
» près la doétrîne d’Hippocrate fur les oeufs, &
» fur leur aétion dans le corps des animaux : Vo-
» lucrum ova, nous dit-il, validum quid, & nu-
» trie ns , & inflans habent y validum quidem ,
» quoniam animalis g'eneratiônem continent y nw-
» trié7is verOy quodingullo laclis rationemhabeaty
» inflans autem , quiaparvâ mole in multum d i f -
»funduntur. (V . §. i de la it . ii.j'Q u o iq u ’HIp-
» poerate , par le malheur de fon temps, n’aitcertai-
*> nement pas conçu la raifon des effets dont il nous
n parle, cependant rien n’eft: fi vrai, ni fi conforme a la
»> nature de l ’oeuf. On peut dire que le blanc d’oeuf
» eft ce que nous avons appelé un alimentum va-
» lens ; c eft un mucilage capable de fouffrir bien
des degres d’atténuation , qui fe gonfle prodi-
3> gieufement , à caufe de la ténacité des parties
» d e fon mucilage j. c’eff pour cela que Galien
»appelle les oeufs, groffiers, craffi fucci , qui
» nourriflent beaucoup , parce qu’ils contiennent
» beaucoup de matière en peu de volume. A l ’é-
» gard du jaune , je ne doute pas qu’il ne con~
» tienne plufieurs parties nutritives & utiles ; mais
» fa fubftance même ne l ’eft pas , & c’eft plutôt
» une huile ou un favon huileux , qu’une fubftance
» nutritive proprement dite. ( Foye\ note ioo. )
» On trouve certainement dans chaque efpèce d’oeuf,
» non feulement un caractère fpécifique du muci-
» lage qu’il renferme, maïs auflï quelque partie
» de ces corps fubtils qui appartiennent à l ’animal,
» qni fe développent fans doute davantage dans
» 1 incubation, mais qui fe répandent dans tous
» les produits animaux. Telle eft la nature des
*> oeufs en général ».
D u beurre. ( P . 434. )
« A p r ^ s a v o i r p a r l é d e c e s d e u x p r em ie r s ali-
» mens n a t u r e l s , n o u s e n t r e v o y o n s a l l e z c e e u e
» n o u s d e v o n s p e n f e r d e s d e u x p r o d u i t s du l a i t l e s
» p lu s o r d in a i r e s , l e b e u r r e & l e f r o m a g e . L e
» b e u r r e n ’ e f t p a s p r o p r em e n t u n aliment, q u o i -
» q u ’ i l c o n t ie n n e q u e lq u e s p a r t ie s m u c i l a g in e u f e s ;
» m a is i l e f t e n t iè r em e n t c o m p a r a b l e a u x h u i le s
» d e s v é g é t a u x , & o n l e fu b f t i tu e à l ’h u i l e , dans
» l e s p a y s o it l e s o l i v i e r s & l e s a u t r e s a r b r e s d o n t
» o n t i r e l e s h u i le s f o n t r a r e s . A i n f i , i l p a r o î t ,
» p a r l e p e u d e m e n t io n q u ’ e n fo n t l e s g r e c s &
» l e s r o m a in s , q u ’ o n n’ e n f a i f o i t p a s u n u f à g e a u ff i
» c o n f id é r a b le c h e z e u x , q u e d ans l e s p a y s f e p t e n -
» t r io n a u x d e l a G a u l e & d e l ’A l l e m a g n e . C ’ e ft
» d o n c u n e v r a i e h u i l e , à l a q u e l l e o n d o i t a p p l i -
» q u e r c e q u e n o u s a v o n s d i t a i l l e u r s d e s h u i le s
» d e s v é g é t a u x 3 i l f e r a n c i t , i l d e v ie n t a m e r , bi-
» lefcit ».
D u fromage. [ P . 435.)
« I l n’en eft pas de même du fromage, ou de
» la partie caféeufe du lait ; c’eft un des pro-
» duits du lait dont i l foit le plus parlé dans
» le s anciens. Nous avons parlé ci-devant de fa
» formation. On ne doit pas croire que cette partie
» ne foit pas un mucilage , parce qu’elle 11’ elt pas
» diffolubie dans l’eau fimple (101) ; il eft autant
» effentiel au fimple mucilage de pouvoir fe foli-
» difier, que de fe rendre foluble dans l ’eau. L ’ufage.
