
ti-elle eft âcre, a un caractère propre, fpécial, &
confiant, plus on doit regarder fa réparation comme
importante, plus fa répercuifion doit être à craindre.
L a tranfpiration des aiffelles eft donc, parmi les excrétions
cutanées, une de celles qui demande le plus
à être ménagée, & qu’on doit craindre le plus de
fuppri mer , fur-tout quand elle eft forte, fur-tout
chez les perfonnes roufles, dont les humeurs cutanées
font, s’il m’eft permis de parler ainfi, plus excrémentielles.
Cette excrétion fupprimée le porte directement
fur la poitrine.
C ’eft donc une grande faute dans l ’ancienne Encyclopédie
que d’avoir réuni, d’après Paul d’Egine ,
différens remèdes propres , non pas à corriger, mais -
à fupprimer cette excrétion , & dont la bafe eft
l ’alun & la litharge. On ne doit parler de ces préparations
que pour en faire fentir le danger.
Les lavages avec l’eau fraîche, l’ufage des odeurs
douces , fur-tout le changement fréquent de linge ,
& en général une grande propreté, font les feuls
corredtifs dont on doit faire ufage dans ce cas.
( M. H A L LÉ , )
A 1THEMOMA. ( Maladie des yeux, ) Amb.
Paré, au dix-feptième livre de fes oeuvres, entend
par ce mot une léfion de toutes les humeurs de l ’oeil
devenant du tout noir & obfcur. I l le traduit par
ravi oculi , oeil de loup ou de mauvais garçon,
( M, Chamseru, )
A IT IO LO G IE . ( Médecine Vétérinaire, ) Ce
mot a la même acception dans la Médecine des
animaux que dans celle de l ’homme. Voye\ E t io lo
g ie . ( M. H u z a r d . )
A IX , ( Jurifprudence de la Médecine.) ville
capitale de la Provence,, archevêché, parlement,
chambre des comptes> cour des aides, fén échauffée
royale, univerfité avec faculté de Médecine5 communauté
de chirurgiens , jurande d’apothicaires, &
hôpitaux.
La Provence eft une des provinces méridionales
des Gaules, dan,s lefquelles les lettres & les fciences
en général & la Médecine en particulier ont été
le plus anciennement cultivées , non feulement par
les druides , fes favans naturels , mais encore par
les colonies grecques & latines. Marfeille qui reçut
une colonie de phocéens fix fiècles avant Jéfus-
Chrift , reçut en même temps les lettres & la Médecine
grecque y &>fon école eft la plus ancienne
dont i l foit fait mention dans l’hiftoire littéraire
des Gaules. Par fa fituation, la Provence a fervi
de canal aux gaulois, pour aller puifer les lettres
en Italie & à Rome , & pour les en recevoir; l ’hiftoire
y fait auilî remarquér dans les premiers fiè-
cles de l ’ëglife, plufîeurs écoles célèbres, qui étoient
foumifes à la police généralë établie par les ordonnances
des empereurs , .qui fe trouvent dans le
droit-romain , & qui .ont fervi de modèles aux ordonnances
des rois de France, pour régler les univerfités
en général , & les corps de Médecine en
particulier. C’eft aufïi une des provinces de France
où les lettres fe renouvelèrent les premières , a
plufîeurs époques, dans la barbarie du moyen âge;
c’eft-à-dire , d’abord après que Charles Martel eut
créé la chevalerie , en établiflant la cavalerie , Sc réuniffant pour cela l ’éducation & l’ufàge du
cheval avec l ’éducation de la jeune noblefle , &
faifant entrer l ’étude & les fonctions de la Médecine,
& fur-tout celles de la Chirurgie, dans les études
& les fonctions des pages , des écuyers , & des chevaliers
y enfuite après que Charlemagne eut renouvelé
& étendu avec l ’empire d’Occident les études
& l’éducation du clergé , de la nobleffe, & du
tiers-état ; ce qui f it , fous fes fuccefleurs, des cours
des fouverains Sc de tous les princes & des fei-
gneurs , autant de maifons d’éducation dirigées &
inftruites par les chevaliers & les troubadours; de
plus, apres la formation de ces corps célèbres qui
ont pris le titre d’ùniverjités fous les rois de la
troifîème race ; enfin après ce grand renouvele-
ment des lettres, opéré fur la fin du quinzième fiècle
par l’arrivée des grecs de Conftantinople, pris par
Mahomet II en 1451, 8c par l’invention de l ’imprimerie
à la même époque. La Provence eft donc
une des provinces de France qui doivent être les
plus étudiées & les plus connues des médecins, chirurgiens
, & apothicaires , par fon hiftoire littéraire,
comme par fon atmofphère , fes eaux , fes productions,
& par fes hôpitaux & maifons de fauté. \ Voye\
P ro ven ce. )
A i x eft la capitale de toute la Provence. Sa
fondation , décrite par Strabon, & fon nom qui en
eft le monument', doivent être regardés comme
une anecdote en Médecine. Le conful romain Sex-
ru^-Calvinus ayant paffé les Alpes vers l ’automne
de l’an de Rome 630, c’eft-à-dire, l ’an i-zj
avant Jéfus-Chrift, & ayant -trouvé des eaux chaudes
dans le pays des falies , il y hiverna , il y fit bâtir
une forterefle, à laquelle il donna le nom de Aquce
SexticB -, eaux de S e x tu s , & il y mit une gan?
