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eft prefque toujours alors-, même dans l ’écurie,
au-deffous de celle des.humeurs raréfiées par un
exercice violent ; il pourroit donc en réfuiter la
fuppreffion & le reflux de cette évacuation dans
la piaffe j ce qui eft la fource fréquente d’un grand
• nombre de maladies aiguës & chroniques, toujours
difficiles à guérir. L’ani mal n’a pas d’ailleurs; comme
l ’homme , des habillements qui , en abforbant une
partie de la fueur & en s’oppofant aux courants d’air,
diminuent jufqu’à un certain point ces mauvais effets
: il eft donc indifpenfable de lui abattrel' e?iu.
P oui cet effet, le palfrenier, après l ’avoir défar-
naché ou defellé , s’arme du couteau de chaleur,
qu’il tient avec les deux mains, & de façon qu’il
en appuie le tranchant fur les-parties du corps
q u il doit racler avec fbrce .il commence par l ’encolure
, & ramène toujours l’eau du côté du garot;
de là i l fuit les épaules, les bras, les avant-bras,
les jambes , & l ’entre-deux de ces parties. Il ne
tient fon inftrument d’une main feule que lorfqu’il
ne lui feroit pas libre de l ’employer autrement;
il le paffe enfuite depuis le dos & les reins juf-
ques fous le ventre, où l ’eau fe raffemble, & le
long du ventre & de-la poitrine, depuis le fourreau
jufqu’au poitrail, pour ¥ abattre entièrement.
I l en ufe de même relativement à la partie fu-
périeure de la çroupe , à fes parties latérales, aux
hanches , aux feffes , aux cuiffes extérieurement .&
intérieurement, aux jambes , &c. I l réitéré cette
opération autant de fois que l ’abondance de la
fecrétion paroît l ’indiquer: immédiatement après,il
bouchonnera fortement l ’animal, il lui mettra une
couverture & une crinière fous lefquelles il placera
de la paille fraîche , entière , & dans fa
longueur. Cette précaution, que quelques - uns
regardent comme minutieufe, eft importante, en
ce que, d’une part, elle empêche la couverture
de porter fur les parties mouillées, de fe grouiller
elle-même , par conféquent de devenir inutile
ou nuifible en fe refroidiffant, & que de l’autre
elle facilite la circulation de l’air entre la couverture
& la peau, en même temps qu’elle s’op-
pofe à far vivacité & à fa fraicheur en le rompant
& le divifant à l ’infini : cette circulation eft né-
ceffaire pour' l ’entière évaporation de la fueur ; on
l ’accélère par la promenade au pas & à l ’ombre.
I l faut auffi abattre l ’eau aux animaux qui
fortent de la rivière ou du bain , à ceux qui font
mouillés par la pluie, la neige , &c ; la réper-
cuffîon de la tranfpiration n’étant pas moins à
çrainire dans tous ces cas que dans le premier.
I l én eft qui font fi irritables & fi chatouilleux ,
u’ils ne peuvent fupporter la preflîon du couteau
e chaleur ; on la leur avale avec la main ; on
jnfifte plus particulièrement alors fur le bouchon-
nement, la promenade ; on réitère la paille fous
les couvertures , s’il en eft befoin , &c. ( M.
M u Z ARD. )
a t t r e . v, ( s'abattre. ) Art vétérinaire.
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Se dit d’un animal qui, en portant ou en tirant,
rencontre un obftacle qui lui fait perdre l’équilibre
& l’aplomb néceffaire à fa puogreffion , & le
fait tomber fubitement. Cet accident arrive plus communément
aux chevaux de tirage, parce que dans
cette aétion forcée les extrémités antérieures tuppor-
tant tout le poids, fatiguent beaucoup plus que dans
celle de porter, la charge étant plus généralement
•répandue dans cette dernière. On a obfervé, qu’au
pas il étoit plus fréquent qu’au trot & au galop ;
ifans doute parce que dans la première de ces a llures
l ’animal levoit moins les extrémités , de
s’abandonnoit à une efpèce de molleffe dans la
marche , qu’excluent néceffairement les autres; '*
Parmi les càufès qui excitent les animaux à
s'abattre , les unes dépendent de quelques vices
de conformation , les autres leur font étrangères.
