
pure & falubre ; elle ne fait même que gagner
Sans le tranfport. Mais aucun autre, moyen .que
le choix des lieux, n’éloigné un air impur & ne
fait jouir d’un air fain & d’une atmosphère bien-
fai làn te.
Cependant il eft impoflible de cireonfcrire un
établiffement confidérable dans les bornes étroites
qui fuppofent les précautions qui viennent
d’être indiquées. Ainfi, u l ’on eft près des bois, ;,
qu’on en aétruife une partie , plutôt par le feu
que par le fer. Qu’on perce dans le -refte des
‘avenues qui donnent à l ’air une libre circulation ;
qu’on creufe des canaux qui donnent un écoulement
aux eaux des marais & des terres inondées;
mais qù’on fafle faire ces travaux dans la faifon
fèche | plutôt que dans la faifon des pluies , afin
de- conferver la fanté des travailleurs ; qu’on les
fafte exécuter plutôt par les gens du pays , moins
fenfibles aux influences d’un climat pour lequel
ils font faits, ou par des colons déjà naturalifés,
que par de nouveaux arrivés qui périroient bientôt
êc par la fatigue. & par le mauvais air. Il
me femble aufli qu’on pourroit établir une loi dont
l ’exécution feroit fufceptible d’être maintenue par
une police rigoureufe , & qui feroit d’un - avantage
ineonteftable dans les grands étâbliffemens. Cette
lo i confifteroit à diftinguer , dans un établiffement-,
( jé parle des étâbliffemens fixes ) , les nouveaux
-arrivés, des anciens colons, c’eft-à-dire , dé ceux
qui ont déjà paffé une année dans les colonies.
Ceux - ci font naturalifés , & par conféquent font
-expofés à moins de dangers. Ils peuvent habiter
des lieux moins falubres avec moins d’inconvé-
niens. On diftingueroit aufli T établiffement en
deux parties , l’une plus élevée , plus falubre-,
qui feroit la ville haute , fermée de murs & de
.portes. L’autre ( je fuppofe trop d’étendue à l’éta-
bliffement pour être concentré tout entier dans une
même fituation ) comprendroit les habitations répandues
dans la plaine, qu’on nommeroit la ville
ou la colonie baffe. Les habitations des nouveaux
colons feroient invariablement dans la ville haute.
On ne permettroit à perfonne d’en l’ortir avant
que le loleil fut levé , & tous devroient être
rentrés avant le coucher du foleil, c’e ft -à -d ir e ,
avant la nuit. A cette heure, les portes feroient
exactement fermées. Cette police s’exerce chez
nous , avec exactitude , dans toutes les villes de
.guerre , même en temps de paix ; pourquoi feroit-
elle impoflible à établir , quand il s’agit de la
falubrité publique. & de la confervation de toute
une colonie ? Lind démontre , par une multitude
de faits , qu’une feule nuit paffée dans la plaine ,
pendant la faifon des, pluies, a füffi pour donne'r
la mort à des hommes qui jufques-là avoient joui
d’une parfaite fanté; & que cette inattention avoit
fouvent tranlporté les maladies des baffes terres
dans des étâbliffemens fitués dans une expofition
faine, & qui fans cela auroient toujours joui des
effets' heureux d’une falubrité non interrompue.
O n ne doit pas non plus permettre aux nouveau*
colons de fè livrer aux travaux qui peuvent expo*
fer à quelques dangers , comme à la coupe de*
bois, au deffechement des marais , à la /Confection
des. chemins , fi ce n’aft dans la faifon sèche,
pendant laquelle les plaines mêmes font falubres.
Au bout d un an de féjour paffé dans l ’obferva-
tion exaifte de ces précautions , les nouveaux colons
pafferont dans la claffe des anciens, & pourront
, fi leurs affaires l ’exigent, fe répandre dans
les plaines.
