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fois obligé de pratiquer deux faignée's , ce qui n’arrive
que quand le fujet eft très-fanguin : dans ce
cas on ouvre une veine du bras dès que lès premières
douleurs fe manifeftent ; & quand elles font
devenues violentes , fi le pouls paroît encore trop
plein , on fait une fécondé faignée.
Les avantages de cette méthode font fenfibles :
par la première faignée pratiquée long - temps
( comme dix-huit, vingt-quatre , ou trente heures )
avant Y accouchement, on défemplic les vaiffeaux
ceux de la matrice fe refferrent pendant lès contractions
de ce vifcère. Comme ils avoient été dif-
tendus pendant toute la groffeffe , leur élafticité
étoit en partie détruite : mais leur irritabilité, fuf-
citée par celle du corps de l ’utérus , fait rappro-
çher leurs parois, & ils ont enfuite plus de facilité
à fe contracter après la fortie du foetus. Cet effet
eft d’autant plus remarquable , que la faignée a /
été pratiquée plus long - temps avant la fin du
travail, autrement ils relient encore atones au moment
de 1’accouchement , & l’hémorragie , qui
fuccède , épuife la femme en couches. 11 fuit de
çes obfervations que l ’utilité de la faignée fe me-
fure fur la facilité avec laquelle les vaiffeaux fe
contractent, & fur l ’efpèce de pléthore qui exif
toit avant cette opération. Le commencement de
contraction dont je parle procure encore l ’avantage
fuivant ; une réfiftance à l ’abord des fluides qui tendent
a s’évacuer par les vaiffeaux ouverts. On conçoit
cette détermination, en refléchiffant que les l i quides
qui furchargeoient tous les vifcères pendant
la geftation , font poufîés vers le bas-ventre;
après Y accouchement , le vide immenfe qui s’eft
fait dans l’abdomen facilite leur abord ; l ’excès de
force que les vaiffeaux des vifcères ont conferve
pendant que. ceux de la matrice font devenus moins
réfiftans, font les deux caufes qui chaffent le fang
dans cette derniere partie. Or fi elle n’avoit pas
acquis une fermeté qui la rendît capable de réfifter
4 l ’abord de ces liquides étrangers, l’hémorrhagie
feroit confidérable.
Cette doClrine eft fur-tout applicable aux per-
fonnes qui ont la fibre lâche & peu élaftique , aux
fujets élevés dans la molleffe, & qui n’ont point
été exercés par des travaux long-temps continués :
telles font les femmes des grandes cites, & fur-tout
celles qui ont le fang âcre & diffout, une difpo-
fition fcorbutique, & particulièrement encore celles
qui ont éprouvé des chagrins prolongés ; car les
grandes affrétions de l’ame augmentent encore
l ’atonie. Je parlerai plus en détail de cet inconvénient
quand je traiterai de Yinertie de la matrice.
On fe tromperoit , fi on penfoit que les réflexions
qu’on a lues fur la faignée bornoient leur
(Utilité à prévenir les accidens qui réfultent des douleurs
faufles ; on conçoit, par l ’expofé de la méthode
que j’ai indiquée, qu’elle convient parfaitement
dans les acçouchemens de tous fujets plé-
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thoriques , quand même les fymptômes de cette
fonCVion auroient la marche la plus régulière.
Je ne crois pas non plus que, pour fe déterminer
à la faignée, il foit nécelfaire que le fiijet foit
fenfiblement pléthorique; car toutes les fois que
les douleurs ont une certaine durée , la fièvre fe ma-
nifeftè; & dans cette feule fuppofition , l’évacuation
du fang, par la faignée , devient utile , à moins
qu’une perte confidérable ne s’oppofe à ce qu’on
rempliffe cette indication. La raifon en eft, que
l ’âétion des fluides, accéléréejpar la fièvre, les
raréfie & leur fait occuper un efpace plus confî-
dérable; il exifte donc alors une pléthore relativement
aux vaiffeaux (c’eft le langage des praticiens
) , pléthore fauffe fi l ’on veut , mais qui
feroit fuivie d’accidèns aufli redoutables que la
véritable , fi on n’avoit pas foin de. les prévenir.
