
rejettera même ces dernières liibftances, dontlapro^
p ri été abforbante , qui eft la feule utile , eft fort
inférieure à celle de la magné fie du fel d’Épfom,
& fouvent fuivie d’inconveniens que ne préfente
point cette dernière, comme je le démontrerai fort
en détail à fon article.
Il me refte à faire connoître les effets que pro-
duifeht les corps fecs fur les organes de Thorame.
En général, iis fortifient les fibres en attirant les
fluides qui les baignent, & en reflerrant leur tiflu;
ils abforbent les- fluides qu’ils rencontrent dans les
premières voies, où ils agi fient quelquefois comme
toniques. Appliqués furies vaifleaux ouverts', ils
arrêtent les. hémorragies, en formant, avec le fang
qui les pénètre , uhe mafle folide qui bouche l ’ouverture
de ces canaux. Ils nettoient & deffèchent
les exulçérations de la peau , les vieux ulcères,
& on les emploie avec fuçcès dans ces maladies,
lorfqu’on veut modérer l ’écoulement qui les accompagne
, & en changer la nature féreufe. D ’après
ces propriétés , ils ne peuvent que nuire
iorfqu’on les adminiftre a l ’intérieur ., puifqu’ils.
donnent naiflance a une matière épaifie , capable
fie fe durcir & d?obftruer les vaifleaux de tout
genre qui s’ouvrent dans l ’eftomac & les intef-
tins. Une obfervation confiante a prouvé qu’ils
produifent ces mauvais effets chez les enfans, 8c
que leur ufage inconfîdéré entraîne bientôt la perte
d’appétit, les mauvaifes d.igefiions, le refferrement
& l ’empâtement du ventre , les obftrudions des
vifcères contenus dans cette cavité , le marafme,
& la mort même ,. .fi.les,, viélimés de cette mau-
vaife pratique ne font pas fecourues à temps. Leur
ufage doit donc être borné à l ’extérieur, dans quelques
maladies anciennes de la peau & du tiflu cellulaire
, ainfî que dans les flux immodérés dépen-
dans de l’ouverture ou du relâchement des vaif-
féaux qui s’ouvrent â la furface du corps.
D e s médicamens de faveur nauféeufe. Outre
les dix efpèces de faveur que je viens d’examiner
, i l en eft qui réfultent de leur mélange, qui
font plus ou moins compofées , & dont les vertus
participent de chacune de celles qui les conf-
lituent. On obferve affez çonftamment que les
médicamens dont la faveur eft mixte , font capables
de produire des naufées & d’exciter le
vômiflement. Cette propriété n’eft cependant pas la
même pour tous les hommes ; la mâne plaît 4
quelques perfonnes , quoiqué fa faveur fade & dégoûtante
oçcafîonne le vômiflement ou la purgation
chez le plus grand nombre des malades. Je
pourrois faire la même obfervation fur tous les
purgatifs, odorans , fur Y action des médicamens vi-
reüx & narcotiques, fur les antifpafmodiques, dont
une grande partie a la propriété d’exciter des
naufées. /Toutes ces fubftances font fubordonnées
& foumifes dans leur action à la fenfibilité & à
l ’irritabilité des malades, auxquels on les admi-
pifire, L ’expériençe d^émonjre encore que les re?*
mèdes nauféeux doivent quelquefois cette propriété
a une matière odorante , fade, &défagréa-
ble , qui y eft comme fixée ; au moins eft-il certain
que cet efprit reéteur feul fuffit fouvent pour
. donner aux perfonnes nerveufes des foulèvemens
d eftomaç, qui finiflent par le vômiflement & la
purgation. En général , la propriété d’exciter les
mouvemens convulfîfs dans l ’eftomac , paroît exifter
dans des fubftances dont les faveurs font mêlées ,
Compofées, & qu’on ne peut pas exactement. rapporter
a celles qui ont été examinées précédemment.