L ’idée de Lind , relativement aux comptoirs
flotcans, eft très - bonne pour des paffagers qui
ne féjournent en Afrique que pour les affaires
rapides d’un commerce qui le termine à la côté
dans un court efpace de temps. L ’air de la mer
étant falubre , les flottes commerçantes y font
exemptes# des dangers qu’on court à terre. Le
vaifleau infirmier eft aufli une idée très - utile ,
mais qui n’eft pas entièrement de lui. I l en fixe
l’ancrage à la barre (i) des rivières , où les vaif*
féaux jouiflent de l ’avantage d’avoir une quantité
de poiflons qui leur fourniflent un aliment toujours
frais & toujours falubre. I l veut que le feu
des cuifines, ou des machines pour diftiller l ’eau,
foit allumé dans de petits bâtimens qu’il place
entre la flotte ou le vaifleau & la terre , pour
que ce vfeu intercepte les vapeurs mal-faifantes
que pourroit communiquer le voifînage des terres,
& que les vents pourrojent pouffer fur les vaifi-
feaux. I l veut aufli que le bois, coupé à terre, ne foit
point confervé dans le vaifleau , pour qu’il n’y
porte point les vers & les infeétes dont il eft toujours
rempli, Mais en fuivant l’idée de Lind, il
faudroit encore qu’alternativement une partie de
l ’équipage pûtdeicendre à terre dans la belle faifon;
& feulement le jour pendant la faifon des pluies ;
afin d’éviter l’ennui qui réfulteroit d’une fituation
toujours la même. Il ne faut pas négliger les
maladies que l ’ennui peut répandre dans tout un
équipage; i l eft aufli préjudiable que les pallions
& les excès. Il eft encore une réflexion à faire,
c’eft qu’il eft douteux que, dans le golfe de Bénin,
l ’air de la mer foit aufli pur & aufli avantageux
qu’il peut l’être dans les autres parages du Séué-,
g a i , de la Guinée, & du Congo.
Une obfervation eflentielle à faire -, relativement
aux étâbliffemens fixes, c’eft qu’il faudroit,
dans tous , conftruire des maifons de fanté dans
les lieux les plus élevés & les mieux expoféç de
l ’habitation. Dès que les maladies fe déclarent,
; (i) La barre , comme il a déjà écé dit, eft une ligne
formée à l’embouchure de toutes les rivières f Afrique par
le fable emporté par leurs eaux. Cette ligne forme fous le.s
eaux. une efpèce . de rempart , contre lequel , ve»ant fe
heurter, elles s’élèvent par vagues , 5c forment une digue
que les Yaiffeaux ont beaucoup de peine à paffer.
on y tranfporteroit les- malades, fans attendre qu’il
fe fut écoulé plufieurs jours. Tout le monde fait
combien , 8ans ces climats, l’ifolement , le bon
air, Sc la promptitude des fecours contribuent à
la guérifon & au rétabliffement des malades. ~
Le dernier objet d’hygiène publique dont je
m’occuperai ic i, eft la conftruftion des habitations.
Que les maifons foient ifolées, c’eft-à-dire, qu’elles
ne fe tiennent d’aucun côté ; qu’elles n’aient pas
un nombre fuperflu d’ouvertures , mais que ces
ouvertures foient toutes difpofées le plus avanta-
geufement poffible , pour faciliter le renouvellement
de l ’air, Sc pour établir des cpurans dont
là direction vienne ou de la mer, ou de l ’expo-
fition la plus falubre que le lieu peut offrir ; que
les rues fuivent la même difpofition; trop d’ouvertures
donneroient trop d’accès à la chaleur Sc aux
infeétes; les directions négligées dans les ouvertures
Sc les iffues introduiroient des vapeurs nuisibles
& dangereufes. Qu’on voie de quelle manière
font conftruites. les cafés des nègres ; leur
but paroît être de les rendre inacceffibies au foleil;
Elles ^ ont cependant un défaut, c’eft de n’avoir
qu’une ouverture très - petite , & par conféquent
point de courant. En Egypte , les maifons,
dit Profper - Alpin , font garnies de tuyaux qui
les traverfent du faîte au rez de chauffée. Ces
tuyaux fe terminent fur le toit en un vafte entonnoir
tourné vers., le nord , Sc qui tranfmet dans
l ’intérieur l ’air frais qui vient de ce , côté. Ces
tuyaux font pour le frais ce que les poêlés font
pour la chaleur» Si une pareille conftru&ion pou-
voit avoir lieu dans nos étâbliffemens de la
côte if Afrique , il faudroit tourner l’entonnoir
du côté de la mer , ‘ou vers l ’expofition ia plus
falubre. ,
II. Outre ces difpofitions générales , qui doivent
entrer, dans les arrangemens néceffaires à .rétabliffement
d’une colonie , chaque particulier
doit lavoir qu’il n’a rien à éviter avec plus de foin
que l ’humidité du foir & de la nuit ; qu’une feule
négligence à cet égard eft fouvent fuivie des acci-
dens les plus funeftes ; que dans fa maifon les
parties les plus élevées font les plus faines &
celles qu’il doit préférer , fur-tout pour paffer
la nuit & pendant la mauvaife faifon ; qu’alors
il doit fermer tout accès aux brouillards du foir
& aux rofées de la nuit & du matin; qu’il doit
fe garantir, avec le même foin , des vents chauds
qui ont paffé fur les fables , ou qui viennent des
déferts , mais qu’à cet égard l ’eau eft un. préfçr-
vatif sûr , & qu une toile ou un drap épais, imbibé
d’eau & étendu à la fenêtre du côté de ces
vents-, en détruira toutes.les mauyaifes qualités.
