
plus forte, 8c où le foleil, dardant fes rayons à
plomb fur un fol encore brûlant de ton premier
paffage, rendroit ces pays abfolument impraticables ,
£ les pluies ne tempéroient l’ardeur de cette faifon.
Au delà de l ’équateur jufqu’au tropique auftral,
on trouve à l’occident le Congo, une partie de la
Cafrerie ; au centre , les royaumes de Mujac 8c des
Jaggas, le Monoemugi, cette partie des monts
Lupata qui renferme le lac de Marawi ; à l ’orient,
une partie de la côte de Zanguebar, depuis
Jubo jufqu a l’embouchure du Zambezé, enfin le
Monomotapa & le royaume de Sofala jufqu’au cap
des Courans. Les habitans de ces contrées voient
aufli le foleil paffer deux fois fur leur tête ; mais
le premier paflage- fe fait de l ’équinoxe de fep-
tembre au folftice de décembre, 8c le retour a lieu
depuis le folftice de décembre jufqu’à l ’équinoxe
de mars. C ’eft aufli dans ces trois derniers mois
que s’établit la faifon des pluies, qui , dans quelques
pays , comme Bontius le remarque dans les
îles de l ’A fie , s’étend au delà de ce terme, & commence
en novembre, pour finir au commencement
de mai. Les fleuves de Zaïre 8c de Zambézé, 8c
les autres qui ont leurs fources dans cette partie
de Y Afrique y ont aufli,'comme le N il & le Sénégal
, leurs débordemens réguliers répondans à la
faifon des pluies. Ainfi, d’un tropique à l ’autre ,
l ’année eft divifée en deux laifons , 4a làifon feche
Sc la faifon des pluies j cette dernière répond toujours
au temps où le foleil revient du tropique à
l ’équateur ; 8c c’eft à cette heureufe diftribution que
les pays fitués fous ces latitudes doivent leur fertilité
8c leur population. I l y a cependant une ob-
fervation àfaire fur les lieux placés directement fous
la ligne , qui font par conféquent également éloignés
des deux folftices , 8c pour lefquels les deux
paffages du foleil fe font à des intervalles égaux, au
point précis des équinoxes. Le temps des pluies eft
double pour eux, 8c répond au moment où le foleil
.paffe fur l’équateur : c’eft ainfi, qu’à l ’ifle de Saint-
Thomé, la làifon des pluies arrive au mois de mars,
& fe renouvelle au mois de feptëmbre ; mais à une
plus grande diftance, foit boréale , foit auftraie de
l ’équateur, la faifon des pluies n’a lieu qu’une fois
l ’année, dansée temps du retour du fo le il, ainfi qu’il
a été dit.
Enfin au delà du tropique du capricorne on trouve
le refte de la Caffrerie , 1 e pays de Natal, celui
des Hottentots, & les environs fortunés du cap de
Bonne-Efpérance. De ce côté-là les faifons aftro-
nomiques doivent être inverfes des nôtres, & la
chaleur fe modère de même , à mefure qu’on s’éloigne
de l ’équateur. Le Cap eft au trente-cinquième
degré de latitude fud, tandis que, de l’autre côté
de l ’équateur , la pointe la plus feptentrionale de
itAfrique eft vers le trente-ieptième degré de latitude
nord'; éloignement qui fuppofe une température
peu différente, fi ce n’eft qu’au fud on ne
trouve point de pays aufli impraticables que le
Sabra; que l’ étendue des terres étant confiderablement
moins grande en largeur, 8c ces terres étant
environnées de mers immenfes dès deux côtés, les
pluies 8c les débordemens font plus fréqueûs vers
le Cap qu’en Barbarie , & par conféquent la chaleur
moins brûlante 8c plus égale. Mais la température
du cap de Bonne-Efpérance tient encore
a d’autres caulcs qui feront examinées dans le paragraphe
fuivant.
§. I V .
Quatrième bafe de divifions dans le continent
de /’Afrique. Vents & météores ; fécondé caufe
de la température & des faifons propres à cette
partie du monde. Saifons phyjiques.
Une obfervation non moins importante que celle
des latitudes , relativement à la différence des températures,
eft celle des vents & des différens mé~
téores qui changent plus ou moins régulièrement
l’état de l ’atmofphère. Ce font les vents qui' changent
la face du c ie l , qui apportent 8c font difpa-
roîtreles contagions, qui enlèvent des maffes énormes
de fables , qui brûlent & deffèchent ou ra-
fraîchiffent, enfin qui font ou les bienfaiteurs ou
les tyrans d’une grande partie de ce continent.
