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confidérerivdâris: Cette' occafîoh le feng & Y air *
comme deux corps pouffes l ’un contre l ’autre ; &
dans ce cas, celui qui a plus de maffe remportant
fur celui qui en a moins , le fang aura plus de
Force pour fe. dilater que: n’en aura l ’air , dont
là denfité, , malgré'.l’effort qu’il Fera en même
temps pQnt fe dilater, augmentera dans les vaif-
feaux à iproportion^que le volume du fang y fera
plus «nifiderable, Cette augmentation de la den-
lité, de Pair & du volume; au fang eft capable de
rompre les vaifleaux , & peut caufer beaucoup
d’hémorragies.
C ’eft pour cette raifon que dans quelques maladies:
oti l ê ’ feng eft extrêmement dilaté dans les
vaifleaux ,ac'omme il arrive quelquefois dans la petite
vérole ; on ne feigne point Vpàrce que fi dans cet
état on diminuait la màffe du fang , on en aug-
raenteroitt la -dilatation 8c'• celle de Yair qui y eft
contenu* îr;
L*efpècë dé tumeur nommée emphysème, eft le
produit de Yair intérieut raréfié en vents dans une
partie relâchée j oh y peut rapporter aufîï l ’enflure
qui arrive aux cadavres ji’ Jorfquè la fermentation
& la diffolution dés humeurs- dilatent Yair "qui y
eft mélé,~ & lfr’changeât en vents.
En général, le reflort dé Yair intérieur varie
beaucoup plus que 'ne fait le poids de Yair extérieur
, parce que le reflort de Yair intérieur, eft
non feulement different félon les différens degrés
de chaleur & de froid externe, mais encore félon
la chaleur naturelle du corps , laquelle eft différente
félon les différens tempéramens ; & ce qui
contribue encore beaucoup à cette variation du
Teflort de l ’air intérieur , c’ eft qu’il dépend fou-
vent de nous, c’eft-à-direy de notre régime; au
lieu que le poids de l ’a ir extérieur eft le même
pour tous, & ne dépend nullement de nous. Nous
tommes peut-être ce qui change le plus dans la
nature.
11 paroît que le reflort de l’air intérieur varie
naturellement plus en été que dans toute autre
faifon , & qu’il a befoin que la force qui le réprime
foit plus fixe & plus égale en été. J’ai fait
obferver , en donnant le réfultat des obfervations
du baromètre, que la pefanteur de l ’atmolphère
varie ordinairement moins en été que dans les autres
feifons, comme elle varie moins aufli fous
l ’équateur que vers les pôles. Ce n’eft pas que
je veuille faire entendre par cette obfervation, que
cela- vienne de la chaleur , càr on fait , par l ’expérience
qu’on en a faite avec le baromètre, que la
pefanteur de l ’air-varie moins au fommet qu’au
pied d’une montagne , quoiqu’il faffe plus froid
fur le haut de la montagne que dans la plaine ;
cela dépend, comme je l’ai dit, de la nature des
vents, félon qu’ils font plus ou moins conftans &
réguliers.
Ceux qui paflent leur-vie for les montagnes
élevées, ne font point incommodés par la légèreté
de Ya ir , laquelle incommode ceux qui n’y font
point accoutumés, parce que l ’air qui eft dans le
îang des montagnards , y eft plus dilaté qu’i l ne l ’eft
dans le feng de ceux qui vivent dans un air plus
condenfé. Cet air condenfé a beaucoup à changer
dans ceux-ci avant que d’être au point de dilatation
où eft celui qui eft dans le feng de ceux qui
refpirent un air plus léger..
C’eft for-tout ce qui fait la différence d’un air
natal à un air étranger ; l ’habitude met enfin ëa
état de fopporter ces différences de l ’air. M. Bou-
guer dit qu’il s’accoutuma à l’air de la Cordillère,
qui l ’avoit incommodé d’abord, & Arbuthnot affûte
que l’expérience a fait connoître que l’habitude-met
certains animaux en état de foutenir de mieux ten
mieux les épreuves de la machine du vide.