Ainfi , ceux qui font bas ou ferrés du devant ,
qui butent, qui s' attrappent, & s entretaillent, qui
(ont chargés d’épaules , qui ont ces parties froides-,
dont les jambes font roides , ufées -, foiblës , qui
font long - jointés , & c ., y font beaucoup plus lu-
jets que les autres : les mauvais chemins , le
pavé fec & plombé, les gelées , une vieille ferrure,
la longueur exceflive des pieds, le trop dé
pelànteur des fers, &c , peuvent être mifes au
rang des fécondés , & rendent cet accident commun
à tous.
Les fuites font toujours proportionnées à la
violence de la chute ; elle donne lieu à des efforts,
des diftenfions violentes , des fraétures ; quelquefois
les quatre pieds manquent enfemble , comme on
le voit arriver aux chevaux qui • vont à toute
bride , ou dans le temps des gelées , & s’ils ne
font pas tués roides, ce que nous avons vu arriver,
il en réfulte des commotions violentes, toujours
dangereufes, & affez fouvent fuivies de maladies
inflammatoires ou convulfives.
Les moyens à employer pour prévenir cet accident
, ne font pas toujours également à la portée
de l ’artifte ; tquelques - uns cependant font indiqués
par la nature même - des caufes qui y donnent
lieu. Le meilleur eft une ferrure appropriée.
Nous entrerons dans de plus grands détails à ce
fujet au mot buter. ( M. HüZARD. ).
A B A T T U . Pathologie. Qui éprouve de
l ’abattement. ( V . D . )
A B C È S , f. m. Pathologie. Âbfceffus en
latin, en grec K^oroCa-is , amas de pus renfermé
dans le lieu ou i l s’eft formé. Les médecins
grecs n’attachoient pas au mot apoflafe r
ni les Latins au mot âbfceffus, la même figoM-
çation que les médecins modernes. Hippocrate
entendoit par apoflafe , tantôt le changement d’une
maladie en une autre ( voyè\ là deuxieme con.fr
titution du premier livre des épidémiques •), '
tantôt lé déplacement de l’humeur morbifique
|oit qu’il en réfulte des évacuations, foit qu’il foit
A B C
fiiivi de tumeur, tUexanthême, de parotide, &c.
C ’cft dans ce dernier iens que les anciens médecins
latins ont traduit ce mot d’Hippocrate par
celui d’âbfceffus ; mais en françois nous ref-
treignons le mot abcès â la fignification pure &
fimpie que nous lui avons donnée au commencement
de cet article.
Tout amas quelconque -de matière morbifique
d’une confiftance purulente, qui fe fait dans un lieu
où cette matière n’a pas été -formée , & qui s’y
trouve dépofée ou tranfportée d’une autre partie ,
s’appelle dépôt. Voye\ D é pô t .
IL’abcès eft le produit de la fuppüration ; c’eft
le pus qui réfulte de cette aétion de la nature
amaffé dans le tiffu cellulaire : en féparant, écartant
les fibres, & détruifant les cellules de ce tiffu ,
il forme une tumeur que les yeux peuvent ap-
percevoir lorfqu’elle eft près de la peau; que les
mains pouvant fentir quand elle eft placée à
une certaine profondeur, & enfin qui ne peut être
reconnue que par des fign es rationnels, dans tous
les cas ou ni la main ni les yeux' ne peuvent
être d’aucun, fecours.
Un abcès peut fe former dans toutes les parties
fufceptible d’être enflammées , à la peau ,
aux mufcles , dans tous les vilcères , entre les
lames qui eompofent les membranes , &c. I l fera
traite de chacun de ces abcès à l ’article des Maladies
inflammatoires de l'organe ou du vifeère ,
où il peut avoir lieu. Nous ne donnerons ici que
des généralités.
L abcès eft toujours critique dans le , fens qu’il
juge la maladie; mais cette crife n’eft bonne qu’au-
tant-que le pus eft chaffé hors du corps par une voie
convenable , ou qu’il eft porté d’une partie effen-
tielle a la vie-, fur une autre qui ne l ’eft pas.
