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monter & défendre fenliblement leuts thermomètres
depuis plus de 5 degrés au deffous du terme
de la congélation , jufijua plus de_i8 degrés au
deflus de ce même terme ; ils ont ainlî rencontré fuc-
ceifoement fur une montagne , en quelques heures,
différens climats. Oa refient le plus grand froid au
fommet de ces montagnes, parce quelles font extraordinairement
hautes ; & au contraire on éprouve
au pied le plus grand chaud, parce quelles font
fous la Zone torride.
I l fait plus "chaud dans les plaines que fur les
hauteurs, parce que l ’air eft condenfé à proportion
du poids dont 11 eft chargé ; or l’air inférieur de la
plaine étant plus denfe par' le poids de l’air fupérieur
, i l reçoit plus d’impreffion des rayons du
fo le il, & en retient plus de. chaleur, par la raifon
que" les' corps qui font plus compatis ayant plus
de matière , cpnfervent plus de chaleur, de même
qu’ils confervènt plus de mouvement; au lieu que
Voir fupérieur des hauteurs reçoit & retient d’autant
moins de la chaleur du fo le il, qu’il eft plus
rare, par la liberté qu’il a de s’étendre, n’étant point,
ou n étant que peu chargé. ^
La partie Gipérieure de l ’atrabfphère.eft à la vérité
plus près du foieil que ne l ’eft la partie infé-
rîeuré; mais cette différence eft extrêmement petite
par rapport à la diftance Jmmenfe du foleil à la
terre ; de forte que cette petite proximité de l’air
des hauteurs fait moins à la chaleur, que né fait
la denfité de l ’air des plaines
D ailleurs l ’air inférièur eft mêlé avec des parties
étrangères' qui émanent de la terre ; ces parties, concentrent
& léüéchiffent les rayons du fo le il, & font
des efpèccs de petits miroirs ardeus. L a terre elle-
même , & les corps qui font deifus, réfléchifient
les rayons du foleil dans l ’air qui en eiï 3 portée.
L’air échauffé pendant le jour par le fo le il, fe refroidit
lotfque cet aftre eft couché, parce que la
caufe cefiant d’agir, l ’effet n’eft plus entretenu , il
s’affoiblit ; outrecebçl’nir fupérieur, qui eft toujours
plus ou moins froid, refroidit peu à peu celui qui eft
au deffous & qui communique enfuite la froideur à
celui qui eft plus proche de la terre , lequel étant
devenu froid lui - même , diminue aufli peu à peu
la chaleur de la terre & de tout ce qui en dépend.
Lorfque l ’a i r , de chaud qu’i l étoit, devient froid
fout à coup, comme i l arrive quelquefois dans le
climat de Paris, fur-tout dans les mois de juin &
de ju ille t, cet effet eft produit pat. des vents qui
chaffent l ’air chaud, & qui y fubftitueot un air froid
qu’ils apportent des climats froids, ou bien les
vènts produifent ces changemens en rabattant l ’air
fupérieur contre la terre , & reftoidiffant par ce
moyen l ’air inférieur qu’ils, déplacent ; de forte que
la différente température de l’air pur rapport au
chaud Sl au froid, varie, non feulement félon la différente
pofftion du pays par rapport au fo le il, mais
aufli félon la differeote élévation du terrain dans
Y air, & félon les vents , dont je parlerai plus particulièrement
dans l ’article fuivant.
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Toutes ces confidérations font voir que l ’influence
du chaud & du froid fur nos corps varie félon les
pays plus ou moins élevés qü’on habite ; mais on
peut dire en général que les pays élevés font toujours
les plus-feins ( i ) ; car outre que -Yair y eft
moins humide , & par çonféquent plus falubre , on
y a moins à craindre ces excès de chaleur étouffante
qu’on éprouve quelquefois dans les plaines,
& il eft certain que les excès de chaleur occafionnent
bien plus de maladies que les excès du froid ; car
on a toujours remarque que le nombre des, maladies
étoit moindre dans les années froides que
dans les années chaudes ; c’eft fur-tout le paffage
fubit de l ’une à l’autre température qui eft dangereux
; ces grandes variations produifent ordinairement
des rhumes , des fluxions de poitrine, des pleu-
ré-fiés , des péripneumonies, des fièvres putrides
vermineufes malignes.
A r t i c l e q u a t r i è m e .
Effets des vents ( z ) .
