
alkalins, &c. Ainfî, en fecônd lieu , Vair peut être
altéré par le mélange de ga\ d'une autre nature,
que ceux qui entrent naturellement dans fa com-
pofition.
3°. V o ir peut aufli Te charger de principes que
l ’analyfe ordinaire ne peut pas démontrer, mais que
nos fens y découvrent évidemment. Tels font tous
les principes odorans. Car quoique l 'air foit fou-
vent altéré dans fa fubftaoce par le féjour des corps
odorans , autour defquels il eft ftagnant , & que
l ’Eudiométrie ait démontré quelques-unes de ces
altérations, il eft néanmoins vrai que le principe
odorant liii-même eft étranger aux gaz qui fe
trouvent alors ajoutés à Y a ir , 8c jufqu’à cette heure
l ’analyfe ne pouvoit pas fuifire feule pour en démontrer
l ’exiftence. ^
Voilà donc une iroilïème manière dont 1 air
peut être altéré, & qui ne peut être déterminée
•ar les moyens eudiométriques connus jufqu’à cette
:eure j c’eft par le mélange des fubfiances odorantes
diffoutes dans l ’atmofphère, & qui ne peuvent
être réunies à part fous la forme de gaz.
4°. Enfin il paroît que Y air peut encore fe charger
de fubftances que nul moyen ne peut nous f airf
connoître, pas même nos fens, mais qui fe màni-
feftent par des effets qu’on a ordinairement attribués
à des miafmes dont Y air eft le véhicule. Tels font les
contagions & les miafmes épidémiques. Parmi les
contagions , il en eft beaucoup dont on doute j- cependant
comme il eft quelques maladies conta-
-gieufes qui répandent une odeur très-fpécijîque &
très-remarquable , il ne feroit pas déraifonnable
de croire que la contagion pût accompagner ce
principe odorant. Mais prefque aucun médecin ne
doute de l'influence, des émanations des marais dans
la produ&ion de plufieurs épidémies , & l’on attribue
communément à Yair la propagation de ces maladies,
non par contagion, mais par l ’effet d’une
influence univerfelle & commune. Souvent cependant
les épidémies dans lefquelles Yair paroît contenir
le plus évidemment ces principes funeftes ,
ne font accompagnées d’aucune émanation odorante.
On voit pourtant alors des altérations uniformes,
principalement dans les humeurs , caraéférifer toutes
les maladies, fe manifefter dans les évacuations,
& fe montrer par-tout les mêmes , malgré la diffé-
rence des tempéramens & des individus, qui n ont
entre eux d’autre analogie que d’avoir été expofés
aux mêmes, influences atmosphériques. Biea plus,
on voit les maladies épidémiques bornées à un feul
territoire, à une feule enceinte quelquefois étroite,
affeéter les feuls habitans de ce lie u , & ceffer chez
eux par la feule émigration ; néanmoins Yair ne
donne fouvent aucun indice fenfible de fou altération.
Bien plus, on voit ces maladies endémiques
ou épidémiques fuîvre quelquefois toutes les
dire&ions des vents , & changer avec eux. De tous
temps , l ’étude de la direction des vents & des
lieux fur lefquels ces vents paffent, a été un des
©jpiets de l ’attention de ceux qui ont cherché à
concilier aux habitations la falubrité. M. James,
dans fon Dictionnaire de Médecine, en préfente
des exemples utiles dans les extraits qu’il donne
d’Hippocrate , de Vitruve , d’Arnaud de Ville-
neuve , au mot aèr. Nous en parlerons en différent
endroits de ce dictionnaire.
Cette matière eft fufceptible de. beaucoup de dif-
cuffion, 8c la connoiffance de l ’eau contenue dans
Ya ir , ainfi que fon analyfe , pourroient peut-être
éclairer finguiièrement ces faits,, d’autant plus que
les vraies épidémies ne font jamais plus étendues
& plus univerfelles que quand Yair eft chargé d’humidité.