Les fauffes douleurs qui ont pour origine les
affeCtions de l’ame , exigent des foins particuliers ;
iis confiftent moins dans les moyens phyfiques qui
tendroient à rappeler les douleurs véritables, que
dans une certaine adreffe à calmer les émotions
de l ’efprit. En effet, tant que le trouble dure les
contractions de l’utérus font irrégulières, & Y accouchement
ne fe termine point. Le premier objet
qu’on doit fe propofer eft donc d’éloigner de la
penfée tout fentiment d’inquiétude ou de crainte,
& de faire fuccéder à cette agitation morale la
tranquillité néceflaire au libre exercice des fonctions.
Quand on a rempli cette indication, l ’état
de la malade change, & l’orifice de la matrice ,
qui reftoit contracté, s'ouvre enfuite avec facilité ,
pourvu que le défordre des facultés intellectuelles
n’ait pas été trop prolongé ; car dans ce dernier
cas l ’irritation de l ’utérus fe perpétue par e lle -
même , & les accoucheurs font forcés a recourir à
des manoeuvres violentes.
Ces confédérations font applicables aux femmes
dont les nerfs font très-mobiles, & que les plus légères
douleurs affeCtent violemment. Le fpafme s’empare
de la matrice , & fon orifice refte contracté, i l en
eft de même des hiftériques : chez ces dernières,
le trouble devient univerfel, & l ’utérus tombe dans
une forte d’inertie qui fait ceffer fes contractions.
Pendant cet é ta t , les accidens fe multiplient, la
perte s’accroît, & les femmes périffent, â moins
qu’on n’accélère Y accouchement. J’en ai connu qu’on
a été contraint d’accoucher avec le forceps, après
avoir dilaté par force l ’orifice de la matrice , parce
que l ’enfant n’étoit point chaffé par le vifcère dans
lequel i l étoic renfermé. On juge facilement que
cette méthode entraîne avec elle des dangers : on
en aura le détail dans l’hiftoire chirurgicale des
accouchemens , hiftoire qui n’eft pas l ’objet de
mon travail, & qu’on peut lire dans les articles de
chirurgie.
Dans les cas que je viens d’expofer , il y a deux
temps â confidérer ; ou le. fpafme eft nouveau , ou
il a eu une certaine durée 2 & il fe manifefte avec
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ou fans perte confidérable, quelle qu’ait été la per-
févérance de cette irritation. Si la perte menace
les jours de la malade, on ne doit pas héfiter à
terminer Y accouchement, même avec violence, fi
les accidens l ’exigent. Mais i l s’en faut bien que
cette marche doive toujours être fuivie ; fi elle
eft devenue néceflaire dans un grand nombre de
circônftances , c’eft qu’on n’avoit pas eflayé de calmer
Imitation de l ’utérus, dont on attendoit la çef-
fation de la, nature même.
Dans le cas où le fpafme ne feroit pas accompagné
d’une perte fenfible , on emploiera pour,le
faire ceffer les médicamens internes & externes ;
les premiers font la liqueur minérale anodine
d’Hoffmann , l’éther vitriolique , les préparations
d’opium , le firop de diacode , l ’eau à la glace , &c.
Les moyens externes font les bains , les applica-
eations émollientes , les injections de la même
forte , & celles qui font compofées de la décoction
des plantes narcotiques. On fera fans doute
étonné de trouver ici un pareil précepte , parce
que les praticiens craintifs, qui ne fe conduifent
que d’après l ’ufage, croiront que les injeétions
affoupiflantes feront ceffer les contractions de l ’utérus.
Examinons avec eux quel eft le but de ces
injeétions & l ’effet qu’on doit en attendre. L ’indication
eft de déterminer la dilatation de l’orifice :
mais on n’y parviendra qu’en faifanr ceffer l ’irritation
qui le tient contracté. Or les injeCtions narcotiques
, appliquées immédiatement fur cet organe
, diminueront beaucoup fon iritabilité ; par
conféquent il n’oppofera plus une fi grande réfif-
tance aux efforts de l ’utérus ; il s’ouvrira donc plus
aifément , & Y accouchement fera plus facile. On ne
doit pas craindre que la liqueur des injeCtions porte
fon effet jufques fur le corps de la matrice,parce qu'elle
n’eft en contaCt qu’avec fon orifice & une portion
de la circonférence voifine. Or c’eft précifément
ces parties qui s’oppofent â la fortie du foetus par
leur refferrement ; donc, en faifant ceffer leur contraction
trop violente & trop prolongée , on augmentera
les forces relatives de la matrice, par la
diminution de la réfiitance de ces parties.