» de ces mucilages folides eft ordinaire ; le blanc
» d’oeuf & le fromage peuvent durcir jufqu’au point
» d’égaler les fubftances les plus dures, & ne cèdent
» point â l ’a&ion vive & précipitée de l ’eau ; ce-
» pendant le blanc d’oeuf à l ’air tombe en deli-
» quium , & le fromage s’imbibe d’une grande
» quantité d’eau ; l ’un & l’autre cèdent à raétion
» des agens favopneux qui fe trouvent dans tous-
» les animaux ; mais s’ils acquièrent trop de fo-
» lidité, ils n’y cèdent plus. On peut dire égale-
» ment de l ’un & de l ’autre , qu’ils font les élé-
» mens de la fubftance folide du corps, & le fio-
» mage récent montre encore au microfcope les
» fibrilles entrelaflees par lefquelles i l j a laiffé
» échapper l ’eau furabondante de fa mixtion ; c’eft
» pour' cela qu’Hippocrate, & après lui tous les
» grecs, regardent le fromage comme une fubfi»*
» taijce alimeateufe : Validus e f i, nous d i t - i l ,
» quia generationi proximus y a li t , quia pars
» camofa laclis in eo remanet y oefiuofus eft ,
» quia pinguis y alvum autem f i j l i t , quia e x
» fucco & coagula confiât ». Nous avons donc
»dans le fromage un aliment fort nutritif. En un
» mot, on retrouve dans le fromage, & le valens,
» & Je crajjfi fucci des anciens. Galien reconnoît
» toutes ces propriétés dans le fromage ; mais il
» eftime plus celui qui eft moins dur & plus ré-
» cent, parce que le fromage fe rancit à la longue ,
» & porte un tel âcre dans le faug. I l a raifon ;
» mais il faut remarquer que, fuivant nos prin-
» cipes & fuivant la remarque de C e lfe , celui qui
» eft plus dur nourrit davantage , mais fe digéré
» plus difficilement ; celui qui eft plus mollet
» nourrit moins, mais i l fe digère plus aiféraent
D u fang. ( P . 457- )
«Pour le fang, qui eft le premier produit du
(ici) M. Lorry fent ici la difficulté que la bafis de l’ancienne
théorie éprouve de la part d’une fubftance qui s’éloigne
par plufieurs caraâères de l’état du mucilage, qui,
fuivant cette théorie eft la feule partie vraiment nutritive.
Nous avons montré en quoi cette théorie étoit inadmif-
fible. La partie caféeufe du lait & le blanc d’oeuf perdent
une partie des propriétés du mucilage, pour acquérir une
partie de celles qui diftinguenc la matière animale fibreufe ,
& en même temps leurs principes développés par l’analyfe
démontrent cette anïmalifation. Cependant ces deux fubf-
tan.eî font fortement nutritives; elles font plus près de
l’écat d'affimilation que toutes les fubftances végétales mu«
queufes: eiles font voi fi nés de cet état qu’Hippocrate dé-
figne par ces mots, oïovtçoijw , quale nutrimentam. Il eft donc
vrai que quoique très - nourriflantes, elles ne font plus
exarlement un mucilage-, & qu’elles font près de ne l’être
plus-du tour, c’eft-à-dire, d’être transformées en matière
fibreufe.
1» la it, c’eft un compofé qui en conferve beaucoup
» de propriétés, & l ’on peut aifément faire voir
» l’analogie qui eft entre eux. A la vérité, la partie
» huileule ne fe fépare pas comme dans le lait,
»mais on l ’y retrouve évidemment , & otf peut
» l ’en féparer aiféinent par des lotions réitérées.
» C ’èft cette partie rouge , réfineufe & martiale
» qui cède la dernière à la putréfa&ion , fi même
» elle y cède, & qui ne fe putréfie que lorfque
» le mucilage, devenu tout à fait favon putride,
» peut réagir fur les parties huileufes. Pour la
» partie coagulée , on la retrouve même en plus
« grande quantité, parce que l’aélion des vaiffeaux
» a été plus longue & plus confidérable ,/plus ca-
» pable par conféquent de condenfer & de réunir
» des parties qui étoient encore féparées dans le
» lait. Outre cela, les parties font plus atténuées,
» & les Tels plus développés & plus exaltés, ayant
» enfin le caraétère animal. I l fe fait de plus un
» développement de parties fubtiles & tenues, qui
» ont un caractère qu’qn ne peut pas fpécifîer,
9 mais dans lequel il y a quelque chofe de la
» putréfa&ion. De toutes ces parties réunies , 'i l
» s’enfuit néce flaire ment que le fang eft nutritif,
» & nutritif dans la plus confidérable de fes parties;
» mais que les parties étrangères à la nutrition ,
» les parties trop atténuées pour nourrir les hommes,
» & par conféquent inutiles, font beaucoup plus
» multipliées que dans le lait (10a). Au refte, les
» anciens ont regardé le fang comme vraiment nu-
» tritif. Hippocrate parle de la nourriture qu’on
» en retire , Comme d’une chofe qui peut être
» utile, ou nuifible, fuivant les circonftances. Ga-
