
c a u f e u n e p o u r r i tu r e fu b i t e d ans l e s am m â à x q u 'o n
f a i t m o u r i r e n l e s te n a n t d an s u n air c h a u d & r e n f
e rm é . C e u x à q u i l ’o n d o n n e l a m o r t a v e c l a m a c
h in e p n e u m a t iq u e , in f e c t e n t lo r f q u ’ o n l e s t i r e de
d e f f o u s l e r é c i p ie n t p e u d e t em p s a p r è s l e u r m o r t .
J e t e rm in e r a i c e t a r t i c l e e n d o n n a n t l e d é t a i l
d e s e x p é r ie n c e s f a i t e s à L o n d r e s , d e p u i s q u e lq u e s
a n n é e s , p a r u n p h y f i c ie n a n g l o i s , d an s l e d e f ie in
d e c o n n o î t r e^ l a q u a n t i t é & l a n a tu r e d e s e x h a -
l a i f o n s q u e c o n t e n o i t Yair d e c e t t e v i l l e dans l e
t em p s o u i l fi t f e s e x p é r ie n c e s ( ï ) .
« Vers les premiers jours d’arnit 17 69 , dit l ’au-
» teur, Voir avoit été chaud, fe c , & fans vent»
» Lorfque je commençai à côndenfor les vapeurs
» vers le foir Yair étoit calme , & la journée
» avoit été fort belle. Je fis mes expériences au
» milieu d’ime grande cour. Je pris un grand
» balon de verre fort propre en dehors , dans le-
» quel je mis une quantité de glace & de fel am-
» moniac puivérifé. Le balon ou globe ainfi pré-
» paré , je le fufpendis à environ cinq verges au
» deffus de la terre ; le froid produit par la glace
» & le fel congela l'humidité de Fuir, & la fur-
>ïNface du globe fut couverte d’une couche de glace.:
» Je raclai avec beaucoup de foin celte furface
» avec une fpatule d’argent , St j’enfermai cette
» glace dans une bouteille-bien nettoyée à large
» goulot. Lorfque je me fus procuré quelques
» onces de cette vapeur condenfée, je procédai aux
» expériences que je vais rapporter.
» i ° . P o u r c o n n o î t r e s’ i l y a' d e Y air f ix e o u
» m é p h i t iq u e ; j e m i s u n e o n c e ' de c e t t e h u m i -
» d i t é c o n d e n fé e d an s u n e f i o l e q u e je b o u c h a i
» d’ u n b o u c h o n d e l i è g e p e r c é d’ o u t r e e n o u t r e ,
» a f in q u e Voir q u i f e d é g a g e o i t p û t a i f ém e n t
» p a f f e r p a r c e t r o u . J e m is e n f i i i t e . c e t t e f i o l e
» d an s l ’ e a u b o u i l l a n t e , a p r è s a v o i r a t t a c h é p a r
» d e f lu s l e b o u c h o n u n e v e f f ie o u i l n ’ y a v o i t
» p o in t d’air. L ’air d é g a g é d e l ’ h u m id i t é c o n -
» d e n f é e p a f f a f o r t a i f ém e n t à t r a v e r s l ’ o u v e r tu r e
» d e l i è g e d an s l a v e f f ie r & c e t air o c c u p a u n
» e f p a c e é g a l a u v o lu m e d’ u n e d r a gm e & d em ie
» d’ e a u d i f t i l l é e . L a f i o l e , a p r è s l a r é p a r a t io n d e
» c e t a ir , p e f o i t q u e lq u e s g r a in s m o in s q u ’ aupa*-
» r a v a n t . A f in d e m ’ a f fn r e r e n c o r e d a v a n t a g e q u e
» ç é t air é t o i t f ix e o u m é p h i t iq u e , j e l ’ a p p l iq u a i -
» à d e l ’ e a u d e c h a u x , & i l fe f i t u n p r é c ip i r é de
» t e r r e c a l c a i r e q u i n e m e l a i f f a p lu s d e d o u t e fi ir
% ï ’ e x i'fte n c e d e c e t air.
» z°. Je pris une quantité de l'humidité con-
» denfée qui n avoit point été expo fée à la cha-
» leur, j’y mêlai un petf de firop violât délayé;
» ce firop prit une couleur légèrement verdâtre ,
» & je conclus qu’il n’y avoit point d’acide , mais
» un alkali dominant dans cette humidité.
» 30. Je mêlai dè cette humidité condenfée avec
» une folution de fubiimé corrofif ; le mélange
» devint cFun blanc pâle , ce qui me prouva I»
» préfence d’un alkali volatil ; car Falkali fixe
» n’eut pas ’produit cet effet, il auroit plutôt pré-^
» cipité le mercure fous la forme d’une poudre
» brune ou rougeâtre , nommée mtrcurius précis
»• pitatiLS fujcu s Jf^urt^ii.
