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hlogiftique des auteurs de la nouvelle théorie(z i).
e ne chercherai pas même à examiner s il
exifte des rapports entre la mofette & l ’acide carbonique
, fi l ’un n’eft pas un compofant de l’autre ,
ou fi Yair vital n’entreroit pas dans l ’un & dans
l ’autre, dans -des proportions différentes, & par
des combinaifons particulières (a i) , quoique ce
dernier objet fut peut-être un des plus intéreffans
à déterminer pour l’intelligence de la refpiration.
Je laiffe toutes ces queftions à décider aux çhi-
miftes. Le médecin ne doit recevoir des fciencés
acceffoires à fon a r t , que des vérités démontrées.
(z ° . Théories des effets de Vair refpiréfur
Véconomie animale ). A l ’égard de l ’utilité de
Vair dans la refpiration, & des changémens qu’il
opère dans l ’animal qui refpire , le premier ufage
qu’on put attribuer a Y air étoit de diftendre les
yéficules pulmonaires , de déployer les vaiffeaux
qui les environnent, & de donner un nouveau degré
de vivacité à la circulation par le mouvement
alternatif de l ’infpiration & de l ’expiration. Cette
théorie eft vraie , elle eft fimple , elle eft né-
ceffairement liée avec le mécanifme de la refpiration
& la ftru&ure du poumon.
J’ai déjà parlé du rafraîchiffement que porte
(zi) En effet, quel inconvénient y auroit-il eu à appeler
.phlogiftique le principe du charbon, le carbone de la nou-
yelle nomenclature, c’eft-à-dire , entre les différens principes
combuftibles qui exiftent dans la nature, celui qui
■ fert de bafe au charbon. On l’entendroit peut-être mieux,
& l’amour d’un mot ne diviferoit pas nombre de gens
de mérite fur des faits & fur des expériences. A la vérité ,
en attribuant la dénomination de phlogiftique au principe
combuftibie du charbon, il faudroit le refufer à d’autres
fubftances dans lefquelles l’ancienne théorie l’admettoit;
à moins qu’on ne fît du mot phlogiftique un mot géné-
lique commun à tqus les principes combuftibles ou inflammables,
quoique de nature très - différente entre eux s
d’où il réfulteroit qu’il y auroit autant de pfllogiftiques
qu’il y a de principes inflammable» eflentiellement diffé-
tens. Si cependant quelque jour on démontroit que tous
|es principes combuftibles ou inflammables que nous regardons
maintenant comme Amples, ne tiennent -cette propriété
que d’un feul & même principe , alors cç principe
auroit de droit ]e nom de phlogiftique. _ Mais nous n’en
fommes pas l>à. Ici donc j’entends par principes combuftibles
ou plutôt par principes inflammables, ce qui eft une
pxpreffion moins générale, tous les corps capables par
eux-mêmes de décompofer Vair v ita l, avec dégagement de
chaleur & de lumière , c'ejtr h-dire , avec déflagration , &
de communiquer cette propriété aux corps dans la compo-
jition defquels ils entrent. Tels font, parmi les corps regardés
comme les plus fimples, le charbon ou plutôt fon
principe le carbone , le gaz inflammable ou gfll hydrogène
, le fftufre, le phofphore *, ces mêmes principes di-
yerfement combinés donnent l’inflammabilité à l’efprit-de-
vin , aux huiles , aux réfines, & à la plupart des fubftances
animales & végétales. Enfin il ..eft d’autres corps qui
doivent leur inflammabilité à des principes moins connus
encore. De ce nombre font le zinc, le fer, &c.
(22) Cette dernière idée fejnblgroit autorifée par les phénomènes
de la détérioration de Vair vital put dans la refpiration,
d'abprd par l’acide carbonique, enfuite par l’ad-
jîüiion de la mpfettç. ( V , note 14, * j. j
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Y air frais dans le poumon, # on a vu jufqu’à
quel point il étoit poflïble d’admettre cet effet :
mais en faire l ’utilité principale de la refpiration,
comme quelques auteurs ( Helvetius, Hamberger)
l ?ont penfé , ce feroit admettre une hypothèfe ab-
fblument éloignée de la vérité, & contraire a ce
qui eft évidemment prouvé par l’expérience. Dans
cette opinion , qui fuppofe le befoin d un rafrai-
chiffement continuellement renouvelé , il faudroit
fuppofer le fang veineux plus chaud que le fang
artériel, & Schwenke a démontré l'excès de chaleur
du fang artériel fur le fang veineux. D’ailleurs
on a vu combien peu de durée pouvoit avoir
cet effet, puifqu’i l eft aulîi - tôt détruit que Prt?"
duit par le développement d’une nouvelle chaleur
plus durable. Ainfi, l’avantage d un air frais fur
un air échauffé paroît dépendre uniquement de ce
qu’il eft, & plus favorable aux combinaifons qui
fe font dans le poumon, & plus propre à opérer
la dilatation des véficules pulmonaires.
