
qu’elles contra&ent & qui fe difiipe à l ’air. Le
ver de Guinée, qui fe glifle fous la peau, & y
prend un accroiffement fingulier, eft dû, fuivant
quelques-uns, aux eaux gâtées de ces pays, mais
for-tout à celles dans lefquelles on le baigne. M.
Adanfon nous apprend que le vin du palmier caufe
une ivreffe dangereufè quand i l eft bu vers le
troifîème jour , Sc que, hors le temps de fa première
fraîcheur , il a quelque chofe , dit-il, de
corrofify & pince les entrailles. 11 nous apprend
l ’effet fingulier d’une efpèce de concombre fau- .
vage (moi moi ) , dont les fruits, pris au nombre
de plus de douze, excitent des vo mill e mens violenséc
d’une durée proportionnée à l’excès qu’on en a
fait , tandis qu’au deffous de ce nombre , ils
ne caufent aucune incommodité. Je ne parlerai
point de l’inflammation que caufe le contaél d?un
animal véfîculeux , flottant fur l ’eau, nommé galère
(Adanfon),ni de lamorfure des différens animaux qui,
plus venimeux dans ces pays brôlans , attaquent
l ’homme & s’élancent contre lu i , ni des in fe été s qui
le pourfuivent jufques fous fcm toit : ce que j’en ai dit
au §. VI me paroît fufKfont pour le but que je me
propofe. Mais je crois important de remarquer que
le tétanos y fi fouvent la fuite de la plus légère
Meflure dans les Antilles , ne paroît pas , à beaucoup
près, fi commun en Afrique ; que cependant
M. de la Peyre parle de fri lions & de eon-
vulfîons, mais fort aifées à guérir , qui furvien-
nent lorfque l’homme , après s’être livré aux plai- -
firs de l ’amour „ s’expofe imprudemment à l ’air
frais. Ces obfervatîons ont été faites à Mozambique.
(Me'm. de la foc. roy. de Méd. ami. T777-
.3 778, hiß. pag. 318.) J’ai déjà remarqué l’ardeur que
les hottentots ont pour toutes les cbofés enivrantes
; je n*obferverai ici qu’une chofe , ceft le ea-
raélère de l’ivreffe qu’ils contractent, foit qu’ils
aient mâché du kanna , où fumé du dacha , ou
bu de l ’eau-de-vie & du vin. Kolbe en fait une
peinture effrayante : ceft une des plus violentes
folies dont on puiffe avoir l ’idée. Mais je dois
ic i remarquer ce qu’obferve cet auteur exaét de
l ’effet du régime européen, for les hoüentcrts.. Ces
peuples, d i t - i l , n’ufent jamais de fo l , & n’épicent
point leurs mets : cependant ils aiment paf-
fioimément les ragoûts européens. Mais l ’ufa-pe de
nos mets leur donne bientôt des maux defto-
niac,, les rend fojets à la fièvre & à divers maux
qu’ils, ne connoiffent pas dans leur vie grofiîêre
SC frugale. Ceux qui font au forvîce des européens
éprouvent beaucoup de maladies, & meurent
beaucoup plus jeunes que les autres hotten- j
töts. M. Kolbe parle de la lèpre' comme d’une
maladie qui attaque les hottentots ; on pourroit
croire que la mal-propreté de leurs aliments y a
quelque part. Mais quand“ on- examine le pafTage
de cet auteur, on voit aifoment- que ce qu’i l appelle
lèpre n’eft qu’une affeâùon- dartreufe locale;
& que la lotion de vitriol romain1, avec
laquelle une femme européenne guérit un hot- ,
tentot ainfi affeélé , n’auroit certainement pas difiîpé
aufii parfaitement ce que nous connoiffons fous le
nom de lèpre.
Au nombr e des effets qui dépendent de rinfluence'
des chofes extérieures, on peut mettre encore certaines
maladies qui font fouvent la fuite d’une contagion1
évidente. J’ai déjà dit, d’après Profper-Alpin, que
l ’éléphantiafis, chez les égyptiens , éloit l’effet
des alimens putrides , & for-tout de Tufàge des
poiffons gâtés. En Europe, la' contagion de l ’élé-
phantiafis eft révoquée en doute ; mais il paroît
que dans les pays très-chauds on a plus de raifons
de la redouter. Et il eft de fa it, qu’en Amérique
00 a le plus grand foin de féqueftrer ceux qui font
attaqués de l ’éléphantiafis, ainfi que du pian : ces
deux maladies, qui infeélent nos colonies du nouveau
Monde, font certainement moins communes
entre les tropiques en Afrique ; mais elles n’y
font point inconnues, quelles que fbient les eau fes.
qui les produifent, puil'que les nègres qui viennent
de ce continent arrivent fouvent infe&és du
pian, & qu’ils ont des pratiques & connoiffent
des remèdes qu’ils emploient dans ces cas.
