
fie , il acquéroit de plus grandes vertus. Quelques
uns Font fournis à la difiliation , pour en-
retirer une efpèçe de merçure , à laquelle ils at-
tribuoient de grandes propriétés j on en préparoit
différçns magiftères. ôuercet'an .recommandoit de
le faire digérer trois fois dans une eau fpiritueufe
diftillée, Enfin, Agriçola & Jean Faber ont décrit
divers procédés très-compliqués , pour retirer
un f e l , une huile , & une quimeffence à’ aimant.
U aimant ainfî préparé entroit dans un grand
nombre de comportions j & il n’en eft aucunes
dans lesquelles i l ne fût admis, pour les différentes
propriétés que nous venons de faire voir
{qu’on lui avoit attribuées. Il entroit dans la com-
pofition de l ’emplâtre & du cataplafme vulnéraires
de Faber*, dans l’emplâtre vulnéraire
tant vanté par Boétius. Comme fubffance imitante
, i l faifoit la bafe de quelques autres, dont
la vertu étoit d’attirer j tels font les emplâtre?
attractifs de ParaceLfe , recommandés dans la
goutte & la manie ; l ’emplâtre fpécifique du même
auteur , contre la pelle, contenoit Yaimant comme
fubffance alexipharmaque. Comrpe tel il entroit
aufli dans les emplâtres auxquels Mylïus attri—
buoit la vertu d’attirer le venin. Paracelfe attri—
Jmoit enfin à fa préparation, appelée mantia magne
tis , la propriété de préferver de toute corr
ruptipn les parties du corps les plus effentielles.
Les différentes préparations de Y aimant étoient
encore employées fous plufieurs autres formes
dans un grand nombre de maladies. On en com-
pofoit des élixirs pour combattre le catarrhe &
taire couler la pituite, une mixture contre les
yers , différens remèdes pour les yeux, des trochif-
ques contre les maladies que paracelfe attribuoit
à la diffolution. Fafrer attribuoit à''fa quinteflençe
jYaimant une propriété merveilleufe pour arrêter
Je fang dans les hémorragies. I l vantoit aufli, pour
le même fujet, une poudre magnétique, qu’il
faifoit prendre intérieurement comme le fafran de
mars aftringentf
Dans certaines compofitions , Y aimant de-
Voit agir par plufieurs de ces propriétés réunies.
- Ainfi , l’emplâtre ftyptiqne de Crollius étoit vanté
pour fes vertus vulnéraire, anti-putride, alexiphar-
maque, & ftimulante ou maturative. On le re-
çommandoit contre un grand nombre de maladies ,
contre les écrouelles, i eréfipèle, -J.es cancers , les
fiftules / les hernies, l ’enflure de la tête, & certaines
affeâions de la peau; De même le fel Y aimant
, préparé par Agriçola , étoit recommandé
comme vulnéraire, g.ftringent, & balfamique. Employé
extérieurement, il s’.oppofolt aux hénrorr
ragies des plaies, à la chute des cheveux. Son ufage
4 l ’intérieur étoit bon pour arrêter & combattre
le s diarrhées. Le même auteur a parlé d’une autre
compofition pareille , mais Yune moindre vertu.
De ces nombreufes propriétés aceprciées anciennement
â Y aimant, & que nous venons d’expofer ,
i l n’v en a aucunes qui foiçnt maintenant admires.
Quelques-unes, â la vérité, femblent avoir quelque
fondement dans la nature même de cette fub£
tance;, puifqu’on peut, comme nous le verrons
bientôt, les rapporter à fa nature ferrugineufe j mais
fous cç rapport elles font évidemment exagérées,
& l’on ne voit pas en quoi leurs effets pourroient
répondre aux préparations fi laborieufes dont elles
ont été l ’occafion. Les autres propriétés , comme
nous l ’avons d it, font évidemment vagues ou indéterminées
& il feroit difficile d’en trouver 1$
raifon dans la nature des principes qui entrent dans
la çompofition de Y aimant. I l n en eft pas de
même des propriétés fuivanles.
Propriétés accordées à l ’aimant confdere c.omnieL
fubjlance ferrugineufe.
