
4 oo À I G
A I G E ou A IG L E , fubft. mafc. m a la d ie s
d e s y e u x • Ces deux mots font employés par
JVIaître-Jean comme fynonymes, pour défi^ner une
tache blanchâtre qui paroît au Blan.c de l’oe il, &
procède d’une humeur pjtuiteufe & g y p f é o , qui
s’amaffe par congeftion entre la- conjonctive & la
fc.lérotique , pour y former fouvent une efpèce
de petite tumeur duré , nommée p a r a f e s ( Voy e-ç
c e m o t . )
U a ig e diffère de la taie ou a l b u g o en ce
que celle-ci a fon fiége fur la cornée tranfpa-
rente. { V o y e 5 l’ouvrage de Maître - Jean , part.
2 , chap. 20.)
Les mots c e g ia s , a ig i s cuyièt, a îy is, c e g l ia ,
/bLj \ U , çuyXlcc , a.\yh'y\, ont donné naiffance aux
deux mots françois dont Maître-Jean a reftreint la
lignification. Mais ils paroiffent avoir un fens plus
étendu dans les auteurs originaux. ( V o y e^ H ip -
v o c r . - t , P r o r r h e t . c o a c .p roe n o t . G a le n . e x e g e s . )
Cependant il eft difficile de déterminer ce fens
avec précifion , quelque éclairciffement que l ’on
trouve dans les gîoffaires de Foes, de Go^ris & de
Caftel, parce que les textes primitifs n’indiquent
point les organes malades d’une manière affez descriptive
, & que l’on n’a bien fpécifié les maladies
particulières de chaque- organe , que depuis les
progrès de l’Anatomie.
Au rêfte Hippocrate , en difant ( V , P r o r r h e t .)
que |es b r o u illa r d s , à -x \U i, les n u a g e s , xaj.
»£<peh o u , & les a ig e s | **} ùiylJ'ts , s’effacent &
dilparoiffent, £xÀ£«./vovTaj r i xai acpav/^ov-rai . . . à
moins qu’il n’y ait dans le même lieu un u lc è r e ,
ou une c i c a t r ic e , ou un o n g l e t , paroît n’entendre
que des léfions fuperficielles , & mettre en oppo-
fition Y a ig e avec V o n g le t ; ce qui juftjfie, à rai-
fon de leur fiége commun, la reftriétion proposée
par Maître - Jean. V o y e% les mots A lbugo ,
ÀCHLYS, N^PHEJ.I0N , ONGLET, &Ç. (M . C H A ty - .
y ERU. )
A IG L E R O Y A L . A q u i l a o f f . D a l e . F a l c o
ç e r a tu r a , p e d ib u s la n a t i s , çorpore r u fo . Linn.
Faun. Suec. A q u i l a jp v i s m a x im a , v e r a , feu
g e n u in a y g ene rofife inta , n o b i lis qu orum dam . [m a t ,
m è d . ). V '
On lit dans .les E p h ém é r id e s & A l l em a g n e ,
cent, j & ij , pag* 437 > une obfervation du docteur
Thomaffin, lur les vertus du fiel de Y a ig le :
il éclaircit lu vue 8c emporta les taçhes dp Ja cornée
dans un vieillard octogénaire , qui s’en fervit
pendant quelque temps., On délayoit un peu de
fiel dans de l ’eau fraîche , & on faifoit çou-
ler quelques gouttes de ,ce mélange dans les
yeux. •• «
Suivant ce Médecin , la graiffe de l ’a ig le eft
émolliente , anodine , & réfolutjve : on peut l ’employer
avec fuccès en lioiment dans les foulures
des nerfs , dans les luxations , 8c pour calmer les
douleurs de la goutte ; elle appaife en général
toutes fortes de douleurs.
A I G
M. Thomaffin a fait encore appliquer avanta-
geufement cette graiffe pour guérir les engelures
ulcérées , pour calmer les démangeaifons, 8c ci-
catrifer promptement l,es ulcères.
On attribue aux excrémens de l’a ig le une vertu
incifive 8c pénétrante. On en fait , avec le miel
rofat , une efpèce de cataplafme contre 1’ efquina-
mie ; unis au miel commun , on en çompôfe ua
lioiment pour emporter les taches des yeux; o»
affûte qu’étant employés en fumigation , ils font
utiles contre les vapeurs & la fuppreffion de|s
règles. _ -
E x t r a i t d u d ic î. r a ifo n n . univerfe. de m a t»
me'dy ( V . JD. )
A IG R K , A IG R E -D O U X , A IG R E LE T ,
A IG R I . H y g iè n e .
