
& fuivant qu’ils l ’avoient confidérée comme inhérente
au corps humain , ou qu’ils l’avoient employée au
traitement des maladies, ils lui avoient donné le
nom de magnétifme animal, ou médicinal, mais
plus fouvent le nom feul 8c générique de magnétifme.
On doit remarquer d’ailleurs que fous cette dénomination
ils avoient compris non feulement l ’influence
réciproque qu’ils admettoient entre les corps
cëleftes & les corps animés, mais encore une autre
influence également mutuelle, qu’ils reconnoif- •
foient entre ces derniers. Santanelli s’étoit expliqué
formellement fur ce point. Tous les êtres ,
difoit - i l , que renfermoit le monde, participant de
Vefprit univerfel, ils étoient capables par-là d’entretenir
entre eux une certaine relation ou cor-
refponclance , & de s ’aider ainfi dans plufieurs
opérations.
« L ’adfcion & la vertu du magnétifme animal
» ainfi caradtérifées. pouvoient être ', ajoutoit M.
» Mefmer, communiquées à d’autres corps' animés
» & inanimés les uns & les autres en étoient çe-
» pendant plus ou moins fufcCptibles. — Cette ac-
» tion & cette vertu pouvoient être renforcées &
» propagées par ces mêmes corps ». Les anciens
avoient annoncé auflî qu’ils avoient des moyens de
faifïr & de communiquer leur agent univerfel, de
le renforcer ou de le fortifier dans les individus,
en employant des moyens appropriéSï Si L’on favoit
employer y difoit Maxwel , des corps imprégnés
de Vefprit univerfel, on pouvait en tirer un
grand fecours. Crétoit en cela que confiftoit tout
te fecret de la magie. Cet efprit, ajoutoit-il, f e
trouvait dans la nature, i l exifioit même par-tout,
libre de toute entrave , & celui qui favoit l’unir
avec un corps qui lui conveitoit, pofsédoit un tré-
fo r préférable à toutes les richeffes. On pouvoit,
ajoutoit-il encore, par des procédés, merveilleux y
le communiquer a tous les corps fuivant leur
difpofitiort, & augmenter ainfi la venu de toutes
ehofes. « On obfeivoit à-l ’expérience, fuîvant M~. Mef-
» mer, l'écoulement d’une matière dont la fubti-
» lité pénétroit tous les corps, {ans perdre nota.-
» blement de fon activité. — Son adlion avoit lieu à
» une diftance éloignée fans le fecours d’aucun
» corps intermédiaire ». Nous avons vu plus haut
que les anciens avoient reconnu également dans
leur agent univerfel une fubtilité infinie. Quant à
la faculté de pénétrer a travers tous les corps j fans
éprouver notablement de diminution ou d’a.ffoiblif-
fement dans fon activité , les anciens l ’avoient aufli
reconnue dans leur principe. Ils avoient admis que
fon aétion ou fon influence s’etendoit à travers les
entrailles de la terre & jufques dans les profondeurs
des mers. Sa propriété d’agir à une diftance
éloignée , fans le fecours d’aucun corps intermédiaire
, avoit été expreffément indiquée.par Maxwel.
Celui y difoit- il , qui favoit agir fu r Vefprit vital
particulier à chaque individu, pouvoit guérir à
quelque diftance que ce f u t , en appelant à fon
fecours Vefprit univerfel.
Cette ad'tion du magnétifme , fuivant M. Mefmer
« étoit augmentée & réfléchie par les glaces ,
» comme la lumière». Nous avons déjà vu que
les anciens avoient fait réfider l ’agent ou le principe
du magnétifme dans la lumière. Celui, difoit Max-
w e l, qui regardoit la lumière comme étant Vefprit
univerfel, ne s’éloignoit pas beaucoup de’
la vérité ; c étoit en effet la lumière elle-même,
ou c étoit en elle au moins qu’il réfidoit. Mais
le principe du magnétifme ayant exifté ainfi, fuivant
l ’ancienne opinion, dans la lumière, on voyoit qu’il
devoit fuivre les mêmes lois auxquelles, elle étoit
foumife , & jouir ainfi de la faculté de fe réfléchir.