» 40. J’expofai une feuille de papier marqué avec
» une folution de plortfb à la vapeur de cette hu-
» midité condenfée ; mais il n’y eut aucûn change -
» ment , & j’en conclus qu’il n’y avoit rien de
» fulfiireux ou d’inflammable.
» 50’. L'humidité condenfée , évaporée jufqu’a
» ficcité, fournit un corps falin de couleur brune y
» qui, après plufieurs expériences, parut être u»
» fol neutre, compofé d’acide vitriolique & d’al-
» kali. vo la til, & ce fol vitriolique ammoniacal
» étoit en raifon de n -§ grains par a onces d’hu-
» midité.
» D’après ces obfervations fur Y air de la ville
» on peut conjecturer , ajouté l ’auteur , que foiï
» influence doit'produire des effets particuliers fur
» le corps h.umain y 8c contribuer à la génération
» des maladies putrides ,- fur-tout dans les fujets
»• drfpofés à la fermentation putride, attendu que*
» les exhalaifons putrides font les plus nuifibles aiï
» corps animal. Il paroît encore que ces vapeurs
»■ répandues dans Y air au moyen de la tranfpira-
» tion, lorfqu’elles font.accumulées dans des en-
» droits plus renfermés , comme les prifons, les
» hôpitaux , acquièrent un degré confidérable de
»’ putridité, & peuvent dégénérer en miafmes par-
» ticuliers , qui produisent ces maladies fort com-
» mânes dans les prifons. Par fa première expé-
» ,rience,. on a vu que par la. fermentation des corps
» il fe forme un air méphitique ; air funefte, &
» qui caufe fo u ven t-Une mort prompte aux ani-
~» m aux. O r , fi cet air n/eft pas en affez grande
» quantité pour agir en poifon violent, il peut
» produire des maladies dangereufes , & fur-tout
» de la claffe des putrides. Il eft confiant que cet
» air méphitique part de différentes fources , de
» tous les animaux qui refpirent, de tous les corps
» que le feu confume, & principalement de tous
»‘ ceux qui fublffent fermentation »■ .
A r t i c l e s i x i è m e .
Effets du climat & de la manière de vivre (i)V
La nature du climat qu’ on habite, la manière
dont on v i t , font encore des caufes prochaines de
maladies épidémiques , félon que la fituation & la
température du climat eft plus ou moins favorable,
félon- que le régime de vie que l ’on fuit eft plus
ou moins réglé. Je n’entreprendrai pas de faite ici
l ’hiftoire des maladies attachées à la température
des différens climats de la terre , & à la manière
(1) Journal Encyclopéd,, année 1771, 15 tnars,pag- 278, (1) Métn, del’àead'. des fcienccs, année 175-4. pag. 49s»
de vivre des habitans, Outre qukme pareille hif*
toire eft étrangère à mon plan, elle a déjà été
faite, du moins en partie , par M. l ’abbé Richard,
dans fon Hijloire Naturelle de l’air & des météores
, qui parut en 1770. Je me. bornerai au feul
climat de Paris, comme étant le plus connu & le
plus fréquenté ; il peut d’ailleurs fervir comme de
terme de comparai fon. puifque Paris eft fitué pref-
que au milieu de la zone tempérée. A l ’égard de
la manière de vivre de fes habitans , c’ eft affez celle
que l’on adopte dans les provinces de France; non
pas qu’elle foit la meilleure , mais c’eft parce qu’on
le fait, pour ainfi dire, un ' point d’honneur dé fe
modeler fur là capitale. Ce que je dirai ici de
Paris, peut donc s’appliquer en général à toute la
France, à quelques reftri«fiions près pour les provinces
plus feptentrionales ou plus méridionales.
Paris eft fitué dans une plaine ou font plufieurs
collines. Sa dillance du -premier méridien, c’èft-à-
•dire fâ longitude , eft de 20 degrés; mais à préfent
on prend pour premier méridien, celui de l ’obfor-
vatoire de cette ville. Cet édifice eft fitué dans
la partie la plus méridionale ; la latitude de l ’Ob-
fervatoire, c’eft-à-dire, Far diftance à l ’équateur, eft
de 48° 50' 10. .
Paris a , par rapport à la falubrité de.Ÿair, l ’in-
co'nvénient des grandes villes, qui eft, que la quantité
d’animaux de toute efpèce qu’i l renferme, &
les immondices qu’on porte dans les marais & fur
les terre» des environs, rempliffent Y air d’exha-
laifons qui le rendent plus épais & moins pur ;
mais ce qui remédie, du moins en grande partie,
à cet inconvénient, c’eft que Y air y eft renouvelé
par les vents, qui changent fouvent dans ce pays.
