
vaux q u i, fans offrit un (yftême complet d’expériences,
ajoutent cependant des laits importuns au
peu de connoiffances que nous avions a cet égard »
& peuvent encourager ceux qui travailleront après
lui J a fuivre la même route d’une manière utile
& glorieufe. Au refte , M. Jurine lui-même , qui
a ouvert la carrière avec* tant de fuccès, peut
encore la pourfuivre long-temps, & (es premiers
effais font concevoir une grande idée de les travaux
à venir. - t .
MM. Prieftley & Fontana , en examinant Yuiir
ambiant qui touche le corps , ne lui avoient trouvé
aucune différence avec Yair atmofphérique. Mais
leurs expériences, tentées fous l ’eau , n etoient
concluantes que relativement a la mofette ; & fi
l ’on vouloit être fur de la préfence ou de l ’ab-
fence de l’acide carbonique dans cet a ir , il falloit
néceffairement le faire paffer à travers le mercure.
C ’eft ce qu’a fait M. Jurine dans tous les effais
qu’il a faits, foit avec Y air pris aux environs de
fon corps, dans des phioles long-temps confervées
à fa ceinture & fous fes aiffelles, foit avec un
certain volume d3air dans lequel il pîongeoit ,
pendant une ou plufieurs heures , un de fes membres
de manière à ne laiffer aucun accès à Y air
extérieur (30J. I l a conftamment obfervé une ^ad-
(30) L’expérience faîte avec les flacons placés fousTaif-
felle a déjà été faite par M. Prieftley. Celle faite avec ^’appareil
dont je parle eft neuve, & mérite d’être décrire
ici. M. Jurine s'eft ferv-i d’un grand manchon ou cylindrfe
de verre contenant 40j onces d’eau ou 625 pouces cubes
d ’air. Ce cylindre étoit d’un côté terminé par une efpèce
d’entonnoir dans lequel le bras enttoit jufques près du coude.
Pour interdire coût accès à l’air extérieur, on couvroit 1 extrémité
de cet entonoir 8c la partie voifine du bras avec
des bandes faites de boyaux & exaâement collées , partie
fur le bras , partie fur le verre. L'autre extrémité du manchon
ou cylindre étoit terminée par une ouverture plus
étroite, avec un prolongement ou goulot bouché exactement
d'un liège, deftiné à donner paflage à un tube recourbé
de 3 lignes de diamètre intérieur, qui devoir plonger
dans une cuve pneumatochimique. Sur le cote du manchon
étoit percé un petit trou deftine a fixer au dedans
du jnanchon un thermomètre à, efprit-de-vin , parce que
les vapeurs émanées de la peau empêcheroient d’apercevoir
les degrés marqués par le thermomètre a mercure,. Le trou par
lequel étoit fixé le thermomètre a été bouché par du boyau ,
ainfi que . toutes les autres iflues. Le manchon de verre
ainfi difpofé , le bras y étant placé ne contenoit plus que
a 30 pouces cubes, au-lieu de 625, Aulïï-tot le bras placé
dans le manchon de verre, on plonge l’extrcmite du tube
recourbé dans la cuve pneumatochimiqiie.foit fous 1 eau, foit
fous le mercure. Alors Y air refoulé lai (Te. l’un ou l’autre
Suide entrer dans le tube jufqu’au niveau de celui de- la
cuve. Mais bientôt l’air, raréfié par la chaleur du bras, fe
dilate , & à mefure que le thermomètre monte , il re-
poufle, foit l’eau, foit le mercure, plus ou moins l’un
& l'aut-e, félon fon degré de denfité. Le thermomètre
devenu ftationnaire , c’eft-à-dire , étant a fon ultimum
d’afeenfion , conftamment alors le liquide de la cuve rc-,
monte dans le tube, quoique le degré de chaleur marque
par le thermomètre intérieur , ne diminue pas encore,
c e font ces degrés de réafeenfion qu’il faudroit noter, 8c,
en commuant l’expérience, les comparer au degré du cherdition
très-remarquable d’acide crayeux ou carbonique
, & jamais la moindre augmentation- dans la
quantité de mofette contenue dans ratmofpbere.