En obfervant d’ ailleurs que »dans l ’emploi du magné-
tifme, c’étoit du principe qui émanoit du corps même
de laperfonne qui magnélifoit, de fon regard réfléchi
& dirigé par une glace fur les malades que cette
propriété devoit s’entendre , on voyoit mieux encore
que les anciens avoient eu la même opinion. Pierre
Borel y dans fa differtation fur les cures fympa-
thiqu.es , pour faire entendre comment ces Cures
pouvoient s’opérer à de grandes diftances, avoit dit
que les émanations des corps s’ étendoient à des
diflances très-grandes en tous fens par la ré*
flexion des rayons de la lumière & Vaclion du
v e n t . . . . Ce principe y ajou to it-il, comme le
rayon du fo leil qui paffe à travers une fenêtre y,
f c frqyoit dans l ’air une rouie particulière y-par
laquelle la vertu des médicamens fynipathiques
fe communiquait. Liba'vius , en parlant des., diffé-
rens magnétifmes appliqués à la médecine, & de
la manière d’en diriger l ’aftion fur l ’économie animale
, s’étoit exprimé encore plus pofîtivement.
Les magiciens , difoit—il , employaient pour cela
différens moyens qui leur avoient été indiqués
par la nature. Kn réfléchiffant T efprit, principe
du magnétifme, comme on réfléchit la lumière
par une glace- y on pouvoit en diriger Taction
fu r un individu. C’était ainfi , ajoutoit-il, que
Von cr-oyoit' que le bafilic f e tuait, lui-même, 6*
que les femmes imprégnées de poifon, en. fe regardant
trop fouvent dans une. glace , le renvoyaient
fu r elles-mêmes y & le réfléahïffoiene
fur. leurs yeux êt leur vifage. Santanelli, en parlant
de la magie & des différent moyens qu’elle
employoit pour agir fur les corps , avoit mis de
ce nombre les miroirs flpecula. Les anciens avoient
donc reconnu une tranfmiffïon du magnétifme par
la réflexion propre aux rayons de la lumière. I l
fembloit que du temps du père Cabée cette opinion
étoit encore admife. Son action y difoit-il, pénétroit
les corps les plus durs , & né fe réfléchiffoit pas•
Enfin c’étoit fur ce principe qu’étoit fondé l ’art fî
: ancien des fafeinations.
Ce que nous difons ici de la lumière pour pro-*
pager l’a6tîo-n , du magnétifme, M.- Mefmer l’en-
tendôit auflî du fon. « Elle étoit, ajoutoit-il, emu-
» muniquée , propagée augmentée par le fon ».
Les partifans de l’ancienne opinion avoient auflî
regardé la mufîque comme un moyen de propager
le- magnétifme j ils avoient reconnu dans la mufî-
que une grande force magnétique. On trouvoit
fur-tout cette opinion expofée dans le père Kircher.
Suivant cet auteur célèbre, xe n’étoit point fur
lame immédiatement qu’agifloit la mufique , parce
qu’étant immortelle & immatérielle, elle ne pouvoit
avoir aucun rapport avec la voix ou le fon ;
mais c’ étoit par l’intermède de cet agent, auquel
on donnoit le nom .d’efprit vital, que fa puiflance
s’exerçoit fur les âmes. On peut voir d’ailleurs ce
qu’il dit du magnétifme de la mufique, pour la
guérifon de la tarentule. Enfin Jean - Baptifie
Porta avoit cité un grand nombre d’exemples de
fympathie ou d’antipathie exercée par la puiflance
de la mufique. On doit obferver ici que cçg deux
facultés fe confondoient avec le magnétifme ; leur
adtion , fuivant les auteurs , ayant lieu par l’intermède
de l ’efprit univerfel.
« Cette vertu magnétique , fi l’on en croyoit
» M. Mefmer, pouvoit être accumulée , concen-
» trée, & trànfportée ». Nous avons vu plus haut
auflî que les anciens auteurs avoient parlé de moyens
ou d’inftrumens qu’ils pouvoient employer ,s& qui
étoient, difoient-ils , imprégnés de l’efprit ou du
principe univerfel du magnétifme. Ils,annonçoient
auflî qu’on pouvoir le communiquer, le fixer dans
certains corps. L’efprit univerfel de l ’ancien magnétifme
reflembloit donc encore , fous ces nouveaux
rapports , au fluide univerfel du magnétifme moderne.
Ils pouvoient de même l ’accumuler , le
concentrer , le tranfporter.
« Suivant M. Mefmer, les corps animés n’en
» étoient pas également fufceptibles. Il en étoit
». même, quoique très-rares, qui avoient une pro-
» priété fi oppofée, que leur.feule préfence détrui—
» foit tous les effets de ce magnétifme dans les
» autres corps...............Cette vertu oppofée pé-
» nétroit auflî tous les corps ; elle pouvoit être
» également communiquée, propagée , accumulée,
» concentrée, & trànfportée, réfléchie par les
» glaces ,, & propagée par le fon ; ce qui confti-
» tuoit non feulement une privation , mais une
» vertu pofîtive .oppofée ». Ce que M. Mefmer
difoit des propriétés de cette vertu oppofée ,
qu’on pourroit appeler un magnétifme négatif,
avoit été aperçu également dans le fyftême ancien.