Les vents doivent être mis au nombre des principales
caufes des maladies épidémiques, puifqu’ils
contribuent, le plus fouvent à faire varier la conf-
titution de Y a ir , & qu’ils tiennent même de fa
nature. Ecreffet, le vent eft une partie de l ’atmof-
phère mife en mouvement fuivant une dire&ion particulière',
de forte qu’on peut dire que les vents font
dans l ’atmofphère, ce que font les courans dans la
mer. Ces vents généraux , qui font conftans ou qui
ont des retours réglés & périodiques, font de grands
çourans à’air s tel eft le vent qui fouffle conftam-
ment d’orient en occident fous la Zone torride.
$i l ’air a beaucoup .d’a&ion fur les corps, .comme
on n’en peut douter après ce que j’ai dit plus haut,
le vent en doit avoir encore davantage a plufieurs
égards , puifque c’eft un air qui a plus d’a&ivité
par le mouvement qui lui eft imprimé. Le vent
eft une efpèce de douche d’air : comme la douche
qui fe fait par la chute de l’eau fur une partie dn
corps a plus d’effet que le bain fimple, le vent a
aufli plus d’effet que n’en a Y air dans fon état ordinaire^
La qualité naturelle du vent eft de rafraîchir,
(1) M. le Tenneur, ci-deyant médecin à Saint-Denis,
& demeurant aujourd’hui à Paris , a Soutenu cette année
( 1773 ) , dans une *bèfe, que les pays fitués fur les lieux
çlévés & fur les coljines éteient moins faims que ceux qui
font fitués .dans les plaines.: Magis amçena quhm falubrls
in montium clivis hàbitatio. Tel eft Ifobjet & la conclusion
de fa thèfe i il attaque en particulier le le jour de
Montmorenci & de fa vallée. On peut voir dans le journal
des favans, .juillet 1773, pag. 487 de l ’ éd. in-4.1 une lettre
dans laquelle j’ai répondu ,à cette thèfe.
(2 ) Mém. de l’acad. des fciences, année 17J2 , page n 7.
Diaionnaire d’Hiftoire Naturelle de M. Vahnont de
Bomaire , tom, fi, paß. }$+•
snême
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de refroidir, & c’eft une pales des maladies qu’il occafiondnees. cIalu fterso upbrlien clia
tranfpiration par fa froideur, en feififlant la peau & refermant fes pores ouverts par un air plus chaud ; cd’eesf t fpluoxuiroqnuso, i &le sd evs ernhtsu mfraotiidfms ecsa uqfueni t fodnest rlheu mpleuss, fouLvee ntv eonctc aefïxocninteé s fpuarr lelas tcroanrpfsp i^rfaetsi onc haarnrgêetémee. ns * ftruaboirtdsi, neanir el e; so nfr afapipt aqnute alveesc c huanneg epmroemnsp tfiutubdites foexnt
tterèms-pcso netfrta ilrae sc aàu flea dfee nptér.e fLquee chtoauntgeesm leens t mfuablaitd ideus qquuii fdaéitp eqnud’eiln ty dae pllu’isn tdeem pméarliaed idees dYaanisr l;e sc ’ecfht acne
gdee mteemnsp sd. eL efe imlooniss d&e Mà alras , fuqiutie edfet sl ec hpaanffgaegme e-ndes ld’ehsi vmera uaxu efptr ipnltuems pgsra enfdt .aufli celui où le nombre
Le froid eft en général moins naturel aux animaux
, & même à tous les corps organifés, que le
chaud. Le froid eft principalement cdntraire à la
poitrine ; c’eft pourquoi le vent de nord, qui eft
ïe plus froid de tous les vents , nuit fur-tout a cette
partie du corps ; i l produit aufli des fluxions , des
toux, des douleurs de côté, & des friflons. louAin Tdéigt aradv odiru ovbefnetr vdéu qfuud’i l ouét odiut pmréidjui d, icMia.b lMe aà- ldaa ntsê tele &te amupxs noerùf s c; el av erenft pfiorautfiïolen, nl’eesf t vpaiafsf efai ulixb rfee gloonngf-lteenmt,plas t,r aonnf pifrea tfieonnt efbtf aebntoôntd aancctea;b &lé s’diel rlèagfnlie- qnuideelsq ueexftorêism edse s, nluaa ntcêetse dse’a pvepretfigeen.tit, ôc éprouve
Le vent d’eft, qui defsèche, eft très-contraire aux
atrabilaires, aux mélancoliques, & aux tempéra-
jnens fees. luiL lee sv ^ednift fédr’eonuteesf t faomrteèsn ed e affifèevzr eos rqduiai iraefmfeernetn ta vleecs cleo npftliutus tfioainns &dé lliec aptelus;s ca’mefti cdeepse. npdroandtu ccteilounis qduei elfat tceerlurei , qpuair ceef t qlue’ ilp leufst hduesm qiduea,t r&e vle’hnutsm pidriintéc iepfatu uxn, c&o rfrreocitdi f; pcro’epfrt ep oduur vceenttte, qrauiif odne qfua ’inl aftauirte pelfuts fdeee mfaaitl apuaflri lpal ufésc dhee rmefafel qpuaer lpea frr lo’ihdu mquied itpéa ,r cloem cmhaeu dil. êAtirnef i p,l ulse nvueinfitb ldee qnuoer dle, cvoemntm dee jef uld’;a i &d liet., vdeonitt dv’oerfatb, lep ludes qtouues l ele sv evnetn dts’o , uceoftm, mqeu i leef tv eleu tp dleu sn ofard
eft Leeus gvéenntésr aal plpeo rptleunst cdoanntsr alierse . climats tempérés ldeess ipnltuesm cphéaruiedss ;d ecse qcluimi afatsi t pflouusv efnrot idds’a u&ta nct epllleuss deeft mmaoiln, s qaucec ocuetulam eéf.t plus étranger, & qu’on y Souvent aufli les vents amènent avec eux des feoxnhta lfaoifrot r.sf upjertésj udleicsi abvleenst s à dlua fmenidtéi ,; cp’aerfct eà qquu’iolsi | M éd e c in e * Tom. I.