Le feu Sc la fumée font au contraire le correctif
des vapeurs humides , & putrides.
Je né m’étendrai pas fur l ’avantage que peut
avoir lafaignée , principalement pour les pléthoriques
, dans les premiers temps de leur féjour dans
un climat chaud , fur - tout fi elle eft fuivie des
bains ; à moins que le développement de la b ile ,
fréquent dans ces moaiens, ne s’y. oppôfe décidément.
La nature apprend d’ailleurs au colon de
quelle néceffité lui {ont les bains dans ces climats,
Sc pour la propreté, & pour la falubrité; mais
s’il fuit l ’exemple des nègres, il fuira l ’eau des
torrens & des rivières gro{fies par les orages; &
il ' préférera l’eau de mer. Cette eau donné né-*-
ceffairément plus de. fermeté & de ton à l ’orgajne
de la peau ; & cet organe, qui eft celui de i’ab-
forption comme de l’exhalation , amolli par les
fueurs , a fans doute befdin d’être raffermi pour
remplir utilement fes fondions ; peut-être aufli,
acquérant plus de fenfibîlité en prenant plus de
ton , fè refufera-t-il mieux à l ’abfbrption des
miafmes mal - faifaris qui doivent l ’environner le
foir & la nuit ; & c’eft une porte confidérable
fermée à la maladie. C’eft pour cette raifbn fans
doute qu’il lui fera utile , à l ’exemple des nègres
, de fe laver le corps avec l ’eau de mer toutes
les fois qu’il aura été mouillé par Te au. des pluies®
Le danger de ce lle -c i, l ’utilité de celle-là, pa-
roiffent un préjugé au phyfîcien qui veut trop
raifonner : mais le philofophe fait refpe&er & le
plaît à étudier l’expérience aveugle, mais {burent
affez sûre, du vulgaire.
I l y auroit un effai à faire pour cfcux qui feront
obligés de s’expofer le foir aux influentes dangereufes
d’un air humide , pour ceux qui font
chargés de défiichemens , de deffèchemens , de.
coupes dé bois. Mais je ne propofe cette idée,
que comme un effai dont l ’utilité ne nveft pas
démontrée. Ce feroit de s’oindre le corps avec une
huile inodore comme celle de Ben. Peut - être,
avec cette précaution, Tabforption. étant diminuée,
les effets infalubres feroient- ils moins multipliés*
Cette idée a déjà été propofée dans une ihèfe foute-
nue à la faculté de Paris par M. Màthey, en 177 8. Je
crois l'utilité dé ces efpèces d’onétions très-grande ,
fur-tout relativement aux dangers de l’abforption qui
peut fe faire le foir & dans les lieux humides : mais
peut-êtitf aurôit-elle aufli fon utilité dans le cîïaucî
du jour , pour modérer Texcefîive abondance des
fueurs. Mais je confeillerois, ainfi que le recom-
mandoient les anciens, de faire précéder un baiix
& une friétion sèche proprès à nettoyer, la peau „
avant de la couvrir de T’huile deftinée à lui fer-
vir de vernis & de préfervatif. J’ai déjà dit ce que
l ’enduit naturel de la peau des nègres pouvoit
ajouter de probabilité à cette conjeéture.
L a nature apprendra encore au nouveau colon
qu’il doit choifir fes alimens parmi les fubftances
les plus éloignées de la putridité ; que s’il ufe des
viandes, i l doit en ufer fobrement , & ne pas les
attendre long-temps, dans un climat, où quelques
heures fuffifent pour les xendre infeétes; qu’il doit
les affàîfonner avec les acidulés & a®c quelques
toniques aromatiques ; les uns éloignéut la putrs