On a obfervé que les côtes occidentales de V A -
fr iq u e , fous la même latitude, font plus chaudes
que les côtes orientales. M. de Buffon en trouve
la caufe dans le vent d’ejl qui règne d’un tropique à
l ’autre pendant prefque toute l ’année. Les côtes orientales
le reçoivent immédiatement de la mer, &
les occidentales ne l ’éprouvent que quand il a tra-
verfé une grande étendue de terres ; en forte qu’on
pourroit appeler, la côte orientale côte du vent y
& l ’occidentale côte fous le vent. Ces réflexions
nous en fourniffent une autre , c’eft que la-partie
feptentrionale de Y Afrique, qui n’eft terminée à
l ’eft que par un golfe très-étroit 8c peu capable
d’influer fur la nature de ce vent, le reçoit par
conféquent comme immédiatement de l ’Arabie,
pays vafte , aride, 8c brillant. Aufli cette portion
de Y Afrique eft-elle la plus chaude 8c la plus ar-*
dente : c’eft elle qui contient la Nubie, la Nigritie ,
le Sahra, & le Sénégal. Au contraire la partie méridionale,
plus rétrécie & baignée à l ’orient par une
mer iiprrienfe, eft la moins aride & la plus fertile.
Ces remarques fur la température du vent
d’ejl nous donnent donc lieu de faire dans Y Afrique
une double divifîon; on la partagera d’abord , parallèlement
au méridien, en Afrique orientale 8e
en Afrique occidentale, tandis que , par une autre
divifion prife au-deflous du cap de Guardafù , Sc
parallèle à l’équateur, on la divifera en Afrique
méridionale 8c en Afrique feptentrionale ; la partie
feptentrionale 8c occidentale fera de toutes la plus
chaude.
Mais ce n’eft pas là la feule obfervation que
nous fourniffent les vents, relativement à la température
de V Afrique. En effet, le vent Y eft n’eft
pas le feul qu’on ait à y cohfidéror; lui-même
éprouve des variations qu’i l eft important de remarquer;
& de plus , vers les côtes, il eft coupé
par des vents fecondaires qui fouillent alternativement
de la terre vers la mer, ou de la mer vers
la t e r r e o u qui fe fuccèdent alternativement en
feus contraires dans les différens temps de l ’année;
en forte que , fi l ’on vouloit retrouver le vent cleft
vrai, il faudroit, dans ces lieux, s’élever dans
l ’atmofphère à une hauteur où les vents fecon-.
daires ne fe rencoritraffent plus. Je m’arrêterai peu
aux caufes probables de ces vents , je me contenterai
de rapporter les faits. ( Voyez Halley , Va-
renius, Mujfchenbroec'k , &c. C ’ejl d’après les
deux premiers que celui- ci donne, dans fe s élé-
mens de phyjïque, la plupart des détails qui font
rapportés ici.)
Le vent clejl , dont i l vient d’être parlé, n’a
si toujours ni par-tout'la dire&ion d’ejl plein.
i°. Le vent d’efl eft différent , fi on le con-
confidère au nord ou au fud de l’équateur. Au nord
de la ligne il eft nord-ejl ou ejl-nord-efl, 8c réciproquement
au fud, il eft fud -e jl ou ejl-fud-ejl ;
par conféquent'nord-eft dans la mer atlantique,
8c fud-eft dans la mer d’Ethiopie (i) , 8c la partie
méridionale de la mer des Indes.
z°. Le vent, d’ejl eft différent à différentes distances
de l ’équateur , foit au nord, foit au fud : en
effet, les vents d’eft, c’eft-à-dîre, nord-ejl 8c fud-
e j l ,. font plus forts tant dans les latitudes méridionales
que dans les latitudes feptentrionales, depuis
les 2 3 jufqu’aux 1 1 degrés ; ils font moins
forts, mais encore affez forts depuis les derniers
termes de leurs latitudes , ^ c’eft-à-dire , depuis les
3.0 degrés jufqu’aux 23 ; mais ils font foibles 8c
moins conftans dans la zone du milieu , depuis le
douzième degré jufqu’à l ’équateur.