Partie ,11. M a t iè r e d e V h y g iè n e , Ç h o fe s n on -
n a tu r e lle s .
Claffe III. In g e fea .
Ordre I 8c II. A l im e n s , lo i f f o n s , q u a lit é s
g én é ra le s d e s a l i mens & d e s b oifeh n s.
Le mot a ig r e préfente en général une idée 2
peu près fembiable à celle du mot a c id e : quelques
- uns l’emploient comme fynonyme d’a c id e j
d’autre« le prennent dans le fens d’acerbe -, 8c o.eft
dans ce fens qu’il eft pris dans l’ancienne Encyclopédie
5 d’autres enfin le confondent avec le mot
a c e fc e n t . Sans condamner aucune de ces acceptions,
je crois qu’il fetoit plus jutte de fixer 20. m o t a ig r e
une lignification propre à, lui , 8c confacree par
l’ufage-, mais qui le différenciât fuffifamment des
expreffions avec lefquelles on le confond ordinairement.
Le mot a c id e défigne proprement tout
acide confidéré comme tel , indépendamment des
00mbinaifons qui peuvent, modifier ce caraétere,.
A c e r b e lignifie cette faveur qui"réfulte de la réu-,
nion de la faveur acide avec la faveur aftringente
8c même terreufe ( V o y e^ A cerbe). U à c efc en c e ,
comme il a déjà été dit, exprime le changement
qui s’opère dans un corps qui devient a ig r e j 8c
par conféquent le mot a ig r e lignifiera fpêciale-
ment le produit de l’acefcence , ou cet acide qui
fe manifefte dans la décompofition fpontanée des,
corps qui renferment du mucilage. I l ne faudra
pas confondre l’acidité qui conftitue l’a ig r e , avec
celle qui eft le produit de la fermentation acé-
teufe ; les chimiftes en connoiffent bien la différence
, 8c tout le monde fait bien aulfi quelle
différence il y a entre le vinaigre 8c le vin den
venu a ig r e .
Le mot a ig r e fignifie donc proprement ç e t tç
efpèce d’acidité qui fe développe dans le premier
moment de la décompofition du mucilage. Je dis
du m u c ila g e , parce qu’il n’y a que les corps.
qui en contiennent qui • foient fufceptibles de cette
altération parce que , 'dans tous les corps qui
paffen.t à Y a ig r e . on voit évidemment les liens
r ' • formés
A I G 4OI
formés par le mucilage fe rompre, le corps perdre
fa confiftance , divers flocons fe former j &
quand il fe trouve des parties que le mucilage
tient unies 8c diffoutes, ces parties fe féparent, te
dépofent, 8c étant ifolées, deviennent infoiubles.
On voit ces phénomènes dans les diffolutions de
gommes, dans les gelées, dans la colle faite de
farine, dans celles qui font faites de mucilages
végétaux ou animaux , qui même font bien moins i
futceptibles de coller quand elles font a ig r e s ,
dans-le vin, dans la bière, dans le la it, dans
l ’urine, 8cc. Un autre phénomène qui accompagne
fouvent ce genre d’altérations , c eft la formation
des moiftffures à la furface du corps qui
s’a ig r i t . _ .
J'ai déjà dit au mot a c e fc e n s ce qu’il falloit
penfer de tous les alimens 6c de toutes les boif-
fons qui font dans cet état. J’ajouterai feulement
ici quelques réflexions.
i°. Il eft des corps dans lefqueis les liens du
mucilage font fi foibles, que la plûs^ legere acefi-
cence fuffit pour les rompre. Ceux-la ne prennent
pas' des qualités fort nuifibles par cette alteration.
Tel eft le lait. Les parties qui fe féparent du
lait par l’acefcence font à peine altérées. Le caillé
forme an aliment falubre , 8c le petit-lait devient
une boiffon agréable 8c rafraïchiffante. Cependant
les eltomacs fujets à engendrer des aigreurs,
iupportent encore mieux le petit-lait fait
par le mélange des préfures , que celui^ qui s eft
fait par l’acefcence fpontanée. Mais qu’on augmente
dans le lait la quantité du mucilage par
le mélange d’un corps qui en contienne une grande
quantité, comme-la farine ; l’acefcence fpontanée
y produira, une altération beaucoup plus con-
fidérable , 8c la bouillie aigrie eft un aliment dé-
teiiable j le pain, confervé dans un endroit humide
, s’aigrit, fe moifit même , 8c devient mauvais
j le bouilon aigri eft de même un très-mauvais
aliment ; le lait aigri lui - même , lorfque
fes parties ne font pas encore féparées , eft un
aliment fufpeét 8c mauvais pour beaucoup de monde ;
le vin a ig r i n’eft pas fupportable. Et en général tout
corps dans un état aduel de décompofition, eft
mal-faifant pour les gens délicats.
