
mutation des alimens ,• fyftême inconnu aux anciens.,
& fur lequel on ne peut nier que la Chimie
/noderne nait jet^é déjà de grandes lumières.
Conclujion.
D apres toutes les obfervations que nous venons
de rapporter fur la différence des fubftances vécrë-
getales & animales , & fur les nuances qui les dil>
tinguenc, il paroît évident & démontré i°. qu’entre
la fub fiance de nos alimens & celle d e 1 La
plupart de nos organes, i l eocifie une ana-
, èogie principale, qui cfi celle dujie bafe commune
, formée par la bafe de Vacide oxalique
combinée avec une proportion plus ou moins
grande du principe du charbon ( ou carbone. )
. Que la différence qui exifie entre laffubf-
tance de nos alimens & celle de nos organes,,
confifie uniquement dans un ordre de combinai-
fo n s ou de proportions qui manque à nos alimens
^ & qu’ ils prennent au dedans de nous ,
en s.affîmilant aux différentes parties de notre
corps.
3°. Que la principale & la plus générale de
ces Combinaifons confifie dans l ’union q u ife
f a i t de la fu b fiance de nos alimens avec un
principe q u é n y etoit p a s , ou qui y eioit en
moindre proportion , & que les chimifles modernes
ont nommé azote ; principe qui entre dans
l i compojiùan de l ’alcali volatil ou ammoniaque,
& q u i, développé fou s forme élaftique , donne
naiffance à ce qu’on a nomjné mofette ou gaz
azote, Ü
4°* Qu un mttre ordre de combinaifons qui
manque a nos alimens , ou en tout ou en partie ,
é* qu ils'hcquièrent ou complètent par le'travail
de l ajjimîlation, efi celui qui donne naiffance à
la matière graffe analogue au blanc de baleine
O aux combinaifons phofphqriques.
5°. Que dans la plupart de* nos alimens, au
moins dans les végétaux ; la combinaijon dit principe
du du charbon nommé carbone,.avec la bafe
de l-acide oxalique, fe trouve dans une proportion
p lu s grande que dans la fubfiance qui conftitue
nos organes , & que par conféquent ces alimens
perdent au dedans de nous une panie de 'ce
principe,
%•'.* Q u e , quoiqu’ i l y ait Certainement d’an tres
différences peu connues qui difiinguent' ta fubf-
<tance^ de nos alimens, de celle de nos organes, &
élUL s effacent au dedans de nous par des combi-
Jiaifons particulières que nous ignorons : celles
qui ont été eoopofée s fon t néanmoins le A principa
les & les plus importantes à corinpître pour
apprécier les phénomènes de la nutrition dans
fécpnoTtiie animale,
A L T
Q u a t r i è m e q u e s t x o n .
Quelles font dans Vorganifation de notre corps
les caufes qui opèrent dans la nature de nos
alimens, les change mens & les combinaifons
néceffaires pour affimiler la matière nutritive l
Cette queftïon , infiniment plus théorique que
les précédentes , ueft cependant pas> dépourvue de
toute çbfevation & de toute bafe pofilive,
Expofition de la fuite des opérations naturelles
par lefquelles paffe la matière alimentaire
dans le corps animal, ^
Les fubftances alimentaires reçues au dedans de
nous^ éprouvent leurs premiers changemens dans
l ’eftqmac & les inteftins'par le mélange des fucs f;aftriqué , pancréatique , de l,a bile , &c. Il eft dif-
ciie d’apprécier l ’effet: de ces divers mélanges. Il et*
eû un qui peut-être n’eft pas indifférent ç’eft celui
des fubftances. aeriformes contenues dans le tube
inteftinal j. tuais fur tous cés articles , nons avons
peu de faits.. Néanmoins, ceux qu a recueillis M. Ju-
rine, & dont nous avons parlé à l ’article A i e .
( p. 5.17 ) , méritent d'être rappelés ici.