C’eft dans les faifons humides ou dans le,
voifinage des eaux qu’elles fe répandent davantage ,
tandis que les faifons conftammentsèches foit froides,
foit chaudes , font au contraire conftamment falu-
bres. On auroit tort de vouloir chercher dans l ’examen
des pluies l ’analyfe de l ’eau contenue dan»
Yair. L’eau des pluies tombe ordinairement d’une
région trop élevée, & les émanations épidémiques
ceffent au contraire fort fouvent quand on eft parvenu
à une certaine élévation qui eft encore bien loin
de la région des nuages. D’ailleurs en automne même
on fait qu’il y a fouvent des brouillards accompagnés
d’une odeur âcre & d’une faveur picotante , ce qui
démontre bien que l ’eau de Yair n’eft pas toujours
une eau fimple, mais fouvent imprégnée de principes
dangereux & funeftes. Jamais on ne s’eft occupé
complètement de cet objet, qui manque encore
entièrement à la Chimie, à la Phyfique, 8c
à la Médecine.
A rt II. D e s effets des mélanges qui altérera
les différentes qualités de Yair.
i° . Pour les mélanges qui ôtent à Vair fa
refpiraèilité, nous verrons aux articles ém an actions
, M É PH IT ISM E , M IA SM E > ODEURS , & C . ,
quels font les effets des différens mélanges dont
Yair eft fufceptible ; nous y verrons que le mé-
phitifme qui produit i’afphyxie , agit non feulement
fur les organes de la refpiration, mais encore
fur le fyftême nerveux en général, & que
fouvent l ’afphyxie même peut être renouvelée pat
la feule affeétion du fyftême nerveux , puifque
l’odeur du charbon chez une perfonne déjà af-
phyxiée une fois par fa vapeur , peut rappeler
l'afphyxie, fans qu’il y ait dans Yair une quantité de
gaz fuffifant pour le rendre impropre à la refpiration
, & que cette odeur a rçne fphère beaucoup
plus étendue que le gaz qui Raccompagne.
2°. Nous confîdérerons l ’effet des autres'mélanges
fur nos nerfs, fur nos humeurs & fur nos organes,
c’eft-à-dire, Veffet des mélanges qui nattèrent
point la refpirabilité de Yair, qui n’afphyxient
point, mais qui deviennent dans Yair une caufe
des dérangemens de l ’économie animale. Nous
verrons quel rôle on peut attribuer à l ’eau dans
cette claffe d’effets, puifqu’il paroît que l ’eau fimple
peut être ajoutée en toute proportion à Yair,
* * iàn*
fans en détruire réellement la refpirabilité , & fans
caufer dans nos organes d’autre dérangement que
jcelui qui vient du relâchement des fibres & de
l ’amolliffement de Le peau.
A rt. III. Application utile des connoiffances
acqiiifes fu r les différens mélanges dont Yair
,efi fufceptible.
Enfin, dans les différens articles qui contiendront
le détail des -objets dont nous venons^dc parler,
on verra quelle utilité on peut tirer de ces connoiffances.
i®. Quelles chofes -on doit éviter parmi celles
qui altèrent Yair) foit en y répandant des gaz étrangers,
foit en changeant les proportions de fes gaz
naturels, foit en y mêlant des particules étrangères,
Cufceptibles de s’y diffoudre. Tels font les effets de la
combuftion, de la putréfa&ion, des fermentations,
des fubftances odorantes, fuaves , fétides , putrides.
2°. Quelle doit être la fituation des habitations,
leur dire&ion, leur expofîtion, félon les lieux qui
les environnent.
5°. Jufqu’à quel point on peut employer utilement
ces divers .mélanges, foit de fubftances odorantes
, foit d’eau pure; & s’i l eft en général ütile,
& jufqu’à quel point, de changer quelquefois les
proportions naturelles de Yair atmosphérique.
. C H A P I T R E I V .
Des effets de Yair occafionnés par les divers
, mouvements qui peuvent être imprimés à ce
fluide*
L a théorie des courans Yair 8c leurs effets font
Encore dignes de fixer l ’attention des médecins.
A rt. 1er. Ces courans établis, foit par les ventilateurs
, foit par les feux , foit par les Simples évents,
méritent d’être examinés , 8c leurs lois déterminées.
L ’utilité de cette connoiffance pour la conftruétion
des falles d’affemblées , des hôpitaux , des maifons
particulières \ èft bien aifée à fentir.
