ont appliqué la dénomination d'ab-
forbans à tous les remèdes qui , par leur fé-
chereffe & leur efpèce d’aridité pour s’unir à l’eau,
ont la propriété de deffécher les fibres abreuvées
de fluides aqueux. Mais cette dénomination eft
purement théorique } il n’y a pas de remède qui
agiffe aufti mécaniquement. Les aftringens , à
la claflfe defquels on avoit rapporté cette efpèce
d’abforbans , defsèchent le corps en irritant & en
en fortifiant les fibres , dont le reffort augmenté devient
capable de les débarrafler des humeurs qui
les détendent & les relâchent. Cependant la plupart
des praticiens reftreignent le mot abforbans
aux fobftances capables d’enlever & de neutralifer
les acides des premières voies j .& nous nous
conformerons à cette acception généralement reçue
aujourd’hui.
L ’ohfervation de tous les temps a appris qu’il
fe forme dans l ’eftomac & dans les inteftius de
certains
 B S
certains malades, des focs étrangers dont la nature
eft manifeftement acide. Ce point une fois
démontré , il étoit tout naturel que des hommes
inftruits en chimie cherchaflent à dénaturer ces
focs, en leur préfontant des fobftances capables de
fe combiner avec eux & d’en changer les propriétés.
Aufll ce font les médecins chimiftes qui
ont les premiers employé les abforbans , &
qui en ont recommandé l ’ufage. Ils fe font fervis
à cet effet de toutes les fobftances que la chimie
leur avoit démontré pouvoir s’unir aux acides j ils
en ont même multiplié & varié les efpèces. Ils
avoient introduit focceflivemcnt dans la pratique,
Les pierres argileufes,
La craie ,
"L’oftéocole ,
Le crâne humain,
L e pied d’élan ,
L a corne de c e r f ,
Les os contenus dans le coeur de certains quadrupèdes
,
L ’ivoire ,
Les dents d’hippopotame ,
— de caftor ,
— de fanglier ,
Les différais bézoards ,
Les coquilles d’oeufs ,
L ’os de fèche ,
Les mâchoires de brochets ,
Les pierres qu’on trouve dans le crâne de la
carpe , de la perche , & que des découvertes
modernes font regarder comme les organes
ou les offelçts de l ’ouie des poiflons ,
, Les concrétions renfermées à certaines époques
dans l ’eftomac des cruftacées, & fpécialement
des écreviffes,
Les coquille? f ?
La nacre qui en revêt l ’intérieur,
Les perles ,
Les coraux , &c , &c.
Telles étoient les matières qu’on regardoit fauf-
femeut comme purement terreufes, & qui compo-
fojent la lifte, aufti faftueufo qu’inutile, desabfor-'
bans. C’eft au fyftême de Takenius & de S yl-
v iu s , qui voyoient des acides dans toutes les’ maladies
, que font dus', & la nombreufe fuite 8 abforbans
que les médecins ont mis tour à tour
en ufage, & l ’abus que beaucoup eîi ont fait.
Lorfque la.phyfïque a changé de face, & que l ’efprit
de fyftême , encore plus dangereux en Médecine que
dans les autres fciences, a été abandonné par les
favansj les médecins , devenus plus fages , fe font
peu à peu défaits de l ’opinion de Sylvius , &
ont renoncé à l ’ufage beaucoup trop étendu des
abforbans. Cependant il s’eft élevé en même
temps une claffe de Praticiens qui ont embraffé
une . opinion tout à fait oppofée, & ont condamné
trop généralement l ’ufage de ces remèdes. Nous
croyons que ce feroit ôter un moyen utile à la
Médecine. Tome I,
A B S 3 3
Médecine, que de les proferire entièrement} leur
ufage modéré & bien approprié peut produire
autant de bien entre les mains des médecins pru-
dens , que leur abus a caufé de maux entre
celles des chimiftes enthoufiaftes.
I l eft donc important de favoir à quoi s’en
tenir for la nature & la manière d’agir de ces
médicamens , & de tracer ici le tableau abrégé des
connoiffances que -la faine Chimie & la pratique
fourniflent for cet objet.
i° . On ne doit d’abord entendre par abforbans
que les corps purement terreux ou laiins, capables
de s’unir aux acides , & de former avec eux des
fels neutres. Il fuit de là , que toutes les matières
animales qui contiennent du gluten ou une fob-
ftance gélatineufe, ne peuvent pas fatisfaire pleinement
au but qu’on fe propofe. La chaux 8c
les alkalis très - étendus d’eau , la magnéfie du
fol d’Epfom , les pierres ou les yeux d’écreviffes
peuvent foffire , tans avoir recours à un grand
nombre de médicamens plus rares , & dont les
effets ne font pas aufli bien conftatés.
z°. 11 ne faut les employer que très - divifés ,,
afin qu’ils, fe combinent mieux , & qu’ils ne forment
point dans l ’eftomac des maffes pelotonnées ,
indiffolubles , dont le volume & la pefamteur
pourroient être nuifibles.
30. Au lieu de les adminiftrer fous forme fo-
lid e, on en retirera beaucoup plus d’avantage, &
l ’on n’aura aucun inconvénient à redouter en les
donnant étendus dans un véhicule aqueux, qui les
fera pénétrer par-tout & paffer plus facilement.
40. Comme une malheureufe expétierice a démontré
que la trop grande quantité peut en être
funefte , en s’attachant aux parois de l ’eftomac &
dès inteftins , en fe liant avec les focs qui y font
contenus , & en formant avec eux une pâte vif-
queufe qui bouche & obffrue les orifices des petits
vaiffeaux, on doit être très-réfervé for leur dofe ,
& il vaut beaucoup mieux y revenir fouvent , que
de courir les rifques d en donner trop.
50. I l faut s’arrêter dès que les fymptômës qui
les exigeoient font calmés, & purger les malades
aufli-tôt après , afin d’emporter ce qui a pu refter
dans les premières voies , & prévenir les maux
que leur préfence eft capable de produire.
6°. On doit infîfter encore plus fur les. purgatifs
, fi l ’on s’apperçoit que , malgré les précautions
qu’on a prifos, les vifeères en font chargés}
ce que Ton reconnojt à la pefanteur & au gonflement
de l ’épigaftre , au refferrement du ventre ,
aux flatuofités , &ç.
7°, I l arrive ordinairement qu’après avoir pris
des abforbans , un malade eft purgé } cela vient
de ce que ces fobftances, combinées avec les aigres
des premières voies , forment un fel terreux , amer,
& purgatif. C ’eft même un figne sur de l ’utilité
de ces remèdes 8c de leurs bons effets.
8 V On doit prendre garde de ne point em