
& Galien in fifre fur cette diffin&ion , en remarquant
que les poiflons légers ont moins befoin
a aflaifonnemens que les autres. Hippocrate &
Galien diftingue'nt auffi les poiflons cartilagineux.
Hippocrate remarque fur les polypes & les sèches,
que ces animaux qui paroifîent devoir ctre.légers,
le (ont beaucoup moins qu’ils, ne le paroifîent ,
qu’ils ne lâchent pas le ventre. Il difîingue les coquillages
en ceux qui font fecs, & par conféquent ’
qui ne lâchent pas le ventre, & en ceux qui le
lâchent. Au rang des premiers, i l met les huîtres,
fur quoi Galien n’eft pas de fon avis; au nombre des
fécondé, les moules. Mais ^Hippocrate remarque
que le bouillon des premiers elt néanmoins laxat
if ; ce qui prouve que de fon temps on les man-
geoit cuits. Or Galien, qui parle des huîtres crues ,
peut bien n’être pas en contradiction, avec Hippocrate
, parce que lés huîtres cuites ne font plus les
mêmes; elles ne font plus molles & .légères; elles
font dures, coriaces, & telles que les autres coquillages
que Galien dit qu’on mange cuits , & dont
la chair eft coriace.
De s fa la ifon s, &c.
Les alimens préparés avec des aflaifonnemens
qui les confervsnt ( Tapr^ap« ) , forment un article à
part dans Hippocrate. On les préparoit avec le vin ,
le fel., ou le vinaigre. De tous , les moins nutritifs
, félon Hippocrate ., & les plus atténuans,
(irxv*twfcc) , font ceux qu’on fait avec le fel ; mais
ces objets feront traités au mot A ssaisonnement,
T e l e-ft l ’enfemble de la doCtrine d’Hippocrate,
de G alien , & des anciens fur les alimens» Mon
b ut, en donnant ici uae idée de ce qu’ils ont fait
pour la matière alimentaire , a été de prouver
que ces hommes habiles, guidés par l ’obfervation
feule, & par la phyfique imparfaite de leur temps,
ont, à l ’aide de leur genie, tiré de ces foibles
inftrumens un parti bien étonnant, & que depuis
eux, à l’exception de l ’intelligence des caufos & de
la perfection des analyfes, dont nous fommes encore
lo in , les progrès de l’art ■> dans cette partie, ne
font pas en proportion de l ’intervalle des fîècles.
§. I I .
Médecins modernes.
Traité des . alimens de M. Lorry.
Différence des fubjlances alimentaires.
( P . 174.) « Quand on a approfondi les pro-
» priétés eflentielles â la matière nutritive , on
» voit difparoître les difficultés qui fembloient
» s’oppofer . . . . aux recherches particulières
» qu’on peut entreprendre fur les corps qui la
» renferment »..
« Il eft aifé de s’aflùrer fî un corps contient
» beaucoup de parties nutritives, ou s’il en con-
» tient peu. L ’odorat, le goût femblent fuffire aux
» animaux. . . . La raifon, l ’obfervation , 1 ana-
» logie forment un art pour les hommes , des pré-
» ceptes que la nature a enfeignés à tous les ani-
» maux. . . .
« Il eft inutile d’entrer dans le détail particu-
» lier de chaque aliment ; quand on connoîtra a
» quelle efpèce on peut le rapporter, on en (aura
» afle'z pour apprécier au jufte les différences qui
» peuvent cara&érifer l ’état aftuel de fon mucilage».
‘ « Les deux premiers genres d'aliment.*., font
» les végétaux & an im aux .... ».
a La nature imprime â chaque efpèce de plante
» & à chaque genre d’animaux , des différences qui
» leur appartiennent* en propre, & qui n’appar-
» tiennent qu’à elles ; mais il en eft d univerfeiles
» & .de générales.. ... . I l s’agit . . . . d’examiner
» les unes & les autres, en premier lieu fur les
» végétaux, enfuite fur les animaux».
Différences, générales de la matière nutritive
dans les plantes.