C’étoit ce que les auteurs de ce temps ën-
tendoient par Y antipathie, qui détruifoit tout
l ’effet de la fympathie , & qui conftituoit comme
elle une véritable vertu oppofée & pofîtive ,
loin d’être une fimple négation. On ne pouvoit
douter d’ailleurs que les anciens n’euffenî admis &
reconnu une efpèce d’aimant particulière qui avoit
la propriété de détruire la vertu de Yaimant ordinaire
y & qu’ils avoient appelée pour cette rai-
fen magnes lethalis. Ils avoient penfé auflî que
lës deux propriétés, oppofées en apparence-, de s’at-
& de fe repouffex, quoi) remarque daus les
corps magnétiques f loin Üe pouvoir appartenir, a
la même fubftance, conftituoient au contraire deux
eïpècçs A’aimans très-diftinâ-es , dont l ’une,- celle
qu’on croyoit douée de la faculté de repouffer, étoit
appelée le Theamédes'. C ’étoit à l ’exemple de
celte fubftance , & d’aprqs l ’obfervation du. phénomène
qu’elle préfentoit, qu’ils avoient penfé qu’on
devoit rapporter dans le magnétifme l ’exemple de
la force d’antipathie (i).
« L’aimant, foit naturel, foit artificiel, difoit
» M. Mefmer, étoit, ainfi que les autres corps,
» fufceptible du magnétifme animal, & même de
» la venu oppofée, fans que, ni dans l ’un ni dans
» l ’autre cas , fon aéfcion fur le fer & l ’aiguille
» fouffrît aucune altération , ce qui prouvoit que
» le principe du magnétifme animal différoit effen-
» tiellement du minéral ». Pour les partifans 4e
l’ancien fyftême, le principe du magnétifme animal
avoit été également diftinél de celui de l ’aimant.
S’ils n’en avoient pas apporté la même preuve
que donnoit M. Mefmer, au moins ils avoient reconnu
cette vérité. Ce n’étoit qùe par l ’analogie
des effets qu’ils avoient donné le nom de magnétifme
à leur principe. U aimant leur étoit d’ailleurs trop
bien connu pour qu ils ne faififlent pas toutes les
différences fpécifiques qui lui appartiennent. On
auroit pu croire, & l ’on paroît en effet l’avoir
penfé, qu’ils avoient appelé l ’onguent pour les
cures fympathiques des bleflures, du nom de magnétique
3 parce qu’on y faifoit entrer de Y aimant.
Mais ce n’étoit pas par cette raifon. Une preuve
plus forte encore , c’eft qu’ils n’auroient pas négligé
d’y faiie entrer cette fubftance , dont on faifoit
alors un grand ufage,. s’ils euffent penfé que
c’eut été par la vertu de fon principe qu’il eût agi.
I l fuffit d’ailleurs de lire le père Kircher pour
s’affurer que ce n’étoit que par la fïmilitude des
propriétés & des effets , qu’ils avoient donné a leur
méthode le nom de magnétifme ÿ nous en avons
donné plus haut les raifons.
« On devoit reconnoître par les faits, fuivant
» M. Mefmer, d’après les règles pratiques qu’il
» établiffoit, que ce principe pouvoit guérir im-
» médiatement les maladies des nerfs , & média-
» tement les autres». Telles avoient été les prétentions
des partifans de l ’ancien magnétifme. Ils
avoient reconnu pour première caufe des maladies,
l ’affeftion & les diverfes altérations du principe
de la vie » ou de l’efprit v ital, par lequel on ne
peut douter qu’ils n’entendiffent le fyftême des nerfs,
& tout ce qui concerne fes phénomènes ou fes dé-
rangemens. Toutes les maladies dépendoient, fùi-
vant eux, de cette caufe première , & dès-lors, en
fortifiant & rétabliffant refprit v ita l, ou le vrai
principe qui anime les nerfs , ils ffavoient pas douté (i)
(i) Natura çonfiftit in fympathifino feu magnetifmo, &
antïpàthijmo ' feu theaniedifino. Th. Sympath. pag, 6oi.
Wèchfférus, de un g. armarii difficultatibus. .
M m m 2,