Comme les accidens qui exigent les fecours que
j’ai indiqués ont pour l ’ordinaire une marche allez
lente , on a le temps de faire les injeCtions &
de baigner les femmes : mais comme on ne peut
pas meconnoître la Conftitution de celles qui font
plus aifément attaquées des fymptômes que j’ai décrits
, il eft indifpenfable de faire les préparatifs
convenables pour remplir le but que j’ai propofé.
• Quand on voudra accoucher des femmes très-irritables
, des femmes hiftériques , & c ., on fera préparer
des bains & des injeCtions émollientes & narcotiques
; il fera rare que ces fecours relient fans
emploi. Je dirai plus ; je crois qu’il feroit toujours
avantageux d’en faire ufage avant la naiffance des
accidens auxquels ils conviennent, parce qu’ils facilitent
1 accouchement ’dans tous les cas, Sc qu’ils
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préviennent les fymptômes alarmafts qui dépendent
de l ’excès de mobilité du fyftême nerveux.
Parmi les précautions qui font généralement recommandées
par les accoucheurs au moment des
premières douleurs, on comprend les lavemens émoi-
liens. Ils font néceffaires pour débarraffer les gros
inteftins des matières fécales , & fur-tout le reCtum,
dont le volume , augmenté par la préfence des
excrémeias , gêneroit la fortie du foetus. Mais ils font
( les lavemens ) indifpenfabies quand des matières
âcres féjournent dans les inteftins , dans les diarrhées
nouvelles pu anciennes, les coliques , le ténefme ,
la conftipation , &c. On les rend plus laxatifs,
quand la circonftance l ’exige , par l’addition des
huiles douces, mêlées aux décoctions émollientes-:
on fait en forte que les gros inteftins foient parfaitement
dégagés des matières qu’ils contenoient,
quand les douleurs fe rapprochent & annoncent la
terminaifon du travail.
Puifque Y accouchement eft accompagné d’une
grande irritation , on ne doit pas s’étonner que les
envies d’uriner foient fréquentes ; ce fymptôme eft
habituel à prèfque toutes les affrétions qui marchent
avec un grand trouble. D’ailleurs la comprefîîon de
la veflie , irritée à fon tour , rend cet organe plus
fenfible au çontaét de l ’urine ; ce qui le détermine
â l’évacuer plus fouvent. Cependant le canal de
l ’urètre, anéanti par la preflîon que le foetus exerce
fur lu i , ne peut pas donner paflage au liquide contenu
dans la veflie ; celle-ci fe gonfle , devient
douloureufe : de là la naiffance des fauffes douleurs
de la matrice. Le gonflement exceflif de la veflie
occafîonne des hoquets , des vomiffemens fimpa-
thiques , & des convulfions , accidens qui rendent la
marche de Y accouchement longue , périlleufe , &
quelquefois impoflîble.
Pour éviter tant de maux , on fondera les femmes
dans les premières douleurs, fi l ’urine s’eft amaffée
dans la veflie. Si l ’on attendoit, pour y procéder,
que la tête du foetus , engagée dans le petit baflin,
reliât trop fixement en place, i l feroit impoflîble
d’introduire la fonde. L à circonftance doit diriger
l ’ufage de cet infiniment ; mais il eft effentiel de
ne pas laiffer la veflie trop diftendue. Si l ’urine
l ’avoit remplie de manière à la fatiguer par fa
préfence ; & que le foetus ne fût pas engagé trop
fixement dans le petit baflin, on dégageroit le canal
de l’urètre en repouffarit doucement le foetus dans
la cavité du bas-ventre , & faifant coucher la malade
fur le dos : par cette précaution , l ’urine auroit
la facilité de s’écouler. Si cette manoeuvre, ainfi
que l ’introduétion de la fonde , devient impofli-
b le , & que les accidens foient graves, il ne refte
pas d’autre parti à prendre que d’accélérer l ’Accouchement,
Quand une femme qui eft fur le point d’accoucher
porte encore des engorgemens au col de l ’utérus
, & que ces tumeurs mettent obftacle à la
dilatation de cet organe , on prefçrira des injeétions
émollientes dans les derniers jours de la groffeffe ;