Le vent du nord-oueft eft celui qui y règne le
plus ; au contraire, le fud-eft y eft le plus rare.
Le nord-oueft devient encore plus humide qu’il
ne l’eft ordinairement en entrant dans Paris, parce
qu’il paffe ail travers du bois de Bpulogne, qui eft
a la porte de la ville de ce côté-là. Le fud-oueft
amène prefque toujours de la pluie dans Paris ;
le nord-eft, qui eft le plus fec de tous les vents,
tft en même temps le plus chaud en é té , & le
plus froid en hiver.
La température de l ’<zir change fouvent à Paris
comme les vents. ( J’ai parlé, en donnant le ré-
fultat des obfervations phyfico - météoroligiques ,
des degrés extrêmes de chaud & de froid qu’on
y a éprouvés depuis le temps qu’on obferve.} La
*ner, qui eft à quarante lieues de cette ville , eu
diminue la froidü're lorfque le vent vient de l ’oueft.
Ce vent apporte à Paris, au bout du pont-neuf,
un air pur , c’eft-à-dire, qui n’eft point encore
mélé des exhalaifons de cette v ille , parce qu’il y
arrive de la campagne même , en paffant par le
grand vide que laifie au milieu dè Paris la Seine ,
qui coule de l’eft à l ’oueft, & qui y procure l’effet
duo ventilateur,
L eau de cette rivière paffe pour être falutaire ;
elle eft un peu laxative, c’eft: ce qui fait que la
plupart des perfonnes qui ne font point accoutumées
à en boire , ont le dévoiement lorfqu’elles
commencent à en faire ufage.
Les parifiens font dans l ’habitude de boire beaucoup
d eau, & on peut dire qu’en générai iis en
ufent trop, parce qu’ils en boivent non feulement
à leurs repas & le matin, mais aufii dans le cours
de là journée. Le peuple eft fujet à faire excès de
vin le dimanche, après avoir ainfi bu trop d’eau
pendant la femaine. Je crois que Fon peut dire
qu’i l n’y a point de ville au monde on Fon boive
autant de vin & 011 l ’on mange autant de pain qu’à
Paris.
I l y a auffi à Paris des eaux de fource; favoir ,
celles d’Arcuejl & celles -du prés Saint - Gervais ;
ces eaux font moins légères & plus dures que celles
de la -Seine ; mais e lle s' font plus fraîches & plus
pures. L’eau d’Arcueil contient une grande quantité
d’une efpèce de fel fëlénitique qui n’eft point
mal-faifant, comme on le croit vulgairement ; c’eft
une efpèce de fel fédatir,
« On ne veut ..point fe baigner à Paris dans les
j* eaux des fontaines , dit M. Malouin, dont ce-;
» pendant on boit ; on fait puifê'r l ’eau à la rivière
» pour les bains. Les parifiens ont encore un au-
» tre préjugé à cet égard, ils ne fe baignent pas
» dans l’eau de la rivière après qu’i l a plu , &
» ordinairement ils en boivent .dans ce temps-là
» même, c’eft-à-dire, qu’ils font difficulté de fe
n fervir, pour fe laver, d’une eau dont ils boivent ».
On fait ufage dans les maifons de fontaines fa-
blées pour clarifier l ’eau de la Seine qui eft fu-
jette à être trouble après les grandes pluies ; mais
il vaudroit mieux l ’épurer par le repos feulement,
parce que l’eau , en traverfant le fable ou la pierre,
devient plus pefante. L ’air, d’011 dépend la légèreté
des eaux, ne paffe pas à travers le fable comme
fait l ’eau.
Les eaux de puits à Paris ne fervent qu’à laver;
elles ne font pas bonnes à boire, parce que les terres
par lefquelles elles paffent ne^ font pas pures fous
une ville auffi habitée que Paris, fur-tout à caufe
des foffes d’aifance.
La quantité d’eau de pluie qui tombe dans cette
v ille , eft d’environ 17 pouces en hauteur, année
moyenne. On ne peut pas dire que Yair de Paris
foit humide en général, ce qui contribue à rendre
le climat de cette ville bon pour la fànté.
Le mercure dans le baromètre eft le plus fouvent à
Paris & aux environs dans la même plaine, élevé
de 28 pouces; mais il varie ordinairement tous les
jours, & quelquefois même d’une heure à l ’autre.
Les variations du baromètre , celles des vents &
celles du thermomètre , fnppofent effentiellement
de grandes variations auffi dans le poids de Fat-
mofphère ou dans la températiwe de l ’air; ce qui
eft un inconvénient, parce qu’en général les chan-
gemens fubits du temps font la vie courte, en in