
midcs & infalubres ; plus profondément, ils font
montagneux , parce que la chaîne des monts Lu-
pata en eft fort proche : mais ces montagnes font-
elles-mêmes très-fertiles. Les habitans font 4rès-
aoirs.
13. La partie de la côte de Zanguebar, depuis
le détroit jufquà l’équateur., dans la partie fud
du Jîxième bafjîn , formera la treizième région
; les côtes font plates, humides, & maré-
cageufes. Elles font très- mal-faines , fur-tout à
JVlofambique & à Quiloa > fort arrofëes & très-fertiles
; cependant à Mofambique on manque de
bonne eau ; plus avant dans les terres, font des
forêts & des montagnes. Les endroits les plus
voifîns de la mer , & les îles qui' bordent les
côtes font habitées, par des colonies européennes
ou arabes. Les naturels noirs font plus éloignés
de .la mer, & c’eft à caufe de ce mélange d’habitans
qu’on a donné à cette côte le nom de Caffrerie
mélangée. La rivière qui coulé au - deflous de
Melinde , & que les géographes appellent la
rivière de Quilmanci, mériteroit, dans cç^tte-région,
une attention particulière. Elle prend fa fource
. dans les montagnes d’Abiflinie , & elle vient fe
décharger de l ’autre côté de l ’ équateur , à trois
degrés fud de cette ligne. En forte que fes dé-
bordemens femblefoient devoir coincider avec ceux
du N i l, tandis que la faifon des pluies, au fud de
l ’équateur, fe trouve néceffairement dans une fai -
fon oppofée. Toutes les autres rivières de cette
côte vont a peu près, de l ’oueft à l ’eft, & ne font
point par côuféquent dans le cas de la rivière
de Quilmanci ; leurs débordemens doivent fe rencontrer
avec la faifon des pluies dans les pays
qu’elles arrofènt. Ce fait mériteroit d’être vérifié.
J’ai déjà parlé des vents qui régnent le long de
cette côte, & de ce qu’ils ont de particulier dans
les Golfes de Pata & de Melinde ; je n’ai rien à
ajouter à ce que j’en ai dit : il eft bon feulement
de remarquer ici que, la température de ces .côtes
eft beaucoüp plus douce que' leur latitude ne femble
le comporter ; ce qui eft dû fans, doute à leur
humidité & à la quantité de rivières qui les ar-
rofent, ainfi qu’auxeffetsqui réfultent néceffairement
• de l ’action- du vent dfeft, & dont il a déjà été parlé.
14. Le refte de la côte orientale d'Afrique ,
depuis l’équateur jufqu’au Cap Guardafu ,• eft compris
fous l e nom de la cote d'Ajan , -&! formera
la quatorzième région maritime de VA-r
f t iq u e , qui finit le fixième b a [fin. La par-
ti£ la plus méridionale .de cette côte eft fertile ,.
& arrofée comme la côte de Zanguebar, que quelques
géographes éténdent"m^me.jufqu’à Magadoxo.
L a partie feptentrionale eft déferte & aride. Dans
la partie habitée, les naturels noirs, comme dans
toute la.région précédente, font retirés, dans l ’intérieur
des terres. Les côtes mêmes font occupées
pat des Arabes qui, à Brava , fe font,réunis en république.
Les rivières les plus étendues de cette côte
viennent dès montagnes a Abiflînie.
I f . Les pays placés .à l ’eft de la Nubie & .1
l ’eft & au fud de l ’Abiflinie, rempli fient lé fep -
tième baffin incliné vers la mer Rouge ,8c $e n en
ferai ici qu’une région, qui eft la quinzième de
celles que j’ai décrites julqu’içi. Ce baflin eft fé-
paré du premier par le flanc oriental des montagnes
qui renferment les fources & le 'l i t du Nil.
I l eft feparé du fixième par les montagnes qui,
du fud de celles d’Abiflinie,s’avancent à l’eft jufqu’au
Cap Guardafu, qui eft l ’extrémité la plus orientale
de VAfrique. Au refte, il faut divifer cette région
en deux portions très-différentes Tune de l ’autre.
L ’une eft la plus méridionale & la plus orientale,
& contient le royaume dyA d e l, au milieu duquel
coule l’Haouach , fleuve considérable j comparable
au N i l , qui répand la fertilité dans les terres, 8c
s’y perd prefque entièrement. Cependant les côtes
qui bordent cette „partie du feptième baflin, font
encore arides & fabionneufes. A Zeila même, fiiv
le bord d’une rivière du. même nom, Tçn manque
d’eau douce. L ’autre partie du même baflin, plus
feptentrionale & plus occidentale, eft proprement
la côte d’Abesh ; elle eft aride , inculte &• Sablonne
ufe , & ne contient que quelques ports & peu
d’habitans ; c’eft le pays qu’on croit avoir été l ’ancienne
Troglodytique. Les habitans du royaume
.. d’Adel participent du caractère de couleur des Abif-
fins. Les côtés font occupées , ou par les Abiflins,
ou par dès Àflatiques Arabes.
