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ne pouvant qu’accélérer les effets du feu. I l nous
eft arrivé quelquefois dans cette faifon , étant preffé
par des circonftances particulières, 8c l ’animal étant
peu irritable , de l ’appliquer aux quatre jambes à la
fo is , fans qu’il en foit réfulté ;le moindre inconvénient.
M. Lafojje a même vu des chevaux de
meffageriés ,- q u i, cautérifés aux quatre jambes aujourd’hui
, partoient le lendemain pour faire route,
fans accident.
Les raies qu’on trace fur les jambes ont différentes
directions ; elles font toutes fur une ligne
droite 8c perpendiculaire , 8c- entourent ainti l ’extrémité
en plus ou moins grand nombre ; ou une
feule , placée fur le milieu de chacune des parties1
latérales du canon, fuit cette dire&ion , fie i l en
part, de chaque côté . d’autres quidefeendant obliquement,
viennent fe réunir antérieurement fie pof-,
térieurement , avec les extrémités- ' de celles qui :
leur répondent du côté oppofé; elles forment ainti
de draque côté une efpèce dè palme renverfée ;
fit le coup - d’oeil qu’elles préfentent n’eft- point
auffi défagréable que celui formé par les;pre*--
mièrési --
Plus les raies divergentes affectent -une direction
oblique ,‘ plus elles embraffent d’etpace dans
leur trajet, moins par conféquent on les multiplie
, fit -moins elles laiffent de traces après la gué-
xi fon , la crue des poils qu’elles ne gênent point
les- recouvrant en plus grande partie. Lorfqu’au
contraire elles font fur une ligne tranfoer&le, on eft;
néceffité de les multiplier davantage ; lés cicatrices
gênant la direction des -poils, ils fe.rebi;ouffent,
fe hériffent, 8c le coup-d’oeil en eft très-.défa-
gréable:
Lorfqu’on met le feu aux extrémités pour fortifier
les articulations fit . remédier aux différens'
maux qui les affe&ent , on commence les raies
aü-defnis des genoux. 8c des. jarrets : lî ces parties,
font faines , on commence immédiatement au-^
deffous ou feulement au milieu du canon jufqu^à
la couronne. On placer les raies de façon qu’une
de chaque côté -embralTe le -boulet obliquement
dans toute fon étendue. La partie antérieure fit
fupérieure du canon n’ étant compofée que de la
peau fit de l ’os , il eft inutile que les raies placées
fur cette partie reçoivent une auffi grande
quantité de particules ignées que celles qui, placées
à la partie poftérieure , embraffent les maux ,
dont elle eft ordinairement le fiége ; on eft même
allez généralement dans l ’ufage de ne point mettre
les deux premières antérieures répondant aux deux
premières poftérieures.
On doit avoir l ’attention de faire tondre le
poil des jambes très-prés avant l ’opération; non
feulement elle eft plus promptement faite, parce
que le temps employé à brûler lés poils , l ’eft
alors à brûler la peau, mais encore parce que
d’une part, fi on met le feu légèrement, l’épaif-
fèur des poils amortit 8c rend nulle fon a d ion,
&. que de l'autre au contraire l ’uftion de ces mêmes
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poils étant plus profonde 8c répétée chaque
rois qu’on paffe le cautère dans les raies , elle
fe communique à leurs. voifins- , fie jufqu’à la
peau , | d’où- réfulte une inflammation contraire
aux vues qu’on fé propbfe dans l’application du
feu1. }1
Nous nous fommes étendus, à l’article A b a t t r e
un cheva,l , fur la manière de fixer les jambes dans
l ’apération: dont il s’agit , 8c nous me répéterons,
pas ici ce que nous avons dit. Nous nous contenterons
1 feulement de faire .dhferver que lorsqu'il
s’agit de cautérifer la jambe placée en défi-
fous, on peut, lorfque. l ’animal : n’eft pas trop
remuant, fe.difpenfer de l ’amfener., fie de la fixer
fur l ?une des extrémités qui eft en déffus ; il foffit
de la dégager de.l’entravon , de la porter eh avant
fi c’eft une extrémité- antérieure , 8c en .arrière fi
c’ eft une -extrémité poftérieure ; un aide la maintient
avec un fac feulement , le poids du. corps
dé l ’animal, gênant le mouvement de l’extrémité
dégagée fur lequel il porte ,. empêche qu’il ne
s’en défende ;, 8c (qu’ il; ne bléfle; l ’opérateur, qui ,
d’ailleurs, opère beaucoup, mieux ypair.ee que,s dans
cette pofition naturelle ; . la jambe eft droite , 8c
les raies ne gauchi fie nü point çomùve quand elle
eft gênée 8c inclinée par les entravons.