Les anciens reeonnoiffoient à Yaimant les mê-»
mes vertus qu’à la pierre hématite. Galien dit
expreffément dans le livre des vertus des remedes
fimples, que la pierre d’aimant a les memes pro*
priétés. Diofcoridê la compare également à cette
dernière, poiir laquelle i l dit qu’on la vendoit
quand elle étoit calcinée. On employoit ainfi la
pierre d’aimant comme fubftan.ee ferrugineufe, tant
extérieurement que pour l’ ufage intérieur. 'Av.içenne
la regardent, fous ce rapport, comme un remède Couverai
n dans les'affeâions delà rate. Serapion la ran-
geoit parmi les fubftances d’une nature très-sèche,
Platearius la comptoit au nombre des medica-
mens qui ont la vertu d'atténuer au trpifième degré.
Il la croyoit aufli convenable aux per forme? qui ont la
r^te attaquée, par la vertu qu’on lui attribupit d attirer
le phlégme & la mélancolie. Suivant Pline , ori
employoit les différentes efpèces Yaimant peur les
maladies des yeux. Calciné & réduit en poudre , cm
s’en fervoitppur les brûlures. Paul d’Egine attribuoit
à Yaimant d’Arabie, qu’il difoit être femblable à
l’ivoire, la vertu 4.e déterger & de deffécher.
L ’aimant calciné devient, fuivant Avicenne, femblable
à la pierre hématite. I l agit Comme dé-
terfif pour rhondifier les ulcères. En un mot, il
eft certain que les anciens faifoient un grand ufage
4e Yaimant, & qu’iis s’en fervoient dans les mêmes
circonftances où nous employons l’un de nos plus
précieux médicamens, le fer & fes nombreufes
préparations,
' Les modernes n’ont fait fueune difficulté de re-
çonnojtre dans la pierre Yaimant ces différentes
propriétés qu’on lui avoit attribuées comme fubffance
ferrugineufe. Ainfi, on a regardé Yaimant comme
une fubffance propre à fortifier les vîfcères , à s’opr
pofer aux diarrhée? , a remédier aux hémorragies.
Tous les auteurs lui ont reconnu une vertu aftrin-
gente & propre à arrêter le fang, fur-tout étant
calciné. Zwinger s’en eft fervi avec fuccès pour
combattre un écoulement' involontaire des urines
dans une jeune fille. Il eft aifé de s’affurer que
l ’on a dans tous les temps employé le fer contre,
ces différentes-affeâions. Quapt à l’ufage extérieur ,
nom
A î M' mous voyons aufli qu’on n’a point contefté à Yaimant
la vertu de deffécher, de reflerrer, & de
raffermir. On le regarde comme propre à faire
cicalrifer les plaies. C ’eft pour fa nature aftringente
qu’on le eonferve dans un grand nombre d’emplâtres.,
où les auteurs des derniers fiècles l ’avoient
fait entrer fous un autre rapport : tels font Y emplâtre
divin, Y emplâtre noir, Y emplâtre de la main
de Dieu y Y emplâtre flyp tique de Charas. En un
mot, c’eft à raifon de fa nature, qui lui eft commune
avec le fer, le fafran de mars , & la pierre hématite ,
qu’on en fait encore quelque ufage dans certaines
préparations.
Propriétés attribuées à l ’aimant confidéré comme
fubflance magnétique agiffant fu r le fe r.
ï° . D e fort ufage à Vintérieur•
Avant Diofcoridê , il paroît qu’on ne faifoit
point ufage du fer en médecine , au moins intérieurement.
On le regardoit même , dans des temps
beaucoup pofterieurs , comme ayant des qualités
délétères. Soit que les anciens n’employaflent qu’un
fer impur, & que l ’art de l ’adoucir, de le purifier,
leur fût inconnu, foit aufli qu’ils le preferi-
viffent en trop grande quantité , fon ufage à l ’intérieur
paffoit *pour occasionner de grands acci-
dens.
Avicenne a décrit les fy mptômes fâcheux que l ’on
attribuoit de fon temps à cette caufe j & pour
en prévenir les fuites , il recommandoit, comme
un antidote affuré , la pierre Yaimant, â la
dofe d’une drachme dans le vin, ou dans le- fuc de
bette & de mercuriale. On étoit alors dans la per-
jùafîon qu’en donnant cette fubffance à l ’intérieur ,
elle s’uniffoic au fer dans les premières voies, &
qu’elle corrigeoit fes mauvaifes qualités, en même
temps qu’elle fervoit à l ’entraîner au dehors. Ainfi,
l ’on vantoit comme un contre-poifon du fer une
jüubftance beaucoup moins pure, & dont, par cette
raifon, un. grand nombre d’auteurs avoient penfé
qu’on devo.it proferire l ’ufage à l ’intérieur.
z°. De fon ufage à Vextérieur.
