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de proie qu'ils font albrenés lorfqn’i'ls font' en
tout ou en partie dépouillés de leur plumage ,
l'oit naturellement comme dans la mue, foit accidentellement
, lorfqu’ils ont quelques pennes rompues
eu fauffées. On leur a fans doute donné ce nom,
parce qu’alors ils reffembient aux albrans , & paroi
ITent ne pas avoir de plumes. J’obferverai au
furplus que d’Efparron & quelques autres fauconniers
n’emploient point ce terme dans leurs
ouvrages. V . Mue. ( M. E^u z a r d . )
A L B R E N E R . ( Hygiène Vétérinaire,domefiiques.) oiféaux C ’eft faire couver des canards domef-
tiques loin de la baffe-cour, fur le bord des étangs,
à la manière des canards fauvages ,. ou faire couver
des oeufs de ces derniers, lorfqu’on peut s’en procurer
, par les canards domefiiques ; dans ce dernier
cas, on a une race de canards métis qui font
long-temps meilleurs que les domefiiques, & qui
ne perdent que peu à peu, par des générations
fucceflîves & toujours mêlées , ce qu’ils tenoient
des fauvages. ( V A lb r an . ) Albrener, c’eft encore chaffer aux albrans. ( M. H u z a r d . )
ALBRE T , ( Jurifprudence de Médecine ) ou
Labrit, Leporetum, ville de Gafcogne* ainfi nommée
à caufe du grand-nombre de lièvres qui Le trouvent
dans fon territoire. Ce noii> rappelle des princes
bien chers à la France , puifqu’ils font les ancêtres
d: Henri IV , le patriarche de la famille actuelle
de nos rois. C’eft auflî le nom d’un pays affez fté-
r ile , qui eft une des anciennes vicomtés des landes
mouvantes du duché ou comté de Gafcogne. Les
feigneurs KAlbret l ’ont poffédée en ligne mafeu-
line- depuis io fo jufqu’à Antoine d’Albret, roi
de Navarre & premier duc d’Albret. Ce duché
fut réuni a la couronne par Henri IV ; mais
Louis X IV l ’en démembra en 1651 , en le donnant
au duc de Bouillon , en échange de Sedan &
de Raucourt. Ainfi ce pays eft réputé , à double
titre , province étrangère pour le commerce des
denrées , drogueries, & épiceries. Quoiqu’i l ait
reçu fon nom de la ville dyAIbret, c’eft Nérac qui
en eft la. capitale. V i N é r a c . ' ( M M. V E R D
IE R . )
A L B U C A S I S .
C’eft le même médecin que. celui dont plufieurs ont parlé fous le nom d’Al Zaharavius. Voici
d’abord ce que Freind dit d3Al Zakaravius. Aucun écrivain arabe ne fait mention d3Al Za- haravi, & il n’a été connu par aucun d’Europe ,
excepté par Jean-Mathieu de Gradibus ( mort en
J460 ) , jüfqu’au temps où Paul Ricius, juif converti
, en donna , en 1519 , une verfion latine très-
médiocre , que Gefner n’a jamais vue. Ricius fait
un très-grand -éloge à3A I Zaharavi9 il 1-appèle
un écrivain clair & concis, mais plein de chofes 3
À l B
& il dit qu’il ne le cède à perfonne; qu’à Hippocrate
, & à Galien fon interprète. Al Zaharavi a compofé un ouvrage intitulé Al-Tafrif ou Méthode de guérir, divifé en 32
livres : quelques-uns prétendent qu’il excelle principalement
dans le dîagnoftique &" dans la deferip-
tion des fymptômes des maladies.
Cet ouvrage eft méthodique, & eft véritablement
eftimabie. Je dois cependant obferver qu’il
contient la plus grande partie des chofes qu’on
trouve dans Rhazès, comme on peut s’en convaincre
en lifant le z 6 e. livre de puerorum morbis ; le
c2a8em. edneti sa fmfeocrtitbifuesr isa.rthriticis ; le 3e. de medi- Dans ce qui eft dit fur-tout
de la petite vérole, Al Zaharavi emprunte pief-
que les propres termes de Rhazès fur la pefte 3 il
y-a fi peu de différence , qu’on y voit les mêmes"
divifïons & les mêmes titres des chapitres 3 i l y fait
même mention de la merveilieufe vertu d’un médicament
, qui, lorfqu’il y a une éruption de neuf
puftules , empêche l’éruption de la dixième; i l décrit
néanmoins ce médicament un peu différemment.