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viennent ordinairement de l ’Afrique , qui eft féconde
en animaux venimeux : il y a aufli plus de
pourriture dans cette partie du monde, parce que
la chaleur y eft plus grande.
Le vent emporte au contraire de certains pays
des exhalaifons utiles : d’un air doux , il en fait ainfi
un air v if qui eft contraire à plufieurs tempéraraens ,
fur-tout aux perfonnes qui ont la poitrine fenubie &
sèche. Il eft naturel & utile que Yaireontienné quelques
exhalaifons pures, provenantes des plântes &
d’une terre franche qui ne fait point trop humide; car
il n’y a point d "air qui, rigoureufement parlant, foit
pur ou féparé de toute autre chofe. Uair peut être
eftimé comme pur , fi ce qui eft émané des corps
& de la terre eft naturel & imperceptible en fe répandant
dans l ’atmofphère.
L e même vent qui nuit aux pays où il tranf-
porte des exhalaifons corrompues , eft utile à ceux
qu’il délivre de ces exhalaifons nuifibles qui font
une des caufes des maladies épidémiques , foit que
ces exhalaifons viennent de méphites ( 1 ) , foit
qu’elles fortent de quelques mines, ou qu’elles
s’élèvent de quelques eaux croupiffantes. |
Les vents qui viennent de lo in , changent plus Y air que ne font les vents du^ pays.'Un féul vent
ne peut difliper toutes les exhalaifons qui font dans
l ’atmofphère d’une contrée, il faut pour cela que
plufieurs vents y foufflent en tout fens. Jamais Y air n’eft plus pur qu’après une tempête. I l n’y a per-
fonne qui n’ait obfervé qu’on entend & qu’on voit
mieux & de plus loin les objets du dehors immédiatement
après les ouragans, ce qui ne vient pas
de ce que le ciel foit moins couyett, mais de ce
ciue l’atmofphère eft moins remplie de corpufcules
qui font les parties des exhalaifons qui diminuent
imperceptiblement l ’a6tipn de la vue pon aperçoit
même ces exhalaifons avec de bonnes lunettes d’approche.
Les yeux voient mieux les objets après les
ouragans, comme les télé feopes ont, dans un air
pur, plus d’effet que dans un air groflîer.
Tout fe corrompt & a befoin d'être renouvelé; Y air qui croupiroit fans être changé, fe gâteroit;
c’eft pourquoi ceux '-qui habitent les plaines , où Yair eft 'moins en mouvement , font moins feins
que ceux qui habitent des lieux élevés, où Yair eft
communément plus pur, parce qu’ils font plus ex-
pofés aux vents.
Une atmofphère d'air chargée de la tranfpiration
des animaux & des autres corps, deviendroit
mal-faine & même peftilentielle , fi elle n’ étoit
renouvelée ; c’eft cet état de l ’armofphère qui eft
le to ?>îîov des maladies épidémiques , & qui contribue,
dans certaines années, à la peftilence des fiè-
| vres malignes , des petites véroles, & des mala-
■ dies de venin. C ’eft pourquoi on a obfervé que
( 1 ) On appelle méphites, les vapeurs dangereufes qui
s’élèvent fouvent, fur-tout en été, des raines Sc des carrières
qu’on exploite.
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