Ce fait 'remarquable ‘ s’accorde aifcment avec ce
qu’ont obfervé MM. Prieftley & Fontana. Il contredit,
en apparence feulement ( f . not. 2.9 ) » *es ex”
périences de M. lngen-Houfz , & il femble s accorder
davantage avec i ’aualyfe de M. de Milly , quoique
rien ne pliffe juftifier la quantité ni la proportion
d’acide crayeux que c e lui-c i dit avoir recueillie,
ni l’origine qu’il-lu i donne. En cônfé-
quence, M. Jurine a varié fes expériences, tant
fur lui-même que fut divers autres individus , &
dans différentes circonftances. Voici les réfultats
que lui ont donnés fes oblervations , & les réflexions
auxquelles elles m’ont paru pouvoir donner
lieu. .
i° . L ’air, ainfi qu’il vient d’être dit, en con-
ta& avec l ’organe de la peau de 1 homme vivant,
f i charge plus ou moins,fuivant les circonflancest
d'une certaine quantité d'acide crayeux ou carbonique
1 & ne reçoit aucune addition de mofe
tte (31).
2V Si l’on pouvoit établir un jugement folide
fur des expériences1 faites , à ce q u ii paroit, une
feule fois, celles que M. Jurine a faites comparativement
entre quatre individus d âges differens
(32) * aous autorileroient à conclure que la quaiêrmomètre.
Cette réafeenfion terminée , alors il eft temps
d'examiner l’air du manchon ou cylindre de verre. Pour
le faire ,_on le dilate avec des fervietees chaudes ou avec
un réchaud de feu placé de (fous ; pour lors 1 air dilaté ,
s’échappant par l’extrémité du tube, eft reçu dans un récipient
de la cuve, où on le laifle refroidir avant de l’examiner.
, .
(31) L'épreuve faite de l’air dans lequel le. bras avoit lèjourné
une heure, on a trouve huit centièmes d acide carbonique
par l’eau de chaux, & l’air atmofpherique donnant
0,98 avec le gaz nitreux, l'air du ballon non dépouillé
de fon acide carbonique, donnoit de même 0,98.
A l’égard de la quantité d'acide carbonique , elle n’eft
bonne ici que pour une expérience comparative, parce que
les 230 pouces d'air que le manchon de verre contient lorf-
que le bras y eft adapté, n'ont certainement pas tous
éprouvé le conta cl de la peau , ainfi que je l'ai remarqué
dans la note 29, où j'ai concilié les réfultats de M. Ingen-
houfz àve.c ceux de M. Jurine. -
(32) Cette expérience a été faire avec des flacons places
fous les a-flelles 5c à la ceinture. Elle a toujours été précédée
de la^ précaution de changer de linge pour éviter
le mélange des vents rendus par l’anus. Les flacons placés
reftoienc en- place pendant une heure au moins-, enfui te ils
étoient bouchés en place avec des bouchons de criftal bien
émérillés , puis renverfés fous le mercure , 6c laifles là jufqu a
ce qu’ils euflenr pris la températute de l’atmofphère 5 pour lors,
en débouchant les flacons, on tranfvafoit l’air dans des rosettes
de verre, dans lefque les il étoit fournis à l’examen. L’expérience,
faite à fept heures du foit , a donne pour la proportion
d’acide carbonique, i°, dans l’enfant de dix ans fept
centièmes; 2®. chez l’homme de 36 ans, fept centièmes
& demi ; 3°. chez la femme de 40 ans , fix centièmes ;
40. chez l’homme de 66 ans quatre centièmes 5c demi. Pour
la proportion de mofette, elle a toujours été la même que
tué (Tacide crayeux qui fe forme dans le contact
de la peau, eft eh raifon tant de la force
que de Vactivité de l'individu ,* de manière que
cette quantité s’eft trouvée plus grande dans un
adulte de 36 ans, enfuite dans un enfant de 10 ans,
dans une femme de 40 ans , enfin dans un homme
de 66 ans. Obfervation qui s’accorde allez avec
celles qui vont fuivre, mais qui auroit befoin d un
beaucoup plus grand nombre d’expériences, pour
être regardée comme une vérité démontrée.