11 eft bon d’avertir ici d’une erreur commune &
à tous les . éditeurs & à tous ies commentateurs des
ouvrages arabes. Ils élèvent indiftinélement tel ou
tel écrivain , comme ayant tout tire de fon propre
fonds, & expofant des chofes excellentes. Il
en eft peu qui aient montré combien les arabes
ont tiré des grecs ; & il s’en trouve à peine un
feul qui ait fenti Combien ces arabes fe font .copiés
& pillés les uns les autres. S’ils euffent indiqué
ces plagiats, ils fe feroiëntë épàfgne, & à
eux-mêmes & aux leéieurs , beaucoup de peines;
& de courtes remarque^ auroiènt été bien plus
utiles que leurs volumineux commentaires.
En parcourant l’ouvrage à*Al Zaharavi , j’y
trouve quelquefois cité un traité des préceptes &
& de la pratique de la Chirurgie , par exemple,
aux pages 80 , 81 , 88 , 2 7 , 99, 107, 117 , 118,
12 3 , 1 2 4 , 12? , 127. J’ai conféré ces endroits
avec les écrits de celui que nous çonnoiffons fous
le nom $ Albucafis , le feul des arabes qui ait
. laiffé un traité féparé des opérations de Chirurgie;
& j’ai eu la plus grande fatisfaftion de découvrir
(i) que tous les cas de Chirurgie rapportés
. par Al Zaharavi , fe trouvent dans Albucafis. J’ai prié M. Gagnier, très-verfé dans la cpn-
noiffançe des langues orientales , de voir s’il n’y
aurait- point dans la bibliothèque hodleïenne un
manuferit arabe d'Albucafis. i l s’eft occupé de
cette recherche , & a trouvé parmi les livres raf-
femblés par l ’archevêque Marsh >t un manuferit
(1) Keftner .obferve que Sdaenck , bibliotk. me.d. p. 32,
avoir fait éetee découv-erce , 5c fe, plaint que Freind 11'aic
fait aucune mcritîon de .Schenck >" 5c 'qu'il ait parlé de manière
qu’il faille lui favoir gré de la découverte. BïblioiK
med. leixæ, 1746, in-8°. pag, ’i£S, not. e*
A L B
( n*. ) > avec un titre rendu ainfi en latin : Tractatus
x libri Zaharavi, diéïus ope ratio manûs ,
i, e. Chirurgia & ars medica , circa cauteri-
||cuionem & dijfeclionem & commijjfionem frac-
turarum, in très partes dijlributus. Mais comme/
il n’y vit point le nom d’Albucàjzs ( auquel ce
traité eft attribué dans un manuferit latin de. la
même bibliothèque , qui eft la verfion faite par
Gérard de Crémone ) , il découvrit parmi les ma-
nuferits donnés par le doéteur Huntington on autre
manuferit avec le titre fuivant : Pars xj libri
A l-ta fr if, aucïore Albucafem Chalaf ebn abbàs
Al-Zaharavi. A la fin du volume on lit ces mots
traduits de l’arabe : Explicit hic trachat us de
Chirurgia ,. efique conclujio totius libri practices
medicince , cujus auélor ejl Abulcafem, &c...
Die primo menjis faphar, A . H. D c c c n i (1).
Le même traité , dans le manuferit latin de G é-,
raid cité plus haut, eft indiqué ainfi : Particula
30 libri Albucajim.
Çomme l ’autorité réunie de ces deux manuferits
eft conforme à ce que j’ai dit du traité ehirurgi-
que d'A l Zaharavi, il ne fauroit y avoir aucun
doute que les écrits répandus fous les noms a A l bucafis
& d’A l Zaharavi ne foient l ’ouvrage du
même homme. Ajoutons à ces preuves,, qu Albucafis
renvoie fouvent le leéleur à fon traité de
Médecine pratique.
Dans l ’analyfe que je vais donner , continue
Freind, des oeuvres chirurgicales de cet auteur*
afin d’éviter toute confufion , je l ’appellerai Albucafis
, nom fous lequel il eft plus connu.
Je ne trouve rien de certain fur le fiècle où il
a vécu ; mais on croit communément ( je ne fau-
rois foupçonner néanmoins fur quoi eft fondée |
çette opinion ) qu’il vivoit vers l’an de notre ère !
