
I 8 6 A C U générales, que nous allons -continuer le détailler
diaprés la relation de Kæmpfer, fubiffent fans
doute un grand nombre de variations, au gré des
praticiens qui confeillent ces fortes de piqûres
, & fuivant le caprice de l ’artifte qui fe '
charge de les exécuter.
•Nous avons déjà dit que les japonois fe fervent
d’un petit maillet, avec lequel ils frappent
fur les aiguilles, pour les faire pénétrer dans les
parties fouffrantes ; nous avons en même temps
remarqué que , fuivant Kæmpfer , on n’en fai t
ufage que lorlqu’on emploie lés aiguilles d’or (i) ;
tandis que Ten-Rhyne affure vaguement qu’on s’en
fért aulli pour celles d’argent.
Le maillet, dit Kæmpfer , eft fait de corne (z)
de boeuf fauvage ( vri cornu) , qu’on a foin de
rendre très - polie. I l eft un peu plus long que
l ’aiguille même. Sa tête eft arrondie & comprimée.
Pour en augmenter le poids , on attache un
morceau de plomb ( 3 ) au côté oppofé à celui
qui eft deftiné à donner immédiatement le coup.
En général, toutes les aiguilles fabriquées pour
l ’opération de Y acupuncture , font appelées'par
les japonois iuits barri ( cicus _ tondis ) , aiguille
verfatiie, parce que c’eft prefque toujours
en le s ’ tournant entre les doigts , que ces peuples
les font pénétrer dans lès chairs.
- Les aiguilles ; de la dernière efpèce , c’eft-à-
dire, celles d’argent, font, dit Kæmpfer, fou-
vent accompagnées d’une canule de cuivre, &
alors on les novamt-fuda barri (acus canalicu-
lata ) , aiguille à Canule. Cette canule eft plus
courte que l ’aiguille à peu près d’un travers de'
doigt ; elle a la groffeur d’une plume d’oie : fon
ufage eft de diriger .exactement l ’aiguille fur l ’endroit
qu’il faut percer-, & fur-tout de borner , avec
plus de précifîon , la profondeur jufqu’à laquelle
i l convient d’enfoncer l ’inflrument ; précaution
(1) -Il y a beaucoup d’appareil le dife pas, que la raifon pour laqcuee,l leq uooinq une’ aK æremcopufersr ne auun iqmuaeimlleetn tq ueen pcoe urq uine trcoeds-u airigeu leilsl eas igfuoinllte spMlu’so rg, recfofeusf if&te dmifofiincisl esd éàl iéfeaisr eq upeé ncéetlrleers dda’nasr gleesn tp,a r&ti esc o; nfaélqourse milm eenftt tprèluss- pguroilbleasb led ’aqrugee nfti dlees jlaap omnoêmis ee mfoprlcoeie n, t cqoumemlqeu efToeisn -dRehs yanie
zdioéncenfefa irreémelelnemt reencto uàr ir eanute nmdrêem eq ueex pcéedlaie nat ,l ipeouu, r ivla infacruet llaa. rméfêimftaen cdea ndse lleas pdeeauux ,- cqaus.i , .dans cette fiippofition, feroit
bè(n2e) , Toeun -dReh ytonuet daiutt r.eq ub’oonis leé gfaalie cm eanutf fdi urd &’iv opierfea,n t.d’éplo(
3m) bI,l peofut r airfeén ddree lceo mmparielnledtr ep luqsu ep .e cfaenttte ,, addedvitiieonnt fdue- ppéérffalnutee ,, lcoormfqmu’eo nle sl eo ufvariti edrs’ uonen t fourbdfitnanaciree .m treèns-td uforein S cd terèlsà- cdhitoioifnir ;:■ ila ufofbi fTerevne- Rfehuylneme ennet -pqaurel e-lte- îlm paoililnett ddoei tc êettrtee paodli
dfuers udne udxé àc octoésu,d &re , ild ea pjoetuittees'q eux’coanv ayti opnrsa tcioqrureef p,o hcdoam-nmtees à la tête OU àu manche de l’aiguille«
A C l î
importante pour éviter les méprifes runeftes qui
pourroient fans cela être commifes par des mains
peu exercées , ou lorfque les malades fe livrent
a des opérateurs qui ne font pas fuffifamment inf-
truits de tous les principes de cet art.
Manuel de /’acupuncture.
Ten-Rhyne réduit le manuel de Y acupuncture
à trois procédés généraux, lefquels font, fuivant
lui , toujours relatifs' au caractère particulier
de la maladie , & à l’état des organes fur le f quels
ont doit agir dans l ’opération : i ° . on
plonge l ’aiguille dans -les parties fouffrantes par
une fimple piqûre ; z°. louvent on la tourne en-*
tfe le pouce & le doigt indicateur; 30. d’autres
fois on l ’enfonce en frappant légèrement avec le
maillet.