30. Dans un même individu, un fort exercice
augmente la quantité d’acide crayeux qui fe
forme dans le contact de l ’air & de la peau ,
en forte que fa quantité eft prefque double de celle
qui fe forme dans l ’état de repos & dans un air
frais.. Mais dans aucun cas Yair ne s’eft chargé
d’une quantité fenfible de mofette (3 3),
4°. Ce qui diminue Vactivité du mouvement,
& ce qui fufpend les fonctions de l’organe cutané
(comme font le paffage d’un air chaud dans
un aàr frais, & le friflon de la fièvre), diminue
la quantité d’acide aérien qui fe forme. à la
furface de la peau (34).
dans Y air atinofphérique , c’eft-à-dire , qüe la diminution
par le gaz nitreux n’a pas varié. Ce dernier fait femblera
extraordinaire, vu que Yair s’étant chargé d’acide carbonique,
la proportion générale d’air vital doit être-différente.
Mais il faut fe fouvénit qu’en même temps que
l’ air vital eft abforhé par lé gaz nitreux, l’acide carbonique
fe précipice avec lui. Cependant fi la quantité d’acide
carbonique étoit.plus grande ou étendue dans une moindre
quantité d'air, la chofe feroit différente ; car d’un
côté l’ air vital, aux dépens duquel fe forme l’acide carbonique
, diminuant alors confidérablcment 8c de quantité
& de volume total , la proportion de mofette paroîtroit
plus grande , fans que la quantité abfolue fut réellement
augmentée : de l’autre côté, fi la quantité d’acide crayeux
étoit plus confidérable, l’acide nitreux, formépar le mélange
du gaz nitreux avec l'air vital atmofpherique, ne fuffiroit pas
pour l’entraîner en entier ; & la quantité de gaz non
àbfôrbablè* feroit augmentée par cette raifon.
- N&tei que toutes les expériences de M . Jurine ont été faites
dans les mois de novembre, décembre, janvier , & février.
(33) M. Jurine, au forcir de fon lit, ayant changé de
linge 5c s’étant très-peu habillé, s'eft tenu eu repos pendant
une heure 8c demie dans une atmofphère dont le
degré de chaleur étoit de 6 au deflus de zéro ; le thermomètre
placé fous fon ai {Telle a monté à 28 ; l’air reçu dans
les- flacons placés tant fous fon aiflellc qu’à fa ceinture, a
donné à l’eau de chaux cinq centièmes 8c demi pour les
aiffelles, cinq-"centièmes pour l’air pris autour de la ceinture.,
5c n’a donné aucun ligne d’augmentation dans la mofette
; c’eft-à-dire, que le gaz nitreux n’y a pas produit
pms de diminution que dans l’air atmofpherique. L’air
recueilli de la même manière pendant un violent exercice
a la paume, le thermomètre fixé fous -l’aiffelle marquant
29 » a donné pour l’air de l’aifTelle neuf .centièmes & demi,
pour celui pris autour de la ceinture neuf centièmes. Le gaz
nitreux-n’a rien produit de plus qu’avec l'air atmofpherique.
(34) La dernière expérience prouve aufiî ce qui eft dit
dans cet article. Car l’homme de 36 ans , qui eft M. Jurine
lui-même , 5c dont l’air cutané, s’il eft permis de
parier ainfi, donnoit prefque conftamment fept centièmes
demi d’acide carbonique, pafiant de fon lie dans un
MÉDECINE. Tom. I.