Les obfervations que ce favant a faites, fur le
cadavre d’un homme fou mort fubitement, & qu’il
a comparées avec celles que lui ont fournies plufieurs
autres ouvertures ,"préfentent ce .réfultat remarquable
, que dans le fluide élaftique contenu
dans, le tube inteftinal, r°. la proportion refpec-
tive d’ a i r v i t a l d im in u e progreffivement de l ’eftomac
aux gros inteftins; z°. la. proportion refpeéHve de
mofette ou de ga£ a\ote augmente progreffivement
de Teftoroac aux gros inteftins; 30. la
proportion de gaz inflammable ou de ga% hydrogène^
augmente de l ’eftomac aux inteftins grêles ,
& .diminue de ceux-ci aux gros inteftins. é \
Les proportions du gaz acide carbonique y très-
fortes dans l'eftomac de ee cadavre , & beaucoup
moindres dans le refte du tube inteftihal, n’ont pas
paru .fuivre conftamment la même proportion dans
les autres ouvertures que M. Jurine â eu bccafion
de faire.
Après l ’eftomac & les inteftins , c?éft dans les
vaiffeaux chylifères & dans les glandes lymphatiques
que Valiment peut éprouver de nouvelles
altérations. Il y eft mêlé avec la lymphe.
De là , il ëft verfé dans le fang, & paffe presque
immédiatement après dans les vaiffeaux pulmonaires.
Le mouvement de la refpiralion & les
effets de l ’air dans cette fonction font les principales
caufes dont Valiment nouvellement mêlé
au faftg doit alors éprouver l ’a&ion. C.es effets , dont
nous avons donné le détail dans l’article Air. , font
une augmentation dé chaleur, jointe à un dégagent os
de acide carbonique & de mofette ou dé gaz
azote, avec une diminution proportionnelle de la
Quantité d’air vital que contient l ’air refpiré. La pro-
auélion de la chaleur eft en raifon de la diminution
de l ’air vital, & auili en raifon ,de la quantité d’acide
carbonique développé. L ’ acide carbonique fe développe
d’autant plus, & la mofette d’autant moins ,
que l ’air retpiré contient une proportion plus forte
d’air v ita l, & la mofette fe développe d’autant
plus abondamtnent• dans la refpiralion, qu’il s’y
produit moins d’acide carbonique, & que l ’air refpiré
contient moins d’air v ita l, & plus de mofette.
En même temps, le fang prend une couleur
plus brillante 3 qu’on attribue , comme nous
l ’avpns remarqué, à fa diminution du principe du
charbon. { art. A i r , p. 4^3 & fuiv., & p. y c i. )
Du poumon, cm Y aliment mêlé avec le fang
éprouve néceffairement tous ces effets , il eft porté
dans tout le fyftême artériel & jufqu’aux extrémités
des vaiffeaux de ce fyftême. Dans celles de ces
extrémités qui fe répandent fous la peau, i l doit
éprouver avec le fang l ’influence de l ’air extérieur
en cohtaét avec cet organe; Cette influencé donne
naiffance, dans l ’atmolphère ambiante , à de lu cide
carbonique & à une diminution proportionnelle
de l ’air vital. V . art. A i r i p. $io & fuiv.
C’eft aufli dans le temps de ce premier paffage
de Y aliment des vaiffeaux pulmonaires dans les
vaiffeaux artériels de tout le corps, que fe fait, à
ce qu’il paroît, dans les femmes qui nourriffent,
la jecrëtion ~du lai t ;. & dès-lors ce fluide nourricier
a déjà côntra&é un cara&ère animal qui fe
manifefte par. les propriétés de fa partie caféeufe.
Peut-être eft-ce auflî dans ce moment que fe fait la réparation
de la lymphe graiffeufe qui a tant de propriétés
qui la rapprochent des huiles fixes végétales.
