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ployer comme abforbans , des fubftances que les
découvertes modernes font ranger parmi les fels
neutres , & qui peuvent , par le dégagement
de leur acide aériforme , faire beaucoup de mal.
Cette importante vérité a befoin de quelques détails
pour être bien faille. La plupart des matières
qu’on a données jufqu’à préfent comme ah for-
hantes , telles que la craie, les yeux d’écreviffes,
Sec., font de vrais fels neutres formés par la chaux
unie à l’acidé appelé d’abord air fixe , & qu’on
doit défigner aujourd’hui fous le nom d’acide
crayeux. Comme cet acide eft le plus foible de
tous , i l peut fie - faire que l ’aigre contenu dans
l ’eftomac {bit plus fort que lui ,. & le fépare, en
produifant une effervefcence. Alors l ’acide crayeux,
mis en état de gaz, diftendroit l ’eftomac , & pro-
duiroit de la douleur, des vents, & tous les fymp-
tômes fâcheux qui peuvent naître de cette caule.
On doit donc préférer la magnéfie pure , c’eft-à-
dire, privée d’air fixe ou d’acide crayeux.
9°. Les maladies auxquelles les ah forbans
peuvent être utiles, font toutes celles ou, il y
aura un acide développé dans l ’eftbmac ; comme
chez les enfans, dans les filles chlorotiques ou
qui ont les pâles couleurs , dans quelques femmes
grofles j dans les perfonnes qui ont fait un long
ufage du lait , & chez leiquelles il tourne a
l ’aigre , dans celles qui vivent de végétaux Farineux
& acefcenS, &c.
io°. Il eft eflentiel d’obferver que ces remèdes
île font que des palliatifs & ne font que guérir
le fymptpme. IL faut toujours , fi l ’on veut détruire
la caufe de la maladie , avoir recours aux
médica.mens qui peuvent agir fur elle.
Nous devons conclure de tous ces faits, que les
abforbans ne doivent être employés qu’avec
beaucoup de précautions ; qu’ils peuvent être utiles
lorfqu’ils font adminiftrés à propos ;; mais qu’i l
s’en faut de beaucoup qu’ils méritent tous les
éloges qu’on leur a prodigués : car on les avoit
suffi crus.,, fort mal à propos , capables de modérer &
d’appaifer la fougue, des. efprits animaux ,d e fou—
tenir les forces , de prolonger la vie , & on les
preferivoit à- dofes répétées dans les fièvres putrides
, malignes, & dans toutes les maladies ma-
nifeftement virulentes-; on. les recoramandoit auffi.
contre, les poifons.
Les connoiffances chimiques- acquifes aujourd’hui
fur les matières animales , ayant démontré-’
que les dents & les os en général font des com-
pofés d’acide phofphorique Sc de chaux, on conçoit
que ces.- fubftances ne péüvent jamais être
de véritables abforbans, pulfque les acides- des
premières voies ne font point aflez forts pour
réparer l ’acide phofphorique & s’unir a la chaux.
Les os du coeur des animaux , le pied d’élan , la
corne de cerf calcinée , les bézoards., les os de
poiffons, Sec,, rie font donc nullement abforbans,
& ils rie peuvent' que nuire par leur féchereifer &
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par leur pefanteur. L ’adminiftration de cette claffe
de remèdes eft donc une de celles que la Chimie
éclaire le plus. ( M. de F ourcroy. )
A B S O R P T I O N , f. f. Pathologie On
ne doute plus qu’il n’y ait des vaiffeaux abforbans
diftribués fur toutes les grandes furfaces dut
corps humain. I l fuffit d’habiter un appartement'
peint avec l ’huile de térébenthine, pour que l’urine
répande l ’odeur de la violette. Le mercure, donné
fous la forme de friétion , ne pafTe pas par d’autres
voies que par celle des vaiffeaux inhaians. La
plupart des virus fé contractent. par leur intermède
; c’eft par eux que leurs molécules mal-fai-
fantes font portées dans la mafTe des humeurs. On
ne doit point en être étonné : le mécanifme cfe
Y abforpdon eft le même â peu près dans les différentes
cavités. Les extrémités des- vaiffeaux lymphatiques
s’y ouvrent; ils font très - difpofés à
pomper les divers fluides qui fe préfentent à leur
orifice , & ce mécanifme eft le même encore à-
la furface de la peau : ce font auffi les vaiffeaux lymphatiques
de cette région très-étendue, qui en font
les inftrumens ; & ilparoît que les veines fangui nés,
que l ’on avoit regardées comme ayant cet ufage
font uniquement deftinées à contenir le fang qui fort
des artères, & à le reporter au coeur. Si l ’on veut avoir
une preuve de ces diverfes affertions, que l ’on confi-,
dère ce qui arrive lorfqu’une contagion- étrangère
fe mêle aux humeurs ; les vaiffeaux & les
glandes lymphatiques les plus voifines s’engorgent
toujours : c’eft ce que l ’on voit a la fuite:
d’un coït impur ; les glandes de l ’aîne fe gonflent
; à la fuite de 1 inoculation de la petite-
vérole -, faite au bras ,. les glandes axillaires-
deviennent doulôureufes. Dans tous ces cas &
dans ceux qui- leur font analogues. , où des?