ç°. Une partie du corps d’une furface déterminée
, plongée dans un volume d air connu, ne
charge cet air que de 7 - , c’ eft-a-dire , d environ
de fon volume d’acide crayeux , quelque temps
que l ’expérience ait duré ; cela femble nous démontrer
qu’i l eft un point de faturation au delà
duquel l’air Jlagnant autour du corps ne peut
plus en recevoir de l’acide carbonique. Mais
l ’expérience de M. Jurine ne nous détermine pas
en combien de temps cette faturation s’eft opérée;
car fi elle s’eft trouvée telle qu’il l ’a vue au bout
d’une heure de féjour , & n’a pas augmenté au
bout de deux, trois & quatre heures, i l eft tres-
poffible que la première demi-heure, ou même
un elpace encore moindre de temps , ait fufE
pour la produire; & ce feroit de ce temps-la
qu’il faudroit partir pour faire le calcul de la
quantité d’acide crayeux ou carbonique que toute
la furface du corps, peut produire en un. jour,
lorfqu’il eft continuellement touché d’un air nouveau.
Jufqu’à ce qu’on en foit venu là , le calcul
de M . Jurine fe trouve encore abfolument fans
démonftration (3 5). Il eut aufli fallu faire la même
air frais, 8c y ré'ftanc expofé pendant une heure SC demie,
n’a plus chargé l’air recueilli près de fa peau que de cinq
centièmes 8c cinq centièmes 8c demi. _ , ,
(35) Les expériences dont il eft ici queftion ont été faites
avec l’appareil décrit dans la note 30. La première donc
M. Jurine donne le réfultat avoir eu la durée de deux
heures , & le réfultat a été huit centièmes d'acide carbonique.
La fécondé a été faite en quatre temps d’une heure
chaque ; c’eft-à-dire, qu’après une heure de féjour on a
fait pafler dans le récipient, au moyen de la chaleur d’un
réchaud, une quantité d'air iuffifante pour être analyfee; au
bout de la fécondé heure, une pareille quantité du même
air, &c. Le réfultat de la quatrième heure de féjour dans
le même air a préfenté huit centièmes comme la première 3
ainfi, les trois dernières heures n’ont rien ajoute a laite—,
ration de l’air produite par la première. Il faut remarquée
que c’eft toujours dans un volume de 23© pouces cubiques
d’air non renouvelle que fe font ces expériences. ( Voyez
à cet égard la note 29.) Mais pour faifir le moment de
faturation , il me femble qu’il faudroit prendre le moment
où le liquide de la cuve cefle de remonter dans le tube
recourbé , adapté au ballon de verre. Car fi l’acide carbonique
fe forme aux _ dépens de l’air vital , comme cela
eft à peu près démontré, le moment où l’air, dans lequel
eft toujours plongé le bras, celle de diminuer de volume,
eft celui où finit la combinaifon qui forme l’acide carbonique.
Mais l’on fent, par la comparaifon même qui a
été faite, note 29 des réfultats de M. Ingen-houfz avec
ceux-ci , combien il manque encore à ces expériences ,
pour acquérir la précifion nécelfaire pour connoxtre le degré
d’altération que l'air peut éprouver dans le contait
delà peau, tant relativement à l’étendue de la peau qu au
volume de l’air altéré par fon contaft, 8c au temps que.
demande la faturation de l’air qu'on peut véritablement
regarder comme ambiant. i°. Relativement a l étendue de la
peau , M. Jurine fait un calcul qui paroîrra fpecieux. Il mefure,
au moyen d'un gant de peau très-j iifte 8c coupé par triangles,
la furface de fon bras, le compare à l’étendue moyenne de la
furface du corps humain , calculée par Haies fur quinze pieds
carrés, 8c il trouve que la furface de fon bras eft à celle du
corps entier comme 1,000 à 17,7sS- D après cela il calcule
la quantité d'acide carbonique auquel toute la fugace du