C ’eft fans doute après avoir été expofé plufîeitrs
fois à ces différentes viciflitudes de la circulation,
que Yaliment mêlé au fang fournit facceffivement
la matière de: plufieurs fecrétions plus animalifées,
& que, foit en prenant la forme de gelée , foit
en paffant de la nature caféeufe à l ’état de fubf-
tance albumineule coagulable, & enfin à celui de
matière fibreufe, i l s'éoanche dans les gaînes organiques
du tiffu cellulaire , qui lui donnent une
forme différemment orgauifée , félon le tiffu différent
de nos organes. En effet, fi Yaliment n’eft
plus renouvelé , le la it. lui-même difparoît , la
graiffe s’épuife, toutes les traces de la crudité alimentaire
s’effacent entièrement; & fi ce renouvellement
tarde à le faire trop long-temps, les humeurs
deviennent âcres, & pour lors quand elles ont le
conta& libre de l’air, elles deviennent promptement
alcalefcentes-& putrefçentes. Le fang lui-même
au bout d’une longue abftiuence, paroît perdre de fa
Partie folide fibreufe. Sa couleur rouge devient ,fom-
bre & prefque noire. Les organes eux- mêmes le dépouillent
peu à peu de leur propre fubftance, perdent
leur volume & leur force. Toutes ces progreflion?
font parfaitement marquées dans l ’état des urines ,
q u i, depuis le moment où Yaliment eft reçu dans
le fang, jufqa’à celui odlebefoin de fon renouvellement
fe fait fentir de la manière la plus prefo
fanre , préfentent des degrés fuccelfifs relatifs à l ’état
des humeurs.
T elle eft à peu près l ’hiftoire des viciffîtudes que
la matière alimentaire éprouve dans les vaiffeaux
du corps humain..
Difficulté de connnoître parfaitement l ’effet de.
ces opération's fu r Valihient,
Pour apprécier complètement là manière dont
ces "différentes viciflitudes àgiffenfriur Yaliment , il
faudroit connôître la nature des différentes fubftances
qui s’uniffent à cet aliment depuis lè fuc falivàire
jufqu’au fuc gaftrique & pancréatique1, & aux fucs
inteftinaux. I l faudroit connoftrè ia>-nature des
fucs lymphatiques auxquels il s’ unit dans les
vaiffeaux & les glandes -lymphatiques. ;Ti fau-r
droit, après les révolutions qu’il éprouve pouvoir
le connoître lui-même Séparément, ahaiyféc
la maffe alimentaire dans l ’effomac & dans les
différens inteftins, anàlyfer le chyle prêt à être
verfé dans le fang , l’analyfer dans le fang même
au fbnir du poumon , & après les différentes fecrétions
dont i l fournit la matière ; c’eft ce qu’il
eft à peu près impoffible de* faire , même chez
les animaux qui fe nourriffent des mêmes alimens
que l’homme , à moins qu’on ne fît l ’examen comparatif
de leur fang à différentes diftances du temps
de la digeftion.
Néanmoins, comme nous favons , par l’analyfé
.comparée de nos différentes parties & des alimens
qui fervent à les réparer, à quelles combinaifons
principales eft due l’aftimilation de la matière nutritive;
que nous avons acquis quelques connoif-
fances fur les principales fubftances' dont le départ
fe fait dans le poumon & à la furface de la peau ,
ainfi que par les urines; que l’on peut auffi acquérir
des connoiffances plus exa&es fur l ’état de la portion
de nos alimens qui fe fépare par les Telles,.
& que plufieurs des fecrétions qui fe font dans nos
organes nous font affez connues: il iemble qu’on
peut t par, des -conje&ures, approcher jufquà un
certain point de la vérité.
Je ne ferai pas ici une tentative dont le fuccês
ne peut être du qu’à de longues réflexions & à des
travaux multipliés ; mais je hafarderai cependant
quelques conjeftures, qu’on me pardonnera , j’ef-
père , parce que je ne les donne que comme telles.
Effai de théorie fu r le mécanifme de V affimilation»
Nous avons vu que la bafe oxalique , principe
commun de prefque toutes les fubftances nutritives t
ainfi que de celles qui oompofent nos organes *