
tut e , fuivant la remarque de Galien. Ce bulbe , au'
contraire , quand il a été dépouillé par deux décodions
de Ton amertume & de Ton âcreté, nourrit
beaucoup, & même augmente, à ce qu’il dit, la
fecrétion de la femence. La plante dont il-eft là
racine eft une de celles qui fourniflent les af-
perges.
Enfin nous remarquerons , d’après Hippocrate &
Galien, que toutes les racines âcres , foit de la clalfe
des farineufes dont nous venons de parler , foit de
celle des oignons & des aulx, qui contiennent d’ailleurs
peu de fubftance nutritive , & feulement un
mucilage fort tenu & fucré dans, quelques efpèces ,
perdent toute leur âcreté, & deviennent douces
par la décodion dans l ’eau.
D u miel & de la, manne.
, Le miel étoit pour les anciens ce qu’eft pour nous
le fucre, un aflaifonnnement & un aliment. Cependant
Hippocrate en parle fur-tout comme entrant dans
la préparation de différens autres alimens. Il le
confidère dans deux états : pur » c’eft-à-dire , fans
mélange (axp«Tov). A cet état, il oppofe fon mélaftge
avec l ’eau (fuv vèari), c’eft ce qu’il appelle autre part
fxtAi +l-a axpHTov. Ainfi axptiTov, pur, eft pris pour le
mielfdans le même fens quejpour le vin. Hippocrate
remarque que le miel p u r , loin de lâcher le ventre,
le te {Terre (7r«s-t), fouvent échauffe & sèche ( Çrpôv kj
â'îp/AQ*, mais qu’au contraire mêlé 'dans l ’eau , il
relâche & humede, vypaim kj «T/cc^oepUu Ce font des
remarques que nous faifons de même ,. & qui-dépendent
de ce' qu<2 les matières fucrées étant concentrées
, deviennent âcres Sc échauffent, & par cpn-
féquent reffeirent.
Les anciens connoiffoiënt auffi fous le nom de
' miel ce que nous nommons du nom de manne. Hippocrate
parle -dans le livre des ulcères ,. de là
manne du cèdre ou du mélèze , fous le nom de
pl\i Kîjfpiyov, & Galien dit qu’on la recueilloit
au mont Liban, en fecouant les arbres., & en en-
recevant le miel fur des peaux étendues à terre.
Ils donnoient auffi à ce miel le- nom de <Tpo<rfyt.« A / ,
«tpo/*£A<, me/ rofcidum , mel aérium ; miel de
rojée, miel.aérien. Galien la met au nombre des
alimens qui lâchent le ventre.
D u vin & du fue des raijins.
Le vin eft mis également par Hippocrate & par
Galien au nombre des alimens. Si tout ce qui
nourrit ejl aliment, dit Galien, le vin eft un-
aliment. Hippocrate, dans le fécond livre de dietâ,
diftingue les vins, i° . pour leur couleur en vins
■ noirs ou colorés (y.t Aaiti) , & en vins blancs- ou.moins
colorés (Aevxoi). Ici noir fignifie une couleur rouge
plus ou moins foncée 3 à l ’égard de blanc, il pa-
T o î t qu’Hippocrate comprend fous cette dénomination
tous les vins qui ne font point rouges 3 peut
être ne connoifloit-il pas ce que nous appelons vins
blancs. Pour Galien, il diftingue évidemment les*
vins blancs des vins jaunes. i° . Pour la fubftance ,,
Hippocrates diftinguoit les vins épais qui ont du
corps (jaxîa) > des vins légers (Aé-ZU.). 3°’. Pour l’ odeur,
les .vins parfumés (o^on-esy, des vins f in s odeur
(«yo3-/*o/). Indépendamment de ce que certaines vignes-
ont une odeur qui leur eft propre , comme le
mufeat, & c ., les anciens parfumoient leurs vins,,
y mêloient des fleurs 3 d’où vient i ’expreffion de
a.j%nas oivo.ÿ, dfrovMos olm , vin parfumé de. fleurs*
4°. Pour la faveur , Hippocrate diftingue les-
vins en vins äußeres ( aûç'yipoi.) | vins doux ou fu -
crés (yAvxtfrs) , vins foibles [u.a.\a.yf\ ),. vins acidulés
(Iç/vaiof). 50. Enfin i l diftingue des vins faits , les
vins nouveaux (ys <»■ ).. 6°. Quant à leurs propriétés v
les vins font en général , fuivant Hippocrate ,.
