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depuis mai jüfqu’en oélobre ils font fu d , & en
juillet, août, feptembre, il y a des calmes qui
durent jufqu’à fix femaines dans les golfes de P ata j
& de Melinde.
3°. Cependant au nord de l’équateur , vers la
même côte d’Ajan, mais dans l ’elpace dans lequel
cette côte correspond au golfe de Bengale jufqu’à
l ’équateur, & dans la direction de cette côte à celle
de Malabar, il règne, d’avril en octobre , un vent
fud-oueji , impétueux , orageux , avec de groffes
nuées & de grofles pluies , & d’oétobre en avril,
i l règne un vent nord-ejl moins violent , accompagné
de beau temps. Il faut ajouter que ceci a
lieu dans la pleine mer, & que ce qui a été dit
avant relativement à la côte d’Ajan, a lieu plus
proche des terres ", & le long des côtes.
4°. Près l’embouchure de la mer Rouge, tout
proche du cap Guardafu f » il règne des vents vio-
iens dans le temps ou régnent les calmes dans la
mer de Melinde , c’eft-à-dire, en juillet, août &
feptembre. L ’air alors eft ferein; mais quand on
s’éloigne de dix à douze milles de ce cap, le vent
devient doux & léger.
5°. Enfin dans la mer Rouge, entre les mois
de. mai & d’oétobre , il fouffle un venf de fud. Ce
vent devient nord dans les mois de feptembre &
d’oélobre ; il eft nord ouejl jufqu’en avril & en mai ,
& alors i l redevient nord, retourne à Y e ft , & finit
par être fud.
Tels font les vents généraux qui environnent
Y Afrique entre les tropiques : mais il en exifte
encore d’autres qui régnent de même entre les tropiques,
qui font fubordonnés aux vents généraux,
& qui font plus fenfibles dans les pays & dans les
temps ou ceux-là foufflent moins fortement : ce font
les vents de terre & de mèr.
Les vents de mer font ceux qui foufflent de la
mer vers la terre : ils foufflent de jour, fe lèvent-
à neuf heures du matin, & font doux d abord; ils
fe renforcent infenfiblement jufqua midi, commencent
à être forts jufqu’à trois heures, decroiflent
jufqu’à cinq ou un peu plus tard. D abord ils font
obliques, enfuite direéls, quand le temps eft ferein
| alors ils font réguliers: mais quand la faifon
eft humide, ils tardent fouvent un jour a s établir
légulièrement.
Ils font plus fortsffurles caps, moins dans les golfes.
Ils régnent autour des îles, & , comme il a déjà
été dit, fur les côtes fituées entre les deux tropiques.
.
Le temps d’intervalle entre le moment où le
vent de mer ceffe, & celui ou le vent de terre
commence, eft un temps de calme.
Les vents de terre fe lèvent à fix heures du
f o i r , durent jufqu à fix> huit, & dix heures du
matin, félon le temps & les côtes.
Dans les îles les vents de terre commencent du
milieu , & foufflent tout autour vers la mer.
Ils s’étendent quelquefois jufqu a trois & quatre
milles en mer; .d’autres fe terminent beaucoup plus
près de terre-
Ceux qnî foufflent les premiers dans l’ efpace de
temps dans lequel ils s’établiffent, font les plus
inconftans & de plus courte durée.
Les vents de terre des caps font plus^ foibles »
& ceux des golfes plus forts j ce qui eft précifé-
ment le contraire de ce qui a été dit fur les vents
de mer.
D’ailleurs comme ils s’élèvent la nuit, & que
la nuit, entre les tropiques, eft longue & communément
froide, ils font plus froids que les vents
de mer qui foufflent le jour ; ils font auffi moins
forts en général.
Enfin le s vents de terre, comme ceux de mer
( j’entends ces vents journaliers ) , font d’autant plus
foibles, que le pays eft plus expofé aux vents
généraux.
Les vents de terre & de mer ne font pas propres
à Y Afrique', ils font communs à toutes les parties
des autres continens fitués entre les tropiques. J ea
ai parlé un peu en détail, parce que çet article
eft le premier dans lequel l ’occafion s’en foit pre-
fentée. Dans les autres articles de topographie,
je renverrai à celui-ci pour beaucoup de généralités.
