
4.8.8- A I R
ainfi le f lu x de fang par'la bouche & par les naseaux;
F'çye^ H ém o r rh a g ie . ( M. HUZARD. ) \
A IM O R R H U S . . Sorte de ferpent venimeux.
V o y e \ H em o r r ro u s . ( D . )
A IR . Médecine vétérinaire , hygiène.
Uair eft aufli néceffaire à la confervation de la
vie &c de la fanté des animaux qu’à celle de
l ’homme ; fes effets font généralement les mêmes
fur tous les êtres animés; & les préceptes établis
dans les articles fuivans peuvent également s’appliquer
à l ’hygiène vétérinaire. Il eft feulement
quelques obfervations principales & particulières
que je rappellerai ici.
I. Les animaux dorneûiques font encore beau»
coup ‘ plus près de ■ la nature que leurs maîtres,
malgré l ’état de domefticité ; mais expofés nus à
toutes les impreflions de l ’air , & n’ayant aucun
moyen de s’en garantir, ils doivent y être beaucoup
plus fenfibles. L ’ouverture de leurs naseaux
& celle de leur bouche étant toujours appliquée
centre terre & cachée parmi les végétaux dont elle eft couverte , fe nourriffant d’ailleurs de fubftance
que la fermentation & la cuiffon n’ont pas élaborées
; les vapeurs que la terre exhale 8c les vices
des plantes doivent les atfeéter d’une manière plus
immédiate (i). ;
L ’influence de Y air & des faifons eft plus fenfi-
ble for les chevaux c}ans les grandes villes que dans
les campagnes, où ils font ordinairement affujettis
À un travail qui n’eft prefque jamais forcé , ou <p on
interrompt pendant les mauvais temps, & à liflue
duquel ils rentrent immédiatement dans les écuries.
Mais qu’on fe repréfente des chevaux attelés au
çarroffe , courant jour & nuit daus Paris, par exemp
le , Couverts de feeur, recevant une pluie fubite
pu froide , qu’aucun habillement n’abforbe , ou
arrêtés pendant plufieurs heures aux environs des
fpeétacles & ailleurs, expofés au vent, à la neige,
qui quelquefois ne fond que lentement fur eux ,
Çc les pénètre d’une eau glaciale , dont les couvertures
avec lefquelles on les revêt alors , ne
les garantiffent que peu ou point ; qu’on réfléc
h i t encore à l ’impreilion qu’ils doivent éprouver
du changement fubit d’atmofphère , fortanc d’une
écurie trçsrehaude, pour .être immédiatement expofés
a l ’aftion d’un air froid en hiver, ou quittant un
ç.ir raréfié ..de très-chaud en été, 8c rentrant fo r tement
dans des écuries fraîches , telles que celles
pratiquées dans les caves, & on n’aura pas lieu
d’être étonné de voir fi fréquemment, pendant la
dernière de ces faifons , des fourbures , des cour*
batures , des morfondures , des péripneumonie s . &
pendant l ’autre, le fa r c in , la morve ; & fur-tout
des maladies . catarrhales mafquées fous toutes
fortes de formes , qu’on niéconnoît fouvent, qui
(i) Hiftoire & Mémoires de la fociété royale de médecine
, année 177$, préface , pag, 35 & $ 6.
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font beaucoup plus multipliées que dans l’homme,.
& qui frapperoient plus fenfiblement fi les deux
efpèces étoient dans les mêmes proportions numériques.