L e poids de l ’air fur nos Corps eft beaucoup
plus grand qu’on- ne le croit communément. M. de
Mairan, qui a fait des recherches for ce la , eftime
que le poids de l ’air fur le corps d’un homme de
médiocre grandeur , eft d’environ | t 500 livres, lorsque
le mercure du baromètre eft à 28 pouces , en
fuppofant que ie pied cube de mercure pèfe alors
£>45 livres,, & que la forface du corps d’un homme
de $ pieds 5 pouces de hauteur foit de 16 pieds
carrés.
Nous fentirions ce poids énorme de l ’atmof-
phère , fi elle ne nous prefloit pas également de
toutes parts, & fi elle n’étoit pas contrebalancée par
l ’effort continuel de l ’air qui eft contenu dans toutes
les parties de notre corps. On fait que le reflort
de cet air intérieur qui eft en équilibre avec l’air
extérieur, eft d’autant plus grand qu’il eft plus
preffé ; & an contraire le reflort de l ’air extérieur
devient plus petit à proportion que fe pefanteur
diminue.
L ’air environne & prefle de toutes parts les animaux,
& cette preflîo.n de l ’air eft toujours plus
grande , proporiiennèllement à la maffe, for les
petits animaux .que for les grands.
La plupart des animaux nés fe nourriffent &
croiffent indifpenfablement dans Y air, comme certaines
plantes ne peuvent vivre qu’elles ne foieni
totalement enfermées dans l ’eau : ces fluides ré-
fiftent par-tout également à l ’alongement des fibres
des animaux 8c des végétaux , foivent la figure naturelle
de chaque efpèce, & leur fervent comme de
moules.
Lors donc que les différens degrés de reflort &
de pefanteur de l ’air intérieur & extérieur ne font
pas proportionnés entre eux, ou qu’ils ne font pas
tels qu ils doivent être dans chaque fajfon, les
corps qui vivent for la terre, & auxquels l ’a ir eft
néceflaire , en" font plus ou moins affe&és : ces
variations caufent quelquefois des maladies, & de
là'viennent fouvent les maladies qui font communes
dans certains temps, & qu’on nomme épidémique3
pu populaires.
A I R
A r t i c l e s e c o n b .
e ffe ts de la féchereffe & de Vhumidité de Vair (1)*
Les anciens médecins ne connoifloient pas les
deux propriétés de l ’a i r , fe pefanteur & fon reflort,
dont je viens de parler, quoiqu’ils en connuffent
les effets, fixais on a connu dans tous les fiècles fes
autres propriétés ; fevoir, la féchereffe & l ’humidité,
la chaleur & la froideur. Les anciens médecins
ont même fait un grand ufage de ces con-
noiflances dans les recherches des eaufes des maladies
& dans leur traitement.
I l n’eft point en général de propriété de l ’a ir
plus facile à apercevoir que fon humidité & fe féchereffe
, pour peu qu’elles foient fenfibles, parce
que tout ce qui nous environne s’en relient; il n’en
eft pas de même de fa pefanteur & dé falégerèté,
ni de fa chaleur & de fa froideur, fi elles ne font
à prdportion plus fenfibles. D’ailleurs le froid &
le chaud font des qualités relatives a ceux qui en
jugent, au lieu que la féchereffe & l’humidité ne
font point relatives par rapport à nous , ce font des
qualités pofitives autant qu’elles peuvent l’être. Il
eft plus difficile à la vérité de connoître avec pré-
cifion les dègrés de la féchereffe & de l ’humidité,
que ceux de la froideur & de la chaleur , de la
pefanteur & de la légèreté de l ’atmofphère ; c’eft
pourquoi j’ai fait obferver qu’il étoit bien plus facile
de fe procurer de bous thermomètres & de
bons baromètres, que de bons hygromètres.
Noiis fommes continuellement dans l ’air comme
dans un bain qui , foit qu’il foit fe c , foit qu’il
foit humide, contribue beaucoup à l’état de notre
fanté.
En général l ’air fec eft plus fein que l ’air humide
; l ’air fec eft plus pur, il eft plus a i r , c eft-r
à-dire, moins mélé avec des émanations des corps
qui y tranfpirent ; c’eft pourquoi Celfe appelle la
féchereffe de l ’air la férénité du temps.