chauds & fecs (|*pov kj â'£pjM»vJ.' Ceux qui réunifient
ces qualités au plus haut degré, font ceux
qui font noirs ou fo r t colorés & auflères (^sAav«
av£«pot) 3 ils fufpéndent toutes les évacuations , tandis-
que ceux qui font äußeres-, mais blancs (Atuxol
auViipot), portent aux urines. Mais parmi les noirs ,,
les vin.s font d’autant moins fecs qu’ils s’éloignent
davantage de la qualité auftère. Tels font les vins
foibles (1w.aAa%oij, Sc les doux (yAv^Us)^ qui refferrent
moins & lui me été nt davantage, c’eft-à-dire, s’op-
pofent moins aux évacuations de tous les genres»
Mais auffi comme ils font moins toniques, que
les foibles le font très-peu , & que les vins doux:
ou- fucrés contiennent beaucoup de fubftance fer-
mentefcible , ils ont une autre qualité , qui eft de
donner des- vents qui diftendent & gonflent (cçvo-iïb-f
Les vins acidulés rafraîchiffem-{§vxw<fi).\tzs vins-
nouveaux portent aux feiles plus que tous les autres
, parce, qu’ ils fe rapprochent davantage' du
moût [fér 1 lyfyvTtpa TQtt.ytevx.ios e/ViJ. A l ’égard de la
propriété nutritive des vins, ceux qui nourriffent
Le plus (yttaAAoy rpirôpj/Ao/)font auffi les vins nouveaux»
Les vins odorans nourriffent auffi plus que les vins
fans odeur à égale ancienneté , parce q u ils fe digèrent
mieux ( èiorr evvi'jîis'tpotÿ 3 lès vins qui ont
du corps nourriffent auffi davantage que les vins-
légers, & ceux-ci au contraire exténuent, dit Hippocrate
, & délayent le fang-, ainfi que’ les vins-
acidulés ( <<r;£vç/vouo-/-, ai/joa e?3>êïK noilovcrf , & de plus
les vins qui font à la fois légers & doux .( te7r%l
kj yXvvJiis') y portent aux feiles.
Telles font les principales divifions dès vins, auxquelles
on ponrroit ajouter leurs différentes préparations
& les mélanges qu’on leur faifoit fubir
foit en les parfumant, fort en les fucrant avec du
.miel j foit en leur mêlant de Veau de-mer ( oms
SrccAccrlns, oîyoï rt%aÀonrà-o/^e'vof) avant ou api es la fermentation
, pour les conferver qu^nd ils avoient
peu de force 3 foit en les pajfam où les collant à
travers des chauffes ( olvoi <f'iuxtofÀ‘tytl ) > ce qui leur ôtoit
du corps.
Les anciens faifoient auffi des vins avec des rai-
fins cuits au.foleil, ce que nous .nommons vins de
paille ( dm r«<p/<r»r Aevxoi J 3 ils faifoient des vins
cuits ou évaporés, ou faits avec le moût évaporé
£0 voi <r<pajo/). Enfin ils avoient des vins qu’ils appe-
ioient féconds vins ( èovripoi oim, vina jecundaria) ,
& qui probablement étoient de l ’eau paflée fur
le marc fermenté, ce que nous nommons piquette.
ü ’eft à ce vin qu’Hippocrate compare les excrétions
qui ont lieu dans certaines; maladies- noires
( iib. 11. de morbïs ) ; iis faifoient auffi des
vins avec des fruits autres que le rai’fin , comme
les figues & les dattes ( oïvos a-uxirns, <ço/.Wthî). Mais
ces détails feront mieux placés à l ’article particulie
r 'V i n .
Les* autres préparations faites avec le fuc des
railîns étoient le moût (yAivxos j , ç^i gonfle (cçv<ra),
rend le ventre libre ( vmàyu \ 7 y caufe meme des
tourmens (.sV-rapas-a-t-ray ), & donne des évacuations
(cT/a%(Bpe£./’J. Les tourmens 'q iiil occajïonne dans le
ventre viennent de ce qu’ il y fermente
£fey év xoiaU). Ce moût évaporé plus ou moins,
au tiers ou à moitié’ donnoit une liqueur plus
épaiffe & plus nourriffante , qu’on àppeloit i-\v,y.u,
<r/pa/ov, yAvxv , fa p a , defrutum. Nous n’avons point
de mot François qui y réponde. Cette préparation
dpnt Hippocrate dit qu’elle éehaufroir, parce qu’eilè
tenait de la nature du vin fôippa.l'iu q,t i oîvwJ'tf j , lâ -
choit auffi le ventre comme le moût 3 mais comme
elle éloit cuite, elle ne caufoit point de tourmens,
ni de 'coliques, ni de vents, 6c ne purgeoit pas
comme le moût. Hippocrate en difoit feulement
vTrciyu, fubducit, éïle rend le ventre libre. Hippocrate
s’occupe auffi des réfidus du vin , fans doute
avant que le prefîoir en ait exprimé tout le fuc. H
les appelle ai rftyes vt^vAWièis, Sc remarque que
cette efpèce de marc humide ope. peut-être onéten-
doit dans l ’eau , & qui fans doute étoit mêlé de
la partie la plus épaiffe du fuc des raifins, rendoit
aatli le ventre libre , & caufoit des vents -comme
le moût lui-même ( èéri to yAiVxos TO avro mollit ) 3 il
n’avoit point éprouvé l ’action du Feu comme le moût
évaporé.
