
plus r àir inférieur eft pefant, plus les nuages font
cievés ; plus il elt léger au contraire, plus ils font
bas.
Ceci nous conduit à une autre obfervation non
moins importante , relativement aux phénomènes
atmofphériquesi C ’eft que les qualités de Y a i r &
les diitérens états de l’eau contenue dans ce fluide
peuvent être à la lois difterens a différentes hauteurs
de l ’atmofphère , quoique dans les ^ mêmes
lieux. En forte qu’i l arrive louvent que l’air eft
couvert de nuages & même pluvieux , fans que 1 hygromètre
parvienne au degré de l’extrême humidité
Sc fans que le baromètre' ioit fore abaiffe.
C ’eft ce qu’on comprendra aifément fi'l’on confi-
dère que le refroidiflement fubit de l’air a certaines
élévations , eft tel, que non feulement l ’eau fe
précipite tout à- coup-, mais encore tout en fe précipitant
fe congèle en glaçons d’un volume 'Couvert
confidéiabie , qui forment la grêle . tandis que dans
les régions inférieures la chaleur eft fouvent très-
forte. & très-accablante. Le 13 juillet 1788 vient
de nous en offrir un- exemple aufli mémorable
qu’affligeant»
Beaucoup d’autres phénomènes atmofphériques,
dont nous aurons lieu de parler autre part, pour-
roient encore confirmer les réfultats des obferva-
tions précédentes ; mais mon intention n’eft ici que
d’établir les principes les plus importans de la
Phyfique de l’a ir , & non de donner fur les phénomènes
atmofphériques un enfemble qui appartient
à l’article atmofphère. Je vais feulement refu-
mer les réfultats dont je viens de donner les preuves,
£c dont la considération eft de la plus grande importance
pour la connoiffance des influences de Y air
fur nos corps*
( 50. Conclujïons & réfultats des expériences
& des obfervations précédentes. ) Voici quels font,
en fomme ces réfultats.
I l y a trois ebofes à confidérer relativement à
la fufpenfion de l ’eau dans l’ air. i° . La quantité
d’eau que l ’air contient réellement. i ° . La quantité
totale qu’il en peut diffoudre. De combien
la quantité qu’i l peut diffoudre furpaffe celle qu’il
contient réellemet. •- jr
C ’eft fur ces confédérations qu’eft établie la con-
noiffance de la faculté aiffolvante de 1 air.
Cette faculté diffolvante peut être confédérée de
deux manières : ou on la confédéré dans fa totalité,
c’eft-à-dire , relativement à la quantité totale d’eau
que l ’air peut diffoudre , ou on la confédéré feulement
par rapport à la quantité qu’il en peut diffoudre
au delà de celle qu’il contient déjà. C’eft principalement
fous ce dernier point de vue qu’il eft utile
de la connoître.
C ’eft de cette faculté diffolvante de l’air que
dépendent les phénomènes de fa féchereffe & de
fon humidité.
La féchereffe de l’air ainfî que fon humidité
font fufceptibles d’être confîdérées ou abfolument
on relativement. La féchereffe abfolue ferait cet
état de l ’air dans lequel il ne contienduoit aucune
parcelle d’eau. Cet état n’exifte probablement nulle
part. L’humidité abfolue eft au contraire cet état
011 l’air abfolument faturé d’eau eft incapable d en
diffoudre davantage , à moins que quelque Gaulé
étrangère 11e vienne à augmenter fa faculté di-C*
folvante. La féchereffe Sc l’humidité relatives font
celles qui ne font telles que relativement à de
moindres degrés , foit d’humidité, foie de féchereffe.
Plus il refte à Y air de faculté diffolvante, plus il
<*ll fec,. moins il en a , plus il eft humide..
La faculté diffolvante de Yair eft fufceptible
d’accroiffement Sc de diminution par l ’aétion de
la chaleur & du froid, par la condenfation Sc la
raréfaction de l’air; elle s’augmente aü!s par le
mouvement de ce fluide , & peut-être encore par
des caules qui nous font inconnues jufqu’à celte heure,
& qu’une étude plus parfaite des propriétés de: ce
fluide Sc des révolutions atmofphériques pourra nous
révéler un jour.