Cette manière d’employer Yaimant a donné
«aiflance à plufieurs procédés fameux , dont on a
vu la chirurgie s’emprefler de s’enrichir. Nous en
avons une preuve dans les emplâtres appelés magnétiques
c’eft-à-dire, dans lefquels on faifoit
entrer la pierre Yaimant pulvérifée. On attribuoit
à ces emplâtres la vertu de guérir les hernies'en
banniffant toute opération. K-irçher, rapporte que
de fon temps on vantoit en Hollande la méthode
fùivante, pour "obtenir dans tous les cas la réduction
des parties déplacées. Après avoir fait avaler
âu malade’ de la limaille de fer bien atténuée, on
appliquoit fur le lieu de la hernie un emplâtre
M é d e c in e . Tome J.
A I M 42> de poudre. Yaimant, incorporée dans la pulpe de
grande confonde J & dans i’efpace de huit jours,
pendant lefquels le malade devoit refter conftam-
raent Couché dans une fituation convenable-, les
parti fans de cette méthode, fe vantoient de procurer
une parfaite guérifon. On trouve cette méthode
expofée dans plufieurs auteurs , & vantée
par le plus grand nombre ; mais en la rapportant,
quelques-uns indiquent un ufage abfolument contraire
du fer & de Yaimant. C ’eft à l ’intérieur
qu’ils prelcrivent de faire prendre Yaimant ea
poudre, & l ’on applique extérieurement la limaille
de fer, dont on couvre le lieu de la hernie, après
l ’avoir frotté de miel. Ambroife Paré rapporte,
fur la foi d’un chirurgien », que plufieurs malades
avoient été guéris de cette manière. Quoi qu’il
en foit du véritable procédé de cette méthode ,
dans laquelle Yaimant n’a plus de vertu attraâive,
& ne peut agir que par fa nature aftringente, c’é -
toit à fon aâion fur le fe r , qu’on attribuoit les
vertus merveilleufes qu’on accordoit aux emplâtres
magnétiques dans ce.cas. On étoit perfuadé que
le fer & Y a im a n t fe raffembloient vers le lieu
de la hernie , & que, par l’effort avec lequel ces
deux matières tendoient à s’unir à travers les tégu-
mens, les parties, divifées ou relâchées, étoient
preflees » reuerrées, & maintenues dans l ’état de
rapprochement le plus favorable à la confolida-
tion.
Un fait extraordinaire, dont O fw a ld C r o lliu s
a rapporté l ’hiftoire , accrédita fingulièrement ,
vers le feizième fiècle , l ’ufage des emplâtres magnétiques.
Un payfan des; environs de Prague en
Bohême, qui fe faifoit un amufement de s enfoncer
un couteau dans la gorge , & qui fe diftinguoit
par fa dextérité fingulière à l ’en retirer , eut
le malheur de le pouffer trop profondément. L e
couteau fe précipita dans l ’eftomac, & après y
être refté plus de fept femaines, on ne put le retirer
qu’à la faveur d’une incifion qu’on fit aux-
tégumens & à ce vifeère. Un fait pareil ,eut lieu
en Pruffe , au mois de mai de l ’année 163s. B ê che
r nous en a confervé les détails dans une petite
differtation intitulée H i j l o r ia C u ltr iv o r i. Dans
ces deux cas on eut recours aux emplâtres magnétiques
, qui parurent attirer la pointe du couteau
vers les tégumens ,. & qui fervirent de la forte à
déterminer l ’opération , en indiquant le lieu où
l’incifion devoit être pratiquée. Ces deux cures
extraordinaires donnèrent lieu , dans le temps , à
de grandes & vives difeuflions 5 les partifans des
emplâtres magnétiques attribuant à la vertu attractive
de Y a im a n t un fuccès que d’autres, avec plus
de raifon , attribuoient au hafard, au moins aux
efforts de la nature, ou bien aux fubftances actives
& ftifnulantes avec lefquelies Y a im a n t étoit incorporé.
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Dans le' même temps, & par une fïyte des
mêmes préjûeés , on attribua aux emplâtres ma-
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