nifon romaine, pour mettre les marfeillois à 1 abri
des incurfîons des gaulois. Cette place fut d’abord
une de celles que l ’on défignoit fous le titre de
villes latines , Oppida latina. Pline le lui donne
encore ; mais enfuite elle devint colonie romaine,
& déjà elle l ’étoit dn temps de Ptolomée, Cette
ville fut foumife à Vienne, la métropole de la
province Viennoife dans ces premiers fiècles; mais
fous l ’empereur Honorius elle devint elle-même
une métropole civile , lorfque cet empereur infti-
tua une fécondé Narbonnoife , après la multiplication
des provinces gauloifes.
L’origine des fciences Sc des arts fous le plan
où jls fe trouvent actuellement en France & dans
toute l ’Europe, date de l ’établi fie ment de la foi
en chaque province & en chaque ville. Les églifes
épifcopales & les maifons rehgieufês font les premières
écoles chrétiennes où il faut prendre les
germes de nos univerfités & de nos écoles de Mëdécine.
Les évêques d’ailleurs ont été en quelque
forte, fous les rois de la première race de France
&de la fécondé, de vrais magiftrats &,de vrais médecins,
qui prenoient un foin égal du corps & de
l ’ame , du temporel & du fpirituel, de la police
& de la difeipline éccléfiaftique , & ils en rendoient
compte directement au fouverain. C’eft ce que nous
voyons confirmé par un capitulaire de Charlemagne,
daté de l’an 7^4. Or la ville dé A i x ne nous
préfente qu’un des féconds berceaux des mu fes chrétiennes,
& un des féconds canaux de la charité épifi
copale. La ville d’Arles reçut la fo i , au milieu du
troifîème fiècle, de laint Trophime', l ’un des fix
compagnons de faint Denis; & il fut le premier
qui ouvrit dans les Gaules méridionales Sc orientales
une fource féconde , dont toutes les Gaules
ont tiré les ruifleaux de la fo i, de la charité, Sc
de la vraie doCtcine ; & fes premiers fuccefleurs
.ont été reconnus feuls Supérieurs de la province
d'Aix, Cette ville eut enfin fon Evêque particulier
; mais qui demeura fous la primatie d’Arles.
Ce n*eft qu après le neuvième fiècle que l ’evêque
d’Aise eft devenu archevêque, Sc a reçu fous fa
métropole, Apt , Fréjus , Gap , Riez & Sif-
tefon. Cet archevêque eft un de ceux qui a le plus
confervé des fonctions temporelles & civiles des
anciens prélats ; il eft préfident né des états de
Provence & de l ’aflemblée de fes communautés , Sc premier procureur de cette province.
La ville d 'A ix fut ruinée par les farrafins, lorf-
qu’iis envahirent ce pays fous Charles Martel. On
ne penfe pas que la nouvelle , qu’on a rebâtie, foit
fur le plan de l’ancienne. C ’eft une des villes du
royaume qui imite le mieux Paris , tant pour fa
falubrité & fa conftruftion, que pour le génie &
la-politefle de fes habitans ; elle eft bien conftruite ,
fous un beau c ie l , & dans un riche f o l , près de
la petite rivière d’Arc; elle eft garnie de quantité
de fontaines & de baflins , de plufîeurs belles
places publiques, de rues bien percées, mais^ mal
propres , & de grandes promenades ; fes habitans
fe donnent aux fciences, & plufîeurs y entretiennent
des cabinets curieux. Un des plus renommés
y a été formé, non par un homme d’une profefîion
feientifique , mais par un maréchal ferrant nommé
Reboule. Les favans y trouvent auflî de riches bibliothèques
, entre autres celle des dominicains.