' z°. La propriété qu’a Ya cefcence de rompre la
liaifon des parties mucilagineufes 8c glutineufes,
la rend utile dans la préparation de certains alimens
, pourvu qu’elle foit arrêtée a propos. La
fermentation à laquelle nous devons le pain eft
une véritable acelcence qui atténue la glutino-
fité de la farine ; l ’art confifte-à l’arrêter à temps
par la cuiffon. Si on lui laiffe paffer les bornes,
le pain , même après l’a&ion du feu , conferve
ün goût d’ a ig r e > 8c fa mie , trempée dans le la it,
le «lit cailler. C’eft alors un médiocre aliment.
L t f a v e 'k r a u t (choux-croute ) eft préparé par une
véritable acefcence, fufpendue quand elle eft à fon
point. Ici il eft bon de remarquer une différence
Caradériftique entre le produit de l’acefceace 8c
Mé d e c in e . Tome I.
A I G
celui de la fermentation àcéteufe •; c eft que tous
les a ig r e s , proprement dits , font des feimçns
très-aétils , pour déterminer ce mouvement d a -
ee feenee dans les corps fufceptibles de le pren
'dre; c'eft-à-dire , dans les corps qui contiennent
' du mucilage , au lieu que le vinaigre mêle a ces
corps eft bien loin d’avoir la même aftivlte ; &
quoique celui-ci, ainfi que tous les acides, fafle
tres-bicn & très-promptement cailler le la it, on
ne feroit probablement pas lever du pain avec
du vinaigre , comme on le fait avec de la levure
de bière , ou comme on le feroit avec toute autre
fubftance véritablement a ig r e . I , .
En général, l ’efpèce de fermentation qui produit
V a ig r e , & celle qui produit l ’a c id e a c é r e u x ou le vinaigre
, paroiffent appartenir à des degres différenj
d'altération dans le corps muqueux , depuis le corps
muqueux mucilagiqeux, jufqu au corps muqueux lacté;
& les fubftances qui contiennent le corps muqueux
dans ces deux états font fufceptibles , fuivant
le .degré de chaleur qu’il éprouve , de conrratter
l’une ou l’autre de ces altérations. Tel eft le vin,
qui, félon le degré de chaleur & les eirconf-
tance's , ou s'aigrit , ou devient vinaigre. Mats
je ‘m’arrête , & ne veux pas ici m abandonner
aux réflexions dans lefquelles cet objet pourroit
m'entraîner. ( V o y e^ C orps muqueux , An-
MENS. ) M B M M n u
2°.,11 eft intéreffant, pour 1 objet dont je inoccupé
, l’Hygiène , de remarquer quequelquefois.
dans les corps alimenteux , il fe manifefte des ngnes
d’acefcence, fans que pour cela toute la malle patte
à l’aigre. C’eft lorfque ces corps ont une certaine
confiftance; c’eft, ce qu'on voit dans les confitures ,
dans les pâtés , &c. , fur lefqueis samaffent des
moififfures. Souvent cette altération ne pafle pas
-au delà de la première furface ; & lorfque celle-,
ci eft enlevée , le relie forme encore un aliment
très-falubre & très-bon. Si ces mêmes corps étoient
moins compaéls & plus pénétrés d’humidlte, l a-
cefcence pénétreroit à une profondeur plus grande ;
& enfin s’ils étoient très-poreux , ou tres-humec-
tés toute la maffe feroit également gâtée. Cette
- obfervation eft-néceffaire ici, comme une réfaction
de ce qui a été dit de la mauvaite qualité
des alimens altérés par l’acefcence, & de la propriété
de ferment qu’ont tous les a ig r e s .
r 4° Il eft une autre acefcence qui fe patle dans
les e'ftomacs foibles , fur-tout apoes les digeftions
incomplètes d’alimens végétaux. Je veux parler de
ce qu'on nomme communément a ig reu r . Les
a ig r e s excitent une fenfation brûlante qu’on nomme
fer c h a u d , f o d a , & qui s’étend depuis I eftomac
iufqu'au haut de l’oefophage. Souvent alors il retient
dans la bouche, par une efpece de regorgement
, une liqueur auffi fenfiblement acide que
f’eft du vinaigre ou du verjus. Si les perfonnes qui
font fujettes a ces. a ig reu r s viennent a vomir , elles
rejettent le plus fouvent une grande quantité de
glaires fuivies de bile verte. Il femble que ces ° E e e