L a régularité fie la jufteffe du coup -d’oeil font
d;eS lois dont on ne doit, s’écarter , dans l ’aétion de
donner le feu aux jambes , que lorfqu’on y eft
forcé par des circonftances particulières. On aura
donc l’attention; de:placer les raies à imfe égale
hauteur aux quatre extrémités ,. deuié les pas -multiplier
plus .fur lfune. que. fur. l’autre, 8c fur-tout à
ce que-la terminaifon de chacune de celles d’un
côté réponde parfaitement à la terminaifon de
celles dé i ’ajutré y. de façon qu’ri en réfulte • à la
partie antérieure fie poftérieure du canon, des angles
parfaits, fie plus ou moins aigus.
I l faut en général ménager Ü’aélio.n du feu à la
réunion de ces angles , dans la crainte d’occ,afionner;
des efoarres ■ trop confidérables ; ’8c lorfqu’.on opère
fur des animaux dont la peau eft fine fie délicate,:
il faut encore avoir l’attention de ne pas. couper
entièrement la peau avec le cautère, parce qu’a-
lors, non feulement la guérifon eft beaucoup plus
longue.; mais encore la cicatrice qui en réfulte,.
eft, toujours difforme , dure , écailleufe ; 8c les
poils , dont les bulbes ont été détruites, n’y répondent:
.jamais. L ’élafticité -Ôc le reffort de la
peau étant en partie détruits , il furvient facilement
alors des eaux aux jambes, qui guériffent
toujours très-difficilement- On peut juger de ces
obfervations , que ceux qui prelcrivent de brûler
le: corps de la peau 8c de pénétrer j^vfques dans,
le. tiffu cellulaire, fous prétexte qu’il eft le fiége
de l ’engorgement, étoient,peu accoutumée à,- pratiquer:
cette opération fie à en fuivre les effets..
On avoit imaginé auffi , pour éviter la défec-
tuofité des .cicatrices, d’incifer d’abord la peau avec
un biftouri, de toute la longueur des raies quç.
m
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l ’on fe propofoit de faire, 8c de paffer enfuxte le
cautère dans ces. raies , en écartant les bords dé
la peau , qu’il étoit cependant impoffible de ne
pas cautérifer auffi ; mais1 l ’expérience a bientôt
prouvé que non feulement cette méthode augmentait
de beaucoup la douleur 8c la longueur de
l ’opération , mais encore qu’elle étoit loin de
remplir le but qu’on en attendoit, i° . parce que
le fang , rempliffant les raies, éteignoit en partie
X’aÊtion du feu, 8c empêchoit de la répartir également
.; z°. La foppuration 8c l ’inflammation
étoient quelquefois confidérables , Sc des portions
entières de peau , .comprifes entre deux raies, fe
détachoient entièrement; 30. la peau, coupée par
le biftouri, crifpée par le feu , gonflée par l ’engorgement
8c l ’inflammation , s’écartoit de chaque
côte ; les cicatrices fe formoient entre ces écarte-
temens; elles étoient calleufes ; déforganifées , 8c
beaucoup plus difform'es que celles que l ’çn avoit
voulu éviter.
L e but que l’on fe propofe , en donnant le feu
aux jambes, eft de les fortifier -8c de réfoudre les
engorgemens dont elles font affedées ; il eft donc
au moins inutile , s’il h’eft pas dangereux, de faire
fuppurer les plaies réfultantes de la cautérifa-
tion. On doit profcrîre tous les corps gras pour
panfemens. Le feu, agiffant comme réfolutif, il
ne faut pas apprécier fon adion par les fÿmp-
fômes extérieurs qu’il préfente ; moins il fe montre
âu-dehors , Sc mieux i l agit intérieurement; lès
graiffes, en le bornant pour ainfî dire fur la partie
où on l ’applique , s’bppofent à la fecoufle
générale qui doit en réfulter pour toute la machine
, fecoufle qui contribue vraifemblablement
pour beaucoup à la guérifon qu’on en attend. Ce
moyen eft allez puifiant par lui-même, pour 11’a-
voir pas befoin d'auxiliaire; fie l ’efpèce de bottine
compofée de boure 8c de poix qu’on appliquoit,
après l ’opération , autour de la jambe , retardoit
de 1 beaucoup la cicatrifation des plaies 8c les
effets du feu. On fe contente de promener doucement
l ’animal tous les jours, jufqu’à la chûte
des efearres, qui arrive vers le huitième, dixïèmè
ou douzième jour ; on fait alors des lotions avec
l ’eau végéto-minérale , ou les infufions des plantes
aromatiques, dans lefquelles on ajoute du gros vin
ou de l’eau-de-vie camphrée , 8c on mène le cheval
à l ’eau.