Voilà tout ce qu’PIippocrate dît du vin & du
Fuc des raifins. Si nous nous fommes arrêtés Fur
cette matière plus que Fur les autres , c’eft parce
qu’Hippocrate lui-même lui a donné .plus de foin
& d’attention , parce, qu’en effet le vin eft avec
le'pain la bafe la plus univerfell-e de la nourriture
des hommes , & de leur régime dans l’état de fanté.
De s ctlimens animaux. ■
Paffoiïs aux animaux. Hippocrate les diftingue
feulement en quadrupèdes , oifeaux , poiffons. Il
parle confufément des quadrupèdes j divife les oifeaux
en deux • claffes, dont la fécondé eft celle
des oifeaux aquatiques 3 les poiffons en poiffons
tdè mer, de rivière, & d’étangs, en polypes & en
coquillages. .
• Néanmoins dans le détail qu’il donne fur cette
matière, on voit les élémens des claffifications les
mieux vues d'après L’obferva-tion.
A L I
De s quadrupèdes*
Et premièrement quant aux quadrupèdes, on y
trouve cette belle comparai fon entre les animaux
exercés & ceux qui ne le font pas, entre les animaux
faüvages & domeftiques, & félon la nature
& l ’abondance de leurs alimens Sc de leurs beif-
fons , la quantité de leur fang , leur âge , leur fexe f
leur intégrité, ou leur mutilation, enfin leur couleur
extérieure, & l’ état de leur^poil, regardés
comme indices de leur tempérament Sc de leur
conftitution. f Voyt\ Vexplication du mot %*pàs )*
Ces diftinélions, il eft'vrai, ne répondent qu’à deux
qualités par -lefquelles Hippocrate partage les
alimens animaux en deux bandes , & qu’il défigne
par les mots de fe c Sc & humide ( &$v % vypo'v )*
Mais nous avons déjà expliqué ce qu’on devoit
entendre par ces mots, Sc à quels effets phyfîques'
ils répondent. Enfuite quant aux chairs des différens
endroits de l ’animal , Hippocrate diftingue
celles qui font plus fatiguées par les mouvemens *
& celles fur lefquelles les animaux repofent, de
celles, qui font moins exercées & moins froiffées
celles qui font au dehors, de celles qui font à
l ’intérieur du corps 3 celles qui font plus pénétrées
de fang, Sc celles qui le font moins. Ces o’b’fer- ~
vations. répondent aux propiiétés qui font que les
alimens fournis par ces parties , ou offrent plus de'
réfiftance aux. efforts de la digeftioa ( i<rxvp*T(fa) >0u-
font plus légers & plus ailes à digérer (xoi/^/rfpa)»
.Cette dernière obfervation- de la quantité de
fang"-dont les chairs font pénétrées lui fert auffi
de bafe pour caraéeérifer les principales différences
qui diftinguent la chair des différens animaux. Cas?
il 'diftingue entre eux ceux dont les chairs très-
pénétrées de fang font par cela même fort Colorées ,
de ceux dont les chairs font pâles, parce qu’elles
reçoivent moins de fang. Dans les premiers-, c’eft-
à-dire, dans les animaux à chair colorée , il dif*
tingue ceux dont le fang & le hait font plus lé gers
Sc plus tenus, parce qu’il en déduit fe qualité
de leurs chairs. Dans les animaux à chairs
pâles, il diftingue ceux qui font tels parce qu’ils
font jeunes, de ceux qui confervent cette chair, même
dans leur état adultecomme les porcs, & il ob-
ferve encore une différence entre les animaux jeunes
de cette claffe, & les animaux jeunes de la première»
Les propriétés qui font liées à cette différence de
couleur, font celles de refferrer ou -de lâcher le ventre,
parce qu’en général, fuivant Hippocrate, les
viandes des animaux dont les chairs font pâles,
Toit par leur jeuneffe , foit par leur nature, font
plus ou moins laxatives $ Sc celles des jeunes ani*»
maux, parmi ceux dont la nature eft d’avoir fe
chair pâle comme les porcs, le font encore davantage
, & jde plus font lourdes comme pleines d’uiï
mucilage très-humide. Il eft encore une autre difi-
tinélion entre les animaux adultes à chair colorée,
1 Sc les jeunes animaux de cette claffe 3 c’eft que
, la chair des premiers eft forte & réfiftante, Sc celle
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