Kæmpfer admet, quant au fond , les trois procédés
établis par Ten-Rhyne ; mais il ne veut
reconnoître que deux méthodes générales- , &
il' les déduit de l ’efpèee d’aiguille dont on fe
fert,
Lorfqu’on emploie celles qui font d’or ( il
ne faut point oublier que , fuivant Kæmpfer , ce
font les plus groffes & les plus-fortes) , l ’opérateur
en faifit la pointe de la main gauche , entre
le bout du doigt du milieu & ,l ’ongle de l ’index ,
foutenu par le pouce : il l ’approche enfuite de
l’endroit qui doit être piqué , ayant foin, dit-il,
d’éviter lès nerfs , les tendons , & les grofléS' artères
; puis, fai liftant le maillet de la main droite,
il enfonce l ’aiguille à travers la peau : un ou deux
coups fuffifent, fuivant la dureté de cette enveloppe.
Alors l ’opérateur laiffe le marteau de
côté, & auffi-tôt, tournant le manche de l ’aiguille
entre les extrémités des premiers doigts, il continue
d’en faire avancer la pointe jufqu’à la profondeur
requife , c’ëft-à-dire , jufqu’au fiége du mal
ou de la douleur. Cette profondeur , obferve
néanmoins Kæmpfer, n’eft ordinairement que d’un
demi-pouce, rarement d’un pouce entier ou davantage.
Lorfque l ’aiguille y eft parvenue, on
Ty laiffe l ’elpace de deux ( 1 ) refpirations, après
quoi on la retire. On termine l ’opération en p ref
fant 'avec le doigt le lieu de - la ponction , pour
forcer , difent les japonois , la vapeur . riuifi-
ble ( z ),- enfermée dans la partie fouffrante , à
de (1la) OCnhi rluitr gài el a, ppaagr e M96. Dduuj artodmine , ,p rqemuei er de l’hîftoire Vaiguille doit
rêetrfpe irraettieonnuse. da■ns la partie pendant Fefpaee: de trente
(2) Les chinois, les japonois, & les autres nations voi- fpinliecsa t,i opna rdmui nleiofqxuae lcleosn lft’oitpuéernart.iporne fqàute Y a tocuutpeu; nlcatu rfer i eSnc cle’ adpe
ldae : Médecine & de la Chirurgie , penfent que le principe fiblelsa prelunpfearrmt déeess .mdaan lasd ileess cpoanrtfiieftse ..f oduafnfsr andteess , vqaupeè ucress.n vuai
fpoeiunrs, dpifotuern dgeunétr,i ri,r rqitueen t dbeu ldesé cdhéilrievnrte,r ',8 c Cd’oenftt, ilf uritv’eafnt tb lee-
A C U fortir par l’ouverture qu’on vient de lui pratiquer.
™
A l ’égard des aiguilles de la fécondé efpèce , ou
de celles qui font en argent, & qui, fuivant Kæmpfer
, x font plus déliées que les précédentes,,
l ’introduélion s’en fait , dit cet auteur , en lés
tournant feulement entre l’extrémité du pouce &.
Celle du doigt du milieu ; car ic i , ajoute-t-il, le
maillet n’eft point d’ufage. Obfervons toutefois*,
& encore d’après Kæmpfer , que ceux qui font
très-verfés dans cette pratique , font fur l ’aiguille,
avec Te doigt index de la main dont ils opèrent,
une manoeuvre dont l ’effet , quoique néceffaire-
ment plus doux & plus gradue, répond" à celui
du maillet : ils lèvent ce .doigt par-deffus celui du
milieu, & , frappant .l'aiguille avec ce doigt ainfi
relevé , ils percent la peau avant de tourner l ’inf-
trument.
Souvent les opérateurs qui emploient ce dernier
procédé , ont la précaution de fe fervir de la
canule dont il a été fait mention plus haut ,
comme dans le cas oit l ’on fait ufage du maillet,
afin, de ne pas courir les rifques qu’une pereuf-
fion trop forte , de la part du doigt indicateur,
faffe pénétrer l ’aiguille trop avant.
Pau tout ce qui vient d’être dit, on doit né-
ceffairement recounoître deux temps affez diftinds
dans le manuel de Y acupuncture , fi l’on excepte
cependant la première méthode établie par Ten-
Rhyne , ou celle de la fimple piquure.