Mais, ce qui mérite une grande attention, fi le
fait eft vrai, c’eft ce qu’affûrent quelques voyageurs
modernes, que la petite vérole n’âttaque
point les nègres en deçà- de l ’équateur ,. avant
l ’âge de quatorze ans, & que ceux qui font aut
delà de la ligne , ne l’éprouvent point, mais, en revanche
font tu j.etS'à une efpèce d'ulcère virulent, que
l ’air de la mer aggrave , & qui leur eft propre. C e l l
peut-être le pian. (V . M., ta b b éR q y n a f liv. r i e.)
Il fembleroit qu’un fait auifi fingulier. & aufii important
n’duroit dû être rapporte qu’avec les citations
néceffaires pour lui donner du poids, & pour
aider à en conftater la vérité. L ’auteur rie le fait
pas.-. Cependant i l invite les médecins à en étudier
les conféquences- {
Un autre fait avancé par les voyageurs, Sc quü
mériteroit d’être examiné, c’eft que les nubiens;
prefq.ue fouis , entre toutes les nations connues,.
font fojets à avoir plufieurs fois la petite
vérole naturelle. Ce fait eft d’autant plus:
important à'vérifier , que les nubiens font voi-
fins de peuples qui pratiquent l’inoculation , de
qui par conféquent ne connoiffent pas la récidive
de la petite .vérole..-Cela pourroit donner, quelques
idées de plus fur le lieu od ce fléau a pris;
riaifiance ; car certainement s’il eft un pays dont
cette maladie fort originaire , où elle foit en—
démique , ce fera, plus que tout autre , celui ou?
elle ne peut être prévenue par l ’inoculation, &.
od une première attaque ne préferve pas d’un nomr>
bte plus ou moins grand de récidives*
X L
Règles dhygiène relatives aux pays chauds #
à ceux qui les habitent.
- Le travail du médecin foroit ftérjle , fi> en fra-*
çant l ’hiftoire phyfique des pays & des hommes,
en étalant les dons de la nature que chaque
terre porte en „tribut à fon habitant, en expofant
en même temps les dangers qui par-tout afliégent
l ’homme, & fur-tout l’homme voyageur, fi dis-je
i l s’arrêtoit là , & ne s’efforçoit pas de joindre à
ce tableau les moyens de jouir des biens & d’éviter
les maux.
L ’habitant de Y Afr iqu e , inftruit par la nature
à fatisfaire aux befoins qu’elle lui a créés, fe lo g e ,
fe nourrit, & vit comme il convient à fa confti-
tution & au pays qu’il habite. Il n’a pas befoin
de nos coufeiis II eft fait aux influences des chofes
qui l ’environnent ; & ce qui eft une fource de maux
pour l’européen, ou eft néceflaire à l ’africain, ou
le touche fans le bleffer. Qui fait même fi les
différences que préfente le tifiu de fa peau & les
humeurs qui s’y dépofent, ne font pas deftinées par
la nature à remplir des ufoges conformes aux
imprefiïons qu’il reffent, & aux vapeurs qu’il ab-
forbe ?
J’ai déjà propofé des réflexions qui rendent
cette idée probable.
Les obfervatîons que je vais rapporter, & dont
plufieurs fe trouvent dans le traité d$,Lindy porteront
donc effentiellement fur l’européen établi
en Afrique , Sc fpécialement dans cette partie de
Y Afrique qui, par la chaleur de fa température
& la fuccelïïon de fes faifons , eft la plus différente
du climat dans "lequel i l eft né. Quand on
connoît les extrêmes , en les modifiant , on déterminé
.aifément les termes moyens ; & le féjour
du cap de Bonne - Efpérance & de la Barbarie,
produifant.des révolutions moins marquées , exige
moins de précautions que celui du Sénégal ,
du Congo , de Madagafoar, & de Mozambique.