( P . 176.) « Les différences qui appartiennent
» en général à toutes lés plantes^ font celles qui
»> dépendent dabord de leur ftru&uré primitive ,
» ....en fu ite . . . . des variations que produit fur
» leurs parties une faifon plus ou moins brûlante ,
» un climat plus ou moins chaud , & la diverfùe
» des progrès que ces corps fubiffent née e flair e-
» ment,. depuis leur production julqu’à leur en-
. » tière deftruCtion. , . . » .
Ages des plantes. |
~<i La différence des âges eft la première de
» toutes ».
( P . 58. ) « Dans leur formation, les plantes
» doivent . . . être plus aqueufes . . . (36 j. Les
» parties mucilagineufes qui leur font fournies dé-
» pendent prefque entièrement de la femence.. . .
» Les plantes acres & venéneüfes peuvent fervir
» d'aliment dans ce temps. Nous en voyons plu-
» fleurs q u i, quand elles font nouvelles , font em-
» ployées à cet ufage, & quand elles font avancées,
» font de violens médicamens'iL’ufage même de
» la plupart des plantes potagères ne s’étend qu’au
» temps de leur jeunefle. Hippocrate a remarqué
• » que la laitue , qui, quand elle étoit nouvelle,
» étoit rafraîchiflante , quand elle devient plus
» avancée acquiert une vertu déterfive. Il ne faut
(36) Ici M. Lorry ajoute , & plus teçreufes ; mais il
paroît que la proportion de la terre à la ma (Te totale de
la plante , ne peut pas'être regardée comme confidérabie dans
les jeunes plantes. Leurs parties folides, car c’eft elles qu’on
comprend ici fous le nom impropre de terre * font peu de
chofe en comparait)n de céqu’ elles font quand les plantes ont
acquis plus de confidence 6c d’accroiflement. C’cft donc
alors l’eau qui domine.
» chercher
0 chercher dans cet état ni huile, ni réfine. Tout
*> eft aqueux & terreux. Il fembie que tout le
» règne végétal dans ce temps n’ait encore aucune
» différence fpécihque de composition, & comme
» la nourriture de chaque plante diffère peu, les
» différences font auffi légères ».
( jP. 177. ) « Dans les âges fuivans ». « Deux
» accidens empêchent les végétaux d’être regardés
.» comme nutritifs; l’un eft la force . . . i ’autre
»> la quantité des matières étrangères qui fe trou-
» vent jointes avec leur mucilage. La force ou
» la violence de ces principes étrangers , & leur
» quantité font d’autant moindres, que la plante
» eft moins avancée ; mais auffi le mucilage eft
» moins formé , fes principes font .moins liés ; il
» eft donc moins nutritif. Il eft de même moins
» efficace en vertus médicinales. Son mucilage
» n’acquiert de perfection que dans la proportion
» dans laquelle les parties étrangères fe déve-
• loppent ».
Saifons & climats.
M. Lorry » après avoir remarqué que les plantes
ne prennent point d’accroiflement par le froid , &
que c’eft à cela qu’on doit attribuer le grand ufage
que font des poiflons làlés les peuples feptentrio-
naux , dans des climats où les végétaux ne leur
offrent point un aliment fuffifànt ; que le froid humide
donne aux végétaux des fucs très-aqueux & fans
faveur; mais que l’humidité feule , aidant la végétation
& abreuvant les plantes, donne à leurs principes
une atténuation qui donne naiflance à certains
aromates, & -fur-tout â des amers puiflans, au nombre
defquels il cite le trefle d’eau, Sàà des âcres très-exaltés,
comme le cocléaria ; ajoute que dans ces climats
humides : [P . 180.) « L ’eau prédomine néanmoins
» fur tous les autres principes , le mucilage eft
» extrêmement délayé ; en un mot, les alimens
» font légers par eux - mêmes, mais pleins d’eau. ..
