
redoutant de nouvelles révolutions, ils aiment I
mieux ÿ^nxer invariablement leur demeuré, que
de retourner dans leur patrie. [Voye\ Lind , Ejftii
on difeafes, &c. p. i i ~, ch. i , f. i & fuiy .) Alors
ils prennent peu à peu , & plus ou moins, le
caractère & les inclinations phÿfiques des indigènes.
J*ai vu en Italie de nouveaux arrivés François n’être
que très - peu fenfibles à l’impreffion redoutée &
vraiment accablante du vent appelé firocco, par
le fouffle duquel les romains fomblent anéantis.
Ceux au contraire qui ÿ avoient pâfFé ün ou deux
ans en éprouvoient'1’effet aulfi complètement que
les naturels, quoique , dans les premières années
de leur fejour, ils euffent regardé l ’efpèce d’apathie
& .d’inaétion où ce vent réduit les romains,
comme l’effet d’une parefFe nationale à laquelle ils
étoient incapables de fuccomber. Bien plus , il eft
des gens qui ne s’acclimatent'jamais ; & M. Ramel
fils, médecin a Aubagne', dit , dans un mémoire
que j’ai maintenant fous les yeux , que
parmi les eoaceflionnaires établis dans les comptoirs
de Bonne , & fur-tout de la C a lle , fur les
côtes d’Alger , il en eft chez lefquels les fièvres.
de ce pays laifFent des fuites opiniâtres & rebelles,
que le retour en Francê fait cefler fubiteme’nt, 8c
qui fe font vus ainfi focceiiîvement attaqués & guéris
autant de fois qu’ils, ont fait de voyages & de
retours. On en voit, non feulement dans ces comptoirs
du nord de l’Afrique , mais même dans les ré-,
gions de la z.one torride , q u i, â la fuite des fièvres,
qu’ils ont éprouvées’ , refirent attaqués. d’obftruc-
tioos dont le volume:, l ’opiniâtreté , la dureté
fombleroient exiger les traîtemens Tes' plus longs
& les plus difficiles, & chez lefquels le feul
changement de lieu enlève en un Inftant,. & fans
aucun refte , ces engorgemens qui auroient paru
devoir laifler pouf toute la vie des traces indeï-
truétibles. M. Ramelnous dit qu’a leur retour en
France, le fèntiment qu’éprouvent les conceflion-
jnaires de la C a lle , eft celui d*un refferrëment
général dans, toute l ’habitude du corps, tel que
celui que produit oient des bandes ; 8c. par ce
refFerrement ils fe féntent comme fortifiés & maintenus.
Cependant il en. eft d’àutres qui , ayant
éprouyé les mêmes fièvres 8c dès accidëns pareils,
finiffent par fe faire au climat , 8c par s’ y porter
parfaitement bien. Au refte, il faut remarquer ‘que
les comptoirs de la Calle , & même de Bonne,
ne font pas, à beaucoup près les endroits les plus
lalubres de la côte : mais il fera queftion de cet
objet dans un- autre lieu*
Voici la manière dont M. Ramel nous décrit I’im-
preffion que refFentent les- nouveaux arrivés. à la
Calle , & les chaug-emens qui s’opèrent dans leur
conftkution.
« Peu: de jours après leur arrivée dans ces comptoirs
, lès Sommes les plus forts & les plus vigoureux
fe plaignent dè pefanteurs 8c de crampes. IIt
devienne ni lents & nions , parëffeux 8c: énervés;
L ’exercice le plus modéré les fatigue Infiniment 5
ils fuent beaucoup ; ils ont plus d’inclination pour-
lé vin, les'liqueurs, 8c le café. Après quelque»
mois , l ’appétit languit , le coloris de leur viiage-
fe flétrit infenfiblement , le ventre devient lâche
quelques-uns font attaqués de la diarrhée. La bouche
devient comme fangeufe , amère, & pâteufej-
la langue eft chargée , principalement le matin
d’un limon j’aunâtrê : nonobftant ce ils prennent
de l ’embonpoint. Si dans ces ci r confiances on les fait
faigner , le fong coule à peine par la plus «large
ouverture , & laifFe voir peu de férofilé.