Mais à l’article général des Vents , leur
enfemble général fera traité d’une autre maniéré ;
& l ’étude de leurs caufes & de leurs- directions
comparée avec ■ les différentes élévations du globe ,
fera fuivie avec plus d’étendue. V oye\ V ehts.
I l me relie à parler de ceux qui font propres,
aux parties de Y Afrique fituées hors des tropiques,
& de ceux qui régnent dans l’intérieur des tetresj
mais ceux-ci, ou dépendent des premiers , & font
déterminés par la forme & la furface des baflïns
dans lefquels ils foufflent, ou font irréguliers, peu
connus, & , quoiquimportans quant à leur influence
fur le corps, ils font peu utiles pour ca-
raétérifer les différences phyfiques des contrées, &
en établir la divifion ; tels font les harmattans,
vents froids & qui deffèchent avec une promptitude
fingulière les corps expofés à leur aélion : tels font
encore les vents qui fortent dit-on , comme par
bouffées du fein des fables, & qui étouffent ou fuf-
foquent les hommes & les animaux; mais j’aurai
occafion d’en parler dans un autre endroit de cet
article. ( Voyer §. X . )
Les vents qui relient à connoître font ceux d’Egypte,
ceux de Barbarie, & ceux de l ’extrémité
méridionale de Y Afr iqu e , vers le cap de Bonne-
Efpérance.
Le haffin d’Egypte ne connoît prefque que deux
ordres de vents ; les vents de fu d & ceux de nord.
Le vent fud-efi fouffle auffi quelquefois ; lés vents
d’ouejl fort rarement. Le vent de nord s’élève
vers le folftice d’été, & , pouffant des nuages vers
i ’Abiffinie , H contribue à l’augmentation des eaux
du N il, dont le premier accroiffement eft cependant
antérieur à l?époque à laquelle ce vent fouffle
continuellement. Ce vent fouffle encore, quoique
moins conftamment, dans le refte de l’année; & en
général ,* la durée totale de ce vent eft d’environ
neuf
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neuf mois. L e vent de fu d commence à s’ établir
dans le mois de mars, c tîft-à-dire, vers l ’équinoxe
du printemps , & dure par intervalles jufqu’au mois
de juin; il ne fouffle pas continuellement, mais feulement
deux ou trois jours de fuite à chaque re-
prife ; il eft rare qu’il fouffle neuf jours de fuite,
8c c’eft un grand malheur , car i l -fufpend les ro-
fées, il augmente la chaleur, élève des nuées -de
fables , fuffoque ; & s’il prend beaucoup de fud-
e f i , fon fouffle eft' encore plus chaud & plus terrible
; il fait monter le thermomètre à trente-trpis
degrés ; & s’il continue , à trente-fix. 11 eft quelquefois
-arrivé que le vent de fu d a foufflé durant
quelques jours après le folftice d’été. Alors interrompant
les'vents du nord qui régnent • dans ce
temps, i l repouffe, les miées qu’ils accumulent vers
l'Abiffinie, & fufpend lé s accroiflemens du Nil.
(Voyez Savary , lettres fu r l’Egypte, tom. I I I ,
pag. i ip , édit, de 1786. Voyez encore Profp.
A lp . de med. Egypt. ; & hiß. natural. Egypt.)
Les intervalles que laifle ce vent de fu d g quand
i l fouffle le plus louvent, c’eft-à-dire , entre l’équinoxe
de mars & le folftice de juin, font- remplis
par des vents feptentrionaux irréguliers ; mais je
parlerai de tout cela plus en détail au paragraphe
X ; on y verra que ce font fur-tout les vents & les
débordemens qui règlent, en Egypte, l ’ordrephy-
fique des faifons, c eft-à-dire , les faifons déterminées
parleurs effets & leur influence. Cet ordre eft,
comme on le veyrra, bien différent de l ’ordre af-
tronomique déterminé par la pofition'du foleil.
Dans le baffin de Barbarie ( Voye\ Shaw. ,
voyages , &e. , obfervations mêlées , chap. 1 ,
pag. z8z , &c. ) , les vents foufflent ordinairement
de la mer, c’eft-à-dire, du nord-oueß & du nord■
■ efi. Les yents Sefi régnent du mois de mai jufqu’au
mois de feptembre ; & vers les équinoxes, on a
le fud-oueji ou africus , vent impétueux, appelé
en mer la-betch. Les vents du fu d , qui viennent
du Sahra , & qui font toujours violens & chauds,
font rares en Barbarie , excepté fur la côte de Trip
oli & de Barca, où ils foufflent affez fouvent ;
dans le refte de la Barbarie , ils foufflent quelquefois
cinq ou fix jours de fuite en-juillet & en août :
alors l ’air eft étouffant, & on eft obligé de jeter
de l ’eau fur les planchers pour rafraîchir les mai-
fons & rendre l ’air fupportable.