C’eft ainfi que la faveur de l’ipécacuanha,
de la valériane , de la douce amère , du cabaret ,
de la gratiole , &c. , n’appartient à aucune des
faveurs fimples défignées , & femble être *le ré-
fuitat du. mélange & même de la compofition intime
de plufieurs faveurs très-difficiles à reconnoître & à
démêler. Quelquefois, à la- vérité, il eftpo'ffible de
d^iftinguer les faveurs mixtes , comme l ’acide &
l ’âcreté de la racine fénéga, l ’acidité & l ’amertume
des baies .d’alkekenge , la faveur douce 8c
ftyptique du polypode & de la régliffe , la faveur
do,uce combinée avec l ’acidité dans les tamarins ,
tous les fruits aigres, &c. : mais ces corps ne font
pas tres-multipliés., 8c l ’on ne peut pas toujours
en tirer- des induCtions relatives aux -vertus des fubl-
tances médicamenteufes.
I l fuit de toutes les confîdérations précédentes
fur la faveur des médicamens, i°. que cette propriété
détermine la plus grande partie de leur
action fur l ’économie animale ; z 0.: que l ’énergie
des médicamens eft fouvent en raifon directe de
leur faveur ; 3 V que tout corps fapide doit avoir
des vertus médicinales plus ou moins marquées;
4°. que les corps infipides ne doivent pas avoir de
propriétés comparables a celles -des précédens , ou
que s’ils en ont quelques-unes , il faut en chercher
la caufe dans une autre qualité que la faveur
, fqit parmi celles qui ont été déjà examinées
, foit parmi' .celles dont il refte encore à déterminer
l ’influence; 50. qu’en affoibliflant ou en
détruifant tout à fait la laveur, on affoiblit, on
détruit même, ou bien on modifie fingulièrement
les propriétés médicamenteufes ; 6°. qu’en concén-
trant fous un petit volume un médicament fapide,
on augmente fon énergie , & qu’en l’étendant â
l ’aide d’un véhicule abondant, on énerve fon activité
y 7°. que chaque faveur bien diftin&e annonce
& détermine même une propriété particulière 8ç
confiante dans chaque fubftance confidérée comme
médicament ; 8°. que le mélange de différens
corps lapides doit faire varier Y action des remèdes
, & qu’on ne doit plus alors en attendre les
mêmes effets que fi 6n les avoit donnés-féparé-
ment; 90. que ces mélanges des faveurs peuvent
être tellemént variés , 8c le font effectivement
avec tant de différence par la nature , qu’il eft
très-difficile dejreconnoître & de défigner, par cette
feule propriété, les effets que doivent produire
les fubftances dans lefquelles ces mélanges ont lieu j
16°. que le mélange des faveurs différentes change
tellement les propriétés médicinales des fubftances
naturelles, que deux ou trois corps dont la faveur étoit
agréable , deviennent quelquefois fades & nauféeux;
i i ° . que parmi les faveurs fimples , examinées plus
haut, il en eft quelques-unes, d’analogues entre
elles, 8c dont les propriétés médicinales doivent
fe reflembler ; tels que les aqueux & les vifqueux ,<•
les doux 8c les gras , les âcres & les amers, &c. ;
iz °. qu’en les-comparant enfemble , on en trouve
de directement oppofées, 8c dont les vertus doi-*
vent totalement différer , comme les fecs & les
aqueux , les-amers & les acides , qui fe détruifent
nïutelle ment par leur mélange.
§- V I. De Vodeur confidérée comme caufe
d’aCtions médicamenteufes.
L ’aCtion des fubftances odorantes fur le corps
humain- eft connue de tous les hommes; il n'y
en 4 en effet aucun qui ignore que telle odeur
excite la vie languiflante, que telle autre fait
naître des douleurs à la tête , qu’une troifième eft
au contraire'propre à les calmer ; l ’inftinét naturel
, l ’obfervation des effets produits fur leurs
femblables , ont fuffi dans tous les temps aux
hommes pour reconnoître en général ces propriétés.
Les philofophes, avertis par Y action fingulière
des effluves iodorans , ont cherché dans tous les
temps à connoître la nature de ces derniers , & la
caufe'de leur énergie fur les organes des animaux.
Mais l ’antiquité ne nous a rien laiffé de fatisfai-
fant fur cet objet : on ne trouve dans tous les ouvrages
-des anciens , que des hypothèfes , des rêves
dus à leur imagination ; & ceux qui fe font bornés
à faire connoître les opinions en vogue dans leur
temps, n’ont fouvent réuni fur les odeurs que
des erreurs populaires , des faits invraifembla-
blès -, dont i l eft impoflible de tirer aucun
parti.