» Cet état, qui annonce déjà un épaiffifFement
notable dans les humeurs , une détente dans les-
folides, beaucoup de .la-xité dans la fibre , une
foible ofcillation dans le fyftême vafculeux , despores
cutanés fort ouverts par le relâchement général
des félidés , beaucoup de faburre dans les?
premières voies j;cet état, dis-je , fe foutient plus?
ou moins , fuivant l’âge, la force , & le tempérament
du fujet, fuivant les habitudes & les difo-
pofîtions phyfîqües qu’il' apporte, & encore fuivant
la faifon ( l’été étant conftamment la faifon des
maladies ). A cet état foccèdent communément les:
fièvres intermittentes,, les fièvres putrides , & plus
rarement les- fièvres putrides malignes. .- . . Les-
fièvres putrides & les putrides malignes font plus
fbuvent rémittentes que continues , 8c elles fe-
termînent très - fouvent en fièvrés intermittentes „
lorfque la terminaîfon eft heureufev
» Ces maladies font, pour, ainfi dire , les feules,
que l ’on obferve dans ces deux comptoirs j elle®:
font beaucoup plus communes à- la Calle qu’à-
Bonne. . . . La dïfpofition phyfique du corps y
eft te lle , que toutes les maladies 8c les plus lé gères
mdifpofitions ont une tendance fingulière à?
fe Compliquer avec ces fièvres intermittentes parle
traitement antiphlogiftïque. Nous avons vu des
hommes entrer- à l’hôpital pour dés b-lefFures : le
chirurgien, qui ne cortnoHïoit pas' affez la conf-
trtuftion humide 8c chaude de l ’air , & fes effets
fur le corps animal, çroyoit bien foire en leur
interdîfant le vin & en les mettant à l ’ufàge*
dune trfane délayante ; & bientôt ces blefFés étoient
attaqués- de fièvres, d’accès; ;
» Un jour d’é‘t é ,. cinq foldats qui fe portoiënt
très-bien forent fè baigner au bord dé la mer furie
déclin du jour ,Deux jours’ après ils forent:
tous les cinq à l’hôpital. Quatre d’entre èiïx:
ayoient- des .fièvres intermittentes , le cinquième:
a.voit une fièvre putride qui " dégénéra.- en fièvre in--
témiittente »..
M. Ramel remarque en outre que ces maladies?
font fouvent accompagnées, dans le commencement,,
de yomifFemens jaunes & amers ,. 8c d’une langue;
chargée d’un Ti-mon - jaunâtre ; qu’elles fe terminent
en interinittentqs ,. & qu ordinairement le-
malade refte avec un-teint chlorotique , & avec:
des engorgemens dans les, vi&ères- abdominaux £
flw’enfin le traitement, foit preférv^atifo foit.curatif.
de ces maladies, ne réuffit; réellement que
quand on unit les toniques , & fouvent lej cordiaux
, aux apéritifs ou aux évacuans , félon les
indications*^ On voit bien dans cet expofé que les
caractères du changement phyfique qui s’opère chez
les européens à la Calle , confilte dans le relâchement
des folides, l ’épaiffifFement des fluide? ;, 8c
enfin le développement; d’une cachexie bilieufe
qui forme des engorgemens dont le fiége eft dans
les vifeères qui fervent plus .ou m oins directement
à la formation-de la bile , ou au moins
dont les vaifFeaux appartiennent au fyftême de la
veine-porte.
Ce que Lind rapporte des maladies qui Parviennent
aux européens dans? les parties de -1 Afrique
qui font entre les tropiques, préfente une grande
analogie avec ce qui vient d’être dit : mais on y
voit une marche plus • rapide , 8c des différences
qui paroi fient ‘dépendre entièrement de celles-du
climat & d’un grand degré de chaleur combiné
avec une exceflive humidité. Les préliminaires n’.y
font pas décrits avec la même précifion que dans
le mémoire de M. Ramel \ mais les: obfervations
n’en font pas moins dignes de remarque. Le
journal du vaifFeau dont eft tiré ce que dit Lind,
attelle que , « le 2 6 -mars, arrivés à Saint-Iago ,,
ils y trouvèrent tout le monde en parfaite fànté ;
que cependant les blancs fembloient avoir été
malades , & confervoient une tumeur dure dans:
la région de la rate, qu’on appelle gâteau de la
fièvre.
» Le y avril, à Gambie , tout le monde étoit
en parfaite fanté. Mais le chirurgien qui y étoit
établi, dit que la foibleffe de l ’eftomac & des
digeftions liii fembloit être le principal fymptôme,
& celui par lequel débutoient la plupart des maladies
des européens dans lés faifons mal-faines;
que toutes ces maladies étoient en général de nature
; bilieufe, avec une petite fièvre fouvent du
genre des malignes, & foùvent du genre des rémittentes;
que les dévoiemens étoient au fil très-
fréquens, fouvent mortels , quelquefois fans fièvre ,
fouvent avec fièvre y mais plus fouvent encore ils
en étoient la fuite.
