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mations catarrhales de cet organe, & c ., quoique
rirrifation première fe Toit paffée dans une partie
très-éloignée du lieu qu’occupe enfui te la maladie.
C ’eft ainfi que les goutteux , ceux qui ont la veflie
délicate, ceux qui ont eu les ligamens dé quelque
articulation diftendus. par une entorfe, fouffrent
dans ces parties pendant les changemens de temps,
ce que d’autres ibuffrent à la plèvre où à la mem-
brane pituitaire * parce que la propagation de 1 irritation
nerveufe fe porte de préférence fur les parties
les plus fenfibles & les plus difpofées à recevoir
les atteintes de cette irritation. Les moindres changemens
de temps deviennent fenfibles dans ces
parties, comme le démontre une expérience jour-
nalière. I l réfulte de là , qu’un des effets les plus
cdnftans du changement de Y air du chaud au froid,
eÜ l ’irritation des nerfs, commençant par ceux de
la peau , & fe propageant très-promptement dans
tout le fyffême nerveux.
Cet effet eft tellement dû au feul changement
rapide de température , que pour le produire il
fuffit que la diftance entre les degrés qui fe fuc-
cèdent rapidement foit confidérable, fans que la
nouvelle température foit véritablement froide ,
c’eft-àrdire, fans qu’elle puiffe produire dans les
corps inanimés les effets d’un froid véritable. C eft
ainfi qu’une variation de dix degrés, par exemple ,
produira tous les effets d’un froid fubit, quoique
le thermomètre étant à z7 degrés , elle ne le faffe
defeendre qu’au '17 e au deffus de zéro , qui eft un
degré que nous fommes habitués à regarder comme
celui d’une chaleur affez remarquable^, & dans le quel
toutes les fermentations peuvent s’opérer complètement.
En général, M. de Réaumur a obferve
que la différence de quatre degrés dans la température
de l ’atmofphère étoit toujours une différence
fenfible. Il faut ajouter qu’elle eft d’autant plus
fenfible , que la température eft plus extrême; c’eft-
à-dire , que dans le grand chaud comme dans le
grand froid cette variation eft beaucoup plus remarquable
que dans les températures moyennes.
Répercufjîon de la tranfpiration. Outre Eeffet
que produit fur les nerfs le changement de Y air
au chaud au froid , effet qu’on doit, a ce que je
crois, regarder comme le principal ; il en eft un
qui a attiré beaucoup davantage l ’attention des praticiens
, & qui a formé la bafe de la plupart des
théories concernant les maladies que caufe 1 im-
preflion fubite du froid, c’eft-a-dire, les inflammations
catarrhales; c’eft la fuppreflion de la tranfpiration.
Le froid fubit interrompt cette excrétion,
& en même temps les urines augmentent en quantité
, les felles deviennent liquides & abondantes,
la bile coule plus abondament & plus délayée, le
nez & la membrane pituitaire fe chargent 8c dif-
tillent une eau claire 8c quelquefois âcre. En général,
toutes les excrétions dont 1 eau eft ou peut
devenir le véhicule , augmentent d’une manière fenfible
, & prennent, fuivant les cas, un certain degré
d’âcre té qui irrite les organes par lefquels elles
A I R fe font. C ’eft pour cela que les médecins ont S ma«
criné queles inflammations catarthales étoient dues
a une tranfpiration âcre fupprimée & portée fur
des organes quelle irrite & que lle enflamme. Cette
théorie a pour elle de grandes probabilités ; mais
il paroît quelle ne nous préfente qu’une partie de
l ’effet qui a lieu dans les inflammations &en général
dans les maladies catarrhales, c’eft-à-dire,.qui réful-
tent de l’impreffion d’un froid fubit.
Coagulation, de la fubfiance albuminettje.