Sur la fin de la guérifon , la démangeaifon eft
quelquefois très-vive , 8c l ’animal fe gratte avec
l ’un des pieds , ou porte la dent for le mal, fie
occafionne des excoriations , des inflammations ,
fie des engorgemens quelquefois très-difficiles à
guérir. On préviendra ces démangeaifons avec de
Fréquentes lotions, 8c on empêchera l ’animal de
fe gratter, en le veillant continuellement, fi c’eft
avec l ’un des pieds, ou en lui mettant une barre
ou le chapelet , s’il y porte la dent. On aura
encore l ’attention d’envelopper les premières extrémités
eautérifées, lorfquon abattra le cheval,
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pour appliquer le feu aux autres , afin d’éviter les
effets des frottemens des entravons for les cicatrices
récentes.
Les-effets du feu ne fe manifeftent pas ’immédiatement
après fon application ; il paroît même
d abord augmenter les engorgemens; mais peu à
peu les parties reprennent leur ton naturel, 8c à
moins que la maladie né foit très-ancienne, il eft
rare quau bout d’un mois ou deux le mal ne foit'
pas entièrement diffipé.
On étoit autrefois généralement dans l’habitude,
daqs les .grandes écuries , de mettre le feu aux
jambes des chevaux après un an bu deux de tra-
v a il, quoiqu’elles fuffent encore en bon état, fous
le vain prétexte de les conferver , 8c de prévenir
les maux dont elles peuvent être affeélées. Cet
ufage , adopté par quelques nations, autorifé fie
recommandé par des écuyers renommés qui avoient
cru y ' reconnoî'tre dès avantages , mais vivement
combattu par M. LafoJJ'e, fie plus encore par la
raifon 8c par l ’expérience' , né fobfifte plus aujourd’hui
que dans un petit nombre.
Il eft au furplus un grand nombre d’aiitres maladies
pour lefquelles, on a encore recours à la
cautérilation ; nous ne nous arrêterons par ici à
décrire le manuel que chacune d’elles exige , parc<£
qu’il peut dépendre de plufîeurs circonftances qu’il
n’eft poffible ni d’apprécier , ni de prévoir. Voye£
C a n c e r , F o rme , Seme , S o y e , S e t o n , T um
eu rs , ficc.
Les anciens hippiatres fe fervoient fréquemment
du feu. On le trouve recommandé dans leurs
ouvrages pour un beaucoup plus grand nombre
de maladies que celui , pour lequel on l’emploie
aujourd’hui. Les grecs cautérifoient le front fie les
glandes de deffo us la ganache dans la morve; les
romains le preforivoient pour toutes les maladies
cutanées.des extrémités ; les turcs , les arabes l ’ap-
pliquoient de chaque côté de la tête entre les
yeux 8c les oreilles, pour empêcher les humeurs
de fe jeter for les premières de ces parties ; fie les
italiens fie les françois en ont fait ufage d’après
eux dans les mêmes cas.
Il n’étoit pas d’un ufage moins commun dans
la Chirurgie des ôifeaux ; il eft fouvent recommandé
, par la plupart des fauconniers, dans plu-
fieurs maladies des oifeaux de proie : 8c on trouve 1
dans la fauconnerie de Charles d’Arcujfia d 'E f-
parron , la figure de plufîeurs cautères à leur
ufage, auffi élégamment qu’artiftement faits.
S u p p l é m e n t .
Lorfqu’on cautérifo dans la vue de marquer l ’animal
de la marque du haras ou du propriétaire ,
on fe contente d appliquer le cautère qui la figure,
médiocrement chauffé, fur la partie, fie de l ’y preffer
légèrement fans le remuer , l ’effentiel de cette
opération confîftant en e e . que la marque foit;