Enfin les médecins voyant que d’un .côté |W
qui for toit du po,union perdoit la faculté d entrer
tenir la vie ; que de l ’autre la refpiration d’un
air pur donnoît à nos fondions une nouvelle vigueur
, en ont conclu deux chofgs j 1 °. que 1 air
lervoit à dépouiller le poumon de quelque partie
excrémentitielle ; %°• q u il ^sabforboit 1 air
quelque principe néceffaire a la vie. C eft a ces
deux points que fe réduifent maintenant toutes les
queftions relatives à la refpiration.
Les hypothèfes qui ont précédé les nouvelles
découvertes fur Y a ir , méritent peu, pour la plupart
, de nous arrêter à préfent, excepté l ’opinion
de Haies , qui croyoit que Y air «oit abforbé
dans le poumon, mais q u i, comipc nous lavons
v u , déduifojt fon opinion d’une obfervalion dont
i l ignoroit la cattfe. Prieftley, qui n’ad.mettoit
prefquç d’autre produit de la réfpiiacion , que Y air
ou le gaz qu’i l appeloit phlogiftiqué~, a C):u que,
dans cette fondion , le fang fe dépouilloit de fon
p h lo g ift iq u e& que c’étoU ce phlogiftique q u i,
| combiné avec 1 a ir , 1 altérojt Sc le rendoit incapable
d’être refpiré davantage. Il eft étonnant que
ce grand homme , qui eonnoiffoit les phénomènes
obfervés par Haies , & qui a fi bien déterminé ,
finon la nature , au moins les propriétés de l ’acide
crayeux, n’ait pas été conduit plutôt à reconnoître
l ’exiftence de cet acide dans Y air altéré par la
refpiration. L ’abbé Fontana a penfé au contraire
que l’acide crayeux ou carbonique, qu’il nomme
air fixe, eft le véritable excrément du fang, &
qu’il s’en fépate dans J.a refpiration. Scbéele &
Bergmann ont penfé que Y air perdoit plutôt qu’j l
ne recevoit dans la refpiration , & que, loin de s y
altérer, par le mélange du phlogiftique, il s’en
dépouilloit au contraire pour le donner au fang,
qui enfuite le laiffoit difliper dans le cours de la
circulation. Bergmann a encore fuppofé dans Y air
un principe dont la refpiration le dépouilloit ,
& qu’i l a appelé pabulum vit»» JY1. le comte de
* jVlorozzo
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Morozzo a cru démontrer, par des expériences
ingénieufes, que le principe aerien qui fert d’ali-
mènt à la vie dans la refpiration, eû ablolument différent
de celui qui fert d’aliment à la flamme, &
qu’il appelle principe d’incandefcence. M. de la
Metherie regarde--l’rtir fixe produit dans la''refpiration
, comme réfultant de l ’union de Y a ir pur &
du principe, de la chaleur : M. Crawford a cru
que , dai>% la refpiration , il fe faifoit un échange
entre le fang & Y a i r , de la chaleur de celui - ci
contre le phlogiftique de l ’autre. Mais, il faut
l ’avouer, de toutes ces théories, celle qui fatisfait
davantage l’efprit, eft celle de MM. Lavoifier &
de la Place.