Un troifième effet du froid fubit, effet qu on
n’a point expliqué jufqu’à préfent, & dont on n’a
peut-être pas affez étudié la nature, quoiqu’on ait
eu beaucoup d’occafions de le bien obferver; c’eft
celui par lequel le fang fe charge d’une matière
qui fe coagule à fafurface par le repos; qui forme
au deffus du caillot une gelée blanchâtre, opaque ,
mais qui , fuivant les circonftances , acquiert unç
confiftance 8c une ténacité fi grandes, qu’e lk approche
quelquefois de la fermeté du cuir, & qu elle
réfifte même à l ’inftrument tranchant. C’eft ce qu’on
appelle la couenne. Dans l'ouverture des corps
morts d’inflammations catarrhales, principalement
des inflammations de la pievre ou des1 méninges,
on trouve fouvent la plèvre , la fur face du poumon
, la pie-mère , fuivant le fiége de la maladie,
enduites d’unecouche plus on moins épaiffsde cet te
gelée , & adhérentes par fon moyen aux parties
voifines. Souvent, à la levée des veficatoires, on
trouve fous l’ampoule faite par l’emplâtre', une
maffe gélatineufe derai-tranfparente, qui réfifte fort
aux moyens qu’on employé pour l ’enlever, & qui
adhère fortement foit à la peau, foit a 1 epiderme,
foit à tous les deux ; cette matière eft femblable
à la Couenne du fang. Dans le fang des femmes
groffes on voit fouvent de cette couenne fur le
ca illo t, mais elle eft moins coriace ordinairement
que dans les maladies inflammatoires catarrhales.
Cette matière féchée fe cafte ;-on ne peut la con-
j fondre*avec la partie fibreufe du fang, puifquelle
couvre le caillot & ne le pénètre pas : elle n’ en
a ni la forme ni la texture , & fi elle fe . rapproche
de quelque fubftance' animale connue , c eft dè la
fubftance albumineufe. Je ne vois pas qu on en-ait
encore fait l ’analyfe ; cependant cette analyfe^eft
bien importante. Séchée une fois , cette matière
ne paroît pas plus foluble dans l ’eau que le blanc
d’oeuf durci; & fi cette analogie fe confirme, elle
différera de la fubftance fibreufe, en ce qu’elle fera,
coagulable , & non diffoluble par les acides , & au
contraire foluble dans les alkalis. Si pour lors on
confidère que plufieurs obfervations ont démontré que
la matière de la tranfpiration eft fouvrent acide , 011
concevra que cette matière , fortement répercutée
& réabforbée dans fon état acide & excrémentitiel
par les vaiffeaux lymphatiques & peut-etre fan-
guins, a pu coaguler ou difpofer a la coagulation
. fa partie albumineufe, & former la matière de la
couenne, dont l ’arrêt dans les extrémités vafeu-
laires donne naiffance aux inflammations. Bientôt
A I R A I R ss*.
on préfumera que c’eft cette même matière, d’abord
coagulée, formant les engorgemens & excitant les
inflammations, qui enfuite dUioute de nouveau par
l ’effort de la nature, & peut: être par des moyens
chimiques naturels, que nous ne connoiflons pas encore,
redevient à demi foluble , & forme la fubftance
du pus ou des évacuations puriformes. Tantôt
éti effet cette, matière, ainfi fondue & diffoute de
nouveau exfude par les extrémités vafculaires. dilatées'ou'
rompues , & s’amaffe dans les efpaçes
cellulaires pour former les abcès dans le lieu même
de l’inflammation. Tantôt, paffant des extrémités
artérielles dans les veines lymphatiques , elle va
fouvent à de grandes diftances former des dépôts
purulens, dont l’inflammation s’eft paffée dans des
lieux très-éloignés des parties cellulaires où fe fait
cette collection. Tantôt .enfin, comme il arrive
dans les inflammations fufceptibles de réfolution j
on même dans lés fièvres catarrhales fans inflammation
fixe 8c locale , cette même matière albumineufe
coagulée , que le fang préfèntoit fous
forme de couenne au fortir de la veine , perd cette
forme ait bout d’un certain temps-, 8c reprenant
peu à peu de la folubilité, s’annonce , après que
la fièvre eft tombée , dans toutes les excrétions avec
les caractères extérieurs du pus, comme on le voit
dans les urines, dans les crachats , dans l ’excrétion
des narines.
Dans celle-ci principalement on voit bien, évidemment
par l’effet d’un froid fubit toutes les phafes
des changemens qui ont lieu dans l ’économie animale.
Dabord il fort de la membrane pituitaire
une ferofité âcre qui répond au premier moment
de l ’aétion répercumve du froid, & qui paroît m’être
que la matière de la tranfpiration fupprimée 8c
reportée fur les organes fiifceptibles de la recevoir.