L e s . médecins font ceux qui , dans tous les
temps, out le mieux écrit fur cet objet. Hippo-^
crate & Galien ont fouvent parlé, dans leurs ouvrages
| de l ’énergie des matières odorantes fur le
Corps humain. Le premier a fur-tout fait atten-»
tion à Y action des fubftances vireufes fur les fonctions
animales, à celles des odeurs fortes fur la
matrice , &c. L ’obfervation de la nature a été le
feul guide des bons médecins de tous les fiècles
fur cette matière , 8c telle eft la raifon de la fupé-
riorité manifefte de leurs écrits en ce genre , fur
ceux des philofophes anciens.
Quand le flambeau de la Phyfique expérimentale
vint eclairer la Médecine., alors on commença
a faire plus d’attention aux odeurs , & à en* rechercher
avec plus * de. foins les propriétés. Boy le
fut un des-premiers qui travailla- fur. ce fujet important.
Il a donné'/datîs un ouvrage particuKer,
le refultat d’une grande quantité:.d’expériences-' que
tous les phyficiens ont répétées depuis lui ; & qui
toutes tendent â prouver que les molécules odorantes
font d’une finèffe , d’une ténuité qui ne peuvent
fe concevoir qu’avec la plus grand difficulté.
Boerrhaave a ajouté aux découvertes de Boyle les
lumières que les faits chimiques & un travail fuivi
fur les odeurs des végétaux , lui avorent fournies.
Il a recueilli cet être fugace , en le fixant dans
des fluides avec lefquels il a beaucoup d’affinité.
Il en a examiné quelques propriétés , il lui a
donné le nom particulier d’efprit reéleur. Venel
& Roux , médecins éclairés & chimiftes profonds ,
ont pourfuivi les recherches commencées par Boerrhaave,
& on leur doit des conno'îffances précieu-
fes fur la nature-chimique de quelques éfprits recteurs
dans lefquels ils ont trouvé de l’acide. Depuis
eux, les chimiftes fe font arrêtés ; ils n’ont rien fâit fur
le principe de l ’odeur. Le célèbre Lorry ; avoit
entrepris & commencé des recherches fur les odeurs ;
ce qu’i l en a donné fur la partie vireufe de l ’opium
, fait regrefter que des occupations multipliées
ne lui aient pas permis de pourfuivre ces
travaux fur plufieurs' autres médicamens odorans
aufîi importans que celui-là.
Le principe odorant, confîdéré en général, paroît
être un corps extrêmement fubtil, d’une ténuité
& d’une volatilité fingülières. Les matières
qui ont une odeur forte, ont la propriété d’en
laiffer échapper continuellement des-effluves fi
atténués , que , quoique des efpaces & des furfaces
très-multipliés en foient fortement imprégnés , elles
ne paroiffent pas avoir fenftblement perdu de leur
poids. Tout le monde cônnoît, à cet égard , l’effet
du mufe, & les expériences â l’aide defquelles les-
phyficiens démontrent, par l ’odeur de Cette- fubftance
animale , l’incroyable divifibilité de la matière.
Le principe‘ odorant tend fans ceffe à fe dégager
du corps qui le contient, & â s’élever & fe dif-
foudre dans l ’atmofphère qui environne ce corps:
en fe divifant & s’étendant dans une grande mafle
d’air , il paroît le plus fouvent perdre de fa force &
difparoître totalement. Il exifte cependant â cet
égard de très-grandes différences entre les diyerfes
matières odorantes. En effet, les unes fe délayent
& s’évanouiffent promptement dans l’air; d’autres
au contraire confervent long-temps leur caractère
'diftinflif, & font même quelquefois portées à des
diftances très-confidérables, affez concentrées pour
avoir une action marquée fur l’économie animale
, & affez pures pour être facilement reconnues.
Telles font les labiées en grande quantité,
qui indiquent , à une diftarice fouvent fort éloignée
, les lieux où abordent les voyageurs ; le romarin
, qui , à plufieurs milles en mer , annonce
les côtes d’Efpagne aux marins; les champignons,-
dont l ’odeur le répand à des efpaces fort étendus
hors, le lieu qu’ils habitent^. &c. ; & un grand
nombre d’autres • piaiîtes qui , par leur- atmofphère
odorante- attirent - de fort loin les animaux qui
s’en ndurriflent.