» La trop grande quantité d’eau nuit à la forma-
g> tion exadïe du mucilage . . . . C ’eft pour cela
» qu’Hippocrate ( 1. 2. de viCt. rat. ) ayant averti
» que l’on doit avoir une attention particulière
» à la patrie des plantes , ajoute que l 'aliment
» le plus léger eft celui que l’on retire des lieux
» humides. Il met entre fes propriétés celle de
» lâcher le ventre , & l ’on doit le ranger dans
» la clafle des alimenta imbecillia ( alimens foi-
» blés ) , dont Celfe nous parle ; car la matière
» nutritive y eft extrêmement divifée ». Enfuite M . Lorry parle de l’effet douce du printemps fur les plantes d,e dleas chléagleeursr daroonmnea tneasi f.l&a ndcees pfaarv euunres dmooudceé réaetsté nauuaxtqiuoenl,l e&s feelmle
obdiee urre gmaêrdmeer , cdo’mapmrèes uHniep pfoorctrea tde & G alien, cette yaliment. Il divife les faifons & les climats chauds en deux fortes, dont les uns appartiennent à la chaleur humide, les Médecine. Tom. I.
autres à la, chaleur sèche. Il fait fentir combien la
chaleur humide accélère la putréfaction. Pour la
chaleur sèche , elle a fur la matière alimentaire
une influence particulière , & importante a remarquer.
( p . 284. ) « Dans çes climats chauds & focs,
» les principes des alimens doivent être atténués ;
» mais la chaleur, ici dépourvue d’humidité, ne
» produit pas chez eux cette atténuation qui ap-
» proche fl fort de la putréfaction . . . . car au
» lieu d’une tendance à une diffolution générale ,
» la fécherefle doit rapprocher leurs parties atté-
» nuées par la chaleur, leur donner un excès
» de denfité , & faire par conféquent que ces ali-
» mens contiennent fous le même volume beau-
» coup plus de nourriture. C ’eft en effet ce qui
» arrive au froment quand le temps a été foc &
» chaud quand les blés ont mûri ; car quoique les
» laboureurs obfervent qu’ils ne rendent pas tant
» quand on les a moulus, ils lavent cependant
» qu’ils doivent rendre davantage quand on les a
» fermentés, parce qu’alors il fe fait une dilata-
» tion confidérabie dans leurs principes ; ce qui
» n’arrive pas toutes les fois que les fromens font
» trop abreuvés d’eau ; ca r , au contraire, dans
» ceux-ci , le feu faifant dégorger cette humidité,
» diminue de beaucoup le volume qu’on en atten-
» doit quand on commence à les cuire. On font
» donc que^comme les climats froids & humides
» fourniflent tous les alimens que Celfe appelle
.» imbecïlliora , c’eft dans les climats chauds 5c
» fecs que fe trouvent les alimens que le même
» auteur.appelle valentiffima. Valentius è Cam-
» pania frumentum. En effet, la Campanie eft
» une des provinces de l’ Italiè la plus ardente.. . .
» L ’expérience avoit appris la même chofe à Hip-
» pocrate , qui dit positivement ( 1. II. de Diæt. )
» quÆ locis minime aquofis , Jed ficcis^ & oef-
» tuofis proveniunt ea omnia ficciora & cali-
» diora Jiint, & robur plurimum corpori exhi-
» bent, quia pari mole graviora funt & denfiora
» uberioremque foetum fe ru n t, quàm. quae humi-
» d is riguis nafeuntur ; hoec autem humidiora,
» leviora & frïgidiora e x ijlu n t............ ».
Parties des végétaux.
( P . 187.) « I l s’agit maintenant . . . . de dé-
» terminer quelles font les parties des plantes qui
» contiennent moins de fubftance étrangère 5c plus
» de matière nutritive , quelles font celles de.f-
» quelles il eft plus aifé de l ’extraire, dans léf-
» quelles elle eft plus Ample & plus conforme
» aux befoins de la nature ».
« I l faut diftinguer deux efpèces de mucilages
» dans les plantes. Le premier eft celui que les
» forces humaines peuvent extraire ; le fécond eft
» celui qui réfifte aux agens naturels. Les premiers
» mucilages font ceux qui réfident dans les parties
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