Les quinze régions dont je viens de faire l’énumération,
' compofent ce qu’on peut appeler l 'A frique
maritime. L’intérieur de VAfrique ^ infiniment
moins connu, fera divifé en quatre régions*
16. Les deux premières font contenues dans le
huitième baJJin.L’une eft le Biledulgeridou Beled
el-jerid.
Onfe rappelle peut être que/pour tracer leslimites-
du fécond baflin de V A f r i que , j’ai dit qu’il falloit
tirer une ligne- qui laifsât d’un côté les rivières
q u i, fortant de. l’A tla s , coulent du fud au nord
vers la Méditerranée; de l ’autre, celles qui coulent
du nord au fud, & qui fe perdent dans les lacs ou-
dans les fables. Celles-ci font les rivières du Biledulgerid.
La ligne qui forme cette diviflon , indique
néceflairement la fuite -des Commets de
l ’Atlas, & par.conféquent forme la limite phy.fi-
que , commune aux deux régions. Ainfi, le Bile-
aulgerid eft une grande contrée qui s’étend de
l ’oueft à l ’eft, & qui eft prefque égale en lon- f ueur à la Barbarie. Elle eft montagneufe du côté
e l ’Atlas , & les montagnes y font fertiles, •& ont
de bons pâturages, ainfi que celles de Barbarie.
J1 en eft quelques-unes fore hautes , eomme celles
du mont Âureff,, dont les habitans font blancs 8c
même blonds, tandis que les Arabes qui errent dans
lès plaines , font olivâtres , & les Maures bafanés.
Mais à mefure qu’on s’éloigné de l ’Atlas , le pays
devient aride, fablonrieux, & participe de I3 nature
du Sahra, auquel- il-confine ; il n’y pleut prefque
jamais. Mais cette partie contient des.lacs.ou d
fearais qui affèchent en été , & s’emplifTent en
hiver ; bien diftérens des lacs femblabies qui font
entre le Tropique du cancer & l ’équateur -, qui
affèchent en hiver 8c fe remplirent en été, parce
que cette faifon eft celle des pluies entre lès tropiques
, & eft au contraire sèche hors de cette
zone. Ces lacs, dont l ’eau eft falée, reçoivent les.
rivières qui coulent de l ’Atlas. C ’eft dans de pareils
lacs que fe rendent, les rivières de Dahra,- de
Tafilet, de Sugulmeffe. C’eft dans un grand marais
de cette efpèce, nommé le S h o lt ., qu’abôutiflent
une quantité-dé ruifleaux dans le Tegorarin. C’eft
dans la province de Zeb 8c de Wadreg que le
marais Melgig reçoit un grand fleuve, i’Adde-Jidi ;
c’eft dans le Biledulgérid propre que le Sibkali-
el-lodia , ou le lac des Marques , reçoit de même
les eaux de quelques rivières. Dans les contrées
qui manquent d’eau , les habitans creufent des
puits. Ils font en général très-profonds , ceux en
particulier du Watlreg , qui font les plus profonds
de tous, ont cent à deux cents, brafles de profon-
dèur; c’eft après ;avoir enlevé beaucoup de fables'
& de graviers qu’on parvient à une couche d’ar-
doife qu’on perce , 8c de deffous laquelle il fort
fbuvent en abondance & avec force, de l ’eau qui
eft ordinairement falée. C ’eft cette couche d’eau,
qu’on rencontre conftamment à plus -ou moins de'
profondeur, que les Arabes appellent la mer fous
terre. Les plus; fertiles d’entre- les contrées du
Biledulgerid font le Dahra, le Z eb , le Wadreg',
8c le Jerid propre ; le Dahra rapporte des grains,
les autres contrées ne rapportent prefque que des
dattes.
17. La fécondé région. du huitième baffin , la
dix-feptième de toutes, eft le Sahra. J’en ai déjà
feparé l ’extrémité occidentale, renfermée d,ans le
troilièmë baflin , & qui contient les déferts de
Zanaga & même la contrée de Nun , - dont les
rivières, en très-petit nombre, vont de- l’eft à l’oueft*
fe reudre dans l ’Océan. Le refte du Sahra s’étend de
l ’oueft à l’eft jufqu’aux montagnes occidentales
de l’Egypte. Ce pays eft fablonnéux, & les vents
d’eft 8c dp fud-eft y tranfportent des montagnes de
fable qui enféveliffent quelquefois des caravanes
entières. Cependant , tout inculte & aride qu’il
e ft, il eft des endroits moins ingrats que les autres.