Enfuite le nëz s’engorge , les finus frontaux fe'fur-
chargqnt, toate évacuation ceffe ; le battement des
artères , Télévation du pouls , foit locale foit uni-
verfelle, annonce une véritable fièvre , foit partielle
foit générale. Dans ce moment , on peut croire
que la matière albumineufe épaiffie & ar rêtée forme
un engorgement dans les couloirs de la membrane
du nez. Enfin l’engorgement ceffe, & une matière
çpaifie, à demi-foluble, blanche jaunâtre , d’une
confiftance & d’un afpeCt puriforme, mêlée avec
1 excrétion naturelle de l ’organe,, fe fait jour, 8c
la fièvre ceffe , les fondions de la partie fe rétablirent.
On peut faire à peu près les mêmes obfer-
yations dans les rhumes de poitrine & dans les inflammations
catarrhales de cet organe, dont l ’ex-
erétion naturelle, ainfi que celle dès narines , contient
naturellement, & dans l ’état de fanté, une por-
t1(>n de matière vraiment albumineufe, & coagulable
par l’efprit-de-vin & les acides. Je crois même
que la matière gélatineufe qui forme, comme je l ’ai
démontré autre part, le premier dépôt des urines du
matin, eft une vraie matière albumineufe atténuée ; &
~ e“ a place de ce dépôt gélatineux que les urines
e A rg en t à l.a fin des maladies catarrhales d’ un
dépôt qui a,quelques apparences du pus, & que
les médecins ont caractérifé de album , Lceve &
oequale , blanc, onCtueux , homogène. Une autre
chconftance où l ’on voit bien l ’effet coagulant du
froid ou de la tranfpiration répercutée , eft dans
l ’impreftion que le froid occafionne fur le fein des
nourrices. Alors tous les vaiffeaux dès mamelles
font remplis de la lymphe albumineufe qui doit
former le lait ;. le lait lui-même eft en abondance
dans les canaux des glandes mammaires, & l'on
connoît maintenant lanalogie qui exifte entre fa
partie caféeufe 8c Y albumen. L ’effet du froid fubit
fur tout l’appareil mammaire eft d’autant, plus fort'
8c d’autant plus prompt, que les vaiffeaux qui
renferment la matière coagulable font fëparés / de
Y air par un moindre intervalle , & font réunis eq
plus grande quantité -dans le même organe. Alors
le fein fe durcit fubite nie ut' & s’engorge de toute
part. S’il fe dégorge par réfolution , c’eft avec tous
les phénomènes qui accompagnent la réfolution
des, inflammations catarrhales; & fi l ’inflammation
éft trop forte pour fe réfoudre, elle donne lieu à
d’abondantes fuppurations 8c, à des abcès vraiment
.purulens , mais qui font mêlés d’une lymphe lai—
teufe açefcénte. que lui fournit le voifinage des ca«
naux mammaires,
,. Ainfi , tous les organes fur lefquels la tranfpiration
répercutée peut fe porter iubitement, tous
les couloirs qui peuvent recevoir l’humeur deftinée
à fortir par la peau , font fufceptibles d’être engorgés
par la coagulation de la matière albumineufe.,
& d’être le fiége, d’inflammations catarrhales
caufées par le froid.
Augmentât ion de Vdbforp don cutanée. I l refte
dans l ’étude des effets du froid fubit & fur-tout du
froid humide , à examiner ce qui a rapport à l’ab-
forption. Dans ce reflux des humeurs de la circonférence
vers le centre, fur-tout lorfqu’il eft caufé
par un froid humide, qui n’eft jamais vif par lui-
même , il paroît que la force abforbante de l ’organe
cutané eft augmentée confidérable ment. Il y
a peu d’obfervations pofitives à cet égard. Mais fi
l ’on confidère l ’uniformité des caractères de certaines
épidémies catarrhales, fur-tout dans l ’altération
que contractent les humeurs dans tous les
malades de tous les âges, de tous les fexes , de tous
les états : fi l ’on confidère dans quelques-unes de
ces épidémies la propriété que paroiffent avoir les
évacuations de propager la maladie ; on croira voir
une caufe générale, qui, ne pouvant être raifon-
nablement attribuée à l ’état des humeurs de tant
d’homifies de tempérament & de conftitutions différentes
, doit venir d’une caufe externe commune,
qui, abforbée par tous également, produit chez
tous, des phénomènes d’un caraCtère uniforme , 8c
imprime chez tous une même qualité aux humeurs &
aux évacuations, foit fymptômatiques, foit critiques.
Quand je mets cette ablorption au nombre des
effets du. froid humide, ce n’eft pas que je croye.
qu’elle ne fe faffe que par rimpreffion de cette