Shaw rapporte comme une chofe rare & fur-
prenante, quen 1730 ( 1731 , n. ftyl. ) il furvint,
fur la fin de janvier , un vent du fud qui fur le
champ fit fondre toutes les neiges.
Les vents d’oueft, denord-oueft, &de nord, amènent
le beau temps en été , la pluie en hiver; mais
les vents d’eft & de fud font long - temps fecs ,
même quand ils amènent de gros nuages, & qu’ils
couvrent le temps.
Sur les montagnes de Barbarie , le temps eft
conftamment ferein par le vent d’eft, & les montagnes
font conftamment couvertes dé nuages par
le nord-oueft , fur-tout avant & pendant la pluie.
Mé d e c in e . Tome L
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Mais ce que dit Shaw à ce fujet eft digne de
remarque , que fur les montagnes d’Efpagne &
d’Italie, c’eft préeifément le contraire.
Au réfte, le véritable temps des pluies en Barbarie
eft vers le mois d’avril en priatems, & plus
• encore ; vers' le mois de »feptembre , octobre , &
novembre en automne. C ’eft auffi vers le mois de
novembre qu’i l pleut fur les côtes d Egypte. Il
pleut rarement en été dans la Barbarie. A Alger,
i l ne pleut jamais plus de deux jours de fuite ; &
M. Shaw eftime la quantité de pluie qui y tombe,
année communeVà vingt-fept ou vingt-huit pouces :
mais à Tunis i l a vu pleuvoir jufqu’à quarante
jours de fuite.
L e vent d’eft règne fréquemment fur la côte de
Tunis qui regarde l ’eft. C ’eft à ce vent , & au
nord - eft , que Shaw attribue trois phénomènes
remarquables, dont deux exiftent de même en
Egypte, & pourroient, dans ce dernier royaume,
être attribués au vent de nord. i° . Le lit d’une
rivière confidérable , une des plus fortes de tout le
baffin de Barbarie .( c’eft celle que Shaw appelle
d’abord Sujerafs , enfuice Mejerdah , qu’il regarde
comme le Bagrada fluvius des anciens , &
qui roule un limon fertile femblable à celui du
Nil'). Ce l i t , dis-je, a varié confidérablement vers
l ’embouchure, d’abord du fud au nord, & paroit
maintenant , à caufe d’une digue naturelle qui
l ’arrête de ce côté, varier du nord au fud. a°. Il
fe forme en même temps vers T’embouchure de
cette rivière, comme vers celle d’une quantité
de fleuves £ A fr iq u e , le N i l , le Sénégal , &c,
une barre , c*éft-à-dire , un amoncelé ment de
fables , de cailloux, • & de limon , apportés par le
courant, & repouffés avec les vagues par le vent.
Ces matières s’élèvent & interdirent aux grands
bâtimens l ’entrée du fleuve. 3 0. Enfin , par un effet
affez femblable, toute cette côte du royaume de
Tunis, ou au tnoins une grande partie, ainfi que
M. Savary , après beaucoup d’autres obforvateurs,
l ’a remarqué du Delta ou de la baffe Egypte , s’eft
avancée confidérablement vers la mer par de grands
atterriffemens. La fituation a&uelle des villes anciennes
, fituées autrefois près de la mer , font des
preuves inconteftables de ce fait.
Avant de pafler à l ’autre extrémité de Y A fr ique
, il né faut pas oublier une remarque de M.
Shaw. C’eft que le vent du nord , même lorfqu’il
amène les pluies & les tempêtes , fait monter le
baromètre à trente degrés & deux ou trois dixièmes
; que les vents d’eft & d’oueft n’ont point à
cet égard un effet confiant; que cependant en été
ils foutiennent affez conftamment le mercure à
trente ; que le vent de fud le fait tenir conftamment
à vingt-nëuf trois dixièmes; & que cette hauteur
eft encore affez commune quand il pleut par un
gros vent d’oueft ( 1 ).
(1) Ges hauteurs, qui Coût fenfiblement plus fortes que
O o