La principale eaufe de toutes ces màlàdies
eft là fupprelfion de là tranfpiration, occafionnee
par les variations de Y air. J’ai obfervé plufieu:s
fois , avec quelques-uns de mes confrères, que le
jour même , le lendemain , ou au plus tard le
furlendemain d’une pluie, ou d’un air plus froîd
que de coutume , plufieurs chevaux qui avoient
effuyé l’un ou l’autre , étoient fubitemeut affe&és
de to u x , d’ébrouement , d'engorgement des parotides,
&c. , 8c qu’un exercice pendant un jour
chaud, qui excitoit une abondante tranfpiration,
fuffifoit pour rappeler & rétablir le calme fans
le fecours d’aucun médicament. ( V. C atarrhe. )
J’ai aufli été à même de répéter une autre obfer-
vation qui m’a frappé ; t ’eft qu’à Paris, fur cent
chevaux de remife ou de fiacre , il y en a quatre-
vino-t-dix à la mort defquels on trouve le poumon
plus ou moins altéré , obftrüé, & abcedé. Je crois
que le mauvais état de la poitrine dans la plupart
de ces chevaux peut être autant attribue aui vi-
ciflitudes de Y air auxquelles ils font continuellement
expofés , à l’infalubrite 8c au defaut de ref*
fort de celui qu’ils’ refpirent le plus fouvent dans
les écuries , qu’à la fatigue qu’éprouve cette partie,
& aux mauvais traitemens qu’ils efluyent. ^
II. La température & la falubrité de la ir des
écuries & des étables font donc aufli des objets im-
portans à la fanté des animaux. Je viens déjà d’indiquer
quelques-uns des inconvéniens qui reful-
toient de leur trop grande chaleur en hiver, & de
leur trop de fraîcheur en été- Les écuries baffes ,
qui n’ont point de fenêtres , qu’on a foin de fermer
hermétiquement, ou dans lefquelles on tient
dés .lampes allumées , font,: dans la première de
ces faifons, de véritables cloaques où Y air eft fi
épais & tellement décompofé, qu’on ne peut y
refpirer long-temps, que les lumières s ^ é te ignent
bientôt, ou qu’on ne les aperçoit qu a très-
peu. de diftançe & à travers une efpèce de brouillard
plus ou moins épais. Le trop de chaleur p eft
pas moins nuifible en été. J’ai vu des ecutiés de
loueurs de carroffes , où les chevaux amoncelés pen»
dant la nuit ne pouvoient fe coucher, étoient continuellement
enfueur ., ne mangeoient pas , fe fa-
tiguoient au moindre travail, 8c s’épuifoient bientôt.
Ils étoient fréquemment attaqués de ce qu’on ap-r
pelle coup de fang 8c d'in flammation de poitrine,
dont plufieurs dégénérojent rapidement en gau*-
grène ; les plaies réfultantes d’opérations telles que
les javarts encornés 8c -tendineux , les crapaux ,
les maux de garot, ne marchoient que lentement
à leur guérifbn , & j’étois fouvent obligé de faire
placer jour & nuit l ’animal fous des remifes ou an
grand ait , pour l’accélérer.
La vérité de ces préceptes 8c de ces obfervations
a été très-anciennement reconnue ;& Vegèce , qui
a fi bien écrit fur la vétérinaire , recommande de
donner
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donner beaucoup d’air aux animaux le joUr comme
la nuit j i l veut que dans l ’hiver les écuries foient
plutôt tempérées que chaudes, parce que la grande
chaleur occafionne des indigeftions, eft très-préjudiciable
à la conftitution des animaux ; & lorf*
qu’il lui fuccède un froid fubit auquel ils ne font
point accoutumée dans les écuries, leur fanté en
,eftvaltérée 8c il en réfulte plufieurs genres de maladies
(1). |
L ’économie de la paille & de la litière eft enr
eore un des motifs qui contribue à l ’infalubrité de
Yair dans ces endroits. On n’y en met que p eu,
pn u’ôte que celle qui eft abfolument pourrie, &
i l s’élève continuellement de celle qui lefte , ainfi
que du fol qui eft prefque toujours falpétré 8c
très-inégal, un alkali volatil urineux qui affeéle
le s'yeux 8c l’odorat au point de fofpendre pour,
quelques inftans la refpiration , & d’occafîonner la
fecretion des larmes à epux qui ne font pas accoutumés
à refpirer un pareil ^ .Q u e lq u e fo is , pendant
l ’enlèvement des fumiers., au moyen d’une
glace , d’une bouteille’, ou fur les vôtres, quand
i l y en avoit, j’ai raflemblé dans l ’écurie ces' vapeurs,'
qui en hiver forment une fumée très-fen-
fible ; je leur ai toujours trouvé un goût piquant
& urineux.; elles ont verdi le firop violât, & ont fait
une ^légère effervefcence avec l ’acide vitriolique.
C’eft au mauvais état de Yair des étables que
JVI. l ’abbé Te (fier , dans fes obfervations fu r pLu-
fieurs maladies des befiiaux , croit devoir rapporter
quelques-unes des maladies, qui. affeâeut les
vaches de la .Beauce, telles que la maladie du
fang 8c les objlrucîions des poumons. I l fe fonde
à / cet égard fur des faits qui paroiffent concluais.
i° . Les vaches de là Beauce font prefque toute
l ’année renfermées dans leurs étables. i° . Dans la plupart
, il n’y a que de petites fenêtres le plus fouvent
■ expofées au midi, ou tenues exactement fermées, ainfi
que la porté, pendant fix mois. 30. Les planchers font
très-bas , voûtés en pierres , ou formés de traverfes
de bois chargées dé fourrages capables de jeter
une grande chaleur dans l ’étable. 40. .Les fumiers
n’en font enlevés qu’une ou deux fois par femaine.