fluides fufpeéts pénètrent par les extrémités des
vaiffeaux lymphatiques , on les voit fe diriger-'
vers les glandes du meme.nom, & y produire de-
L’irriîation , du fpafme, & de l ’intumefcence. La-
lymphe proprement dite , qui eft contenue dans
les vaiffeaux dont il s’agit, & par lefquels elle
eft pompée, fe mêle donc de bonne heure avec;
les levains qui pénètrent par lès vaiffeaux abforbans
des furfaces internes externes du corps-
humain ; confidération importante dans la pathologie
, & qui. doit nous faire regarder la lymphe
éprrime recevant la première irupreflion d’fin grand-
nombre de çâufes morbifiques. Il y a long-temps
que l ’on parle de fies maladies , mais d’une manière
vague &: fi indéterminée, que l ’on prononce-
ces mots fans y attacher aucun le ris précis. Il eft-
temps de donner à cette expreffion une jufté valeur.
Lés. glandes & les vaiffeaux lymphatiques font
âéLüelieriient bien connus ; ils ont été décrits par'
des ana'tomiftes. célèbres. Il eft certain que ce
fyftêrrie àbfdrbant opère un grand nombre de mé-
tàftafes-, & remplit une grande partie des fonctions
attribuées'- au tiffu cellulaire dont les lames fou?*
tienrient une prodig-ieufe quantité de vaiffeaux lymphatiques.
Il Faut donc, en fubftituant des idées exaCtés
â une théorie incertaine , appeler du nom de
maladies de la lymphe, celles -qui affeâent le
fluide renfermé dans les vaiffeaux & les glandes
lymphatiques. Ce feroit une belle recherche que
celle qui confifteroit â déterminer, d’après cette
notion , quels font les vices de ce fluide &
de ces organes. Environné, pénétré id’a ir , qui eft
lui - même chargé d’un grand nombre de molécules
étrangères , le corps humain en reçoit fans
cefle les imprefilons ; fans ceffe il réagit fur
lui , & les vaiffeaux abforbans ou lymphatiques
de fa furface s’imprègnent des diverfes rao- ■
lécules très-tenues , qu’i l tient, pour ainfi dire , j
en diffolution. Un examen rapide des grands ufages
de Y ab forp don opérée par les veines lymphatiques
dans^. le corps humain , fera mieux fentir
encore combien i l importe d’avoir à ce fujet des
idées précifes.
i°. Tous les fluides qui font le produit des
fecrétions , & qui, dépotés dans des réferv.oirs , y
•acquièrent de la conffftance.., font privés de leurs
parties aqueufes par l ’aCtion des vaiffeaux lymphatiques
: c’eft ainfi que la bile , la femence, l ’urine,
les larmes, &c. font en partie reforbées.
z°. Toutes les vapeurs animales qui s’élèvent
des diverfes furfaces , & par lefquelles les membranes
font maintenues dans leur état de loupleffe ,
fie ramafferoient en petites gouttes , & enfiiite en
mafle plus confidérable , fi les bouches des vaiffeaux
lymphatiques ne les abforboient pas & ne
les reportaient pas aux grands réfervoirs communs :
c’eft ce qui fe paffe dans le péricarde , dans les
cavités du thorax , du ventre , de la moelle épinière,
des articulations , &c.