Dans un de fes faubourgs font une fontaine minérale
& des bains publics; & depuis quelques
années on a découvert de nouvelles eaux près de
la ville , qui y a fait élever de grands édifices pour
la commodité des buveurs. Enfin la maifbn de la
charité , qui fert d’hôpital général, eft belle Sc
commode.
Tous ces avantages de la ville d 'A ix y ont du
faire élever depuis bien des fiècles des temples aux
Müfes Sc à Efculape. I l s’y eft en effet établi, en
différens temps, des éc®les de belles lettres & de
fciences, auxquelles ont fuccédé des collèges, où
différens ordrgs.de religieux enfeignent maintenant
les humanités & la philofophie. En 1A09 > Ie PaPe
Alexandre. V y érigea une univerfité qui. rut con- ^
firmée en 1413 , par Louis XII roi de Sicile , alors
comte de Provence.
L ’univerfité d 'A ix étant tombée en décadence ,
elle fut rétablie, augmentée , & illuftree par Hemi
IV en 1603 ; Louis XIII lui donna un nouvel éclat
en 162.1 y Sc lorfque Louis X IV vint a en
1660, il confirma les privilèges de cette ville &
de fon univerfité. Ce prince ordonna expreflement
que fes étudians jouiroient des mêmes privilèges
que ceux de l ’univerfîté de Paris, le modèle^de
toutes les autres de France. Cependant elle n eft
compofée que de trois facultés de Théologie , de
Droit, & de Médecine. L ’archevêque de cette viLe
en eft le chancelier né.
Il ne paroît pas que la Chirurgie ait été fou-
mife à une police bien exaCte & bien fure dans la
Provence, jufqu’à l’établiflement de 1 univerfité &
de la faculté de Médecine d 'A ix , Mais par leur
éreCtion , cette univerfité fut en pofleflion de recevoir
& de régler les chirurgiens Sc les apothicaires
de cette ville , & même de toute la province.
Il ne paroît même pas que les premiers barbiers
, dont les droits font antérieurs a cette epo^
que, y aient exercé leur juridiction.
La police importante des trois çorps de la Médecine
devint plus régulière en Provence apres
l ’établiffement du parlement d 'A ix , le feptième
du royaume , fait par Louis XII au mois de juillet
1501, Sc confirmé par déclaration du juin iy o z .
Comme le premier chirurgien du roi n’étoit entré
qu’aux droits du premier barbier , par la réunion-
de ces deux charges en 1668 , il a été long-temps
fans pouvoir jouir paifiblement de fa juridiélio»
fur les communautés des chirurgiens & des barbiers
dans le reflort de ce parlement. Le refus que fai-
foient ces communautés de tenir les offices de lieutenant
& de greffier du premier chirurgien , donna
lieu à une déclaration du roi en feptembre 1679,
comme on le voit par fon contenu : « Et d’autant plus
» que nous avons été informé que plufîeurs coni-
» munautés. de maîtres chirurgiens , & particulière-
» ment ceux de Provence & de Bretagne , font des
» délibérations entre eux de ne point tenir lefdits
» offices de lieutenant de notredit premier chirur-
» gien , afin que n’ayant point d’infpeèleurs fur leur
» conduite, ils puiflent admettre qui bon leur
» femble,dans leurs corps, & s’y rendre ainfi maî-
» très abfolus de l’exécution de leurs ftatuts, qu’ils
» violent impunément par des compofitions qu’ils
>5 font avec les afpirans ; nous ftatuons & ordon-
» nons que notre premier chirurgien Sc fes fuc-
» cefleurs en ladite charge continueront de nom-
» mer, pourvoir , & inftituer dans toutes les villes,
» bourgs, & autres lieux de notre royaume, fans
»> aucun réferver ni excepter, où il le jugera né-
» ceffaire, des lieutenans, greffiers, ou commis,
» qui feront inftallés en vertu de fes lettres pat
^ V f f f .