5°. La quantité des bêtes qu’on y renferme eft
trop confidérable relativement à la grandeur du
vaiffeau ; elles ont à peine quelquefois un efpace
de trois pieds chacune , $c font ordinairement dif-
pofées fur deux rangs. 6°. La chaleur y eft cbnfi-
.dérable, même en hiver, 011 les femmes s’y raf-
femblent pour la veillée ; pendant l ’été, les vaches
y foufllent beaucoùp & font couvertes de fueur;
le thermomètre y monte beaucoup au deffus du
degré de la chaleur de Yair extérieur; le taureau
y périt fouvepf, parce qu’il eft placé dans l ’endroit
(1) Vegetii Renati artis vetennflrioe , five mulo-médicinal
fibri quatuor. Bafileçt 11528}* W-fo l. 17. 4*» lïb% I. cap» L V 1 1
Médecine. Tom, I.
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le plus éloigné de la porte, & par conféquent le
plus expofé à Yair chaud 8c infàlubre ; des vache»
attachées , au fond éprouvent le même fort, &c.
Ces obfervations rie font pas particulières à la
Beauce ; elles peuvent s’appliquer à toutes les
provinces qui manquent de pâturages. Je fuis journellement
a portée d’en faire de fomblables chex
les nourriffeurs de beftiauux des faubourgs & des
environs de la capitale, où la rareté & la cherte
des loyers rendent encore moins difficile fur le
choix. J’ai vu plufieurs de ces prétendues étables
où on ne peut entrer qu’en fe baiffant, où il n eft
pas poflible de fe tenir debout, & dans lefquelles
on ne peut féjourner quelques momens fans craindre
d’être - fuffoqué. Les vaches qui y habitent
couchent fur de la litière qui a déjà fervi aux
.chevaux, & qui eft imprégnée des fels urineux de
ces ianimaux j elles n’ont quelquefois pas même
d’autre^nourriture ; elles font fujettes l ’été au p ijf c -
ment de fang , à Y avortement , font habituellement
affeétées d’une toux très-sèche , 8c périroienc
prefque toutes de phthifie , fi. on ne les livroit
au boucher dès qu’elles commencent à devenir malades
, ou lorfqu’elles ceffent de donner du lait.
( V . N o ü R IS SEU R S P E B E ST IA U X . )
Ce font ces maladies confiantes, ces morts fuc-
ceflives dans les mêmes écuries ■ & étables, 8c aux
mêmes places , toujours accompagnées des mêmes
fymptômes , & quelquefois de circonftances qui
paroiffent fîngulières aux yeux des gens de la campagne
, qui ont donné naiffance à toutes les idées
de fort 8c de forcellerie qui y font encore répandues
& fortement enracinées ; idées, qu’entretiennent
les maiges 8c les bergers , dont la cupidité
& l’amour-propre font intéreffés à les perpétuer
, & qui favent beaucoup mieux que l ’homme
inftruit gagner la crédule confiance de la multitude;
idées enfin qu’un fiècle éclairé du flambeau
de la phyfique peut bien combattre avec avantage ,
mais qu’un fiècle encore né parviendra peut-être
pas à détruire entièrement.
Il réfulte de toutes ces obfervations, fur lefquelles
il m’a paru important de m’étendre, ainfî
que de beaucoup d’autres rapportées par M . l ’abb'é
f e f j i e r 9 dans Ion ouvrage que j’ai cité , que Y a ir des
xétables 8c des écuries mal tenues ou mal conftruites
peut devenir dangereux 8c mortel pour les bêtes
qui le refpirent habituellement, parce qu’étant
toujours trop chaud 8c rarement renouvelé, il contient
trop de parties méphitiques ; 8c rien n’eft'
plus propre , comme on fait, à convertir Y a ir pur
en a ir méphitique, que la refpiration de beaucoup
d’animaux réunis dans un efpace étroit 8c renferme.
On ne doit donc point chercher ailleurs la caufe
de ces mortalités loçales & de tout le merveilleux
qui les accompagne quelquefois , & il eft
par conféquent effentiel que Y a ir circule librement
dans tous ces lieux , & qu’il approche autant
que faire fe pourra de la température de celui
de i’atmofphère. ( Voye\ É t a b l e , É c u r i e . )