Eu egard a la manière dont fe forme les abcès,
& a la qualité du pus , on peut les divifer en
fimples , en compofés, & en compliqués. Le fimpie
eft celui ou le pus eft ramaffé dans un feul
endroit ou foyer ; le compofé , celui où le pus
fè trouve répandu dans plufieurs finus ou cavités;
de le ' compliqué , lorfqu’il eft accompagné de
carie^ ou d’un virus particulier, tel que le dartreux,
le vénérien , le feorbutique , le goutteux, &c.
L a divifion la- plus générale des abcès eft celle
<pii les partage en deux claffés, les externes & les
internes. •
abcès externe fe reconnoît à l ’amolliffement
dune tumeur inflammatoire, au changement de
couleur de la peau, qui devient blanchâtre-, & à
la fluéluation. Le changement de la couleur de
la peau na lieu qu’autant que le pus parvient
jufques fous l’épiderme.
V o y e^ pour l’ouverture des abcès externes ; le
Dictionnaire de Chirurgie , au mot A bcès. ■
Les lignes • qui annoncent la formation d’un
a"cé\ interne ne font pas toujours feciles à faifir,
ni très - fûrs ; cependant dans une fièvre inflammatoire
accompagnée d’une douleur locale , l i ,
A B C i £
au bout d’un temps plus ou moins long , les fymp-
tômes locaux , au lieu de diminuer, augmentent ; fi
la douleur eft plus aiguë y^avec des élancements ;
li le malade fent une -douleur gravative à la partie
affeélée; fi la fièvre & la chaleur font plus
confidérables ; fi le malade éprouve des friifons
irréguliers , on peut préfumer que l ’inflammation
fe terminera par un abcès. Dès que la fuppura-
tion eft entièrement faite , tous les accidents diminuent
, fi le pus s’amaffe dans un lieu peu fen-
fible , & n’eft point en partie reforbé dans la
maffe ' du fang. abcès fe trouvant placé près
de quelques rameaux nerveux ou d’un organe doué
de beaucoup de fenfibilité , la douleur alors fub-
fifte ; d’autre part, la reforbtion du pus prolonge
la fièvre , & de fièvre fuppuratoire qu’elle é toit,
la change en fièvre heétique. Moye^ F i è v r e
H e c t i q u e .
L e pronoftic d’un abcès interne eft bon oti
mauvais, félon i ’importancë & la nécefîîté de l’organe
affeété & félon les moyens que peut avoir
la nature de fe débarraffer Ùe l ’humeur morbifique.
La conftitution du malade , fon tempérament
, fon âge , fes maladies antérieures fervent
encore à établir un pronoftic plus ou moins
fâcheux , en ce que, par la connoiffance de ces
chofes le médecin peut tirer-quelques^ conjectures
fur lés reffouices de la nature ; car , il faut l ’a-
vouer, l ’art n’en; a que de très - incertaines pour
la guérifon des abcès internes.
On doit s’arrêter, dans le traitement dés abcès
internes , à deux indications principales ; la première
eft de favbrifer, autant qu’il eft poffible, l’évacuation
du pus, lorfque l'abcès s’eft ouvert fpontanément ;
la féconde, de l ’ouvrir lorfque fa fituation peut
le permettre.
La principale attention qu’i l faut avoir en rempli
ffânt la première indication, c’eft de tâcher de
connoître la voie par laquelle la nature tend à
fe débarraffer de la matière d’un abcès , afin de
l ’aider par des moyens appropriés. Si elle
choifit les voies urinaires , les légers ' diurétiques
conviennent mieux que les purgatifs-; au lieu que
fi l'abcès s’ouvre dans le canal inteftînal, les doux
laxatifs conviendront mieux que les diurétiques.
Tl eft encore très - important d’éloigner tous les
obftacles qui pourroient contrarier là nature dans
fon opération. U abcès peut être placé de telle
manière qu’en comprimant certaines parties , il
occafionne des fymptômes fecondaires , auxquels il
eft néceffaire dé remédier ; il peut auffi fe rencontrer
dans des perfonnes douées d’une conftitution
délicate & très-mobile : alors on tâchera de calmer
les mouvements irréguliers & fpafmodiques,
& de mettre le malade dans le calme le plus
parfait, tant au moral qu’au phyfique.
Quant à la fécondé indication , elle ne peut
être remplie qu’autant que les abcès font placés
de manière à pouvoir être reconnus , & affez près
de la peau pour que l ’inftrument puiffe y attein-
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