
Quelque fimples que- paroiffent les moyens dont
) ai donné le détail , on auroit évité par leur
uiage e]es accident - fréquens ; 011 auroit faavé la
vie aux femmes quL.périffent des fuites de ces
violens. efforts qui occafionnent des déchiremens
dans la fubftance de Futérus , quand fon orifice
«e fe dilate pas convenablement. Pour mieux faire
connoître Futilité de la méthode que j’indique,
je rapporterai quelques faits qui apprennent les
dangers qui réfultent des contractions de la matrice
trop, long-temps-continuées.
Ruyfch , en réfîéchiffànt à l a force de ce vifcère,
allure que le' fan g extravafé dans fa cavité après
le décollement du placenta , a cté pouffé dans le
bas ventre en paffant par l ’ouverture ' des trompes
de Fallo pé, quand l ’érifiçe ne s’èft par dilaté, bu
que lâ tête de l ’enfant, fixée dans ce même organe ,
n’a pas permis aux liquides épanchés de fortir par
le vagin. Parmi les exemples les plus frappans,
je rapporterai celui d’une femme qui mourut dans
lés douleurs. On ouvrit le cadavre , on trouva la
partie antérieure de la matrice couverte de fang,
qui y adhéroit fi fortement, qu*on ne put l ’en détacher.
On remarqua auffi un amas de fang coagulé
, qui fôrmoit un corps de l ’épaiffeur de trois
lignes j de la longueur de quinze pouces, & de
la largeur d’un- pied. On examina Fiiterus avec
le plus grand foin ; on n’y rencontra aucune déchirure
: il n’y avoit point de vaiffeâux rompus ;
on ne trouva point non plus- d’epanehemens dans le
refte de la cavité du bas ventre. Les auteurs de
cette obfërvation penfent que le fang avoit été
exprimé des parois de la matrice dans les efforts
de la femme en travail. Peut-être que des1 événe-
mensSemblables ont caufê la mort à plufieurs accouchées
, quoiqu’elles n’euffent éprouvé aucun accident
pendant le s premiers jours après Y accouchement
: mais le fang épanché dans Fabdomen , ne
pouvant pas être reforbé, fe fera altéré , & aura
caufé ces gonflemens inflammatoires qui font pre£
que toujours mortels.
L a réfiftance qu’ôppofont aux parois de la matrice
contrariée , les inégalités du foetus, effSouvent une
caufe de la rupture de ce vifcère , quand les con*
traéiions violentes ont été trop long-temps prolongées.
Grégoire, accoucheur célèbre à Paris, dit
eue, dans Fefpace de trente ans, il a vu arriver feize
fois cet accident : tous les auteurs en ont parlé.
On auroit fouvent évité ce malheur, fi on avoit
bien confiât é l ’état de la matrice avant ou pendant
les douleurs , puifque les caufes qui lui donnent
naiffance, dépendent fouvent des vices d’organifation
de- ce vifcère. Mais comme cet objet fait partie
des caufes qui déterminent à pratiquer l ’opération
céfarienne, je n’entrerai pas dans un plus long
détail à cet égard.
L ’ ufage trop généralement adopté , d’engager
les femmes à multiplier les efforts violens pour
chaffer le foetus, occafionne des maladies, la plu-
? part auffi fâcheufes que la rupture de Futérus. On
| a va quelques femmes mourir d’apoplexie fan-
guine après la rupture dès vaiffeaux du cerveau. On
en lit une exemple dans les A êtes des curieux de
la Nature : onStrouva',. à Fouverture du crâne, la
boîte offeufe tellement remplie de fang, que la
fubftance du cerveau occupoit beaucoup moins d’ef-
pace , parce qu’il étoit comprimé par le fluide
épanché. Les accoucheurs ont remarqué que la matrice
étoit pouffée au dehors, avec le foetus, dans,
fes efforts immodérés. Quant aux hernies, de quelque
efpèce qu’elles foient, de la part des inteftins
& de la veflïe , ce font des accidens fréquens, fuite
des impulfions vives des-femmes qui fe perfuadent
accélérer leur accouchement, & le rendre plus
: facile.