3°. A la fuite des contufions qui font très-longtemps
à fe réfoudre , à la fuite des inflammations
•qui ne fuppurent point, à la fuite de certains épan-
•chemens qui fe terminent par des évacuations naturelles
bu par délitefcence : ce font les vaiffeaux
lymphatiques qui charient les .fluides épanchés &
plus ou moins dénaturés.
4°. Lorfque le cryftallin abaiffé fe fond, au moins
en partie ; lorfque les os deviennent plus légers & cafi-
fans; lorfqu’une partie du fqueletce déforme, une vertèbre
, par exemple , fe diffout & difparoît tout â fait ;
lorfque le corps , émacié dans certains cas, a perdu
tout fon embonpoint, & eft réduit , pour ainfi
dire , aux fibres élémentaires : quels ont été les
agens de toutes ce abforptions? Les vaiffeaux lymphatiques.
5°. L ’air lui-même, â- la fuite des échymofes, eft pompé par ces vaiffeaux, don1 le volume varie
fuivant le bffoin & les circon ftances où ils fe
trouvent.
Ces vaiffeaux ont donc beaucoup â faire ; ils peuvent
pécher par trop de relâchement & peut-êtrepar
trop d’aéüvité. Ils font très-irritable? ; leur nombre
'eft immenfe, tant'ils font multipliés for les diverfes
lames membraneufes dû corps humain ; leur tiffu
eft ferré quoique mince, & fe laiffe très-difficilement
pénétrer : ils. fe chargent de fluides très-corn-
pofés dans diverfesaffeCtions ; on y trouve du chyle,
du la it, de la férofité, du pus, de la'bilè',- de l’ii-
rine , &c. &c. C’eft par eux que le tiffu cellulaire
eft défempli, & qu’il joue un fi grand rôle dans
l ’économie animale. C ’eft donc fut eux qfié les
médecins doivent fixer leur attention ; vérité d autant
plus néceffaire à dire * qu’il n’y h pas parmi
nous un feul livreI fur l ’art de guérir, ou elle foit
établie.
Les plantes elles-mêmes ont des vaiffeaux. défi-
tinés au même fifage ; pn en développera le me-
canifme dans le Dictionnaire ;d\Anatomie : i l nous
fuffit d’expofer ici la nature & les effets de 1 ab-
forption , confidérée par rapport aux maladies
& aux remèdes propres à les combattre.
Quelque fondées que foient ces réflexions fur ^
les ufages des vaiffeaux lymphatiques, il n’eft peut-
être pas impoifible y mais il doit être très-rare que
les extrémités des veines fanguines contribuent â
Yabforption. { F . D . )
A B S T È M E , f. m. Hygiène.
Partie III. Règles de Vkygiène.
Divifion II. Hygiène privée.
Seétion i l . Régime général.
Ordre III. Ufage des chofes non naturelles de
la troifième claffe. Ufage des liqueurs fermentées.
Le. mot abftème , abjlemius, fignifîe qui ne
boit point de vin , & vient de ternetum , qui
fignifîe vin. J’étendrai ici ce mot , non feulement
â l ’abftinerice du vin , mais encore à celle
de toutes lés liqueurs enivrantes , fermentées ou
fpiritueufes.
Cette abftinence fait un point important dans
le régime de plufieurs conftitutions , de plufîeurs
temperamens , & en particulier du premier âge :
diverfes nations en ont fa it, pour les femmes , une
règle de décence ; quelques légiflateurs en ont
fait une loi , & plufieurs religions un précepte.
Indépendamment du point de vue philofophi-
que & moral fous lequel on peut confîdérer cet
ufage , nous voyons qu’en Europe la confomma-
tion du vin , ou des liqueurs qui en tiennent lieu , eft
beaucoup plus confiderable dans les parties fepten-
trionales que dans les parties méridionales. Les Italiens
, les Efpagnols, & les habitans 'des provinces
méridionales de la France font peu d’ufage des
liqueurs fermentées, beaucoup des liqueurs tempérantes
& rafraîchiffantes ; tandis qu’en A lle magne
& dans nos provinces feptentricnales il fe