On rencontre le vent nord-ejl fenfible, quand
on a paffé les Canaries , au vingt-huitième degré,
mais on le rencontre aufli'quelquefois dès le vingî^-
cinquième degré de latitude nord
30. Le vent d’ejl éprouve encore d’autres chatf-
gemens , fuivant les faifons aftronomiques , c’eft-a-
‘dire , fuivant que le foleil parcourt l ’hémifphère
feptentrional ou méridional. Quand le foleil eft
méridional, le vent de nord-eft , c’eft-à-dire , celui
qui fouffle au nord de la ligne, eft plus nord, 8c.
le vent fud-eft plus ejl. Réciproquement , quand le
foleil eft feptentrional, le vent nord-eft eft plus
e j l , 8c le fud-eft plus fud.
Il faut encore remarquer, relativement à Y A -
fr ique , que le vent fud-eft, proche de ce continent
, prend plus du fu d que vers les côtes cor-
xefpondantes de l ’Amérique.
4°. Les terreins dans le voifinage defquels paffe
le vent d’ejl y influent encore fur fa direction.. Sur
les côtes des Caffres, d’Angola j de Congo , de
Benin , il fouffle un vent J u d , à trente petites
lieues de la côte, le vent fud-eft prend la direction
fin i, 8c en approchant des côtes-.,, il tourne (i)
au fud-oueft. De même vers les côtes de la Nigritie
, comme aux environs des côtes du Sénégal ,
8c de celles des Mandingues près le cap Verd,
le nord-eft change vers les côtes, 8c prend peu à
peu l a direction' nord-ouejl^ 8c en général, vers
la côte méridionale , les vents vont chercher les.
côtes par un angle de vingt-deux degrés, 8c fuivent
de même les directions des caps , des golfes, 6c
toutes les variations des côtes.
Mais le vent fud-eft reprend à une certaine diftance,
8c cette diftance eft moins grande vers YA~
frique que vers le continent d’Amérique correfi-
pondant : on le trouve, en effet, à trente milles environ
de l ’une , 8c il ceffe à près de cent milles
de diftance de l ’autre.
ç°. Différens change mens de l ’atmofphère troublent
la direction du vent drejl : par exemple
au nord de l ’équateur , entre le quatrième 8c 1er
dixième degré de latitude nord , au delà des îles
hefpérides ou du çap Verd, eft un lieu o ù y entre
avril 8c feptembre, c’eft-à-dire , environ la faifotx
des pluies , il y a toujours des orages * des éclairs
du tonnerre, des ouragans, des calmes qui fe fuccèdent
très-vîte ; alors les vents femblent fouffler
de tous les points de l’horifon : mais dans les temps
où le foleil s’éloigne Sc s’approche du tropique du?
capricorne , le temps eft beaucoup mpins orageux»
I l y a de même fouvent des.orages près d’Angola
qui interrompent le cours du vent de fud-eft pendant
la faifon pluvieufe de ce côté. Le calme vient après la
tempête, 8c alors le vent de fud-eft reprend fon cours»
Je n’en dirai pas davantage fur le vent drejl ; il
en eft d’autres , étrangers à- ce vent 8c indépendant
de lu i, qui font, vers la côte'orientale, les mouf-
fons , 8c en tous lieux,. les vercts alternatifs de
terre & de mer.
Les mouffons font des vents périodiques qui
régnent durant un temps de l’année,. Sc qui font
remplacés dans un autre par des vents- abfolument
contraires.
D’abord il faut dire que le vent de fud-eft régne
feul dans la mer des iodes entre Madagafcar & la
nouvelle Hollande, du dixième au trentième degré
de latitude fud; 8c ce n’eft point là une moujfon*
Mais, t°. entre la côte de Sofala, de Mozambique
, le commencement de celle de Zanguebar
8c celle de Madagafcar, il fouffle , d’octobre en mai ,
un vent fu d -e jl, 8c de mai en octobre un vent ouejt
Sc même nord-ouejl, qui, paffé Madagafcar, 8c
foufflant en pleine mer, eft ramené vers 1 équateur ,
8c fouffle alors fud-ouejl, 8c même prend beauconp
du fud. Quand ce vent vient à changer , il devient
froid, avec des pluies 8c des orages, tandis que
les vents d’eft font toujours doux 8c agréables.
2°. Le long des côtes de Zanguebar, au-deffus
de Madagafcar 8c le long des côtes d'Ajanjufqu’a
l ’entrée de la mer Rouge, les vents font variables
d’oétobre a la mi-janvier : les plus ordinaires fopt
: les vents de nord, violens , orageux avec pluie 3
depuis janvier jufqu’en mai, ces vents font nord-eft
Sc nord-nord-ejl y Sc accompagnés de beau temps z
(i) On appelle ainfi cette partie de l’Océan qui bai-
jnc à l’occident la partie méridionale de VAfrique»