Dans les déferts de Zûenziga eft là contrée, de
Tegaza , où font des mines abondantes de fel
gemme qu’on exploite, & qui fourniflent beaucoup
au commerce. Dans le défert d’Haïr , il
pleut en certains temps abondamment. Alors le '
fable fe couvre d’herbes; les puits, qui tout autre
part ne fourniflent qu’une eau falée 8c amère,
fourniflent dans cette contrée , une eau douce &
bonne ; mais les déferts de Lemta & de Berdoa font
fecs & arides , malgré quelques torrens qui
la plupart du temps font à fec. Cependant ces
pays immenfes & qui femblent inhabitable«, font
occupés par de? nations errantes, qui tantôt dirigent
leurs courfes au fud, tantôt au nord, pour mettre I
i contribution les peuples de la Nigritie & du
Biledulgerid. C ’eft dans ces lieux qu’erroient autrefois
les getulés 8c les garamantes, & „aujourd’hui’
des- • hordes arabes qu’au Sénégal on appelle
des maures. Dans les déferts de Toccident on trouve
aufti des nations Africaines. Les grains îî’y reuf-'
fillent prefque nulle part, mais les palmiers y
viennent, & les chameaux y vivent. Il femble que
la nature ait créé pour les déferts 8c p@ur les
fables les paimie,rs, les chameaux, & les arabes.
18. La dix - huitième région , qui remplit le
nèuyième-baffin, eft la Nigritie. Je n’y comprends
pas quelques pays que j’ai déjà placés dans la
fixième légion , & que les géographes réunifient
quelquefois à-la Nigritie. Tels font les royaumes
des Foules., de Galam , des Mandingues. En effet,
fi l ’on fuit la chaîne que M. Buache conduit du
cap Bojador, ou fi l ’on veut du cap Non ou Nun
à la chaîne qui vient du Sierra Léona, on verra
qu’elle fépare d’abord du Sahra les déferts de Non
& de Zanhaga ; qu’enfuite elle pafie entre le
royaume de Galam à l ’occident, & celui de Tom-
but à l ’orient ; qu’elle feparé les fources du Sénégal
de celles du Niger; enfin les royaumes des
Mandingues & des Foules, de celui de G a g o , que
les géographes placent au rnidi de celui de Tombal
, de l ’autre côté du Niger. Telle eft la limita
commune au troifième baflin d’une part , & aux'
huitième & neuvième de l ’autre. L a Nigritie propre
s’étend depuis cette limite occidentale jufqu’aux
montagnes d’Abiflinie & de Nubie, qui la terminent
à l’ eft. J’ai déjà dit qu’au nord elle étoit
terminée par l ’Amedède , & au fud , par la fuite
du Sierra Léona , &c. Dans toute cette étendue,
elle eft divifée en deux parts, l ’une feptentrionale,
l ’autre méridionale, par le N iger, dont les dé—
bordemens inondent ce pays, comme le N il inonde?
l ’Egypte y pendant les mois de juillet , août, &
feptembrë. Dans la Nigritie , comme dans la haute
Egypte , la partie qui eft la plus voifîne du fleuve
eft la feule fertile comme la feule inondée ; 8c
celle qui de l ’un & de l ’autre côté s’éloigne en
s’élevant vers les montagnes, eft déferte , iablon-
neufe, & inculte. A l ’égard de l ’extrémité orientale
qui s’élève fur le flanc occidental dés montagnes
d’Abiflinie & de Nubie , & qui renferme
des royaumes qu’on ne connoît que fur le rapport
! des nègres , les royaumes de Gaoga &- de Gor-
ham , i l paroît qu’elle eft fort déferte au nord ,
mais qu’au midi elle eft arrofée par la rivière
Blanche & celle de la Gazelle. Au furplus, de
toutes les contrées qui partagent de l ’oueft à l ’eft
la Nigritie , celles dont les géographes nous parlent
le plus , font celles de Tonibut , d’Agades ,
& de Borno ou Bournou. Le terroir de Tombut
eft très-fertile , & le pays très-fâin ; les déferts qui
font au nord d’Agades fourniflent beaucoup de manne*
fans doute fur des arbrifleaux- femblabies à l ’agul ou
l ’agialid. [V . A gul.) Enfin, malgrél’exceflîve chaleur
de cés climats, ou dit qu’il eft au fud d’Agades,