Le premier temps eft celui dans lequel on
perce la peau toute- feule , foit en frappant
l ’aiguille avec le maillet, foit p a r la pereuflion
du doigt indicateur. C’eft dans ce premier temps
de l’opération qu’on fe fert de la canùle décrite
ci-devant , afin de rie pas s’expofer à outre-
paffer par un coup trop fort , frappé fur l’aiguille
, la profondeur à laquelle il importe de
s’arrêter.
Le fécond temps , qu’on doit difîinguer dans le
procédé de Y acupuncture , comprend l ’intervalle
pénda-nt lequel on perce tout ce qui doit être
îraverfé au-deffous de la peau jufqu’aux parties
fouffrantes inclufivement. Pendant ce temps, on
écarte foigneufement l ’ufage du maillet ; on ne
fait plus fur l’aiguille aucune pereuflion avec le
doigt ; on fe contente de faire pirouetter très-légèrement
la pointe de l ’aiguille fur la partie
malade ; en un mot, on a la plus fcrupuleufe
attention de ne rien brufquer , & de continuer
l’ opération le plus doucement qu’il eft poffible
jufqu’au fiége de la douleur.
L ’art de Y acupuncture a , chez les orientaux , des
fyftême adopté par ces peuples, ce que produifent l’ acupfauvncotruarbel
e, s,e n.S co u■ vler amnto xà ac e, s evna pleeus rsa ttmiraaln-fta ifàa nltae’ s fudrefsa cieff udeus corps, & en les. y confirmant«
A C ü 1 s 7
règles & des principes très-variés-. Cette connoif-
fance, ainfi que celle des parties fur lefquelles
il convient de brûler le moxa ( Voye\ A dus-
tion ) , dans les différentes maladies fufceptibles
de ce genre de fecours , eft regardée comme fi importante
parmi les japonois, que ces peuples ont
fait de chacune de ces deux branches de' l ’art de
de guérir ,- une fcience à part - , qui eft » exercée
par deux ordres de médecins y les uns , qu’ori
nomme tenfas-j ( tangentes ) , ou médecins cou-
cheurs , -s’occupent a reconnoître, par le tad ,
le véritable fiége des maladies ; à indiquer les
régions fur lefquelles il importe d’allumer le
moxa , ou de pratiquer Y acupuncture ; enfin, à
déterminer, l ’étendue ou la profondeur auxquelles
il convient..de porter ces opérations. Le ministère
des autres officiers de fanté fe borne à
l ’exercice du manuel opératoire ; & ils doivent fe
conformer d’ailleurs en tous points aux ordonnan- -
ces des médecins toucheurs : on les appelle Far-
, ra-wyts tenfas , lorsqu’ils pratiquent ces deux-
opérations ; mais ceux qui n’exercent que Y acupuncture
y portent le nom fimple de Faritattt
( acupungentes ) , acupuncturijîes. Au refte , il
ne faut pas croire que les tenfas-j , ou médecins
toucheiûs, & les faritatte , ou chirurgiens acw-
puncturijles , foient les feules perfonnes qui entreprennent
l ’opération de Y acupuncture. Les gens
du peuple la pratiqneut fouvent eux-mêmes; fans
avoir d’autre guide que l ’expérience , & fans prendre
d’autres précautions que celles que limitation
& la routine leur ont vaguement tranfmifes.
Ainfi donc l ’art d.e Y acupuncture & celui d’appliquer
le moxa, affociés enfemble parmi les nations
orientales , & pratiqués par une foule im-
menfe d’empiriques , repréfentent, jufqu’à un certain
point , la forme que la Médecine a prife en
Europe depuis le partage qui en a été fait en
plufieurs branches différentes.
En général,, on pratique Y acupuncture aux mêmes
endroits ( 1) que ceux fur lefquels on a coutume
de brûler le moxa, & pour les- mêmes maladies.
( Voye\ le mot Adustion.)
C’eft dans l’épigaftre que les peuples du Japon
plongent l ’aiguille pour fe guérir du fe n k i, ou
de cette efpèce de colique convnlfive que Kæmpfer
dit être endémique dans cet ' empire : ils
font, dans cet endroit , neuf pondions rangées
fur trois lignes, & formant enfemble un parallélogramme
: on a foin de laiffer, au moins
dans l’adulte , deux travers de doigts de diftance
no(i1ff)a nNcoeu sd étianivlliéteo ndse sc eupxar tiqeus i ddué lciroerrposn tf uarv oleirf quuenlele sc olne-s omreienntt aleu xm porxaati,q àu ejentte Yr alecsu pyuenucxt ufruer, l&es ffuigr ulreefsq uqeul’leosn iltsr oaullvue
dans les ouvrages de Kæmpfer, de Ten-Rhyne , ou même
dMa,n sD luej arpdrienm,ier volume de l’hiftoirç de la Chirurgie , par /