» lien regarde pofîtivement le fang comme le prin-
» cipe de la nourriture. Les anciens dévoient lui
» accorder plus de ces propriétés, puifqu’ils pré-
» tendoient que le laie même dérivoit du fang ;
» cependant Galien & Paul d’Egine regardoient le
» Tang comme difficile à digérer : en effet, il fe
» coagule promptement; les parties de ce coagu-
» lum font plus difficiles à féparer; il eft capable
» dé s’endurcir dans l ’eftomacj & il eft d’autant
» plus dur, qu’il eft plus cuit ; il peut même , par la
» cuiffon , acquérir une confiftance qui le rende inca-
» pable de fe digérer & de fe fondre dans l ’eftomac : de
» plus, il eft dégoûtant, & les parties fubtiles qu’il
( 102 ) Le fang eft tout entier nutritif pour l’animal dans
lequel il circule. Mais, comme nourriture, & quand il eft
reçu dans l’eftomac, fa partie fibreufe étant dans fon état
de coagulation , & devenant par-là infoluble dans les
menftrues ordinaires, doit offrir une grande réfiftance à
la digeftion. Néanmoins, comme les^acides font le diSolvant
de cette fubftance animale fibreufe ; & que l’aélion
digeftive des ftics gaftriques ne nous eft pas- parfaitement
connue , que l’acide phofphorique paroît en faire partie,
même à nu , &c que l’écat de ces fues & leur a&ivité doit
varier beaucoup félon les tempéramens, comme ils varient
félon les genres d’animaux , il eft très-poffible qu’il y ait
des hommes pour lefquels le fang foit entièrement nutritif.
11 eft des animaux dont ce liquide fait la nourriture &
les délices.
» exhale font fort capables d’agir fur les nerfs &
» de produire des u au fées ; naufées & vomiffemens
» que produit même le fang propre de l ’animal
» auquel il appartient, quand i i s’eft épanché dans
» l ’eftomac par quelque événement malheureux.
» Au refte, Paul d’Egine & quelques autres an-
» ciens nous ont rapporté les fymptômes violens
» qui furviennent, difent-ils , à la boiffon du fang
» de taureau. Ces fymptômes tiennent en quelque
» façon de ceux que produifent les poifons ; mais
» la fcène fe paffe principalement dans l ’eftomac.
» I l paroît donc que le fang des taureaux , fang fort
» denfe par lui-même , agit principalement par la
» coagulation dans les eftomacs humains ; car d’ajl-
» leurs on a vu des gens prendre comme fpécifique
» de certaines maladies, du fang de différentes éf-
» pèces d’animaux, fans aucun accident pernicieux.
» Au furplus, on peut prononcer en général que
» le fang eft nutritif ; mais on ne peut pas aé-
» cider que telle ou telle efpèce de fang foit nu-
» tritive pour telle ou telle efpèce d’animaux. Il
» faut l ’augurer par les degrés d’atténuation qu’a
» donnés chaque efpèce d’animal â fes humeurs,
» & fe fouvenir qu’un des caractères eflentiels à
» 1*aliment, c’eft d’être moins atténué que l ’animal
» à la nourriture duquel il eft deftiné ».
D e s autres humeurs animales. ( P . 441 .)
« Il eft aifé , d’après ce que nous venons de dire,
» de fe faire une règle générale fur toutes les hu-
» meurs du corps animal. Boerhaave a divifé ces
» humeurs en humeurs qui ont la propriété de fe.
» coaguler, & en humeurs inconcrefcibles; ou du
» moins il a infinué cette divifion en plus d’un endroit
» de fa Chimie. Il n’eft, à proprement parler, aucune
» humeur connue du corps animal, qui ne laiffe unré-
» fidu mùcilagineux ou favonneux; les unes ont quel-
» que chofe de tenace ; les autres font fàvonneufes,
» telles que rurine , la b ile , & en partie la fa-
» livè , quoiqu’elle ait bien quelque choie de
» tenace. Les Eu meurs fàvonneufes font fans con--
» tredit les plus atténuées, celles qui ont par con-
» féquent le moins de facultés nutritives J mais,
» exifte-il dans la nature quelque animal dont les
» principes aient un degré plus confidérable d’atté-
» nuation, & auquel l ’urine même puifle être nu-
» tritive ? En général, ce qui eft excrémenteux ne
» peut pas être nutritif pour un corps duquel il
» eft l ’excrément, à plus forte raifon pour tous
» ceux qui contiennent un ordre de principes moins
» atténués. L ’urine eft de toutes les humeurs la
» moins tenace ; mais la quantité d’eau qui y eft
» mêlée , empêche cette confiftance qu’on peut lui
» donner, en enlevant une grande partie de ce
» fluide. La bile eft plus huileufe, & forme un
» favon plus exaét; il faut cependant avouer qu’in-
» dépendamment de ce que ce favon eft encore
» mucilagineux par lui-même , cette liqueur eft
» intimement mêlés avec un mucilage qui fert de