U air humide au contraire, eft plus chargé de,
différentes matières qui fe font éleve'es dans Yair
avec les parties aqueufes, ce qui le rend plus fof-
eeptible de corruption : c’eft pourquoi l ’humidité
de l’air produit un plus grand nombre-de maladies,
mais celles qui viennent de la féchereffe font plus
vîvesè-
La féchereffe fait des maladies plus courtes, fur-
tout dans les pituiteux & dans les femmes qui en
général font d’un tempérament humide; & au con.-
tr.aire elle rend les maladies plus grandes dans les
hommes maigres & bilieux, parce que la. féche^
refle, en épaifliffant la bile > lui donne le .qaraçr
1ère de la bile noire, qui eft,la plus mauvaife. '■
L ’humidité fait le s maladies plus longues-, en
affoibliffant les fibres par relâchement , d’où ré-
A I R y 8 3
fuite le ralentiffement du mouvement progreflîf des
humeurs, dont les âcres font plus diffous par l ’humidité
, ce qui.favorife le mouvement interne qui
en fait la pourriture. C’eft pour cela que l ’hümi-
,dité peut produire toutes-les maladies qui viennent
de cacochymie ; elle fait aufli des catharres, des
boufifliires, & des hydropifies.
Les maladies que caufe la féchereffe., font la
mélancolie., la confomption , la pulmonie , des
éréfipelies, & des, inflammations bilieufesfor-tout
des ophtalmies sèches qui font caufées par la féchereffe
de la cornée & par l ’acrimonie'de l ’h'u-
meur, laquelle eft d’autant plus forte, qu’elle eft
moins àffoiblie par beaucoup de liqueur. La féchereffe
produit aufli l ’ophtalmie sèche ordinaire ,
c’eft-à-dire, celle qui-éft fans fluxions d’humeurs.
A r t 1 c LE T ROI S I ÈME .
Effets delà chaleur & de la froideur de V air (1).
Après avoir examifié ce que peuvent for nos corps
l,e r effort, de Yair & la pefanteur de l ’atmofphère ,
les effets de fa féchereffe & de fon humidité , il
faut aufli confidérer le chaud & le froid qui entrent
pour beaucoup dans les opérâtioris dé la nature.
C ’eft par le moyen de Yair que la froideur & la
chaleur dés feifons nous affectent ; cè n’eft pas quel
les rayons du foleil n’échauffent les corps indépendamment
de l ’a ir ; mais l’air entourant continuellement
les corps & étant échauffé , communique
& conferve la chaleur*
Il n’eft point de qualité de l ’air auxquelles nous
foyons plus fenfibles qu’au chaud & auffroid.. X out
ce qui forpâffe :1e degré de notr,e chaleur naturelle
, nous paroît chaud ; & au contraire , toute
température qui eft au deffous de ce degré ? nous
paroît froide.
Tout ce que nous Tentonschaud ou froid , rie
Teft point par lui-même ; l ’air.ri”a de foi-même aucune
chaleur; il la reçoit des eaufes qui la pro.f
duifent, comme du foleil., ,&c.: ;. & i l fe refroidit
lorfque ces .Caufes ceffent :d’agir. 1 ...
L ’air qui eft plus près;de la forface de la terre,
reçoit plus, de chaleur que celui qui eft à la partie
fupérieurè de fon atmofphèré. I l fait en tout temps
très-froid au fomrriet dés hautes montagnes, commç
fur la montagne.de Pitchincha au Pérou, oh la
neige fe conterve , quoiqu’elle foit fous la Zone
torride. L a neige nfy fond pas a 1450 toifes , c’eft-
à dire;, à:.'une grande lieue au deffns du niveau de
la mer. a îp v
MM. Bouguer Sr de la Condàmine ont dit, dans
les relations de leur voyage ,, qu’en montant &
en defeendant lès'montagnes du Pérou, ilsfentoient
fucçeffivement le froid & le chaud, qui faffbient
(1) Mém, de racad*dèyfciericés, année-&]$(1) Mém. de i’acàd. dés fciericës*, année' 1745 tpag+ i 13. 6, pag, 3 i r.