A rt. II. L ’effet des courans , i° . comme renouvelant
Yair altéré , & fous ce*point de vue, la
différence d’un air courant & d’un air ftagnant,
d’un air éventé & d’un air renfermé , même in-
dépendameni des altérations caufées par les* feux
& la refpiration, font encore des objets dignes de
réflexion. 2°. L a direction des courans & leur
étendue font également importantes à confidérer relativement
aux effets qu’ils produifent fur nous ;
parce qu’il n'eft pas indifférent d'expofer le corps
à un grand mouvement dans une grande malle Yair y
Ou à un courant .d’un très - petit volume qui fera
dirigé fur une partie du corps, fans en frapper toute
l ’étendue j & la rapidité de ces mouvemens, l'effet
de cette rapidité fur l ’évaporation des liquides, fon
aôtion furies organes qui y font expofés, eft également
digne d’étude 8c d'examen. 30. La tempé-
M é d e c i n e . Tome f .
rature de ces courans 8c leur combinaifon avec les
différentes qualités de Y a ir , peut être encore le
fujet d’un grand nombre d’obfervations.
A r t . 111. Enfin l ’application de tous ces faits
à la cônfervâtion de la lanté , c’eû-à-dire, i°. les
réfultats qu’on en peut déduire pour indiquer a
l’homme ce qu’il doit éviter & ce qu’il doit rechercher
; 2°. les principes qui doivent diriger la
eonftruétiori des édifices publics , des ateliers , des
hôpitaux, des maifons particulières, relativement
à la circulation de Y air, font dans cette partie ,
comme dans tout le refte , le but vers lequel tendent
toutes nos recherches, & la feule fin 011 elles fe terminent.
( Voy e \ courans , ventilateurs , vent#
H Ô P IT A U X , V A IS S E A U X , A IR DES H Ô P fT A tfX . )
Le nombre & Timportance des différens objets
qui forment la matière de ces deux derniers chapitres
, m’oblige de les détacher de l ’article qu’on
vient de lire , & dont l’étendue eft déjà confîdérable.
Cependant je me fuis borné à l ’expofilion des propriétés
chimiques 8c phyfiques par lefquelles Yair
agit fur nos corps ; à la recherche des effets bju’it
y occafionne en raifon de ces propriétés , & à l ’utilité
qu’on peut tirer de ces connoiffances pour la
confervation des» hommes. Les faits & les obier-
vations ont été mes feules autorités , & les conclu-
fions les plus exaéfes ma feule théorie , toutes les
fois qu’il n’a pas été néceffaire de faire connoître
les opinions des autres 5 & lorfque les faits m’ont
manqué , j’ai tâché d’indiquer ce qui reftoit à faire.
je terminerai donc ici l ’examen d’une matière
dont l ’importance a été fentie de tous temps | dans
l ’étude de laquelle on ne fauroit mettre trop d’at-
tentiorf, réunir trop d’expériences , former fes con-
clufions avec trop d'exa&itude & de févérité; dans
laquelle on ne doit rien négliger comme furperflu ,
rien oublier comme indifférent, parce que lès moindres
détails dont l ’application nous échappe aujourd’hui
, peuvent un jour avoir une grande utilité.
Chaque fiècle travaille pour le fiècle fuivant ;
c’eft aux favans du dernier que nous devons les premiers
rayons qui ont éclairé cette vafte carrière.
Cette aurore a pris de nos jours plus d'éclat j mais
à mefur,e que les lumières augmentent & que le
jour fe lève , le terme de notre courfe femble s’éloigner
davantage , & nous découvrons, de plus en
plus un horifon immenfe qui femble s’agrandir à
mêfure qu’i l s'éclaire. { M. H A L L É . )
A ir. des h ô p itau x de t e r r e et » e m e r .
Une prairie émaillée de fleurs, un jardin orné
de plantes fraîches fe odoriférantes, préfèntent l ’idée
d’un air pur & falubre qu’on recherche avec em-
prefferoent : un lieu rempli de malades excite naturellement
une fenfation contraire ; quand on n’y
eft pas familiàrifé , on croit voir dans Yair qui
circule au milieu des hôpitaux , des femences de
maladies & de mortj on retient machinalement
C e c c