Les règles relatives au féjour de l ’européen dans
ces climats , feront nécefiairement divjfées en deux
ordres. Les unes auront pour objet les établifie-
mens , c’eft-à-dire, i’affemblage des hommes réunis
dans un même lieu & fous les lois d’une aflocia-
tion commune ; l ’objet des autres fera renfermé
dans les foins individuels que chaque homme en
général doit avoir de lui - même , relativement à
fes befoins & aux dangers auxquels il eft çx-
pofé.
I. En formant un établiflement, le premier foin eft
le choix du lieu dans lequel oh le fixera : on a déjà
vu que ce qui caufoit i ’infaiubrité de la plunart
des contrées de Y Afrique , étoit le concourt dJune
chaleur exceflive avec l ’humidité ftagnante de la
faifou.. des pluies , & les vents qui viennent des
déferts, & qui foufflent fur des fobles brulans.
Cependant il n’eft pas de pays , quelqueinfalubre
qu’il foit, qui n’ait des lieux q u i, par leur falu-
bri-té , offrent un refuge affuré contre le mauvais
air qui les environne. J’en ai cité plufieurs exemples.
Ainfi, il y a , dans les pays les plus mallains,
un choix à faire , comme dans les plus, fà-
lubres il y a des dangers à éviter.
Qu’on évite donc def fe fixer dans les vallées ;
les brouillards du foir & du malin y font & plus
condenfés & plus dangereux. Qu’on choififle des
hauteurs qui foient au defius du niveau des vapeurs
qui couvrent matin & foir les plaines. Qu’011
préfère celles qui feront formées d’un fol fec ôc
graveleux. Les terreins les plus mauvais font ceux
qui font couverts d’un fable blanc, fin , délié,
, profond , ou qui font formés d’une terre trop
abreuvée & marécageufe, ou ceux qui font environnés,
de bois, qui couvent & concentrent l ’humidité, & qui,
renfermant les brouillards comme dans une enceinte,
les empêchent d’être enlevés parles vents.
Mais il ne fuifit pas de s’être élevé au deflus
de la portée de ces exhalaifons mal-faifantes ; i l
faut que les vents dominans, & la difpofition
du lieu que l ’on a choifi ne vous expofe pas au
courant foivant lequel elles feront emportées ; Sc
pour cela il faut mettre , s’il eft pofiible , une dilatance
entre ces lieux & celui od l’on fixe l ’habitation;
que celui-ci ne foit donc voifin ni des
marais, ni des bois ; que fon expofition ne foit
point tournée vers les déferts, nu vers des plaines
foblonneufes & boifeufes ; mais qu’elle le foit vers
la mer, dont l ’air eft falubre y vers des plaines
cultivées , & dans lefquelles les eaux aient de
l ’écoulement. I l eft important de fe ménager les
vents de mer, nu les brifes ; mais qu’il n’y ait entre
elles & vntre habitation aucun marais , aucun bnis j
la brife, en traverfant leurs vapeurs , s’en charge-
roit & perdroit fa falubrité. Par la même raifon,
le vnifinage de la mer eft avantageux : mais fi
la rive., trop baffe , eft fouvent couverte par la
marée & conferve les -eaux de la mer dans un
état de ftagnation , il faudra fuir ces endroits
ainfi que les autres. Aufii*Ies côtes un peu efear-
pées , comme celles du Congo , font - elles plus
faines que les côtes qui s’élèvent peu an deflus
du niveau de la mer, comme les côtes du Sénégal
& de Guinée.
C ’eft pour cette raifon que le gouvernement
françois s’occupe de tranfporter maintenant l ’établi
ffement mal-foin du Sénégal*,.1 placé fur une
côte baffe , fablonneufe , & inondée, à l ’île de
Gorée, dont la falubrité eft parfaite.
L e voifinage des rivières eft mal-faîn Iorfqu’elles
ne font pas rapides , ou que les lieux qu’on habite'
ne^ les dominent point affez. D’ailleurs elles au-
roient un avantage , c’eft que leur courant entraîne
les vapeurs des plaines par une efpèce d*at-
traélion , & les empêche de féjourner & de s’ap-
pefontir.
I l feroit à déftrer que le voifinage d’une fource
d’eau pure ne f ît pas trop fouvent négliger les
avantages d’une folubrité encore plus précîeufe*
L ’art , les rriàchines Sc le travail peuvent faire
parvenir à des hauteurs confidérables une esta