» Le 12 avril, on arriva à la rivière de Saint-
Domingue, qu’on remonta jufqu’au comptoir portugais
de CatcHou : for la fin d’avril il tomba de
la pluie, Il en tomba le 13 mai . . . . enfin, du
18 mai au commencement d’oftobre, la pluie fut
prefque continuelle.
. p Ce fut dans le mois de juin que prefquè tout
le monde tomba malade. On ne pouvoit donner à
ces maladies - aucun, caraéière bien déterminé ; mais
elles fembloient. approcher dés fièvres nerveufos :
le pouls-étoit foible , le cerveau & les nerfs fem~
bloîent fpécialement affèJiés , & le type de cçs
fièvres étoit difpofé ,a de fréquentes rémifiîons ; fou-
vçnt elles commen^oient par des. vomiffemens; plus
fouvent elles débutoient par le délire. Elles fe de-
claroient communément la nuit, & alors les ma-
lad.es, pris, de délire , çherchoient à s’expofer nus
à l ’air libre : alors on obfervoit qu’étant mouillés
par la pluie qui tomboit à flots, ils reprenoient
un peu leurs lens ; mais bientôt le délire recom-
mencoit , - ils tomboient dans- l ’afFoupifFement ,
leur pouls- devenoit enfoncé , beaucoup de lymp-
tômes nerveux fe manifeftoient , la peau étoit
fouvent jaune , 8c les fyptômes les plus généraux
écoient les vomifFemens; 8c le s . felles bi-
lieufes.
» Après ces maladies, la forblefFe éfoit te lle ,
que les convaiefcens étoient fix femaines ou deux
mois avant de pouvoir For tir. Les fuites étoient un
dévoiement coliiquatif, la jaunifFe , l’hydropifie,
les obftruétions , &c. . . .
» Quelques perfonnes devenoient lourdes , ,pa-
reffeufes, éprouvoient un délire léger , mais feulement
par intervalles; & fans s’être mifes au l i t ,
elles mouroient dans un afFoupifFement comateux
au bout de quarante - huit heures. Mais ce qui
mérite d’être remarqué , c’eft qu’aucun ne tomba
malade avant le commencement des pluies ».
Il fout ajouter que Catch ou eft, dans la faifon
des pluies , un. des lieux les plus mai-fains de cette
côte. Dans cette defeription , on vo it, comme dans
celle de M. Ramel, un relâchement notable des,
fibres, & un caractère encore plus .décidément bilieux
, & qui ^ient de la fièvre qu’on appelle fièvre
jaune , ou maladie de Siam ; mais outre cela,.
le fyftême nerveux y paroît plus généralement
affeéte , 8c la fonte putride des humeurs y eft plus
rapide & plus funefte. Les anti-putrides toniques ,
tels que le quinquina , antifpaftnodiq.ues , comme le
camphré, 8c .les ftimulans aétifs , tels que les
veficâtoires , étoient au J fi les remèdes- les plus
utiles ; lès foignées , ainfi que le traitement Amplement
antiphlogiftïque , y étoient également
pernicieux. Enfin les engorgemens de la rate , à
la fuite de ces fièvres , font ici aufli fréquens que.
le font à la C alle , fuivant M. Ramel tous ceux’
des vifeères abdominaux. En général, les moindres
excès & les caufès les plus étrangères à ces maladies
font encore ici y comme dans les co mptoirs de . la
Calle & de Bonne , des occafions fuffifantes pour
en déterminer le développement, qui fans cela
feroit peut-être ou plus tardif ou moins fenftble y
mais q u i, par les complications , devient plus
violent, plus dangereux, foUvèrit funefte.
Toutes, les maladies qui ïnfeftent les établif-
fomens portugais à Mozambique , for-tout dans:
l ’île de ce nom , & celles qûi,: mieux que l'e fer
& le feu, les-ont chalFés de Qüiloa & dë preftjué
toute la côte depuis Sofola jufqu’à M.etinde , font
de même nature,a .peu près qué cèllçs' dont jé.
viens eje parleri II paroît qu’à l ’exception dés.
maladies qu’éprouvent les européens au paifage
de la ligne ? celles qui les affrètent gaus lesétar.