Morgagni obferve judicieufement que le placenta
doit être détaché infenfiblement de Futérus par les
I contractions de ce vifcère ; que par conféquent il
eft néceffaire de donner aux douleurs un temps fuffi-
fant, afin que les refîerremens partiels de la ma-
> trice rompent fes adhérences avec les membranes
du foetus, pendant qu’elle le force à traverfer fon-
orifice. Mais fi on engage les femmes à faire de
. violens efforts , la fortie prématurée du foetus laiffe
la matrice affoiblie , & le placenta refte adhèrent
â ce vifcère. On eft donc obligé , pour "1 en détacher
, de tourmenter les malades par des manoeuvres
dbuloureufes.
• Au lieu d’accélérer YaccoucKement , les efforts-
multipliés trop tôt le rendent quelquefois beaucoup
plus tardif, plus difficile, ou impoffible ; les
membranes -fe rompent avant que la matrice ait
feparé le placenta ; les eaux secoulent , le vide
fiibit, qui a lieu dans ces circonftancés, ifole en
quelque façon- le foetus , qui n’éprouve plus, penT
dant un certain temps ,- Faâaon du vifcère dans-
lequel il eft contenu. Les contractions deviennent
lano-yiffantes , parce que Futérus ne trouve plus, de
réfiftance r d’ailleurs il a été. fatigué par des efforts
trop précipités. Pendant que les chofes fe paffent
ainfi-, les parties de la génération fè defsèchent ; &
quand la. matrice a recouvré fes forces , quand
elle pouffe le foetus- au dehors, la. fécherefle ffes
organes qu’il doit parcourir, l ’empêche de franchir
les obftables qui le trouvent à fon paffage : de là
les contufronsIes5 déchiremens , les hémorragies
, &Ci
J’ai donné, dans le détail qu’on vient de lire ,
l ’hiftoire des principaux accidens qui précèdent Yac*
couchement ; je parlerai des pertes-exceflives qui
font la fuite du décollement du placenta , dans
l ’article H émorragie. Je-ne dirai rien dès vices
de conformation qui rendent Y accouchement difficile,
ou qui: déterminent à pratiquer l ’opération
céfarienne , parce que je foppofe ces drfférens
objets traités avec foin dans les articles de Cr ii,
RURGI-E. ’
Quand Y accouchement s’accélère , les femmes
éprouvant un tremblement univerfel,,. une. forte de
mouvement convnlfif qui s'empare de. toute la
machine. Cetét^tn’eft point accompagne de ttoid
comme dans les grands friflons conpulhfs, qui an-
noncent une fièvre violente. La chaleur s augmente
à la circonférence du corps , les veines fe gonflent,
le vifage devient plus rouge, les yeux plus animés,
le pouls fébrile , mais cotnmç étouffé ,j tous
les mufçies fe roidiffent ; ceux du bas ventre font
particulièrement dans une contraction long-temps
continuée ; les parties externes de la génération font
une faillie volumineufe, parce quelles font pouf-
fées au dehors par le foetus qui s’avance dans, le
petit baffin. Comme le plus ordinairement les
membranes font rompues & les eaux ecoulees., il
fort par la vulve une férofitd épaiffe & fanguino-
lente qui annonce; la fin du travail : elle s’échappe
des vaiffeaux qui uniffoient le placenta avec la
matrice. Dans ce moment, les cuiffes & les jambes
éprouvent des mouvemens | convulfifs plus mani-
feftes que les^autres parties du corps, & bientôt
l ’enfant eft expulfé hors : de Futérus.
On croit généralement que les acçouchemens
qui ont été les plus prompts font les moins datv
gereux : cette. opinion . eft fauffe. Si les enfims
éprouvent , .moins , de difficulté à traverfer les paf-
fages , ils font fans doute exempts„ des dangers
qu exercent fur eux les compteffiqn§ violentes qu’on
obferve fi fréquemment ; mais quand cette forte de
travail a lieu chez quelque femme d’une mauvaife
Xante , quand la fibre eft inerte , lâche , & humide .,
quand les organes cèdent aifément à des impulfions
modérées de la matrice , cette forte à'ac-
co'uchement annonce de grands dangers pour la
mère : en effet, elle eft la preuve de l ’atonie gé-..
nérale ;, & dans ce cas les vaiffeaux de la matrice
font encore plus affôiblis que les autres parties ,
parce qu’ils ont fubi une dilatation confidérable
pendant la groffeffe. La difficulté .qu’ils éprouvent
enfuite à fe contracter, permet aux fluides qu’ils
contenoient de s’échapper par leurs extrémités , qui
reftent trop ouvertes. De là naiffent ces hémorra-
; giesi foudroyantes , qui tuent les femmes en très-
' peu de temps. Si cet accident ne caufe pas promp-
; tement la mort, il épuife les malades , qui meu- .
rent des fuites de cette perte exceffive , ou qui
reftent long-temps languifiantes , & contractent des
maladies chroniques , dont il eft bien difficile de les
guérir. D’autres fois le fond de la matrice eft entraîné
par 1 e poids du placenta , & il arrive alors
une maladie terrible , connue fous le nom de
' Tenv'erfement *de matrice ; j’en parlerai en fon
lieu.