De toutes* ces caufes, celle qu’il eft le plus
ailé de mefurer & dont on peut le mieux calculer
l ’effet, eft la chaleur. Le nombre précis de'degrés
dont il faut refroidir Y air pour lui faire précipiter
l ’eau qu’il contient , ou la différence qu’il
y a entre le degré de fa température & celui où;
l’eau qu’il contient fufliroit pour le faturer , eft
une des mefures les plus exactes de la faculté
diffolvante dont il jouit-, & par conféquent de fa
féchereffe & de fon humidité. C’eft la méthode
hygrométrique de M. Leroi.
Si l ’on déterminoit à quel degré de raréfaCtion
Y air contenu dans l’appareil de. la machine pneumatique
commence à dépofer l’eau qu’il contient,
on auroit encore par ce moyen une autre méthode
hygrométrique.
Enfin les corps qui fe relâchent par l ’humidité
& fe refferrent par la féchereffe de l’a ir , Sc qui
fuivent le plus exa&ement & le plus promptement
fes variations| font encore de bons hygromètres,
plus commodes, mais moins initruétifs que, ne
l’eft la méthode de M. Leroi. L ’hygrometre le
plus exaét tlr.ns ce genre eft celui.de M. de
- Sauffure.
Tous ces moyens hygrométriques nous.ont confirmé
que ce n’eft pas à la quantité abfolue d'eau
que Y air contient, mais à la différence qu’il y ai
entre celle qu’ il, contient Sc celle qu’il pourroit
contenir, qu eft due la féchereffe ou l’humidité
de l ’atfnofphère.
'Que fans changer la quantité d’eau que Y air contient
, on peut le rendre humide ou fec à volonté, en
augmentant ou diminuant les caufes qui favorifent
fa faculté diffolvante, & principalement en augmentant
la chaleur de fa température.
Que quand il eft faturé d’eau , celle qu’on pourroit
lui mêler fous la forme de vapeurs qu'augmenta
pas fon humidité, Sc ne fait pas corps avec lui.
Les phénomènes atmofphériques les plus ordinaires
Raccordent avec les expériences, pour démontrer
les mêmes vérités. ^
. Mais ils nous font encore connoître la liai fon
des,phénomènes de la pefanteur Spécifique de Y air
avec, fa féchereffe Sc fon humidité-
Ils nous apprennent que Y air chargé d’une même
quantité d’eau peut être fec & pefant, humide^ Sc
léger, obfcu-r & nébuleux. En forte qu’il femble qu’on
doive diftinguer dans i’c/ir la combinaifon de l ’eau de
fa diffolution, comme la diffolution de fa fufpenfion. |
De là il réfulté que l ’eau fe trouve dans Yair
dans ,plusieurs états différens.
Elle peut être combinée , diffoute , ou feulement
fulpendue en vapeurs dans l’atmofphère,. félon
la force de combinaifon Sc la faculté diffolvante
dont jouit Y air. Combinée, elle augmente la pefanteur
de Eatmofphèce , & lui communique peu
d’humidité fenlibie j elle afte&e peu l ’hygromètre,
& échappe à notre vue. Diffoute , elle rend Yair
plus humide & plus léger ; elle échappe à notre
vue , mais affette l’hygromètre. Sufpziulue , elle
né rend réellement Y air ni plus humide, ni plus
léger que quand elle eft difloute , parce que dans
cet état elle ne lui eft point mêlée ; elle n’afftde
ppint l’hygromètre , mais elle eft fenfible à nos
yeux fous la forme de vapeurs.
Les rapports de l ’évaporation des liquides avec
ces différens états de Y airSc de l ’eau qu’i l contient,
font aifés à faifir ; & la force de, l’évaporation eft
en proportion de la faculté diffolvante & de la
force de combinaifon dont l’air eft doué.
Enfin dans l’atmofphère ces phénomènes fe paffent
différemment, à différentes hauteurs, & donnent lieu
à une multitude de variations dont il eft ailé d’imaginer
d’après. cela les combinaifons multipliées.