( T h é o r ie s de M M . L a v o if ie r & de la P l a c e . )
Ces deux académiciens, admettant là produ&ion
de l ’acide crayeux ou carbonique comme la véritable
caufe de l ’altération qu’éprouve Y air. dans
le poumon, ont comparé la refpiration avec la
combuftion du. charbon (13) j & remarquant dans
l ’une & dans l ’autre des produits parfaitement
femblables , ils ont prétendu qu’il feTaifoit, fans
lumière & avec dégagement d’une chaleur plus
douce, la même opération dans la refpiration que
dans la combuftion, c’e ft-à -d ire , que la portion
d'a ir vital contenue dans ratmofphère, & reçue
dans le poumon, s’y décompofe ; que d’un côte
fa bafe, s’uniffant au principe du charbon contenu
dans le fang , forme avec lui Y a c id e ca r b
onique ; que de l’autre , le principe de la chaleur,
'fepare de la bafe de Y a ir v ital, devient
chaleur libre; que cette chaleur , partagée entre
le fang & Y a ir expiré , produit dans le fang la
chaleur vitale , q u i, portée avec ce fluide dans
toute l ’étendue du corps , en vivifie tous les organes,
& fe diffipe dans le cours de la circulation,
De même dans la combuftion , Y a i r vital
contenu dans l’atmofphère , feul aliment de la
combuftion comme de la refpiration, fe décompofe
; fa bafe (n) fe combine avec le principe du
charbon (£) v en abandonnant le principe de la
chaleur (c) ; & il en réfulte d’une part, le gaz
acide carbonique 'qu*on retrouve àuffi parmi les
produits de la refpiration ; d’urie' autre part la chaleur
, qui de même eft, comme on l ’a vu , un
des produits de la refpiration , mais avec cette
différence , que la chaleur de la combuftion eft
beaucoup plus vive, parce qu’il s’y dégage beaucoup
plus du principe calorique , comme il s’y
(-2 j ) Il faut ajouter du charbon , car dans les autres
combuflions , comme celles du phofphore, du gaz inflammable
, du foufre., de l’e(ptit-de-vin, l’air vital fe décompofe
â la vérité, mais il en réfulte, au lieu d’acide crayeux
-ou carbonique , de l’acide phofphorique , ..de l’acide vitrio-
Jique , de l'eau, felon la nature du principe auquel s’unit
la bafe de l’air vital.
(а) L'oxygène ou principe acidifiant.
(б) Le carbone.
(c) Le calorique.
M é d e c in e . Tome 1.
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forme aufli beaucoup plus de gaz acide carbonique,
en raifon de la rapidité & de l ’étendue de
la décomposition. Si l’on augmente la proportion
â ’air v ita l, c’eft-à-dire , la quantité du véritable
aliment , tant de la refpiration que de la cônv-
buftion, il fe produit de part & d’autre une quantité
proportionnément plus grande , tant de chaleur
que d’acide carbonique. A l ’égard de l ’abfence
de la lumière dans la refpiration, MM. Lavoifier
& de la Place l’attribuent à la moindre rapidité
de la décompofition , & à l ’union de la chaleur
aux vapeurs aqueufes qui émanent du poumon.
Quant à ia préfence du principe charbonneux dans
le fang, elle lemble démontrée, foitparla formation
même de l ’acide carbonique , foit par la différence
du fang veineux & du fang artériel ; en effet,
celui-ci , en acquérant une couleur moins fombre,
femble avoir perdu une portion de fon principe
colorant, q ui, dans cette hypothèfe, n’eft autre
chofe que. le principe du charbon enlevé par Yair
vital-, avec la bafe duquel i l s’eft combiné. On
fait d’ailleurs , par les expériences de Prieftley ,
que le fang, en contait avec Yair vital, devient
réellement d’un rouge plus brillant ; & que dans
les autres gaz incapables d’agir fur lu i, il prend
au contraire une couleur obfcure & noire. M. La-
vdifier , dans fon mémoire imprimé dans un volume
de l ’académie des fciences, en 1777 , propofe
une autre explication, non moins ingénieufe, de ce
phénomène .& fuppofe que cet effet réfulce de
i ’abforption de Yair v ita l, ou de fa bafe dans le
fang. L’on fait que la combinaifon de ce principe
donne, à beaucoup de corps, la couleur rouge,
notamment au fer , dont la préfence dans le ung
eft avouée des chimiftes , & dont la chaux ( a )
eft d’autant plus rouge qu’elle eft combinée avec
plus à’a ir , & d’autant plus fombre & plus noire
qu’elle en a moins abforbé. Ainfi , la couleur moins
fombre que prend le fang dans le poumon , pour-
roit provenir , félon cette hypothèfe , de la fixation
de la bafe de Yair vital ou de l’oxigène , par
le fer contenu dans le fang : mais quelque fatis-
j faifante que foit cette théorie, M. Lavoifier paroît
l ’avoir abandonnée , & attribue le changement de
la couleur du fang au paffage du principe charbonneux
dans Y a ir , & à fa combinaifon avec Yair
v ita l, & n’admet plus d’abforption de Y a ir vital
dans le poumon.
Telles font les théories qui, jufqu’à cette heure,
ont le plus influé fur les idées que les Phyfïo-
logiftes peuvent fe faire de la refpiration. Quand
on a lu le détail des expériences ingénieufes de M . Lavoifier, on eft fi féduit par la clarté & la fimplicité de fa théorie , par la netteté & la pré-
ci fion de fes idées, qu’on eft tenté de prendre l ’explication
pour le fait même, tant elle y paroît
contenue & renfermée. I l ne demande rien au-
S s s
(a) Ou l'oxyde.