Les femmes foibles n’ont pas toujours des accou-
chemens auffi prompts que celui dont j’ai donné
les détails } elles n’éprouvent la plupart que des
douleurs modérées : Futérus, n’a que des contractions
médiocres; cependant les malades s’épùifent en efforts
fuperflus. Comme leur force habituelle eft bientôt
anéantie^, là matrice refte dans l ’inaCtion , & Yac -
couchement eft retardé. Les accoucheurs ont propofé
l ’ufage des cordiaux, & en font prendre une
certaine dofe dans ces circqnftances : ils font utiles,
puifqu’ils raniment les efprits languiffans & procurent
de nouvelles contractions, plus vigoureufes
que les précédentes. Mais il s en faut bien qu’on
en borne Femploi aux femmes foibles dont je parle.
On les preferit prefque toujours indistinctement à
fous les fujets , & les accidens, qu’ils caufent font
très-multipliés. Ils font la plupart compofés d’huiles
effentielles & d’efprits aromatiques;, ou de réfines
diffoufes dans l’efprit de vin: toutes ces fubftances
font incendiaires; elles. caufent une agitation extrême
chez les femmes vigoureufes.; elles procurent
un mouvement plus rapide aux fluides, & par conféquent
elles augmentent le danger des hémorragies.
Si les voies ne font pas préparées pour Y accouchement
y les efforts multipliés par l ’ufage des
cordiaux & des emménagogues., occafionnent les
maux quej’ai dit ci-deffus être la fuite des efforts
violens & trop long-temps continués. I l en réfulte
auffi que des parties qui fe prêtent aifément aa
paffage du foetus , quand elles cèdent par degré«
& avec une certaine, lenteur, reçoivent une impul-
fion vive., qui ne. permet pas leur dilatation ; précipitation
qui occafionne des çèntufions , des déchiremens,
des. ruptures j des. hernies, des diaftafes ,
&ç. S’i l y a vice de conformation qui s’oppofë à
la .célérité de Y accouchement , les maux que fon f
naître ,ces cordiaux font encore plus graves & plus
accélérés..
L ’aêtion des fubftances incendiaires ne fe termine
pas au moment de Y accouchement ; elle fubfifte
encore long-temps après que cette Xonôtion eft terminée
; elle entretient une chaleur fébrile & une
agitation qui difpofe les humeurs à la fermentation ;
elle ne laiffe point aux malades ce calme fi né-
céffaire après les grandes fatigues , calme fans
lequel les forces ne fe réparent point, & fans le quel
les fonctions fe perpétuant dans un trouble
.dangereux , d’où réfultent les congeftions laiteufes ,
indolentes, ou inflammatoires , la difparition ou la
diminution des lochies , la continuité des hémorragies
, parce que le fang ,. tou jours agité , fe
porte avec rapidité dans les vaiffeaux ouverts, &
s’échappe de leurs extrémités ; les dépôts , les métaf-
tafe£ laiteufes , &c. : c eft pourquoi Boerrhaave , en
parlant des qualités & des vertus de l ’huile de cannelle,
dont les effets fui paffent ceux des autres fubftances
aromatiques, dit pofitivement qu’on doit
s’abftenir de fon ufage toutes les fois qu’il y a
inflammation ou difpofition à cette affection, &
quand les vâiffeaux font rompus ou trop ouverts*
Ces remèdes font funeftes aux femmes qui ont
eu des hémorragies longues ou abondantes , fur-
tout à celles qui perdent encore ; car la foibleffe
dans laquelle elles fe trouvent, ayant pour eaufo
la perte du fang , fi on accélère le mouvement de
ce fluide, on force ceiui qui refte à s’échapper par
les voies qui lui fourniffent un paffage facile. Il
vaut miçux, dans ces circonftancés, fortifier les ma-
L a