$. III. De s çombinaifons de la chaleur & de l’humidité
conjidérées dans l ’air. •
Il fuffira ici d’indiquer les combinaifons de la
chaleur & de l ’humidité dans Y air, & leur influence
fur les propriétés de ce fluide. Ces combinaifons,
comme on le verra dans la fuite , font encore plus
remarquables par leurs effets fur nos corps que par
les changemens qu’elles occafîonnent dans l ’atmof-
phèie j ceux-ci, dont il s’agit à préfent, fe réduifent
à la combinaifon des phénomènes dont il vient d’être
queftion dans l ’examen phyfique de l’humidité & de
la chaleur. ,
L ’air froid & fec eft celui qui contient le moins
d’eau, foit diffoute , foit Combinée. Il eft auiïi le
plus.denfe & celui qui pèfe le plus fur le baromètre ,
tant à caufe de fa condenfation par le froid, qu’à
caufe de fa féchereffe. L ’évaporation des liquides y
eft d’autant moins forte , que le froid eft plus grand ;
elle s’y fait cependant en quelque degré à raifon de
la .féchereffe , comme plufieurs obfervations l ’ont
conftaté. Cet àir eft celui dans lequel les corps
•putrefcibics fe çonfeivent le mieux.
L ’air fro id '& humide n’eft jamais éxeeffivemenf
froid, parce que le froi * exceflif ne permettroit pas
à l’humidité de refter diffoute dans Y air. Il peut contenir
effenliellement peu d’eau, & néanmoins être
chargé d’une humidité fort-fenfible , parce que , pour
peu que cet air contienne d’eau, cette eau est fenfible
à l ’hygromètre , attendu que le froid ne lui permet
pas de fe combiner intimement à Yair\ en forte que
cet air contient peu d’eau combinée & beaucoup
d’eau diffoute. I l pèfe peu fur le baromètre en raifon
de l’état de l ’eau qu’il contient; Sc l ’évaporation des'
liquides, déjà retardée par le froid, y eft encore'
d’autant moindre, que l ’humidité de cet air eft plus
grande.
U air chaud & fec contient beaucoup d’eau
combinée, & peu d’eau diffoute & fenfible à l’hygromètre
; cet air a une grande force de combinaifon, &
malgré la raréfaction qu’y occafionne la chaleur, il
pèfe beaucoup fur le baromètre, tant à caufe de fa
féchereffe, qu’â caufe de l’état de combinaifon intime
dans laquelle (e trouvé l’ eau qu’il contient. L’évaporation
des liquides s’ y fait avec plus de rapidité
que dans tout autre, en raifon compofée de fa féchereffe
& de fa chaleur.
L ’air chaud & humide eft celui qui contient au
total le plus d’eau, tant combinée que difloute ou
fenfible à l’hygromètre, parce que, vu la force de
combinaifon que lui donne la chaleur, il faut qu’il
contienne beaucoup d’eau pour que cette eau devienne
fenfible à l’hygromètre. 11 femble qu’il devroit être
celui de tous qui, toutes chofes égales, pèfe le moins
fur le baromètre 0 tantà caufe de fa raréfaction, qu’à
caufe de la grande quantité d’eau non combinée
qu’il contient. Cependant le baromètre eft plus
généralement bas par les temps humides Sc froids de,
l’hiver, que par les temps humides & chauds de l ’été j
mais l ’aétion du foleil fur la hauteur totale de l ’at-
mofphère peut contribuer à cette différence, & cet
effet du foleil eft encore inacceflible à nos calculs ,
comme il a déjà été dit. L ’évaporation des liquides
fe fait dans l ’air chaud & humide , en raifon de la
chaleur , mais ils y forment aifément des nuages ou
des vapeurs fenfibles. Cet ai? eft celui dans lequel la
putréfaction des corps eft la plus prompte , parce que
les. deux grandes caufes de cette décompofîtion s’y
trouvent réunies, l ’humidité & la chaleur.
Les autres propriétés de ces airs tiennent à nos
fenfations, & par conféquent appartiennent au paragraphe
fuivant.
Cependant il eft encore bon d’avertir ici que
fouvent les phénomènes d’un de ces états de l ’air
s’annoncent à une certaine hauteur dans l ’atmofphère,
tandis qu’à la hauteur où nous refpirons & où nous
obfervons , fe manifeftent ceux d’un état différent &
même abfolument contraire ; en forte que jamais
nous n’aurons d’obfervalions météorologiques com-
plettes, tant que nous n’aurons pas de moyens de
connoître à la fois l ’état de l ’air à différentes hauteurs
& dans un même lieu C ’eft à quoi pourront un
j jour fervir les machines aéroftatiques perfectionnées*