1084 ; mais il y a des argumens pour le croire
moins ancien. En effet , en parlant des bleffures,
il décrit les flèches des turcs , nation à peine connue
avant le milieu du douzième fiècle. Et de ce qu’il
obferve que de fon temps la Chirurgie étoit pref-
que éteinte , & qu’il exiftoit à peine des veûiges
de cet art, on peut, je crois , .raifonnablement en
conclure qu’il a fleuri peu après Avicenne; car
du temps de ce dernier, la Chirurgie fut affez en
vigueur. Albucafis la remit en honneur ; A regarde
comme téméraire & impudent celui qui veut
l’exercer fans connoître parfaitement la vertu des
médicamens , & fan« être bien inftruit de l ’Anatomie
; & il exhorte tous ceux qui pratiquent cet
art, de ne jamais entreprendre, par intérêt pécuniaire
, le traitement d’une maladie qn’ils a’ont pas
bien reconnue.
Bien qu’il emprunte beaucoup de chofes des
ài l(’1a)n nCéeew ed aen nnéoet r8e0 7e red e1 4l’0h4é.g, irefu divesa nmt al’haobmbéé taLnasn grléepto nddu Frcfapy»
A L È
grecs, & fur-tout d’Aëtius & de Paul, il ne cite
cependant-aucun écrivain praticien qu’Hippocrat&
& Galien; c’eft encore, pour le dire en palranf,
une des raifons pour lefquelles il nous femble être
le même qu 'A l Zaharavi , qui, dans fon ouvrage
pratique, à l ’exception, de ces deux, n’èn nomme"
guère que quatre ou cinq ; 'tels font Rhafes ,
Honain, & c .. . .
I l dit avoir omis'tout ce qui eft fuperflu pour
la Chirurgie , & qu’il ne traite que de ce qui eft
néeeffaire Se utile ; il déclare qu’il a beaucoup lu;
& beaucoup pratiqué , & il promet de 11e rapporter
que ce qu’il a vu par lui-même. Ce qui le rend
fur-tout digne d’éioge , c’eft qu’il eft le feul des
anciens qui décrive les inftrumens propres à chaque
opération, & qu’i l indique leur ufage : on
voit lerfigures de ces inftriimens dans les deux manuferits
arabes que j’ai cités; mais'elles ne font pas
auflî bien deflïnées que dans l’exemplaire latim
Une chofe bien importante , & qui lui eft particulière
, c’eft que toutes les fois qu’il y a dans unç
opération quelque danger àsrâindre , il en avertit;
précaution fouvent, auflî utile que ces longs & minutieux
détails de certains écrivains fur la maniéré
de procéder aux opérations.
Albucafis , dans fon premier livre , ne parle
que des; cautères., & c’eft avec complaifance 8c
tranfport qu’il fait mention de la vertu divine 8c
fecrèce du feu. I l nomme cinquante maladies pour
lefquelles les cautères font d un bon fecours , &
cela d’après fa propre expérience. Quelque dou-r
loureux que foit ce moyen, quelque terreur qu’il
infpire , on ne fauroit douter qu’il ne produife des
cures étonnantes. Il expofe auifi tout ce qu’il faut
obferver dans l ’application des cautères. I l veut
qu’ils ne’ foient appliqués que par ceux qui pof-
sèdent parfaitement l’Anatomie , & qui connoiffent
exactement la pofition des nerfs, des tendons , des
veines, & des artères ;■ c’eft pourquoi, d it- il, il
faut procéder avec la plus grande circonfpedtion.
Il rapporte l ’Jiiftoire d un homme , q u i, attaqué
de feiatique , périt viftime de l'impéritie du chirurgien
, qui, en appliquant le feu fur le tarfe,
brûla les tendons de cette partie. I l décrit un instrument
propre à cautérifer dans .cette maladie ,
infiniment qu’il avoue lui-même être effrayant à
voir, mais qui eft d’une très-grande efficacité ; c’eft
pourquoi il le recommande à fes difciplés dans les
cas extrêmes.
Nous voyons que l’ufage du cautère aéluel a été
beaucoup plus fréquent chez les arabes que chez
les grecs ; on ne doit point en être étonné , car
le cautère potentiel a été très - fréquemment employé
chez cette nation , & plufieurs fiècles avant
Albucafis, on le nommoit ufiio arabica brûlure
, uftion arabique, comme le dit Diofcorides
en parlant des excrémens de bouc ou de chèvre ,
lefquels avoient coutume de fervir a cet ufage. Et
■ Ptofper Alpip obfetye que de fon temps c ’étoit ua
* - T i i i 2.